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c é d ra ts, ayant qu’ils foient dans leur entière matü- I
ri.é ; & dont, en les preüant, on exprime la liqueur, I
qu’on fait rejaillir fur un morceau de verre, d’où
elle coule dans quelque vafe , qu’on tient deffous.
Quelques-uns l’appellent eau des Barbades ; mais
il y a de la différence , en ce que l’eau de cédrat
eft pure, & l’eau des Barbades eft un mélange d’eau-
de-vie reôlifiée , & d’eau pure de cédrat.
On fait encore l’eau de cédrat d’une autre manière
qui n’eft pas moins bonne , & qui n’eft pas li
longue. * - '
CEDRE. Grand arbre. C’eft du tronc & des groffes
branches de cet arbre, que , pendant les grandes chaleurs
, coifle d’elle-même & fans incifîon une réfine
blanche, claire & tranfparente, qu’on appelle gomme
de cedre, ou manne m a fiie in e . Les plus gros arbres
en rendent à peine fix onces par jour.
Quand la gomme a ceffé de couler d’elle-même ,
on incife l’arbre , & il fort une liqueur on&ueufe ,
qui fe feche en coulant le long du tronc. C’eft la
réfine de cedre qu’on voit chez nos marchands épi—
çiers-droguiftes , & qui eft d’un beau jaune , friable ,
lucide, tranfparente & d’une bonne odeur.
Enfin le cedre fournit encore une troifiéme drogue
, nommée térébenthine de cedre, qui eft une liqueur
claire & blanche comme de l’eau , d’une odeur
forte & pénétrante, qui eft contenue dans de petites
yeffies, que l’exceflive ardeur du foleil fait élever
fur le tronc de l’arbre.
« La gomme ou réfine de cedre , foit la blan-
» che , foit la rouge , paye en France les droits
» d’entrée fur le pied de 50 f. le cent pefant, avec
9» les fols pour livre ».
'CEDRIE. On donne quelquefois ce nom à la
gomme ou réfine qui coule du cedre. Sa bonne qualité
confiffe à être graffe , épaiffe , tranfparente *
d’une odèur forte} & lorfqu’on la verfe , qu’elle
tombe également goutte à goutte. Cedrie eft le
nom fous lequel les tarifs de France en fixent les
droits. V o y . ci-devant Varticle du cedre.
CÉDULE. Petit morceau de papier où l’on écrit
quelqùe choie.
Cédule. Parmi les marchands banquiers & né-
gocians fignifie affez fouvent le morceau de pa p ie r
fur lequel ils écrivent leurs promefles , lettres de
change , billets payables au porteur, referiptions ,
& autres tels engagemens qu’ils prennent mutuellement
entr’eux par a&e fous feing-privé, pour le
fait de leur négoce, & particulièrement pour le
payement de l’argent.
On appelle porte-cédule le petit porte - feuille
Joug & étroit, couvert de cuir , d’étoffe , & quelquefois
de riches tiffus d’or d’argent & de cheveux ,
que l’on peut mettre dans fa poche, & dans lequel
on enferme cés fortes de papiers précieux, dont la
garde demande du foin & de l’attention,
i Cédulbs détachées. On nomme ainfi en Hpl-
landè , dans le bureau du convoi & licenten , les
expéditions qu’on délivre aux marchands pour justifier
du contenu aux déclarations qu’ils ont faites
CEN
de leurs marchandifes, ou du payement des droits.
C’eft fur ces cédules que les commis aux recherches
doivent faire leurs vifites.
CEER. Poids tout enfemble & mefure , dont on
fe fert fur la côte de Coromandel. Cinq ceers font le
biis , huit biis un man , & deux mans un candi.
Comme le candi eft inégal , & qu’en quelques
endroits il n’eft que de trois cent quatre-vingt livres
de Hollande, & en d’autres de cinq cens, le ceer
eft à proportion plus ou moins pefant , fuivant les
lieux. Le ceer contient 14 tols.
CEINTURE. On nomme ainfi à Bordeaux une
efpèce de jauge avec laquelle fe vérifie par le dehors
la véritable continence des banques de prunes , qui
paffent par le bureau des chartrons , l’un des faux-
bourgs de ladite ville de Bordeaux.
Cette ceinture eft faite d’une baleine plate &
pliante , fur laquelle font marquées les divmons de
la jauge, par où l’on connoît aifément les excédens
ou défauts defdites bariques ; on l’appelle ceinture >
parce que dans l’opération elle fe place autour du
bouge de la pièce en forme de ceinture.
Il y a dans le bureau une armoire où fe ferre la
ceinture fous deux clefs , dont l’une eft entre les
mains du contrôleur , qui eft le chef du bureau , &
l’autre dans celles d’un des fix vifiteurs ; laquelle
armoire ne fe peut ouvrir qu’en préfence de ces
deux officiers.
CEINTURIER. Celui qui fait ou qui vend des
ceintures, p
La communauté des marchands ceinturiers de
la ville & fauxbourgs de Paris , étoit autrefois une
des plus confidérables de cette ville.
CELADON. Couleur verte blafarde , mêlée de
blanc , ou qui tire fur le blanc..
L’article z 1 des ftatuts des maîtres teinturiers en
foie , laine & fil, porte que les foies celadones 9
verd de pomme, verd de mer, &c. feront alunées »
& enfuite gaudées avec gaude ou farette , fuivant l a ,
nuance , puis paffées fur la cuve d’inde.
Le 44e. ordonne que les laines celadones foient
gaudées & paffées en cuve , fans les brunir avfec du
bois d’inde.
Et le 50e. , que les fils pour teindre en verds
gais, du nombre defquels font les céladons , fe
feroient d’abord bleus , & feroient enfuite rabattus
avec bois de campêche & verdet, puis gaudés.
CELERET ou COLERET. Filet dont on fe fert
furies côtes de Normandie. C’eft une efpèce de feine
que deux hommes traînent en mer aufli avant qu’ils
y peuvent entrer & prendre pied.
CELLERAGE. Droit feigneurial fur le vin, qui
fe lève lorfqu’il eft dans le cellier.
En quelques endroits on l’appelle droit de chan-
telage , a caufe des chantiers fur lefquels on place
les tonneaux & pièces de vin dans les caves & celliers.
CENDRE. Ce qui refte du bois , ou autres matières
combuftibles, quand elles ont été confirmées
par le feu.
Outre l’ufàge que l’on fait de la cendré commun^
C.EN
pour les leffives & blanchiffage du linge , & pour
compofer & purifier le falpêtre , elle eft encore.d une
grande utilité aux teinturiers , qui la mettent au
nombre des drogues non colorantes qu ils font entrer^
dans les bains & bouillons où ils piéparent-les étoffes
pour recevoir la couleur. Ils fe fervent aufli de cendres
recuites pour le guefde. Le nom feul fuffit pour
faire entendre ce que c’eft.
« Les cendres communes payent en F rance pour
» droits d’entrée 30 fols du le ft, qui eft de douze
» barils , & 3 6 fols de droits de fortie ».
Par les ordonnances des eaux & forêts , & particulièrement
par celle de 1669 , il eft défendu aux
marchands ventiers , aux ufàgers & à toutes autres
perfonnes de faire des cendres dans les forêts du
r o i, ni dans celles des eccléfiaftiques ou communautés
, s’ils n’en ont lettres- patentes vérifiées fur
l’avis des grands maîtres.
Les cendres qui fe font en vertu de lettres ne
peuvent être faites qu’aux places & endroits marqués
par les officiers , & les marchés paffés avec les
cendriers doivent être enregiftrés aux greffes des
• maîtrifes.
Tous les atteliers de cendres ne peuvent être ailleurs
que dans les ventes, & lefdites cendres n’en
doivent être tranfportées que dans des tonneaux
marqués du marteau du marchand.
Les cendres de la Roquette , qu’on appelle vul-
airement cendres du Levant , parce que cette
erbe fe brûle à faint-Jean d’Acre & à Tripoli de
Syrie, fervent à faire le favon & le criftal. Celle de
faint-Jean d’Acre vient dans des facs gris, & eft
la plus eftimée , & celle de Tripoli dans des facs
bleus.
« Les cendres du Levant, que le tarif appelle
» cendres de Surie , font au nombre des marehan-
» difes du Levant, Barbarie , & autres pays & terres
» de la domination du grand-feigneur , du roi de
» Perfe & d’Italie , fur lefquelles on lève zo pour
» cent de leur valeur., conformément a l’arrêt du
» confeil du 15 août 1685, lorfqu’elles ont été entre-
» pofées dans les pays étrangers, & qu’elles entrent
» par Marfeille ; & même fans avoir été entrepo-
» fées , lorfqu’elles entrent par le port de Rouen ».
Les cendres de foudre , plante affez connue, qui
vient de Lorraine , fervent aufli à faire les verres &
les bouteilles qu’on appelle de fougère.
La cendre gravellée, dont fe fervent les teinturiers
, n’eft que de la lie de vin féche, calcinée.
» La cendre gravellée & potajfe payent en France
» les droits d’entrée fur le pied de 15 fols du cent
» pefent ».
» La cendre de verre, 4 fols aufli du cent ».
Cendre de plomb. Eft du plomb en fort menus
grains, dont les chaffeurs fe fervent pour chaffer au
menu gibier. Voy. plomb.
» La cendre de plomb paye en France .15 fols du
» cent pefant de droits d’entrée, & 7 fols- de droits
jo de fortie ».
Il y a beaucoup de couleurs que les marchands
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épiciers vendent aux peintres , qui s’appellent cen*
dres , com me la cendre d'azur & la cendre bleue ,
qu’on nomme quelquefois cendre verte , à caufe
qu’elle verdit après avoir été employée.
Cette cendre eft une compofîtion , ou quelquefois
une pierre naturelle broyée & réduite en poudre
impalpable , qui approche un peu de l’outre-mer
pâle. Elle vient de Dantzic , d’où les Anglois &
les Hollandois l’apportent chez eux, & de là l’envoient
enfuite en France. Il en arrive cependant une
allez grande quantité à Rouen par les vaiffeaux Suédois
, Danois & Hambourgeois. Ilfaut, la.choifir fine,
’haute en couleur Sç très-feche.
La cendre verte , qu’on appelle aufli verd de
terre , fert pareillement à la peinture.
<t*La cendre verte paye de droits d’entrée 4 livres
»d u cent pefant, le tout avec les-nouveaux fols
» pour livre ».
Les autres cendres pouf la peinture viennent ordinairement
de Flandre.
Cendre de bronze. C’eft Ce qu’on appelle autrement
pompholix , ou calamine blanche.
CENDRÉ. (Couleur de cendre ).
C e n d r é e . C’eft aufli la plus menue poudre d e
plomb, au-deffous de la cendre de plomb.
CENDREUX. On appelle du fe r cendreux, du
fer qui prend mal le p o li, & qu’on ne peut jamais,
rendre bien clair.
CENDRIER. (Celui qui fait des cendres, ou le
marchand qui en fait trafic ).■
CENSAL. ( Terme' en. ulage fur les côtes de Provence
, & dans les échelles du Levant). Il lignifie la
même chofe que courtier, c’eft-à-dire , celui qui
s'entremet entre les marchands & négocions, pour
faire acheter & vendre des marchandifes ; ou qui fe
mêle de quelques autres négociations mercantiles.
Les marchands & négocians payent ordinairement
un demi pour cent au cenfal, pour fon droit de
cenferie ou courtage.
La plupart des cenfals du Levant, mais particulièrement
ceux qui font la cenferie ou courtage
au grand Caire, font Arabes de nation. Les négociations
qu’ils font entre les marchands d’Europe &
1 ceux du pays , pour l’achat ou la vente des marchandifes
, fe paffent toutes en mines .& en grimaces; &
c’eft fur-tout une vraie comédie, quand le cenfal
veut obliger le marchand, Européen de payer la mar-
chandife de fon compatriote à fon premier mot, ou
du moins de n’en gueres rabattre.
Lorfque l’Européen a fait fon offre, toujours au-
deffous de ce que le vendeur en demande , le cenfal
Arabe feint de fe mettre en colère ; hurle & crie
comme un furieux ; s’avance comme pour étrangler
le marchand étranger , fans pourtant lui toucher. Si
cette première fcêne ne réuffit pas, il s’en prend a
foi - même, déchire fes habits , fe frappe la poitrine
â grands coups de poing, & fe roulant à
terre, crie comme un défefperé, qu’on infulte un
marchand d’honneur } que fa marchandife n’a point
i été volée 9 pour en méfoffrir fi extraordinairement.