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Il ii y a point ou peu de ces fortes de Manques
qui foient fidèles , & les pentes que celui qui la tient
a coutume de donner aux ronds qui font blancs, y
attirent fi, bien la boule, que fes nippes lui reftent
toujours au grand étonnement du badaud qui y a mis
fo'n argent.
A l ’é g a rd de la Manque q u i fe tire au liv r e , il y
e n a vé ritab lem en t de fiîres & o ù le h a fa rd n’e ft p o in t
d é tè rm in é p a r l’adrefïe ; mais -le mieux eft de s’en
défier c om m e des a u tre s , a caufê des frip p o n n e rie s
q u ’o n y p e u t fa ire . •
Lorfqu’on veut tenir une de c.es Manques, on
numérote tous les lots qui doivent la compofer. Ces
numéros font enfuite diftribués dans les feuillets d’un
gros livre-de papier blanc, en prenant néanmoins
la précaution que les petits lots foient mêlés avec
les gros, afin de donner plus de lieu au hafard.
Lorfque ce, livre , ou les feuillets blancs excèdent
quelquefois les noirs de plus de cent fur u n , le
blànqùier, après avoir reçu fon droit, préfente au
tireur une grande aiguille de léton , que celui-ci
fiche dans quelqu endroit qu’il lui plaît du livre ,
que l’autre tient & lui préfente. Si le feuillet qu’il
ouvre eft blanc, il fait Manque & n’a rien : fi au contraire
le feuillet a un-chiffre, on lui délivre le lot
défigné par le numéro. |
I I p a ro îtro it à c e q u ’o n v ien t de d ir e , q u e la
Manque au livre , d ev ro it ê tre ex em p te de to u t
fo u p ço n ; c e p en d a n t il n’e ft pas difficile d’y trom p e r ,
& la m a n iè re d o n t ce liv re fe p ré fe n te a u tireu r-, :
c e lle d o n t il s’o u v re a p rè s q u ’o n a t i r é , n ’eft p a s u n i
des m o in d re s to u rs d’a d re f ïè , q u e les teneurs de
Manques , q u i fo n t f rip p o n s , o n t foin d’a p p re n d re
des jo u eu rs d e g o b e le ts , p o u r faire q u e les feuillets
tiré s fe tro u v e n t to u jo u rs blancs , o u d u moins q u ’il
î f y a it q u e q u e lq u e trè s-p e tit l o t p o u r e n c o u ra g e r
l e fp e é la te u r à r ifq u e r fo rtu n e .
B L A N Q U E T T E . E fp è c e de bière très-/bible.
E n F la n d re & en H o lla n d e , o n l ’a p p e lle de la
molle.
B l a n q u e t t e . E ft auffi u n e fo rte d e vin blanc ,
q u i vien t de G a fc o g n e .
B L A N Q Ü IL L E . Petite monnoie <T argent, q u i I
a cours à M a ro c , & fu r les côtes de B a rb a rie .
Voye{ l a t a b l e d e s m o n n o i e s .
B L A R E . P e tiîe, monnoie de cuivre , avec le I
m éla n g e o u a lliag e d ’u n p e u d’a rg e n t, q u i fe fab riq
u e à Berne e n Suifïè. E lle e ft à-peu-pres a u m ême
t i t r e , & de la même v a le u r, q u e les ra tz de S o le u re ,
d e F rib o u rg , & de q u e lq u e s a u tre s villes de SuifTe.
Voye'f l a t a b l e d e s m o n n o i e s .
BLASTIER. Marchand qui va acheter des bleds
dans les greniers de la campagne, pour les tranf-
porter & les vendre dans les marchés des villes &
gros bourgs. Ce commerce rural eft le plus important
de tous les commerces. Par conféquent, celui
qui mérite le plus d’avoir toute liberté, toute facilité,
foute immunité' de la part des gouvernemens. Il n’en
peut réfulter que le bien général de l’état, dans tous
|çs ças §ç d^ns toutes fos cjrçonftanees poflibles.
B L E
BL A T A - B I Z AN T I A , qu’on nomme auffi
UNGUIS ODORATUS. Eft le deffus du coquillage
, que les Latins appellent conchilmm.
Il y en a de différentes grandeurs , mais toutes
ont la figure d’une griffe, ou ongle d’un animal
féroce, ce qui lui a donné le fécond nom fous lequel
il eft. connu ; ayant le premier, parce qu’il
vient plus ordinairement de Conftantinople, qu’on
nommoit autrefois birance.
Le blata-bi^antia eft fort mince , de couleur
brune, facile à brûler, & de mauvaife odeur , quand
on le brûle. On s’en fort au même ufage que le
cafforeum ; c’eft-à-dire, pour les vapeurs.
Quelques auteurs font fort embarraffés de deviner
pourquoi on nomme ce coquillage unguis odoratusy
ongle odorant, puifqu’au contraire il eft d’une.puanteur
très-grande : mais outre que Diofcotide, qui en
parle allez amplement, allure que le parfum qu’il
exhale, quand on le brûle , eft très-agréable, ce qui
feroit croire que le blata-biiantia des modernes,
n’eft pas le même que celui des anciens; ne pour-
roit-on pas dire, qu’il eft nommé- odorant par
antiphrafe, comme difent les Latins,, pu par ironie
, comme parlent nos François , parce qu’en effet
il eft très-puant ? Cette manière d’exprimer les cho-
, fes par leur contraire, étant allez ordinaire dans les
langues, fur-tout en Latin.
Le blata-biiantia étant allez rare à Paris,, les
apothicaires y fubftituent quelquefois le folen , qui
eft une autre forte de coquillage, mais moins fou-
verain pour les maladies où l’on emploie le blata«
bi^antia.
Le blata-bizantia paye en France les droits d'en*
trée fu r le pied de 5 liv. 10 fols le cent pefant,
& les fols pour livre.
BLÀYE, ville de France dans le Bordelois, fituée
fur la Gironde à huit lieues au-defïous de Bordeaux.
Voye{ les différentes parties du commerce de cette
ville, dans l’état général, page 57.
BLED , ou BLÉ. ( Plante qui produit un gràin
propre à la nourriture d ei’homme. ) Il fig.f fie auffi
le grain que cette plante porte , battu & féparé de
l ’épi.
Dans le commerce des bleds , on n’en diftingue
que de trois fortes : le bled proprement dit : qu’on
nomme froment', le feigle, qui eft une efpèce bien
différente & d’une qualité fort au-defïous : & ùn
troifîéme bled, qui réfulte du mélange des deux
autres , qu’on appelle bled ntéteil. A l’égard des
laboureurs , ils mettent encore ' au nombre des
bleds, plufieurs de ces grains , que l’on feme au
mois de mars, comme forge , l’avoine , les pois,
les vefïes; &c. mais pour les diftinguer, ils les qualifient
de petits bleds.
Le mays & le farazin font encore des grains,
auxquels on donne le nom de bled; l’un s’appela
n t bled de Turquie , & bled d’Inde ; & l’autre,
bled noir.
Quand on dit fimplement du bled, on l’entend
toujours du froment : quelques-uns néanmoins y
B L E
ajoutent fon nom Spécifique , & difent du bled
froment. . 1 0 u
On trouve dans le Dictionnaire de oavary , la
lifte effrayante des réglements, prohibitions, formalités
, exactions autres entraves qu on avoir
accumulés fur le commerce des bleds. Tout le
monde connoît aujourd’hui les effets de cette legifla-
tion fifcale , & des monopoles quelle rendoit mdif-
penfablement néceflaires. Les meilleures terres tom-
boient fucceifivement en friches. Les cultivateurs ;
les propriétaires ; la nobleffe , propriétaire des rentes
feigneurizles ; le clergé ‘décimateur ; & le r o i,
comme propriétaire dés impofitions territorialès,
perdoient des millions de revenus , tandis que quelques
commiffionaaires privilégiés, & les officiers
fubalternes qui l.u r vendoient des permiflions ou
commiffions , acquéroient des. fortunes fcandaleufes.
La liberté du commerce des grains & fubfiftances,
donnée fous le miniftère d eM.Bertin, en 176; &(
1764, puis reftituée par fa majefté fur les inftances;
de feu M. T u rg o t, a ranimé la culture , rehauffé j
les revenus ; & bien foin de faire aucun mal, a 1
prévenu les mauvais effets qu’auroient produit les
mauvaifes récoltes de 1768 & 1769. S’il y eut en
France beaucoup d’inconvéniens depuis 177° >
qu’en 1774, c eft une.infigne mauvaife foi aux par-
tifans des prohibitions & des vieilles ordonnances,
d’attribuer ces maux à la liberté qui n’exiftoit pas
alors, puifqu’à Cette époque, on employait le miniftère
des commiffionHaires.
Ceux des étrangers , avec lefquels la France fait
le plus grand commerce de ces bleds , font, les
Anglois , les Fcofïbis , les Irlandois,_ & les Hol-
landois , qui les viennent enlever à Nantes, à
la Rochelle, & dans quelques autres ports du
royaume.
Les Efpa^nols, à qui les Nantois portent ceux
de leur crû , & qui en tirent quantité de Bourgogne.
Plufieurs états d’Italie , qui s’en fournilTent auffi
dans cette dernière province.
Les Suiffes & les Gènevois, qui achettent ceux
de Franche-Comté.
Enfin, les Flamands qui font venir ceux dont ils
ont befoin, de la Champagne , & du Soiffonnois.
Quoique toutes ces nations enlèvent beaucoup
de bleds en France, elles en tirent cependant encore
en plus grande quantité du Nord, & de la mer Baltique
j particulièrement lorfque les récoltes n’ont
pas été abondantes dans le royaume, ou que la guerre
en- interrompt le commerce.
Hambourg, Bremen fur le Wefer , Riga, Revel,
Nerva, Pernau, Libaw en Curlande, Conifberg,
dans la PrufTè ducale’, Stetin , capitale de la Poméranie
Polonoife ; mais fur-tout Dantzic , cette ville
fi célèbre pour fon commerce, & l’Amfterdam du
Nord, font les ports où il s’en charge davantage.
Les magafins de Dantzic font fi vaftes, & toujours
fi bien remplis, qu’en certaines années on enlève
de cette feule ville, jufqu’à huit cens mille tonneaux
de bled : auffi les marchands de Dantzic ont-ils un
' BLE 263
p riv ilè g e ex c îu fif p o u r tous les bleds d e P o lo g n e ,
q u i e n tre n t dans le u r ville , n’y a y a n t q u ’eux q u i
les puiffent a c h e te r : les D an tz iq u o is fo n t tenus de
p re n d re tous les bleds , q u i arriv en t c h e z e u x , â
q u e lq u e q u a n tité q u ’ils p u iffen t m o n te r , fu iv a n t le
p rix fixé p a r le ta r if d u magiftrat.
C ’eft auffi dans c e p o r t u fam e u x , q u e le s F r a n çois
v o n t , dans le s tem p s d e d ifè tte , c n e rc h e r , ainfî
q u e les a u tre s n a tio n s , les bleds q u i le u r m an q u e n t,
& d o n t dans l’ab o n d an ce , ils o n t co u tum e de lecot**
r ir leu rs voifins.
C e fo n t les P ro v en çau x q u i fo n t le p lu s g ran d
Commerce des • bleds de' B a rb a rie , q u ’ils p o r te n t
enfuite dans plu fieu rs p o rts d’I ta lie , & p a rticu liè re m
e n t à Gè n e s ; d’où a p rè s ils fe ré p a n d e n t à R om e ,
& dans les p rin c ip a le s ville s de l’é ta t e c clé fia ftiq u e ,
d u ro y aum e de N a p l e s , 8c mêm e d u d u ch é d e
M ilan .
L e b a ftio n de F r a n c e , & le s p o rts d e l a C a lle
d u c a p de R o f e , d e B o n n e , & de C o lle , q u i en.
d é p e n d en t, fo n t les lie u x d’où l ’o n tire l a p lu s g ran d e
q u an tité d è bleds ; les .Mau re s A u led d a lis , g e n s
lab o rieu x , q u i ‘h a b ite n t affez avant dans les te r r e s ,
le s c o n d u ifan t ju fq u ’à la m e r , p o u r les vendre a u x
Fra n ço is.
L a mefure d o n t ils fe ferv en t p o u r c e c om m e rc e ,
s’a p p e lle gautte9 & c o n tie n t e n v iro n tre n te b oiffeaux.
L e p rix des bleds fe fait avec eux- a u c om m en c e m
en t d e la ré c o lte ; & c h a q u e m e fu re s’a c h ette
d epuis u n e p ia ftre ju fq u ’à deux , q u i fe rev en d à
Gê n e s depuis deux p iaftre s trois qua rts , jufqu’à tro is
p iaftre s & demi au m o in s; mais à la m efu re G é n o ife ,
q u i eft d’u n c in q u ième p lu s p e tite q u e . c e lle des
M a u re s ; en fo rte q u e c ’eft e n c o re u n bén é fic e de
vin g t p o u r c e n t p o u r le v endeur.
O n p e u t tra ite r avec les M au re s d u baftion d e
F r a n c e , & fes d é p e n d an c e s, e n v iro n c in q u an te m ille
mefures de from e n t, & b e a u co u p plus d’o rg e , 8c
d’autres g rain s ; o u tre ce q u ’o n en p e u t tire r des
a u tre s p o r ts de c e tte cô te .
Mais ce com m e rc e eft abandonné p a r u n p riv ilè g e
e x c îu fif, à u n e compagnie q u i fubfifte à M a rfe ille ,
fous le titre ' de compagnie d'Afrique o n p e u t
v o ir le d é ta il d e c e m o n o p o le ci-deffus, a u m o t
Barbarie.
Bled d e T u r q u ie , qu’o n n om m e a u trem e n t
m a y s . E ft u n e p la n te , dont le g ra in eft r o n d , & de
la g ro fïè u r d’un pois. O n T a p p e lle bled de Turquie,
p a rc e q u e plufieurs endroits des éta ts d u g ra n d -
f e ig n e u r, en p ro d u ifen t en q u a n tité . Voye^ m a y s .
B led n o ir , o u b i .ed sârastn. P la n te dont les
fleurs fo n t r o u g e s , & la g ra in e n o ire . Q u e lq u e s-
uns d iftin g u en t ces d eux bleds. Voye{ sa r a s in .
O n a p p e lle p e t it s bleds , les g rains q u e l’on
feme en F ra n c e a u mois de m a r s , c om m e l’orge ,
Y avoine , les pois ? les vejfes , &c. Voyeç ces
a r t ic l e s . •
Bled m é t e il . C ’eft u n m élange de plufieurs for-,
tes de bleds, p a rticu liè rem e n t de from e n t & de feig le;
Voyei m é t e il .