
Ces nouveaux marchands voituriers ont depuis
obtenu quantité d’antres privilèges concernant la
commodité & sûreté de leur commercé.
Un des principaux 6c le plus honorable eft l’éta-
blifiement d.une jurifoiéHon , créée exprès pour la
confervatioii de leurs droits, dont les féances lé
tiennent au palais de Paris par un préfident & deux
confeillers au parlement, fous le nom de Gommif-
/aires de la marée. Cette jurifdiétion a auffi un procureur
général ; mais cet officier n’eft point du
corps de la cour } on l’appelle procureur général
de la marée.
Lescour les des chajfe-marées fe faifant en tout
temps & à toute heure , particulièrement la nuit,
ils ont eu long-temps des voyeurs particuliers fous
le nom R élus ,pour veiller à la réparation des chemins
: mais les fon&ions de ces officiers étant finies
en-16(6 3 faute dé nouvelle élection , les jugés
royaux les plus prochains des lieux par ou panent,
les chajfe-marées , .leurs ont été fobftitué.s par plu-
Ijeuxs arrêts de la cour,de parlement & ordonnances-
des juge.s-co mmillàires de la marée.
Les autres privilèges des chaffermarées font :
1 ' . Qu’on ne peut arrêter leur perfonne, ni làifir'
leur poiffon, harnois & chevaux , tant en allant
qu’en revenant-, ni pendant le féjour qu’ils font dans'
les villes pour la vente de leur marchandife.
Qu’il leur a été établi un fonds alluré , pour-
les aéçompenfer -dès chevaux qu’ils peuvent perdreI
.par accid en t .en c h e m in , 6c leur payer le poiffon qui
fe gâte .& fe . Corrompt par l’intemperie des faifons , \ & fans qu’il y ait de leur faute.
3 °* Enfin qu ils ont le droit de pouvoir conduire!
,& mener toutes fortes de perforâtes, hardes 6c mar-,
.chandifes , en allant, venant & s’en retournant.
Les .chajfe-marées qui arrivent à Paris, viennent-
ordinairement du Havre , de Dieppe , de Boulogne ,
de Saint-Vallery , 8c d’autres lieux & ports de . mer 1
de Normandie 8c de Picardie, qui ne font éloignés
guères au-delà de 40 lieues.
Les pôiffons qu’ils apportent font .des .turbots-,;
des barbues, des foies, des rayes , des limandes, des;’
cariets , du merlan , des rougets, des vives , des:
faumons , des moules , des maquereaux , du ha-,
xeng frais , de l’éperlan , &c. On parle ailleurs de
la pêche 6c des faifons de tous ces poiflons.
On appelle huîtres, de ckajfe celles que - les;
chaffe-marées apportent, pour les diftinguer des;
huîtres de bateau , qui viennent en montant la rivière
de Seine , & qui étant long-temps en chemin ,-ne
peuvent jamais être fi fraîches. Voy. huître.
Ces marchands chaffermarées ehaflent devant eux
plufieurs petits bidets chargés de poiffon , enfermé
dans des mannequins , ou paniers d’ofier, de forme
xonde 6c longue. Au col du premier de ces bidets
pend une grofîé clochette, qui avertit les autres de
fuivre ; ce qui a été imaginé, à caufe que leur chaffe
fe fait prefque toujours de nuit. Il y a des chaffe-
marées qui fe fervent auffi de fourgons.
La grandeur & la forme des paniers, dans lefquels-
fe met la marée , ne font point à la difcrétion des-
chajfe-marées : tous doivent être égaux & de même
continence j & pour ôter, toute furprife & toute oc-
éafiôn de tromperie , ils doivent être marqués d’une
fleur de ly s, 6c , pour ainfi dire , étalonnés fur un
échantillon, qui fe garde dans la chambre des vendeurs
de marée*
G’eft auffi fur cet étalon que fe marquent les modèles
, que les jurés-vendeurs ,. ou préfentement les-
commis, qui leur ont été fubftitués en 17 ip , ont
foin d’envoyer aux vàniers réfidens fur les ports de
mer , afin de' s’y conformer dans la fabrique des paniers
de chajfe-marées*
Outre la marque de l’étalonnage , chaque panier
doit avoir une étiquette de l’efpèce du poiffon qu’il
contient, afin qu’il ne foit pas befoin de les ouvrir
tous -, lors de la vente , qu iotiffage par le vendeur*
ce qui'feroit trop long; mais qu’on en puiffe faire
l’adjudication, à fihfpeétion du premier de chaque
forte.
Autrefois il y avoit une heure marquée pour l’ar--
rivée des chajfe-marées à Paris ,' qui étoit environ
les huit heures du matin ; préfentement Ils y arrivent
entre trois & quatre heures.
A l’égard de la vente, le poiffon doit être vendu:
le même jour qu’il arrive, depuis Pâques jufqu’à.
la faint-Remy; hors de-là on peut le garder deux
jours.
C’en des chajfe-marées , mais par .l’ëntremife .desvendeurs
, que les harengères & vèndeufes dè marée
des halles & marchés de Paris achètent le poiffon
frais de mer, pour le revendre en détail.
Lorfque les chajfe-marées qui viennent à Paris,,
ont vendu leur poiffon , il n’eft pas néceffàire, s’ils
ne lé veulent, qu’ils attendent leur payement des particuliers
, y ayant une eaiffe établie, pour leur en
payer le prix comptant moyennant un droit affez
modique ; en forte qu’ils peuvent repartir auffi - tôt 3,
pour aller préparer & amener de nouvelles voitures.-
Les paniers dans quôi fe met le poiffon frais de
mer , s’appellent des t or quittes.
CHASSEURS AU VENT , en Holland ois ,
vent-j àgers. Cè font les premiers bâumens ou bûches
qui vont à la pêche du hareng. Voy. vent-jagers..
CHASTAIGNE ou CHASTAIN. Qui eft de
couleur de châtaigne ; ce qui fe dit quelquefois dés
étoffes de foie & de laine , mais plus fouvent des
dernières.
CHASTAIGNIER ou CHATAIGNIER. Grand
arbre allez connu, pour: fe difpenfer d’en faire la
defcription. On dira feulement qu’il fournit cfoiyt
chofes'pour le négoce ; favoir, fon boi$ & fon fruit,
que l’on appelle ordinairement châtaigne.
Le bois de châtaignier eft affez propre pour la
charpente ; il fe voit même quantité d’anciens édifices
, dans la conftrinftion defquels il en eft beaucoup
entté : néanmoins depuis que .l’on a, remarque
que le bois de chêne eft beaucoup meilleur à cet
ufag'e , on a lâifTe celui dé cliâtni ghïer' , qui né fe
débite prefque plus à prêtent qu’en cercles ou cerceaux
, pour relier les cuves 8c lés futailles ; où en
perches, pour faire dès treilles , dés efpaliers, 6c
dés clôtures de jardins, que l’on appelle vulgairement
perchis.
L’ordonnance de Henri I I I , du mois de mai 15:86,
veut qu’oii coupeles châtaigniers à Page de fix, à
Ye.pt ans , ôc c’eft-là auffi le véritable âge qu’ils doivent
avoir , pour en pouvoir fàbriq'uer. commodément
dés perchés & dés cercles,
A Bordeaux & à Livôùrne il fé fait un négoce
affez confidé.rable de châtaignes , qui fe tirent du
Limofin 6c du Périgord, 6c il s’en envoyé beaucoup
dans les pays étrangers ,, pàfticulièrénVènt chez les
Hollandois , qui en font paffer quanticé dans le
Nord.
» Les châtaignes payent en Frafice lés droits dë :
t> fortie fur le pied de z fols du cent pefant, 6c
» ‘ceux d’entrée , à raifon de 10 fols, avec lesnouveaux
fols pour livre ».
CHASUBLIER. Marchand qui fait & qui vend
dés chafubles & autres oinemens d’égl'ife, comme .
chapes , tuniques, dalmatiques , paré me ns d’autel
haut & bas , rideaux, pavillons , c ie l, &c. Les maîtres
de la communauté des brodeurs dë la^ville &
fauxhourgs dé Paris font qualifiés, dans leurs ftatuts
maîtres brodeurs-chafubliers.
. CHAT. Il y a des chats domeftiques & des
chats fauvages : les premiers font affez’ connus ;
les autres qui font très-farouches , & que les chaf-
feurs nomment chats -h a n t s , fe retirent dans les
foois.
Le chat ne fournit pour le commerce qu’une
feule forte de marchandife, qui eft fa peau revêtue
dé fon p o il, que les pelletiers apprêtent, & dont ils
font, diverfes fortes de fourures , mais particulièrement
des manchons.
Outre les peaux de chats que la France fournit
en affez grande quantité, il s’en tire encore beaucoup
des pays étrangers , particulièrement de Mof-
covie , d’Efpagne & de Hollande , qui font fort
eftimées. Ces fortes de peaux font une portion du
négoce de la pelleterie qui fe fait à Paris, tant parles
merciers, que par les pelletiers.
Chat-h aret., Voy. ci-devant chat.
chat. C’eft auffi un nom que l’on donne à une
forte de draps, dont la chaîne eft pour l’ordinaire
de laine de différentes couleurs , qui provient du
tefte des laines filées dont on s’eft fervi pour fabriquer
les draps de couleur, teints en laine.
CHAUDERON. Uftencile de cuifine.
» Les chauderons de cuivre, ou d’airain, payent
» en France les droits de fortie fur le pied de bat-
» terie d’airain & de cuivre , c’eft-à-dire, 40 fols du
cent pefant, avec les fols pour livre.
Chauderon. C’eft auffi une grande méfuçe dont
on fe fert en Angleterre dans le commercé du charbon
de terre j elle contient trente-fix boiffeaux.
CHAUDERONNIER. Celui qui fait & qui vend
des chauderons & autres ufténc.iles & batteries de
cjiifine.
La communauté des maîtres marchands du métier ,
de chauderonhériè, batterie & dinândèfie de la ville
de Paris, eft ancienne & nombreufe.
Par fes ftatûts, il eft défendu à tous, marchands
forains & autres , s’ils ne font maîtres de fe. communauté
, de vendre, débiter , ni diftribuer en la
ville & fâùxbôurgs de Paris, aucune marchandife
du métier de chauderomierie & batterie , fi ce n’eft.
en gros & aù-deffus de la fomme dë 40 livres. T
ChaüdeRonniér au sifflet. On nomme ainff
en France , les chaùderonniers dés provinces.,, particuliérement
d’Auvergne , d’où il en vient lapins
grandé quantité ; qui courant la campagne , leur-
pëEice boutique, & léiir bagage fur le dos , fe for-
vent d’un sifflet à l’antique , pour avertir les habi-
tans des petites villes & des villages où. ils -paffent,
de leur apporter à raccommoder les uftenciies 8c
batteries de cuifine , de cuivre ou de fer , qui en ont
befoin.
Il eft défendu à tous ces chaùderonniers cou- »
reurs de fîffler , & de raccommoder les ouvragés':
dé chaudéronnerie à Paris , & dans les autres villes
du royaume où les chaùderonniers font en corps
dë jurande. A l’égard de ceux qui vendent du.neuf*
ils y font traités comme marchands forains.
CHAUDIÈRE. Grand vaiffeau de cuivrp ou de
tôle, fous lequel on met du feu pour faire cuireT -
bouillir ou affiner quelque chofo. Plufieurs ouvriers,
fe fervent de chaudière , entr’atures , les affineurs
de fucre, les teinturiers. , les chapeliers , les br'af-
• feurs de bière , les boulangers., patiffiers , &c.
» Les chaudières de cuivre , où d’airain , payent
» en France les droits de fortie fur le pied de bat-
» terie de cuivre , à raifon de 40 fols le cent pefant
»•& les fols pour livre.
Chaudière de fer. Il fe fait auffi dans les
forges de france, de plufieùrs fortes de chaudier-es de
fer , dont il fe tranfporte une très grande quantité
dans les pays étrangers. » Leurs droits de fortie fe
» payent à raifon de 8 f. du cent pefant 6c les fols
» pour livre.
C H A U F , CHOUF ou CHAUFÊTTES. Soies
de Perfe , qui viennent par diverfes échelles, du Levant
, particulièrement par Alep 6c Seyde. A Alep ,
ces foies fe pefont à fe rotte de 6-8 o drames , qui
font cinq livres cinq onces ; 6c à Seyde , au damaf-
quin de 600 ^ragmés , qui rendent quatre liv. onze;
onces , poids dé Matfeillé.
CHAUFFAGE. On appelle bois de chauffage,
les bois que dans l’exploitation des forêts 6c des bois
taillis , les marchands • débitent pour fervir à fe
chauffer. De ce nombre font, les bois de corde , les
cotterets ,les fagots, 6c les bourrées.
CHAUONIS. Mouffelin'e ou toile de coton ^ qui
vient de$Indes-orientales
CHAUSSE, que l’on appelle plus ordinairement
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