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dépenfe 4 e Tétât pour le commerce
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. v u e » on ajoutoit les frais de la guerre de TInde,
qu il faut regarder au moins en partie , comme faits
pour le fouuen du privilège exclufif, on auroit une
annce commune de dépenfes de l'état de plus de 10
millions, pour un commerce qui fapporte en retour
moins de ic millions.
Je finis ^ en remarquant que cent autres emplois
annuels d une partie fi confidérable du revenu public
, auroient apporté à Tétât des avantages infiniment
plus grands que tous ceux qu’on attribue au
. 5 om“ eree exclufif de TInde. Que nous avons une
infinité de branches de commerce plus importantes ,
. <lui fe Soutiennent toutes feules , & non pas aux dépens
du revenu public.
commerce de TInde qui n’apporte pas
dix mülrons de retour , & qui occupe à peine iz
vaifleaux, doit paroître encore bien moins confidé-
rabje, eu egard a l’immenfité des pays qu’il em-
rafle & par comparaifon avec le commerce de quelques
ifles de 1 Amérique 8c S . Domingue , dont les
retours font évalués près de idg millions , & qui
- occupent ÿoo vaifleaux de différents p o r ts .
s conclus enfin , qu il n y a point de fubtilité qui
puilfe faire comprendre que 1 état ait bien-fait de
facrifîer en ^.o an s, plus de 400 millions , pour
'foutenir un commerce qui a rapporté en France environ
300 millions.
J encreprens enfuite de prouver la poffibiiité du
commerce libre & particulier dans TInde ; difcuf-
fion, que je fais précéder par quelques obfervations
generales.
La première eft que l’habitude & l’intérêt peuvent
influer beaucoup fur l’opinion de ceux qui
conteftent cette poffibiiité 3 or ces deux moufs
ne peuvent agir fur l’efprit des défenfeurs de la
liberté.
Dans ]a deuxième , j'avance que quand le com-
merce particulier feroit abandonné à lui-même
fans proteéHon & fansfecours du gouvernement , il
s’etabliroit peut-être encore malgré tous, les obftacles.
' J ’en donne pour garants la force de l’intérêt par-
ticuîier & l’expérience de tout ce que la liberté a '
tait faire de difficile & de.grand.
J e remaïque que c eft la liberté & non les privilèges
qui ont étendu le commerce.
Que les compagnies & les privilèges ne font ia- i
mais qu’à la pift'e de l’indulirie , & recueillent ce
quelle a lemë.
Que le commerce libre a , pour triompher des
obftacles deux puiffms moyens- que n’ont pas les
c o m p a g n i e s . Le premier, l’épargne des frais inu-
tJles ; le fécond, I exemption des pertes caufées par
les négligences & les- déprédations , vices inbérens
aux c o m p a g n i e s .
- Je conclus de ces réflexions que la liberté: feule
& tan,s. lecoar* yumcrolt encore tous.les obftacles;
mais J indique les moyens qui pourront l’aider dans
cettÉ entreprife. Secours dans la proteftion du ro i, |
dans les comptoirs mêmes de la compagnie, 8c dans
tous les établi flèmens déjà formés, qui pourront fer-
vir au commerce libre , comme ils fervoietit au commerce
exclufif.
Je préviens 1 oppofition que pourroient faire des
actionnaires , a l’ufage qu’on feroit des établif-
| lemens de la compagnie, pour frayer la route a la
liberté.
Je parcours enfuite les différentes efpèces de
commerce, exercées par la compagnie , & je
prouve que les commerçans particuliers peuvent les
exploiter.
J ’explique comment le commerce de Moka pourra
fe faire. r
Je répons aux difficultés.
Je dis que le commerce de Surate, aujourd’hui
perdu par la compagnie , ne peut que gagner d la
liberté.
Je pafie au commerce des poivres à la côte Malabar.
Je remarque le peu ' d’importance dont- il
e f t & en expofant la manière dont il fe faifoit
fous 1 adminiftration de M. Oupleix , je fais comprendre
qu il pourra fe faire encore de la même
manière.
Je répons a quelques objections , & je trouve
dans les aveux quelles renferment, de nouvelles
preuves de la poffibiiité du commerce de la côte
de Malabar, abandonné à la liberté.
J établis en peu de mots la poffibiiité du commerce
libre en Chine par des faits connus fur l’etat,
le gouvernement & la forme du..commerce de ce
pays. Je pafie enfuite à réfoudre les objections qu’on
y oppofë. La néceffité d’un comptoir, fédentaire 3
la grandeur des! fonds .dont ce commerce a befoin,
les effets funeftes de la concurrence a l’a.chat des mas-
chandifes de Chine.
Je me fers encore d’un aveu fait par les partifanss
du privilège , pour! prouver que le commerce eft
poffible fans privilège»
; Je traite avec plus d’étendue l’objet du commerce
de Bengale & de la côte de Coromandel, en commençant
par quelques réflexions générales.
La première eft qu’il feroit déraifonnable d’exiger
.que le commerce de TInde s’établit, dans les premières
années , iiir le même pied fur lequel il eft
.aujourd’h u i, & injufte de ne pas laiffer faire à la
liberté , pendant quelque temps , les .efTais : qti’ont -
faits pendant plus d’un fiècle les compagnies privilégiées.
L a fecQnde eft que les défenfeurs de la liberté
du commerce de l’Inde ne font point,dif tout obligés
de prouver pofitivement leur aflertion, il leur fuffir
de repondre aux objections qu’on leur fait.
La troifiéme que toutes les objections contre la
liberté, font d’après la fuppofition què le commerce
libre ne peut fe faire que par les mêraies; pratiques
qu emploie la compagnie, & qu’on connoît cous
les moyens qu’il pourra employer. Suppofttiom
faufle & qu’on ne peut pas admettre.
J ’expofè enfuite , dans les propres termes des.
eiïttemis delà liberté, une première objection contre
le commerce libre de l’Inde , les inconvéniens de la
concurrence.
J y répons : i° en citant des exemples de commerces
autrefois exclufifs , & reftraints , aujour-
d hui libres Ôc floriftaiis, contre lefquels on a oppofé
auffi les inconvéniens de la concurrence.
i° En remarquant que les négocians des diffc-
rens ports du royaume connoîtroienc auffi les dangers
de la concurrence, & qu’ils ne s’y expofèront-
pas s’il y en a a craindre. Que leur opinion fur cela
eft d une toute autre autorité que celle des défenfeurs
du privilège , attachés à la compagnie ou même
absolument neutres. Enfin que la crainte des envois
inconfîdérés , fondée fur le caraétère, de la
nation Françoife eft une objection frivole.
3° Je nie que le »commerce libre doive acheter
plus chèrement que le commerce exclufif , plus
chèrement, dis-je, en comptant, comme il faut
faire, dans le prix de la marchandife de TInde, tout
ce qu on aura dépenfé des deux parts pour exécuter
l’achat.
4° Je fais voir , par une petite digreffion fur
les caufès qui déterminent la valeur vénale au marche
, que la concurrence des achetteurs, à raifon de
leur plus grand nombre feulement, ne pourra influer
que foiblemenc fur le prix des nurchandifes de
TInde pour le haufler
Je répons à une objection, fur les effets de la
concurrence , tirée de la nature du commerce de
lln d e . Je fais voir q.ue_ ce n’eft qu’un paralogifme,
& que d’ailleurs elle combat auffi fortement contre le
privilège que contre la liberté.
Jç pafie au fécond obftacle qu’éprouvera , dit-
on , le Commerce libre , l’impoflïbilité de trouver
des xargaifons préparées. J ’indique deux moyens
qui pourront fournir cette reflource au commerce
libre. Et je répons aux difficultés & en particulier
à celle qu’on tire du génie & du* caractère des
Indiens. *
Je renverfe auffi le troifiéme obftacle au commerce
libre , la néceffité de faire auner, vifiter,
blanchir & emballer les toiles , en remarquant que
ces précautions coûtent peut-être plus qu’elles né
rapportent 3 que peut être font-elles auffi inutiles
pour la confervation du commerce de TInde , que
les formes d adminiftration de certaines manufactures
privilégiées qui veulent prouver par-là la néceffité
de leur privilège, &c. & enfin que toutes ces’ choies
fe feront par le commerce libre, auffi bien que par
le commerce exclufif.
Je répons en quatrième lieu à la difficulté tirée
de la néceffité des aftortimens.
Je prouve en cinquième lieu que le commerce
libre pourra avoir autant de capitaux qu’en occupe
aujourd’hui le commerce de l’Inde & de plus grands
encore.
• ' Enfin ,' je réfous fort au long TobjeCtion -contre le
commerce libre , tirée de la puifiance des Anglois
dans l’Inde.
Je remarque d’abord que ceux qùi la propofeî t
s écartent de la aueftion qui eft générale & indépendante
de la fituation aétueile & momentanée des
puiffànces Européennes dans TInde 9 filiation qui
peut changer à tout moment.
J ’obferve enfuite que cette objection fuppofè que
le commerce de la. compagnie Angloife a tout à
i craindre du commerce devenu libre , & que cette
fuppofition, avouée d’ailleurs & énoncée par les
défenfeurs mêmes du privilège , ne peut être rai-
fonnable qu’autant que le commerce libre eft p o - -
fible.,. même en concurrence avec les compagnie:.
Je remarque que la puifTance des Anglois dans
TInde eft lin obftacle qui n’arrêtera pas le commerce
particulier ,. parce que le commerce particulier
achètera des Anglois eux-mêmes & des employés
de la compagnie les marchandifes dont il au a
befoin , ce que je prouve par un fait récent &
connu.
J ’ajoute que c’eft ee que fait ajourd’hui h compagnie
elle-même , &' qu’elle ne peut pas oppofi r
au commerce particulier, un état de dépendance ,
dans lequel fon privilège exclufif ne Ta pas empêché
de tomber.
Mais je ne m’en tiens pas là , & je prouve que
notre commerce libre, ne fera pas réduit à ces petits
expédiens , qu’il fera protégé par le ro i, & que la
compagnie Angloife refpedera les traités des deux
nations. Que le gouvernement aura les memes motifs
pour protéger les commerçans particuliers^ & de
plus puifïans encore.
Enfin, je termine cette difcuftlon , fur Ia.poftîbi-
licé du commerce de TInde , en remarquant qu’il
eft impoffible de prévoir & de calculer toutes les
reffources de Tinduftrie & de la liberté.
Vient enfuite un expofé des avantages que retirera
la nation 'de. la liberté. Je néglige d’énoncer
tous ceux qui font généraux, & je me borne à ea
indiquer deux particuliers au commerce de l’Inde -■
l’accroiflement du commerce d’Inde en Inde 8c
l’amélioration des ifles de France-& de Bourbon.
Tel eft le précis du mémoire que je viens de
mettre’fous les yeux du public. Quoique je puifie
dire que j’y ai raffemblé une allez grande quantité
de vérités fur cette matière importante j je dois
prévenir que je ne me flatte pas de les avoir toutes
recueillies. J ’ai ré foin la plus grande partie des
difficultés ; mais je n’ai pas employé la moitié des>
preuves que je pouvois donner de mon opinion ou
plutôt de celle de toutes les perfonnes qui ont apporté
quelque attention à l’étude des matières économiques.
Je finirai en proteftant que dans la difeuffioa
qu’on vient de lire , je n’ai été guidé que par, l’amour
de la vérité & de là liberté , deux fentimens que
je nourrirai toute ma v ie, & qui me rendent ennemi
des privilèges exclufifs 8c des fauffes fubtilités
par lefquels on prétend les juftifier. Ce n’eft point
la compagnie des Indes que j’attaque , c’eft la liberté