
ne font point de la compagnie, de taire le cdm-
merce des Indes, que les Interlopes en parurent
entièrement exclus.
La proclamation pour l’exécution de la charte
de Jacques II. par rapport au privilège exclufîf
de la compagnie , pour le commerce des Indes
Orientales, eft du même jour que la charte.
On remarquera en paflant, que l’indulgence
que Charles II. avoit eue pour eux, étoit devenue
fi préjudiciable à la compagnie , fur la fin
defon régne , que fes a&ions, qui en î6 8 i étoient
montées a 370, baifsèrent, prefque tout d’un coup
a 2O0.
Les aérions de la compagnie Angloife n’étoient
originairement que de 50 liv. fterlings ; mais les
directeurs ayant eu une répartition confidérable à
faire en 3676 , elle mit le profit en principal, au
lieu de le retirer ; tellement que les aétiôns doublèrent
, & devinrent de 100 livres fterlings.
La vente ou l’achat des actions n’ont pas un fi
grand mouvement a Londres qu’en Hollande, où
leur prix ne dépend fou vent que du bruit le plus
leger qui fe répand ,foit de guerre , foit de paix ;
au lieu qu’en Angleterre il roule ordinairement fur
la difette ou l’abondance d’argent fur la place ;
fur l’heureux retour, ou fur la perte des vaiffèaux
que la compagnie a en mer ; & fur la bonne ou
mauvaifè vente des marchandifes, qui fe fait deux
fois l’année : fçavoir, au mois de mars, & au mois de
feptembre.
En l’année i6 8 f , qui fut une des plus heureu-
fes années , & des plus favorables pour les retours
de la compagnie, la vente du mois de feptembre
monta à 6,140,000 1. tournois ; & il reftoit encore
dans les magafins de la compagnie pour environ
i,5 60,0001. de marchandifes : auffi fe fit-il une répartition
de vingt-cinq pour cent fur le capital du fonds ,
payable dix pour cent comptant, & quinze pour cent
au mois de mars fuivant.
On juge affez que dans ce qu’on a dit ci-deflus
du cours des aftions en Angleterre, on n’a point
entendu parler de cette manie fubite , qui en
371P & 1720, leur donna ce haut-prix, qui a
ruiné également les particuliers & l’état ; défor-
dre où le fage parlement de cette nation tâche
préfèntement d’apporter les remèdes nécefîaires ,
( 172-1 ).
Le premier fonds de cette compagnie montoit
à 369,8.91 liv. fterlings & 5 chelins , qui ayant
doublé , comme on l’a dit ci-deflus ,. s’ëft compté
depuis fur le pied de 739,782 liv. fterlings 10 ch. â
laquelle fomme, fi l’on ajoute pour les profits faits
par la compagnie, montans en 1685 à £63,639 1.
fterlings 16 ch. 1 f. le total compofè un fonds de
1,703,422 liv. fterlings 6 ch. 1 f. revenant, monnoie
de France , à 22,144,486. 1. on en donnera ci-après
un état.
Lorfque quelqu’un acheté desaélions, après être
convenu du prix avec celui qui les lui vend , ils
:vont enfemble chez ■ le teneur de livres de la
T compagnie , qui écrit fur fon livre .* un tel jour ,
un tel a tranfporté à un te l, un tel nombre d’a&ions ,
ce que le vendeur & l’acheteur lignent fur le regiftre ;
enforte que toute la fiireté & la bonne foi de ce commerce
confiftent dans la fidélité des livres qui font
tenus par la compagnie.
A l’égard de la police voici ce qui s’obferve ;
en quoi fouvent il femble qu’on déroge à quelque
article de la grande charte.
Pour pouvoir être membre de la compagnie ,
il faut être Anglois , ou naturalifé Angiois , &
lui payer 5 liv. fterlings, e» fe faifant recevoir.
L élection du gouverneur, du député-gouverneur
& des vingt-quatre aififtans , fe fait tous les
ans au mois d’avril à la pluralité des voix ; pour
être direéteur, il faut avoir deux mille livres fterlings
de fonds , tant ancien que nouveau ; les voix
fe donnent par b'uletins, où l’on écrit fon nom,
& le nom de celui qu’on élit , en combinant les
fommes, comme on l’a dit ci-deflus, quand fon
feul fonds n’eft pas allez confidérable pour com-
pofet une voix.
Le député & le fous-gouverneùr ne peuvent être
continués que deux années de fuite ; mais ils peuvent
y revenir. A l’égard des directeurs, on eft obligé d’en
changer fèpt ou huit tous les ans.
L’aflèmbiée des directeurs fe tient tous les mercredi
& vendredi de chaque femaine : elle eft ordinairement
partagée en divers comités ou bureaux ,
mais qui tous ne décident rien qu en comité général.
Ces bureaux font ordinairement, l’un pour
l’achat des marchandifes que la compagnie envoye-
aux Indes ; l’autre pour le ft et cernent des vaifleaux r
un troifiéme pour la difeuffion de cë qui fe pafle
aux Indes ; un quatrième pour avoir foin des ma?a-
fins j & un cinquième pour la follicitatiôn des-
affaires.
La compagnie a un fecrétaire & un teneur delivres
: celui-ci a fous lui douze commis , & l’autre
fix ; tous jeunes gens qu’on met là pour s’inf-
ttnire. Parmi ceux du teneur de livres,, on reçoit
des jeunes gens de condition-, qui y fervent fans
appointemens pendant neuf années r après lequel
tems , on les envoyé dans les comptoirs des Indes ,,
où ils gagnent beaucoup.
Le caiflîer général & les gardes-magafins font
encore du nombre des premiers commis de la
compagnie. Le caiffier a fix commis, & les gardes
magafins plufieurs porteurs, pour tranfporter
& placer les marchandifes pendant le jour , & veiller
pendant la n u it, tant au dedans qu’au dehors
des magafins, pour éviter les accidens du feu , ou
autres femblables. Tous ces magafins font établis a
Londres.
La compagnie n’a en propre que quelques petits
vaiffèaux, dont elle fe fert aux Indes : les autres
vaiffèaux qu’elle emploie pour fon commerce appartiennent
à des particuliers , ordinairement à
trois ou quatre des plus riches directeurs, ou à
quelques puiffans négocians de Londres, qui les
font bâtir exprès, pour les lui louer à fret à chaque
voyage , fuivant une charte-partie que la compagnie
arente auparavant avec eux.
" Les envois qui fe font d’Angleterre aux Indes,
font de l’or en lingots, des louis d’or de France,
des piftoles d’Efpagne, beaucoup de piaftres, ou
pièces de huit, & de l’argent en- barres , ou même
de la monnoie d’Angleterre battue à la tour de
Londres 5 mais fous les conditions exprimées dans
l’article treiziéme de fa charte.
Cet or & cet argent font ordinairement les trois
quarts , ou les fept huitièmes de la cargaifon des
vaiffèaux que la compagnie envoyé ; l’autre quart
confifte en plomb, en fer de Suède & d’Efpagne,
en canons de fe r, en poudre , en mèche, en draps
d’Angleterre de diverfes couleurs, en quantité de
ferges, & autres petites étoffes des manufactures du
pays, dont elle débite environ pour fix cent mille
écus par an ; en cochenille, en vifrargent, en vermillon
, en corail brut d’Italie, & en ambre en grain,
& autres petits ouvrages de France»
Les retours des Indes font du poivre , des drogues,
du café, du coton filé, des toiles de coton,,
du falpêtre, des étoffes de foie avec de l’or & fans
o r , quantité de foies crues de Perfe & de la Chine ;
enfin des cabinets, des paravents , & autrés telles
curiofités; avec prefque toutes les autres marchan-
difes qu’on peut voir ci-deffus au paragraphe de la
compagnie Françoife des Indes Orientales.
Ces retours montent ordinairement à 900,000 1.
fterlings par an & plus.
Quoique tout le commerce des Indes Orientales
appartienne à la feule compagnie, & que par fes chartes,
il lui ait été accordé exclufivement à tous autres;
les particuliers bien qu’ils n'en foient pas membres,
peuvent néanmoins y avoir part de deux manières ;
l’une en obtenant d’elle la permiflïon d’y envoyer
des vaiffèaux fuivant les conditions d’une charte-
partie qu’ils paffent avec elle ; l’autre par le moyen
des pacotilles qu’elle accorde aux propriétaires des ;
vaifleaux qu’elle frette , & aux capitaines, officiers
& matelots qui les commandent & qui les. montent.
A l’égard de la pacotille , elle a été fixée par un
réglement du 4 feptembre 1686. Pour les conditions
des chartes-parties, elles font pour l’ordinaire
différentes fuivant les conjonctures & les temps.
Les principales font ; que les vaifleaux armés parles
particuliers, porteront fans fret une certaine quantité
d’argent 8c de marchandifes pour le compte de
la compagnie ; qu'ils fe chargeront d’un certain nom- i
bre de foldats à fa folde , pour les tranfporter dans
fes comptoirs , fans payer de paflage 8c de nourriture
, & de mettre dans leur cargaifon , outre les
marchandifes permifes, de l’o r , de l’argent, des
joyaux , du corail brut, & toutes fortes de manufactures
d’Angleterre, en payant à la compagnie,
fçavoir, pour les manufactures de laine, 12 pour
•cent ; pour l’or , l’argent 8c les joyaux, 2 pourcent ;
8c pour le corail b ru t, auffi 12 pour cent.
Ces navires de permiffion, étant arrivés aux la -
des, y peuvent négocier de port en port en payant
un certain droit fuivant la nature des marchandifes
defquelles ils font commerce, dont ils rendent compte
aux commis de la compagnie. Il ne leur eft pas néanmoins
libre de rapporter en Europe toutes fortes de
marchandifes, niais feulement celles qui leur font
permifes par le réglement de 1686, du nombre defquelles
, les principales font du poivre, & les marchandifes
que l’on tire de la Chine, du Tunquin
& du Japon ; mais pourtant pour lefquelles ils payent
auffi un droit.
A leur arrivée en Angleterre , il faut que la cargaifon
de ces vaiffèaux foit confignée à la compagnie
qui en fait la vente à l’enchère, à la première vente
générale. Enfin, en cas qu’elle ait befoin de vaifi-
feaux dans les Indes , ceux de ces .navires de per-
miffion qui s’y trouvent, font obligés de la fervir
à Certaines conditions auffi réglées par les délibérations.
de la compagnie.
La compagnie permet pareillement que les particuliers
faffent le -commerce des diamans , par les
vaifleaux qu’elle envoyé aux Indes, moyennant un,
certain droit convenu pour le fret ; fçavoir 2 pour
cent pour-ceux qui font .membres de la compagnie ;
6 pour cent pour les. Anglois qui n’en font point;
& 8 pour cent pour les, étrangers.
La compagnie a quatre principaux établiflèmens
aux Indes; fçavoir à Surate, au golfe de Bengale,
à la côte de Coromandel, & en Perfe.
Ceüx qui ont la direction générale de les affaires
dans ces quatre comptoirs , fe diftinguent par dif-
férens titres. Celui de Surate s’appelle le général ;
celui du Bengale, le chef; celui du Coromandel ,
le préfident ; & celui de Perfe, l’agent de la compagnie
: on nomme néanmoins auffi quelquefois le
directeur général de Surate, le premier président
de la compagnie.
On n’entrera pas ici dans le détail des comptoirs
particuliers qui relèvent de ces quatre principales
réfidences, en ayant parlé amplement ailleurs. Voyeç
dans Vétat général du commerce , celui que les
nations d'Europe fo n t aux Indes Orientales.
On ajoutera feulement, que lorfque les Anglois
font fortis de Bantam, ils ont fait un nouvel établit
fement général à Briaman dans l’ifle de Sumatra ;
mais il eft peu confidérable.
Les vaifleaux que la compagnie envoyé au gol-
phe de Bengale & à la côte de Coromandel, partent
ordinairement aux mois de décembre & de janvier.
Lorfque les bâtimens quelle a frettés partent en
flotte, elle nomme un amiral, un vice-amiral, &
d’autres officiers généraux fuivant le nombre des bâtimens.
Aucuns des vaifleaux qu’elle envoyé aux Indes
ne font armés en guerre, & il n’en va point de tels
fous fa commiffion ; mais lorfqu’ils y font arrivés,
fi elle en a befoin, on les fait armer ; & celui qui
commande fur les lieux, leur donne une commiffion
fcellée du fceau de la compagnie, qui eft autorité
par des lettres-patentes de S. M. B.
» Enfin, la compagnie peut faire la guerre aux
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