
rocaille, images, eftampes, & autres fortes de menues
marchandifes au regrat.
Outre ces réglemens & ftatuts, il y a encore
deux arrêts du parlement, rendus en faveur des
maîtres chandeliers , dont l’un , du i feptembre
x.6/^6 , leur permet de vendre du beurre 3 & l’autre,
du 3 février 1677 , les maintient & garde dans la
pofléflîon & jouiffance dê vendre & débiter en retirât
& en détail , des marchandifes de fabots , pelles ,
fourches , battoirs, & autres fujettes à regrat.
Les jurés chandeliers , c’eft-à-dire , les maîtres
élus & prép'ofés par la communauté pour la régir ,
gouverner , en foutenir les droits , & en faire exécuter
les ftatuts & réglemens, font au nombre de
quatre, dont deux fe renouvellent toutes les années ;
en forte qu’il s’en trouve toujours en place deux anciens
& Jeux nouveaux.
Ce font ces maîtres jurés chandeliers q u i, en
qualité d’huiliers, prétendent devoir être les feuls
dépofitaires de l'étalon des mefures de cuivre defti-
nées pour mefurer les huiles à brûler ; mais cet
avantage leur eft dilputé par les marchands épiciers ,
parce que ce font eux qui font le négoce de toutes
fortes d’huiies en' gros & en détail.
CHANDELLE. Petit flambeau de fuif, qui fert à
éclairer, dont la mèche eft faite de plufieurs brins de
fil de coton, grolfièremenc filés & tortillés enfemble.
On appelloitauffi autrefois en France, chandelles
de cire, ce qu’on nomme préfentement des bougies,
ou des cierges ; mais depuis long-temps aucun ouvrage
de cire propre à éclairer, n a confervé le nom
de chandelle , fi ce n’eft parmi le peuple, qui dit
toujours , présenter une chandelle , pour fignifier ,
offrir des cierges, ou de petites bougies , pour
être brûlés en l’honneur des faints , a 1 interceflion
delquels il a recours.
On nomme encore dans quelques provinces,
particulièrement en Anjou, chandelle de rousine ,
une efpèce de chandelle compofée de poix-refine ,
& de mauvais fuif, qu’on fait pour l’ulage des pauvres
gens : mais ce commerce, qui fait ordinairement
partie de celui des marchands de fer de ces
provinces, eft fi peu confidérable , qu’il fuffit de l’avoir
fe fait de place en place ou d’un lieu en un autre 9
par le moyen des lettres de change, en donnant de
l’a r g e n t en une ville , & recevant une lettre pour en
retirer la valeur dans une autre ville.
Les négocians qui 11e s’attachent u n iq u em e n t 'q u ’a u
commerce du change , s’appellent communément
banquiers,
Le commerce du change eft également utile aux
marchands ; négocians , banquiers & autres perfon-
nes : car fans la facilité qu’il donne , celui qui a de
l’argent dans une ville feroit dans l’obligation de le
faire venir en efpèces par un meffager ou autre
voiturier, & celui qui en auroic befoin dans la même
ville, feroit pareillement obligé de l*y faire voiturer
du lieu de fa demeure : ce qui ne fe pourroit faire
fans grands frais & fans rifque ; au lieu qu’il y a fou-
vent du profit à tirer & à remettre des lettres de
change, & peu de rifque à courir.
indiqué , fans en parler en détail.
La chandelle de J u if, pour être de bonne qualité
, doit être faite moitié fuif de mouton & de
brebis , & moitié fuif de boeuf & de vache, fondus
enfemble, & bien purifiés 3 étant défendu par les
réglemens , d’y mêler aucun autre fuif ni graifîe,
particulièrement de p o rc , ce dernier fuif la faifant
couler, & exhalant’’toujours une odeur très-mauvaife,
Sc une vapeur noire & épaiffe.
On fabrique en France, particulièrement à Paris ,
de deux forcés de chandelles ; les unes qu’on appelle
chandelles plongées ; les autres qu’on nomme
chandelles moulées.
CHANGE. Convention par laquelle on troque
ou on donne une chofe pour une autre. On eft fou-
vent trompé au change.
Change, Signifie suffi l e c om m e rc e d ’a rg en t qui
On attache dans le moment aéfcuel une grande
importance aux opérations variables du change : cette
madère étant peu connue , les politiques routiniers
qui veulent toujours avoir un myftere pour prétexte
, voyant qu’on avoit éclairci ceux qu’ils appel-
loient balance du commerce, importation, exportation,
intérêt de l’état, argent qui entre, argent
qui fo r t, &c. fe font jettés fur le change.
Il eft donc abfolument néceffaire d’en développer
ici les principes & les opérations, d’après un auteur
:rès-inftruit., dont l’ouvrage eft le plus moderne.
Les commerçans y verront que lés commiflions du
change leur font très-avantageufes ; les vrais admi-
niftrateurs des empires_agricoles, qu’ellés leur font
abfolument indifférentes.
Principes & opérations du change.
La connoiflance des monnoies , des poids & des
mefures des différens pays , eft indifpenfable pour
quiconque veut faire de bonnet entreprifes de commerce.
Sans cela on eft arrêté à chaque pas ; on
n’a point de marche certaine , & l’on court toujours
rifque de faire de fauffes fpéculations.
Convaincus de cette vérité, nous fommes entres
dans de longs détails fur ces objets, & nous les
avons préfentés à nos lecteurs d’une manière fimple
& claire, afin qu’ils puiffent fans effort acquérir une
connoiflance fi eflentielle à tout négociant. Quiconque
la pofledera bien, aura déjà fait un pas avancé dans
la carrière du commerce, & peut fe promettre que
fes entreprifes lui tourneront à bien $ mais s’il veut
tirer le plus grand avantage poffible de fes fpécu-,
lations, il doit encore fe mettre en état de profiter
des circonftances favorables qui arrivent fouvent
dans les changes.
Pour rendre la chofe plus fenfible , fuppofons
u’un négociant ait fait des achats de marchandifes
ans une ville de commerce ou il doit remettre des
fonds pour en payer la valeur. Y enverra-t-il du
papier dirëét, ou y en remettra-t-il d’indireét t Lequel
de ces deux partis lui Il n’en fçait rien, & à cet change rendra plus de bénéfice ?
égard il opère au hafard
s’il n’a fait une étude du » & s’il ne s’eft mis
tn état d’en combiner avec juftefle les différences en
diverfes places. Cependant cette combinaifon des
changes eft fouvent ou ignorée ou négligée par
beaucoup de négocians * & elle eft faite par d autres
fur des principes faux ou erronnes, qui les empêchent
de bien faifir la vraie méthode d’un arbitrage,
d’ailleurs fimple & facile à trouver. Pour mettre les
premiers en état de tirer un meilleur parti des oeça-
fions qu’ils peuvent avoir.d’opérer dans les changes,
& rendre aux derniers leurs opérations plus aifees 3
nous allons établir dans l’article premier des principes
raifonnés , clairs & faciles pour trouver le
pair du change de deux villes de Commerce, &
pour fçavoir quel change on pourra faire- entre deux
places par l’entremife d’une troifiéme. Dans le fécond
article , nous donnerons quelques explications relatives
à la méthode la plus ailée de faire des calculs
fur les prix -, les frais & les conditions d’achat &
de vente de plufieurs marchandifes*
Comme cet ouvrage eft deftiné également à
inftruire ceux qui n’ont que defoibles notions du
commerce, & à fervir dé recueil aux perfonnes ver-
fées dans cette fcience, & cenfées par cette raifon
n’ignorer rien de ce qui concerne l’arithmétique,
ces derniers ne trouveront pas mauvais que nous
donnions ici préalablement une explication de la
régie conjointe , dont nous nous fervirons dans tous
les calculs que nous ferons dans le cas de faire ci-
après.
La régie conjointe, compliquée pour quelqu’un
qui n’a pas afïèz d e connoiflance du rapport des
monnoies & des changes de divers pays, ou qui ne
poflede de l’arithmétique que les quatre régies qu’on
apprend aux écoles , eft un calcul fimple d’arithmétique
, dont toute la difficulté confïfte dans l’arrangement
des parties, & qui ne coûte aucune peine
•dès qu’on en a faifî la marche qui eft clairement
expofée dans l’exemple fuivant :
On demande combien 1000 roubles font-elles de réaux de vellon , fi l’on rire de Peterfbourg fur Amfter-
dam au change.de 32 fols par rouble, argent courant de Hollande -, fuppofé que l’agio contre l’argent
de banque foit dans cette dernière ville a 104^ pour cent, & que le change d’Amfterdam fur Madrid
fe trouve à 90 gros de banque par ducat de change ?
Pofez d’abord à votre droite les 1000 roubles, ainfî
1000 Roubles.
Dites etifuite : un rouble vaut 3.9 fols courans de Hollande, & pofez le chiffre 1 au côté gauche,.&
'39 à la droite 3
1000 Roubles.
1 Rouble v a u t........................................ $5 fols courans.
Comme zo fols font 1 florin, vous mettrez zo
Colonne :
1 Rouble vaut
zo Sols • • •
à la gauche , & 1 à la droite, toujours en forme de
1000 Roubles,
. 39 fols courans.
• 1 florin.
L’agio contre l’argent de banque étant à 104 | p f , en doublant ce nombre pour éviter la fraôrion,
Srous direz zop florins courans valent zoo florins de banque, & pofez ainfi, •
* ■ 1000 Roubles.-
1 Rouble vaut . . . . . . . . . . $9 fols courans'.'
z o'Sols courans . .................................... 1 florin courant*
zo9 Florins courans. . . . • • • • • 2.00 florins de banque;
Le florin de banque contenant 40 gros, & 90 gros faifant la valeur d’un ducat de change, ces deux
parties doivent être rangées à la fuite des précédentes, de la manière fuivante :
1000 Roubles.
i Rouble vaut ................... .......... .... . .39 fols courans.
zo Sols courans . * . • • • • • . . 1 florin courant.
z09 Florins courans.'. . . . . . . . zoo-florins de banque.
1 Florin de banque . . . . . . . 40 gros de banque.
. 90 Gros de banque. f 1 ducat de change.
Le ducat de change vaut zo réaux 2-5^ maravédis de vellon 3 mais pour éviter les fraérions, il faut
dire : 8 67 ducats de change font 18 000 réaux de vellon, & po'fer cette partie au-deffous des autres comme
. fui(, favoir :
1000 Roubles.
1 Rouble vaut . • * . . • • • • • 39 fols courans,.
zo Sols courans 1 florin epurant.
Z09. Florins courans . . . . . . . . . | z 00 | florins de banque*.
1 Florin de banque 40 gros de banque.
90 Gros de banque . . . . . . . . . . 1 ducat de change.
<867 Ducats de change. i 8qoo réaux de veHon,