
CANIFICIER. C’eft amfi qu'on nomme aux ifles
Françoifes l'arbre qui,produit la caffe.
- On a donné à l'article de cette drogue une description
affez Superficielle de cet arbre , qui même
n’eft pas dans une parfaite exaélitude $ on peut la
rectifier & l’augmenter Sur celle du célèbre P. Laba^
dont on peut voir ici l'extrait.
L'arbre qui porte la cafte , bu le canificier s
ifles , vient facilement de bouture , il croît fort vîte ,
& porte beaucoup j & deux fois 1 année. Son bois
eft blanchâtre, affez mou , mais extrêmement coriace
, Son écorce eft grife 8c fort raboteufe. Cet
arbre vient très-grand, les feuilles Sont longues &
étroites , d'un verd pâle ; il pouffe des fleurs jaunes
par gros bouquets , auxquelles Succèdent des fili-
ques , dans leSquelles la cafté q || ;en eft comme la
moelle, eft enfermée. Ces filiqües pendent aux
branches comme des paquets de chandelles de douze,
quinze ,- 8c même de vingt attachées enfemblè. Elles
font vertes avant que d’être mûres. C eft a la noirceur
qu'on reconnoxt qu'il eft temps de les cueillir.1
Quant à leur groffeur & à leur longeur, elles
dépendent de Page de l'arbre 8c du terrein ou il eft
planté. Plus les filiqües ou bâtons de cafte font longs,
gros & pefans , plus la cafté eft eftimée.
Le canificier eft naturel aux ifles , c'eft-a-dire ,
qu'il n'y-a point été apporte, ni tranfplanté d'ailleurs.
Son fruit étoit autrefois une des meilleures
marchandifes des ifles ; mais depuis qu'on-y a multiplié
à l ’excès les canificiers, le commerce en eft
beaucoup tombé. Voy. l'article de la casse.
CANNAGE. Mefurage des étoffes , toiles , rubans
, &c. qui fe fait avec la mefure des longueurs
qu’on appelle canne.
CANNAMELLE* comme qui diroit CANNE-
A-MIEL. C'eft la canne , ou rofeau dont on tire
le lucre. , .
CANNE. Mefure de longueur , dont on fe fert
à mefurer les corps étendus , tels que peuvent etre
les draps , les forges, les toiles , & autres femblables
Marchandifes. Cette mefure eft plus ou moins longue
, fuivant les pays 86 les lieux ou 1 on s en fert.
A Naples , 1a canne contient fix pieds dix pouces
& deux 'lignes , qui font une aime & quinze dix-
feptiénïes d'aunes de Paris : en forte que dix-fept
cannes de Naples font trente-deux aunes de Paris,
ou trente-deux aunes de Paris font dix-fept cannes
de Naples.
La canne de Touloufe & de tout le haut Languedoc
, même de quelques villes de Guyenne , eft
fémblable a la varre d'Arragon. Elle contient cinq
pieds cinq pouces fix lignes , qui font une aune
& demie de Paris ; de manière que deux cannes de
Touloufe font trois aunes de Paris , ou trois aunes
de Paris font deux cannes de Touloufe.
A Montpellier & dans tout le bas Languedoc ,
comme aufti pn. Provence & en Avignon, même en
Dauphiné , la canne a fix pieds neuf lignes de longueur
$ ce qui fait une aune deux tiers de Paris ï
4e façon que trois cannes de Montpellier font cinq
aunes de Paris, ou cinq aunes de Paris font tt#î's
cannes de Montpellier. Cette canne fe divife en hyit
pans, ou palmes. Voy. palme.
Pour réduire les cannes de Montpellier en aunes
de Paris , il faut fe fervir de la régie de trois , &
dire : Si trois cannes de Montpeliie#font cinq aunes
de Paris, combien tant àecannes de Montpellier feront-
elles d'aunes de Paris ? Et fi au contraire l'on veut faire
la réduction des.aunes de Paris en cannes de Montpellier
, il faut dire : Si cinq aunes de Paris font
trois cannes de Montpellier, combien tant d aunes
de Paris feront - elles de cannes de Montpellier ?
Cette méthode peut fervir pour réduire les cannes
des autres lieux en aunes de Paris , 8c les aunes de
Paris en cannes des autres lieux.
Il faut remarquer que l’ufage de' la canne a e?e
défendu en Languedoc 8c en Dauphiné , par arrêts
du confeil d’état du r o i, des 2.4 juin 5c 2.7 octobre
1687 ; 8c que , fuivant ces arrêts , on ne peut fe
fervir dans ces provinces , pour l’achat 8c la vente
des étoffes , que de l’aune de Paris, au lieu de.
canne. '
C anne. Se dit aufti de la chofe qui a été mefurée
avec la canne : une canne de drap, une canne de
toile.
Canne, qu’on nomme autrement rottin. C'eft
une efpèce de rofeau qu’on apporte des Indes#qui
fert à faire ces fortes de bâtons qu'on porte à la
main , foit pour s’appuyer 8c s'aider à marcher , foit
par fimple contenance. Il s’en fait un; grand commerce
à Paris par les marchands merciers',, fur-tout,
par ceux qui ont des boutiques au Palais. O11 les
orne par en haut de poignée d’or , d’argent , d'a-
gathe , d'yvpire -, même quelquefois de pierreries ,
mais le plus fou vent de fimples pommes de .diverfes
fortes de bois. On y fait aufti des poignées , qu'on
appelle lorgnettes, qui ayant aux deux bouts deux
verres , l'un oculaire 8c l’autre ôbjeéxif, fervent de
lunettes d’approche , avec quoi l'on v o it, QU ,
comme l’on dit , on «lorgne les objets un peu éloignés
, d’où elles ont pris leur nom.
Les çannes ou rottihs fe nomment aufti des je ts ,
à caufe qu'on les coupe ordinairement d'un jet, c’eft-'
à-dire , d’un noeud à qn autre.
Il y en a encore qu*on appelle dés' noeuds, à
caufe que leur tige eh eft toute couverte de' deux
pouces en deux pouces $ ces 'canne? font roidés, 8c
ne plient point.
Il fe fait u;ie troifiéme efpèçe de canne§ avec de
fimples rofeaux très-légers, mais trèsrcafîans , qui fe
trouvent en divers endroits de France,
Enfin on fait des cannes de diverfes fortes de
bois précieux , comme dTébeine , de fainte-Lucie ,
de bois de rofe , de bois violet ^ &c. Ce ne font, a
la vérité, que de fimples bâtons 5 mais l’ufage qu ils
ont commun avec les véritables cannes, leqr en q
fait donner le nom,
C a n n e s d u B e n g a l e .
Les plus belles cannes, que les Européens ap-
* p o rte r
•portent en F rance , viennent du Bengale ; il -y en a
qui font fi fines, que l’on en fait des vafes , qui
étant enduits par dedans d’une lacque noire, jaune ,
ou de quelqu’autre couleur, contiennent les liqueurs
, comme les vafes fait?, de verre ou -de porcelaine
j aufti les habitans s’en fervent-ils aux mêmes
ufages que ceux-ci..
Ces vafes fe font à peu près comme on fait en
France 8c en Flandres c es paniers d’ozier qu’on
eftime fi fort pour leur finefle.
CANNEQUINS. Toiles de coton blanches. On
les apporte des Indes, & elles font propres pour
la traictedes côte,s de Guinée, particulièrement du
Sénégal & de Gambie. Ces toiles font ployées en
quarré , 8c ont huit aunes de longueur.
CANNER. Mefurer les étoffes , les to i le s le s
rubans , 8cc. avec cette mefure des longueurs qu’on
appelle canne. Dans les lieux au la canne -eft en
ufage, l’on dit c a n n e r dans toutes les mêmes lignifications
qu’auner à Paris , 8c dans les. autres endroits
où l’on fe fert de l’aune.
CANNETTE. On appelle ainfi, chez les fabriq
u a i gaziers , un petit morceau de rofeau , fur lequel
eft dévidée la foie de la trème dont on fait la
gaze. La cannette fe met dans la boëte de la navette
, c’eft-à-dire , dans l ’enfoncement qui eft au
.milieu.
CANON. Lés canons 8cautres pièces d’artillerie ,
aüffi-bien que leurs affûts, 8c tout ce qui fert pour les
charger 8ç tirer , font du nombre des marchandifes
de contre-bande , dont la ferrie eft défendue par
toute l’étendue du royaume, terres 8c pays de l’obéif-
fance -du roi , fuivant l’ordonnance de 1687 , titre 8 ,
art. 3, 8c tous les .traités de paix , fous peine de con-
fifeation , d’amende 8c autres , s’il y écheoit.
•C a n o n eft encore la partie des moufquets, fufîls.,
carabines., arquèbufes , piftolets 8c autres petites
armes à feu , où fe met la charge de poudre 8c de
plomb.
« Le tarif de la douane de Lyon fixe lés droits
» des canons d’arquebufes fur deux pieds , favoir ,
» les canons des arquèbufes de France à 10 fols la
» balle , d’ancienne impofirion, & à ç fols le cent
» pefant, de nouvelle îéapréciation ; 8c les canons
» étrangers à 5 livres î $ fols, d’ancien droit , la
» balle , 8c 1$ fols du cent pefant de réapréciation ,
» avec les fols pour livre ».
C a n o n . Eft aufti une petite bobine fans bord,
faite de rofeau , ou de fureau , qui fe met dans la
boëte de l’efpoulin , 8c fur laquelle fe dévident l’or ,
l’argent, 8c les foies dont les gaziers brochent leurs
gazes. ..
C a n o n a d e v .id 'e r , Eft une efpèce de bobine
avec des rebords, aux dei.ix bouts, à l’un defquels
il y a un trou pour mettre la proche du -rocket.
C a n o n fe dit encore d’une forte de po t defayance
un peu long 8c rond, où les marchands apothicaires
, pamculièrement ceux de Paris, mettent les
cou ferions 8c les éle&uaires à mefure qu’ils les préparent.
Çomtnerce? To/ne I,
Canon. Etoit autrefois un demi-bas, qui s’ét.ea-
doit depuis la moitié des çuiftes, jufqu’i la moitié
des jambes. Il s’en faifoit de foie 8c de laine, au
tricot. On appelioit aufti, canon, un,ornement de
toile .très-fine , bordé de points 8c de dentelles, qui
fe renverfoit fur les canons.
C anon. Les émailleurs appellent aufti de la forte
les plus gros morceaux , ou filets d’émail qu’ils tirent
, pour le mettre en -état d’être employé en divers
.de .leurs ouvrages.
L’article dix-neuf de leurs ftatuts, porte qu’aucunes
perfonnes, marchands ou autres, ne pourronr
mêler aucune forte d’émail, ni retenir canon pour
vendre ,, linon p o u r les maîtres du métier. Voyeç
ESMAIL & ESMAILLEUR,
C anon de soufre. C’eft u n m o rc e au âefbufrc
d’environ, trois p o u c e s de g ro f f e u r , Sc d e fix à lepc
p o u c e s ' de lo n g u e u r : o n le n om m e aufti bille de
foufre..
CANOT, Signifie, dansla marine des Européens,
une efpèce de -petite chaloupe, ou petit bateau
très-léger, très-court 8c peu la rge, deftiné au fer-
vice d’un plus grand bâtiment.
C a n ot . Veur dire aufti un périt bateau-d’écorce
d’arbre , ordinairement de bouleau., dont plufieurs
Sauvages de .l’Amérique fe fervent pour pêcher fur
me r, 8c pour voyager 8c aller en courfe & en traitte
fur les rivières.
C’eft de cette forte de canots dont les François du
Canada, qu’on appelle coureurs de bois9 fe fervent
à l’envie des Sauvages, pour aller jufques dans leurs
habitations leur porter des marcharidnes, 8c en rapporter
des pelleteries. Deux hommes conduifent ces
canots ; Sç quand, à caufe des fauts des rivières,
il faut faire portage, ils çhargent canots 8c marchandifes
fof leurs épaules , 8c les tranlportem au-defîus,
ou au-deffous des fauts, felon qu’ils montent ou
qu’ils defeendent les rivières. Les plus grands canots
d’écorce ne peuvent contenir quatre perfonnes.
C a n o t . Se dit auflî des petits bateau-x de l’Amérique,
8c des côtes d’Afrique,,qui font faits d’un feu!
tronc d’arbre creufé en dedans, lorfqu’ils ne peuvent
contenir que trois ou quatre nègres , ou Indiens j
autrement ceux de l’Amérique le nomment pirogues ;
8c ceux de Guinée, eham. •
Les canots des Sauvages du détroit de Davis font
encore plus finguliers. Çe font des bateaux en forme
de navettes, longs de fept ou huit pieds., 8c larges
de deux, compofés de petites baguettes de bois
pliant en forme de claie, couvertes de peau de
chien marin. Chaque canot ne peut porte:1 q i’i n
homme, qui s’affied dans un trou pratiqué au milieu.
Ils fervent à la pêche, 8c à faire îe.peui de.
commerce, que leur pauvreté 8cleur indolençe JeUL'
peuvent permettre.
CANQUÈS. Efpèces 4e toile$, de-cotqn,. qui fe
fabriquent à la Chine, C’eft de cette toile dont les.
Chinais font leur premier habillement ; qui eft pro*
prenient la chemife Chinoife. ;
'11 y a deux fortes de cç-nqucs. Celles de FocKe^n,