
Mecque. Les premières confervent leur nom de
ca.niBresin.es , 8c les autres fe nomment mamoudis :
celles-ci font jaunâtres, mais plus douces & plus fines
que les autres : elles tirent d’ordinaire 3 6 pics de
longueur, qui font 12 cannes de Marfeille , & ont
quatre pans de large. Elles fe vendent depuis 4 piastres
y , jufqu’à 4
Outre ces cambrésinés de Perfe & de la Mecque,
il' y a encore plus de trente fortes de qualités de
toiles auxquelles on donne ce nom, particulièrement
à celles qui viennent de Bengale, & qui ont toutes
différentes longueurs & largeurs. De ces dernières
il y en a de deux ou trois efpèces qui fe diftinguent
par des noms particuliers, comme les fe r s à c h e v a l,
les turbans & les ca im a n c a n is.
I CAMBRAY, ou CAMBRESINE. C’eft ainfique
l’on nomme une forte de toile blanche, claire &
fine , faite de lin , laquelle a quelque rapport pour
la qualité aux quintins clairs & fins de Bretagne,
quoique d’une qualité qui leur eft beaucoup lupé-
rieure.
Ces fortes de toiles ont pris leur nom de la petite
province de Camb'refis', 8c de la ville de Cambray
qui en eft la capitale, où elles fè fabriquoient toutes
autrefois, & où il ne s’en fait que très-peu préfen-
tement; la plupart de celles que l’on voit aujourd’hui,
fous les noms de Cambray & de Cambresine9
le manufacturant â Péronne, & aux environs de
cette ville de Picardie.
Les toiles de Cambray, qui ont pour l’ordinaire
deux tiers de large, fe vendent par petites pièces de
treize aunes , mefure de Paris. Leur ufage le plus
ordinaire , eft pour faire des garnitures de tête pour
les femmes , & des rabats 8c manchettes pour les
hommes.
Il faut remarquer, que de toutes les toiles qui
fe font en Picardie, il n’y a que les Cambray s qui
le vendent en pièces de treize aunes.
« Les to ile s de Cam b ra y, fines, unies ou ou-
» vrées , foit écrues, jaunes, blanches, ou bizettes ,
» tànt fines, moyennes , que groffes, payent en
>5 France les droits d’entrée fur le pied de 8 liv. la
» pièce de quinze aunes , & ne peuvent entrer que
» par Rouen & Lyon ».
« Les droits de fortie fe payent â raifon de 1 o 1.
» le cent pelant 3 fçavoir, 3 liv. pour l’ancien droit,
» & 7 liv. pour la traitte domaniale ».
« Le tarif de la douane de Lyon de 1632, taxe
» les mîmes to ile s à 12 f. 6 den. la pièce pour l’an-
» cien droit, & à 2 f. 6 den. pour la nouvelle réa-
» préciation 3 le tout, avec les nouveaux fols pour
» livre ».
CAMEADE. Efpèce de p oiv re fa u v a g e , dont
le grain eft d’abord verd , puis rouge, 8c enfin noir,
quand il eft fec. On l’appelle quelquefois bo is gent
i l , & p oiv re des montagnes.
CAMELIN, ou CAMELOTINE. Petite étoffe
en manière de camelot, qui fe fait â Amiens.
CAMELOT. Etoffe non croifée, compofée d’une
chaîne & d’une tréme, qui fe fabrique avec la navette
fur un métier â deux marches, de même que
la toile ou l’étamine.
Les camelots font plus on moins larges, 8c les
pièces plus ou moins longues, fuivant leurs différentes
efpèces & qualités, & les lieux où ils fe fabriquent.
Il s’en fait de toutes fortes de couleurs ; les
uns de poil de chèvre, tant en chaîne qu’en tréme 3
les autres, dont la tréme eft de poil, & la chaîne
moitié poil & moitié foie 3 d’autres, dont la chaîne
& la tréme font entièrement de laine ; & enfin
d’autres, dont la tréme eft de laine, & la chaîne
de fil.
Il y en a de teints en f il, c’eft-à-dire , dont le
fil, tant de la tréme que de la chaîne, a été teint
avant que d’être tiffu, ou travaillé fur le métier î
d autres teints en pièces : d’autres jafpés ou mélangés
3 d’autres rayés, d’autres ondés, & d’autres
gauffrés.
Les camelots font propres à divers ufages, fuivant
leurs différentes efpeces & qualités. Les uns
s’emploient à faire des habits , tant pour hommes
que pour femmes ; les autres fervent à faire des
tours de lits, & autres meubfes 3 & d’autres font défi-
tinés pour faire des chafubles , paremens d’autels, &
autres femblables ornemens d’églife.
Les endroits du royaume ou il fe fabrique le
plus de camelots, font Lille en Flandres, Arras
en Artois , Amiens en Picardie , la Neuville , près
Lyon, & quelques Deux d’Auvergne. En temps de
paix , il s’en tire aufli des pays étrangers , particu-
Hèrement de Bruxelles, de Hollande 8c d’Angle«*
terre, qui font fort eftimés.
Il en vient aufli de Bude, d’Anduenne, & de
plufieurs endroits du Levant. Ces derniers entrent
ordinairement par Marfeille, & paient les droits
fur un pied différent des autres camelots , comme
on le dira à la fin de cet article.
Enfin, il y a des camelots de fo ie de diverfès
couleurs, entr’autres de rouges cramoifis, d’incarnats
cramoifis, & de violets, qui fe fabriquent à Venife,
Florence, Milan, Naples & Lucques ; mais qui
ne font proprement que des tabis_& des taffetas dé-
guifés fous le nom de camelots. Voye% tabis , 8t
TAFFETAS.
Les camelots ondés de Véronne9 qu’on nomme
aufli tapis de Véronne, font aufli des efpèces de
tabis.
Lille' fournit quantité de camelots , les uns tout
de p o il, & les autres tout de laine , tant en chaîne
qu’en tréme, dont les largeurs les plus ordinaires
font, demi-aune, & demi-aune moins un feize ou
fept feizes ; chaque pièce contenant vingt - une â
vingt-deux aunes, mefure de Paris. Ces camelots
fe teignent en différentes couleurs, après avoir été
fabriqués en blanc3 & font enfuite paffés fous la
preffe à chaud, pour les rendre plus unis , & leur
donner ce cati, ou luftre, que l’on y remarque.
Il fe manufacture encore â Lille , & en quelques
autres ^endroits de la Flandre Françoife^ , une
quantité prodigieufe de petits camelotihs très-étroits
& très-légers, la plupart deftinés pour l’Efpagne,
auxquels les Flamands donnent divers noms affez
bizarres, dont voici les principaux : Vamparillas 9
ou nompareille : polimitte , polemit , ou polo-
mitte : picotte9 ou gueufe : quinette, ou guinette,
& changeant. Toutes ces différences forces de camelots
fe crouvent expliquées chacune a fon article ,
fuivanc leur nom particulier.
Les camelots d’Arras font pour l’ordinaire très-
grofliers, ayant le grain fort rond, tirant plus fur
celui du bouracan , que fur celui des camelots ordi-
nairés. Ils fe manufacturent pour la plupart en blanc,
& font enfuite teints en différentes couleurs , puis
calandrés. 11 y en a de demi-aune , & de trois'quarts
8c demi de large, dont lès pièces contiennent environ
vingt aunes de longueur, mefure de Paris.
Il fe fait à Amiens une très-grande quantité de
camelots, dont les noms & les quaDtés font différens.
. Les premiers , qui font les plus- eftimés de tous ,
font appellés camelots façon de Bruxelles, parce
qu’ils imitent, en quelque manière , les véritables
Bruxelles , foit pour leur tiiïure, leur longueur ,
leur largeur , ou la matière dont ils font compofés.
Les féconds font des efpèces de petits bouracans
étroits tout de laine, qui fe nomment quelquefois-
camelots f i l retors , ou camelots à gros grain.
Les troifiémes font nommés camelots quinettes,
dont le .fil de la tréme 11’eft formé que d’un feul fil
très-tors. La matière en eft toute de laine, la
largeur de demi-aune, & la longueur des pièces de
vingt-une aunes. Ils font pour l’ordinaire manufacturés
en blanc, puis teints en différentes couleurs, &
preffés ou catis à chaud.
Les quatrièmes s’appellent petits camelots rayés,
parce qu’ils ont des rayes de diverfes couleurs ,
qui vont en longueur depuis le chef de' la pièce juf-
qu’à la queue. Leur largeur eft de demi-aune ; &
la longueur des pièces, de vingt-une à vingt-deux
aunes, mefure de Paris. Ils paffent aufli par la
prefle â chaud , de même que les camelots
quinettes.
Il fe fabrique encore â Amiens quelques petits
camelots fil & laine, d’une demi-aune de large 3 mais
il s’en fait peu de cette dernière qualité.
Les camelots d’Amiens, dont la chaîne eft de
poil 8c foie , & la tréme tout poil, portent deux tiers
de large fur trente-deux aunes trois quarts , 8c trente-
huit aunes trois quarts de longueur;
Il y en a aufli dont la chaîne eft de laine & foie
torfes enfemble, & la tréme de laine. Ils ont pareillement
deux tiers de large.
Par un arrêt du confeu d’état du roi, du 17 mars
1717 > portant réglement pour les manufactures d’Amiens
, dont les fabriquans n’ont point de ftatuts
particuliers, il eft ordonné :
I. Que les camelots de grains tout la ine, façou
de Bruxelles, qui fe fabriquent â Amiens, auront la
chaîne de 42 portées, de 20 fils ou buhots chacune :
qu’ils auront demi-aune demi-quart de largeur entre
les gardes ou lifières, & 36 aunes de longueur.
II. Que les camelots enrichis de deux fils de foie,
façon de Hollande, auront 42 portées de 26 à 28
fils, ou buhots 3 demi-aune demi-quart de largeur,
& 36 à 40 aunes de longueur.
III. Que les camelots fuperfins , façon de Bruxelles,
auront la chaîne de poil de chèvre filé, autrement
dit poil de chameau, & de deux fils de foie,
de 42 portées de 32a 3 6 fils ou buhots chacune ; la
tréme double de fil de turcoin, ou de poil de chèvre
filé, autrement dit de chameau, de thème longueur
& largeur que ceux ci-deffus.
IV. Les camelots rayés 8c unis changeans, tout
laine., auront la chaîne de 33 portées de 12 fils ou
buhots chacune ; de demi - aune de largeur entre
deux lifières, & de 21 & demie de longueur en
toile , pour revenir à 21 aunes, fuivant les réglemens
de 166p.
Autrefois Amiens fourniffoit une autre forte de
camelot extraordinaire ,. auquel on donnoit le nom
de bangmers. Il étoit façonné en carreaux, ou en
ondes , & fe faifoit fur un métier à huit ou dix marches.
La chaîne & la tréme en étoient de laine , &
les figures de fil d’Épinay blanc. Il s’en faifoit une
affez grande confommation en France, & des envois
confidérables dans les pays étrangers, particulièrement
en Portugal 3 mais à préfent jl ne s’en fabrique
prefque plus, la mode en étant abfolument perdue.
Les camelots de la Neuville font à peu près femblables
à ceux de Bruxelles, & prefque autant eftimés
3 aufli les nomme-t-on communément, camelots
façon de B r u x e lle sLeur largeur la plus ordinaire
! eft de demi-aune demi-quart, & les pièces contiennent
trente-cinq à quarante aunes, mefure de Pâris.
! C’eft aux fleurs Claude & Jofeph Verdun, freres , que
l’on a l’obDgation de l’étabUnement de cette manufacture.
Les camelots d’Auvergne font femblables aux
petits camelots rayés, & aux camelots quinettes
d’Amiens, quoique plus grofliers 8c inférieurs en
qualité.
, C’eft l’article 18 du réglement général des manufactures
, du moisd’aoùt 1669, &les arrêts du con-
feil des 19 février 1671, & 11 mars 1^73 , qui ont
fixé les longueurs 8c largeurs des différentes efpèces
de camelots , qui fe manufacturent en France.
Les camelots de Bruxelles font, ou jafpés, ou
unis , fans rayes ni façons. Leurs longueurs ordinaires
font de demi-aune demi-quart, & de deux tiers;
les pièces contenant depuis trente-cinq aunes jufqu’â
foixante, mefure de Paris. Il y en a de tout p o il,
tant en chaîne qu’en tréme 3 & d’autres dont la tréme
eft de p o il, & la chaîne moitié poil de la couleur
de la tréme, & moitié foie d’une autre couleur 3 ce
qui en fait la jafpure, c’eft-à-dire , que chaque fil de
chaîne eft formé de deux fils, l’un de poil, & l’autre
de foie, bien tors enfemble. Les camelots de Bruxelles
font ordinairement calandrés, & fupérieurs en
quaDté & en beauté à tous ceux qui fe fabriquent en
France, même en Hollande 8c en Angleterre; quoi