
on parle en Hollande , voyant par là leur premier
capital augmenté lix fois plus qu il n’étoit d’abord 3
& chaque action , q u i, à l’établiflèment de la compagnie,
n’alloit qua cinq cent livres de gros , ou
trois mille florins, valant alors jufqu’à dix-nuit mille
florins.
Le commerce des actions eft un des plus impor-
tans qui fe faffe à, la bourfe d’Amfterdam & des
autres villes des Provinces - Unies , ou il y a des
chambres de la compagnie des Indes Orientales, &
qui ne s’enrichifîent que de ce négoce.
■Ce qui rend ce commerce fi commun , & fouvent
fi lucratif en Hollande , c’eft: qu'il fe peut faire fans
un grand fonds d’argent comptant, que , pour
ainfi dire , il ne confifte que dans une viciflitude ;
continuelle d'achats & de reventes factions , qu’on
acquiert quand elles baillent, & dont on le défait
quand elles hauflent.
L'on fe fert prefque toujours de l’entremife d'un
courtier , lorfqu'on veut acheter ou vendre des
actions de la compagnie Hollandoife ; & quand
l'on eft convenu du prix, le vendeur en fait le tranf-
p o rt, & en ligne la quittance en préfence d'un des
directeurs , qui les fait enregiftrer par le fècrétaire
ou greffier 3 ce qui fiiffit pour tranfporter la propriété
des parties vendues, du vendeur à l'acheteur.
Les droits du courtier pour fa négociation , fe
payent ordinairement à raifon de fix florins pour
chaque aétion de~cinq cent livres de gros , moitié
par l'acheteur & moitié par le vendeur.
Les actions de la compagnie Francoife des Indes
orientales , ne font plus qu'un titre au porteur,
dont le capital eft de 2400 liv. produifant 120 liv.
de rente annuelle , aflïgnée fur la ferme du tabac.
N ourrir une action. C'eft payer exactement
à leur échéance les diverfes fommes pour lefquelles
on a fait fa foumiflion à la cailfe de la compagnie,
fuivant qu'il a été réglé par les arrêts du confeil,
donnés pour la création des nouvelles actions.
F ondre des actions. C’eft les vendre & s’en
défaire, fuivant les befoins que l’on à de fonds,
foit pour nourrir d'autres actions, foit pour fes autres
affaires.
U ne Action nourrie, eft celle dont tous les
paiemens font faits, & qui eft en état d'avoir part
aux dividendes ou répartitions des profits de la compagnie.
Jufqu'à cet entier & partait paiement, ce
n’eft pas proprement une action -, mais Amplement
une foumijfion. Voye% soumission.
Div il e ^t ou dividende. C’eft ce qu’on nomme
autrement répartition , c'eft-à-dire , la part qui
revient à chaque actionnaire dans les profits d’une
compagnie, au prorata de ce qu’il y a Radions,
Voyeç répartition.
Ce qui f e pratique à Amfterdam pour le tranfport
des actions*
Lorfque deux perfonnes ont conclu entr’elles,
ou par l'entremife d’un courtier, le prix-d’une ou
plufieurs actions , & qu’il eft queftion de lés liyrér;
le vendeur va à la maifon des Indes pour en'faire
fa déclaration au teneur de livres, qui l’enregiftre
aufli-tôt, & qui, après l’avoir fait ligner à celui
qui tranfporte l'action, y fait encore ajouter la
ngnaturç d’un des directeurs, devant lequel il faut
outre cela que le vendeur déclare de bouche la
vente qu’il en a faite.
Le tranfport ainfi ,enregiftré , & l'acheteur en
ayant été informé, il eft permis à ce dernier d’aller
s’en affurer à la maifon des Indes , s’il ne fe fie pas
à celui avec qui il a traité 5 après quoi il doit faire
écrire en banque la valeur des actions tranfportées
pour le compte du vendeur, qui de fon côté, quand
il eft certain que la fomme lui a été écrite en
banque, retourne à la maifon des Indes en ligner
la quittance au bas du tranfport qu’il en a fait.
Tant que cette quittance ri*eft point fignée,
l’acquéreur nepeutdifpoferdes actions tranfportées ,
bien qu’il en ait fait le paiement : aulfi en cas de
refus par le vendeur, de ligner cette quittance après
en avoir reçu la jufte Valeur, il y peut être contraint
fur une fimple requête préfentée aux échevins.
Il en coûte trois florins dix-huit fols pour chaque
tranfport, tant pour le fceau que pour le teneur de
livres.
Il faut remarquer que tous les regiftres des tran f
ports font compofés de formules imprimées , dont
le commis n’a qu’à remplir les blancs' : ces formules
^’appellent les fceaux , à caufe qu’elles ont une
empreinte à peu près comme les papiers timbrés de
France. Voye% Sceau.
Cette police pour le tranfport des actions a été
réglée par divers placards ou ordonnances des états
généraux dès Provinces-Unies : entr’autres par
ceux des 15 juillet 1621, 20 mai 16x4 & 16 fep-
tembre 1677. Par ces mêmes ordonnances il eft
défendu à toutes perfonnes , de quelque qualité
quelles foient, de vendre à terme ou au comptant
aucunes actions de la compagnie, foit pour foi ,
foit pour autrui, que lefdites actions ne foient réellement
& actuellement fur leur compte, ou de ceux
pour q u i elles les vendront dans le temps qu’elles
en feront la vente, à peine pour les vendeurs de
payer une amende du quart de la valeur pour laquelle
elles auront été vendues : enjoignant en outre d’en
faire enregiftrer le tranfport dans l’efpace de quatorze
jours après la vente, fi elles font vendues dans
la ville de la chambre de leur reflort 5 ou d’un mois
fi c’eft dans une autre ville, fous la même peine
de l’amende du quart, fans qu’à l’avenir les contradans
puiflènt faire aucunes renonciations auxdites
ordonnances, ni les courtiers pour eux, fous peine
pour les courtiers d’être fur le champ privés de leurs
offices, & à ceux qui ne le font pas , d’être punis
arbitrairement fuivant l’exigence de9 cas. .
Du commerce des actions dans les pays étrangers,
depuis Vannée \ y ip ju fqu'en 1721.
L’exemple de ce qui fe paffoit en France dans le
négoce des actions, & les fortunes immenfes qui s’y
ïaifoient, ayant tenté en même'temps les Anglois &Ie$
Hollandois, on vit bien-tôt un nombre infini de nouvelles
compagnies inonder,pour ainfi dire,1 Angleterre
& la Hollande. Amfterdam, L'eyden & Harlem furent
prefque les feules villes des Provinces-Unies, qui ne fe
laifsèrent point emporter au torrent, & l’on vit à Londres
une fi grande quantité de ces extravagans établif-
femens, que tout le commerce de cette grande ville
fut en quelque forte réduit au feul négoce des
actions, q u i, dans leur décadence, ruinèrent enfin les
fortunes les mieux établies des négocians, & les
maifons les plus illuftres de la Grande - Bretagne.
Les compagnies dont les actions firent le plus
de bruit à Londres, furent parmi les anciennes,
celles du fu d , celles des Indes & celles de la banque.
Les actions du fu d qui, au commencement du
mois d’avril 1 7 10 , n’étoient qu'à cent vingt pour
cent, furent pouftees au mois de juillet de la même
année jufqu’à mille vingt pour cent.
Les aaions de la banque de cent quarante-huit
montèrent à trois cent j & celles des Indes de cent
quatre-vingt-dix-huit à près de cinq cent.
Ce temps fi favorable aux actionnaires dura à
peine quelques mois : après diverfes variations, les
actions du fu d baifsèrent au mois de novembre à
cent, & vers le commencement de 1721, ne purent
remonter qu'à 150 pour cent ; celles de la banque
a 130, & celles des Indes à 160 , & elles devinrent
enfuite dans un tel difcrédit, que le Parlement fit
fa principale affaire pendant plus d’une année , de
découvrir & de punir les malverfations des çaiffiers
& des directeurs de ces trois compagnies , & de
tâcher de remettre leurs actions en faveur, ce qui
même jufqu'en 1723 ne lui put réuffir.
La compagnie des ajfurances de Londres fut
celle des .nouvelles compagnies d’Angleterre qui
parut d’abord, à ce qui fembloit, fous de plus
favorables aufpices. Ces actions pour lefquelles l’on
tï avoit fourni d’abord que dix pour cent, valurent
auflï-tot jufqu’à cent vingt, c’eft-à-dire, douze fois
leur capital, & même jufqu'à cent foixante. Cet
état florifîant dura peu. Une tempête qui fit périr,
fur la fin d'oCtobre 1720, douze vaiflèaux de la
Jamaïque, déranga tellement les affaires de cette
compagnie naiflante, que fes actions furent dans
le même mois à foixante pour cen t, 8c d’autres
pertes- l’ayant encore aifoiblie peu de temps après,
elles tombèrent à douze ou quinze pour cent. Enfin
cette brillante compagnie ne fubfiftoit plus guères
fur la fin de la même année , que dans les plaintes
des actionnaires d’avoir été trompés par leurs directeurs
: ce qui ne manque jamais d’arriver.
Les actions des nouvelles compagnies établies en
Hollande, ou augmentées fur le modèle de celles
d Angleterre, y éprouvèrent à peu près les mêmes
révolutions.
Les directeurs de la compagnie des Indes occidentales
ayant obtenu des Etats Généraux la per-
rmflîon de faire de nouvelles foufcripdons fur le
pied de deux cent cinquante pour cent, les virent
bien-tôt pouftees jufqu'à fix cent cinquante; mais
baiffant enfuite prefque tout à coup , elles tombèrent
à cent pour cent.
Les actions de la compagnie des ajfurances de
Koterdam , établie au commencement de juillet
1720, pour lefquelles on avoit fourni feulement
quatre fols pour cent, c'eft-à-dire, dix florins p ar
aCtion, montèrent jufqu'à cent pour cent, de forte
u’on donnoit cinq mille florins pour un capital dè
ix florins ; mais à peine leur crédit eut duré
quelques mois , qu'011 n’en voulut pas même à huie
pour cent.
Celles de Goude , pour lefquelles on n'avoit
fourni qu'un pour cent, après avoir valu jufqu’à
trente pour cent, revinrent bien-tôt à leur première
valeur.
Celle de la compagnie de D e lft eurent le même
fort , & encore en moins de temps. Enfin pour ne
point entrer dans un détail ennuyeux, comme il
n'y avoit pas eu prefque de ville de la nord-Hollande
, même les moins confidérables , où à l’exemple
de Roterdam , on n’eut établi dés compagnies de
navigation & d'ajfurance ; il n’y en eut point auffi
où l'avidité de leurs actionnaires ne frît punie par
la chute de leurs actions, & la perte entière des
fonds qu'ils y avoient employés.
ACTIONNAIRE ou ACTIONNISTE. ( Celui
qui a des actions dans une compagnie de commerce. )
Én France l’ufage eft pour actionnaire ; en Hollande
pour aciionnifte. Il eft permis à un actionnaire de
vendre fes actions en tout ou en partie, à perte ou
à gain.
ACTIONNER. ( Intenterun procès à quelqu'un
pour avoir un paiement de ce qui eft dû.') Go terme
étoit autrefois d’ufage dans le commerce , préfen-
tement on s’en fert rarement 3 on dit afjigner.
ACTUEL. ( Ce qui f e f a i t dans le moment ,-ou
qui s'exécute véritablement.) Un paiement actuel fer
dit d’un paiement effectif & en deniers comptans 8c
à découvert. Voye[ paiement.
A D
AD ARME. Petit poids dTfpagne, & dont on fe
fert aufli à Buenos-Ayres & dans toute l’Amérique
Efpagnole. GJeft la leizième partie de l’once , c è
qu'on appelle à Paris le demi-gros. Mais il faut
remarquer que l’once d’Efpagne eft d’un feptiè.me
par cent moins forte que celle de Paris 3 en forte*
que Cent onces de Madrid n’en font que quatre-
vingt-treize de Paris. Voyepla table des poids.
AD ATAIS. Mouffefine ou toile de coton très-
fine & très-rdaire , dont la pièce a dix aunes de"
longueur fur trois quarts de large. Cette moufleline
vient des Indes orientales. Les plus beaux adatais
fe font à Bengale. Koyeç mousseline-*
ADEN , café à’A d en , ou d’Arabie de première
qualité. Ce nom lui vient d’un port de la mer rouge,,
qui partage ce commerce avec Moka.
ADENOS. Le coton adenos , qu’on nomme,
autrement coton de marine,, fe tire d’AIep par la