
foire qui commence après les fêtes de pâques &
dure une quinzaine de jours.
Schwabach où Schwobach ■> ville du cercle de
Franconie , eft habitée par un grand nombre de
François réfugiés qui y ont établi beaucoup de
fabriques & manufactures de draps , d’étoffes &
bas de coton, de tapis , étoffes 8c autres ouvrages
en or & en argent, Sa fituation fur le grand chemin
d’Augfbourg en Italie & en Suifïe , lui eft
très-avantageufe, en ce qu’elle lui facilite les moyens
de faire un commerce très-confidérable, fès fabri-
cans 8c fès marchands ayant ainfi un grand débouché
pour leurs marchandifes.
§. II. Cercles du Haut & du Bas-Rhin,
Les cercles du haut 8c du bas-Rhin font les pays
les plus fertiles de l’Allemagne ; on y recueille
beaucoup & d’excellens vins , des grains de toute
efpèce, du tabac & divers autres articles, qui paf-
fent en plus grande partie dans les autres provinces
de l’empire. Parmi lès villes que renferment ces ,
deux cercles , il y en a quelques-unes qui font un
commerce confidérable 5 celles - ci feules fixeront j
notre attention.
F rancfort fu r Meyn , célébré ville marchande
impériale , dans le cercle du haut-Rhin fur les
frontières.de la Franconie , eft une des plus commerçantes
de l’intérieur de Y Allemagne, Le plus
grand commerce de Francfort confîfte en vins du
Rhin, en tabac , tartre, cendre calcinée, foufre ,
prunes, verres à v in , noir de fumée & quelques
autres marchandifes .que le pays fournit. On y en
apporte plufieurs autres' de l’étranger, qui fe débitent
dans la même ville, foit pour fa propre con-
fpmmation , foit pour être envoyées au dehors. Il
pafïè au travers de Francfort des quantités immen-
les de marchandifes , tant de celles qui remontent
le Rhin pour aller en Suabe , en Lorraine , en
Alface, dans le Palatinac , en Suifïe & même en
Italie ; que de celles qui defcendent ce fleuve &
qui viennent de eês diffçrens pais pouc_pafler en
Hollande & ailleurs. Ce qui contribue le plus à
augmenter le commerce ordinaire dé Francfort
font les deux foires célébrés qui s’y tiennent $ la
première commence le mardi après pâques & la
fécondé le jour de la nativité de la Vierge 5 quand
cette fête tombe le dimanche ou un des trois'jours
fuivans, la foire commence, toujours le lundi de
la même femaine ; au contraire , fi la fête tombe
un des trois derniers jours de la femainé , la foire
ne s’ouvre que le lundi fuivànt. Les marchands
étrangers qui fréquentent ces foires, ne viennent pas
feulement des villes & provinces d’Allemagne ; ep
temps de paix il en vient beaucoup de France,
d’Italie , de Suifïe , de Genève & de Hollande. Les
Hollandois ont la commodité de pouvoir tranfportçr
leurs marchandifes fur le Rhin &de là fur le Meyn,
jufqu d Francfort ; c’eft la raifon pourquoi on voit
a toutes les foire^ un grapd nombre de marchands
Malgré le grand commerce que fait cette ville,
elle n’a p a s, a beaucoup près, autant de fabriques
& manufa&ures qu’en ont plufieurs autres villes
d3Allemagne de moindre confidèration. On y fabrique
quelques étoffes de foie , de la fayance &
1 on y prépare du tabac en poudre & à fumer.
Cassel, capitale du Landgraviat de HefTe, eft
une ville qui fait un aidez grand commerce en laine ;
elle a auflî des fabriques confidérables de gants ,
de chapeaux , d’étamines fines & communes , 8c
d.autres étoffes de laine qu’y ont établi des François
réfugiés. Les environs de cette ville fourniffent beaucoup
de fil.
M a x e n c e ; en Allemand Mayntf, eft une ville
commerçante du cercle du bas-Rhin , diftante de
quatre milles feulement de Francfort; elle eft fituée
fur la rive gauche du Rhin dans l’endroit où ce
fleuve reçoit les eaux du Meyn. Le pays d’alentour
eft très -fertile en grains, & produit un des
meilleurs vins du Rhin , dont Francfort & Mayence
font les entrepôts. Les vins du Rhin font donc la
principale branche du commerce de Mayence. Elle
a d’une autre part un objet important dans l’exaction
qu’on appelle droit de tranjit des marchandifes
, foie quand elles defcendent le Rhin , foit
quand elles montent du Rhin dans le Meyn, droit
auflî' légitime & auflî utile au genre humain, que
celui a aubaine dont tous les fouverains ont fenti
l’injuftice & l’abfurdité.
Manheim , ville du Palatinat dans le cercle du
bas-Rhin, eft fituée dans l’endroit où le Neckrç
vient fe perdre dans le Rhin• Elle fait quelque
commerce en tabac , draps 8c toiles de lin , dont
elle a plufieurs fabriques & manufactures.
Ccblentz , grandè & belle ville de, l’éleétorac
de Trêves dans le cercle du bas-Rhin. Son principal
commerce confîfte en vin de Mofeile & en bois,
dont le pays abonde.
Cologne , ville impériale fituée dans l ’éle&orat
du même-nom dans le cercle du bas-Rhin , fait un
grand commerce , particulièrement avec fes Hoi-
landois qui ont la facilité de remonter par le Rhin
jufqu’à cette ville. Les marchandifes qu’on y va
chercher font des vins Au. Rhin 8c de Mofïelle dont
elle eft l’entrepôt ; des ouvrages de fer de toute
efpèce; des canons de fer , boulets , bombes, &c.
des bois de charpente , des poteries de terre & divers
autres articles.
Lorck a une manufacture de glaces de miroirs
qui acquiert de la célébrité. Le magajin général
de cette fabrique fe tient ordinairement à Francfo
r t fu r le Meyn.
§ III. Cercles de la Haute & Baffe-Saxe*
Tous les pays compris $ans ces deux cercles
font riches & comblés des dons de la nature. Indé -
pendamment de leur fertilité en grains de toute
efpèce & en vin , on y recueille du houblon , du
lin , du fenouil , de la coriande 8c. des fruits en
quantité. Les minéraux 8c les foflîlcs y font trèstommnns
& l’on en tire beaucoup des ««railles
Se la terre. Avec tant de richeffes naturelles, &
d’ailleursl’efpritinduftrieux deshabttans de « p a y s ,
notamment de la Saxe proprement dite il n elt
pas furprenant que le nombre des fabriques &
manufàaure.s y foit. confidérable. Nous ne citerons
nue les plus importantes, comme celles d o r &
nargent à Drefde, Leipzig, Weiffenfelds , Schnee.
berg& Schwartzenberg ; celles de laiton a Obe-
ravirbach dans le Voigtland; celles de tombac a
Frezberg en Mifnie ; celles de cuivre a Dresde ;. a
quoi l’on doit ajouter les forges de fer du bailliage
de Schwartzenbourg & les marteaux à battre le
fer blanc ; la fameule fabrique de porcelaine établie
à Meiflein , qui égale & furpafïe même celles du
Japon & de la Chine ; la belle fayancerie de Dresde ;
les fabriques de glaces de Senflenberg, les verreries
de Gluckfbourg, de Pretfch , de Parfenftein,
de Carlfberg , de Johan-Georgenftadt & de Nauf-
cha ; les belles fabriques d’armes d’Olbernau & de
Suhla dans le Henneberg; les falines de Frenken-
haufen , &c. Nous ne devons pas omettre auflî qji’il
y a en Saxe une infinité d’endroits où l’on travaille
des minéraux ; d’autres où l’on fait du^ falpetre ,
de la poudre à canon ; d’autres où Io n purifie
l’alun , &c.
Il ne feroit pas poflîble de détailler ici les manufactures
d’étoffes & autres ouvrages de coton ;
celles de toiles de lin , dont il fe fait un commerce
jmmenfe à Leipzig ; celles de toiles damaffées;
celles de toiles cirées , ainfî que les moulins a
papier ; mais nous observerons que les fabriques
de damas de Leipzig font fort renommées ; qu’on
fait à Forfta de beaux mouchoirs de foie ; qu’à
Borna , Ofchatz , Langênfaltze , Biiïehofferda ,
Stolpe & Mitweyda il y a des fabriques de peluches
; que dans prefque toutes les villes de Saxe il
y a des manufactures de draps de toutes couleurs ,
;ant gros que fins , & de toutes fortes d’étoffes de
nn’nn nrPTOrP rff» hpîUlY maroaUHlS £
La Saxe a porté l’art de la teinture à un très-
haut dégré. On connoît le beau verd qui porte fon
nom. Les teintureries de Dresde , de Leipzig , de
Weyde & de Grofïenhayn ont de la réputation. Il
faut dire encore qu’il fort des ouvrages fans nombre
des imprimeries de toiles de lin , de flanelles,
c*eft dans ces fabriques que fè font communément
les plus belles étoffes , tant de fil feul que de fil
mêlé de foie; on en fait de rayées & à fleurs, 8c
on les teint en toutes fortes de belles couleurs ,
comme les gingams. On a inventé à Drefde une
compofition qui reffemble parfaitemènt à l’indigo ,
c’eft le bleu d’azur, ou fm a lt, connu généralement
fous le nom de bleu de Saxe. Le commerce de
Drefde fe fait par l’Elbe & par terre. Il y a des
marchands fort riches dans cette ville , qui font un
grand commerce en articles des fabriques & manufactures
de toiles de coton & de tapifïèries, établies à Dresde, ■
LeipzigWaldheim, Grimme , Lauban & Hernhut;
<& que la broderie en or, en argent , en foie , en
laine & en fil a été poufïee fi loin par les femmes
Saxonnes , que leurs ouvrages fe font fait con-
noître & rechercher dans toutes les parties du
monde.
Dresde , capitale de l’éleârorat de Saxe , eft
renommée par les manufactures d’étoffes pour
habillement & ameublement, par fes fabriques de
cuirs , maroquins , &c. Plufieurs petites villes &
villages des environs ont auflî différentes fabriques
qui appartiennent aux manufacturiers de Drefde i
du pays, en bois de toute efpèce , pierres ,
froment, feigle, potaffe , fil, acier , fer-blanc 8c
diverfes autres marchandifes.
L eipzig , ville de la Mifnie dans le cercle de
la haute - Saxe , eft la plus célébré 8c la plus
commerçante de Y Allemagne. Elle eft fituée au
milieu d’une plaine agréable & fertile en fruits ,
‘froment, feigle , orge, avoine , lin , chanvre , navets
8c tabac. Mais ce ne font pas ces articles
feuls qui y font fleurir le commerce ; ce font plutôt
les marchandifes qui abordent de toutes parts
dans cette ville , comme au magafin général de
Y Allemagne. Le grand nombre de fabriques 8c
manufactures qu’elle pofîède , ne contribue pas
peu auflî à augmenter le commerce que fa pofî-
tion lui attire. Parmi ces fabriques & manufactures,
on doit remarquer fpécialement, celles en or & en
argent ; en foie pure ; en foie mêlée ; en velours j
en bas de foie ; en teintureries de foie ; en draps
de laine ; en étoffes de laine & fil; en cuirs ; enfin ,
en couleurs bleues , ou teintures de Berlin. Outre
le grand nombre de bras employés à ces diverfes
manufactures , il y a beaucoup d’artifans & gens
de métier qui trouvent de l’occupation à Leipzig.
Un magiftrat préfide dans chaque corps de métier
pour décider les cas importans & difficiles qu’enr
traîne la iégiflation contre nature des corporations 8c
privilèges.
Les marchands de Leipzig font divifes en trois
corps , communautés ou fociétés , qu’on nomme
fociété des négociants ou marchands en gros ÿ
fociété de marchands en détail 8c fociété de
marchands drapiers ; chacune de ces fociétés. a
fes députés ou repréfentans , qui s’afîemblent &
décident les affaires qui font de leur , reffort ,
conformément à leurs intérêts & aux réglements
• arbitraires.
Indépendamment du commerce en marchandifes,
qui eft immenfe , Leipzig en fait un autre très-
important en efpèces & en change. C’eft furtouç
dans le temps des foires qui fe tiennent dans cette
ville trois fois par an , que le commerce y eft florif*
fant. Alors des marchands de prefque toutes les
nations de l’Europe accourent à Leipzig, tant pour
vendre les marchandifes de leurs pays, que pour
acheter celles qu’ils penfent leur convenir le mieux.
Le marchand Bohémien apporte toutes fortes de
verres , de toiles , de fil de lin ; &c. Le Siléfîen
apporte principalement des toiles 3 le Polonois des