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CIDRE. La Normandie, l’Auvergne, la Bretagne
& quelques autres provinces de France , fécondes en
pommes , font des cidres qui leur tiennent lieu de
vin , qui ne croît point chez éux , ou qui y eft rare.
C’eft de Normandie que Paris tire prefque tous les
cidres qui s’y confommeiit. Il en vient pourtant quelques
uns d’Angleterre ; mais ce font ou des préfens,
ou des provifions de particuliers. Les cidres Anglois
font eftimés les meilleurs 3 ceux de Normandie viennent
après, où pourtant ils font excellons, ou médiocres
, fuivant les cantons.
On fait de la boiffon de cidre pour les domefti-
ques , en mettant de l’eau fur le marc des pommes,
& en les laifont fermenter.
On fait aufli de l’eau-de-vie de cidre , qui fe con-
fomme la plupart en Normandie , où il s en diftille
3e plus : il s’en fait aufli quelque commerce dans les
provinces , & avec les étrangers 3 mais il eft défendu,
fous prétexte de fa mauvaife qualité , d’en faire entrer
à Paris.
» Le cidre paye en France de droit d’entrée ? liv.
» le tonneau 3 & de fortie , z6 fols.
» Les autres droits qui fe payent, foit a Paris ,
» foit dans les autres villes du royaume , pour les
» entrées du cidre , & ceux qui font dus pour la
» vente en gros ou en détail de cette boifion, font
» fixés par un titre exprès de l’ordonnance des aydes
» de 16805 favoir ,
p Les entrées de Paris, tant par eau que par
» terre , à 3 5 fols par muid. Pour la vente en gros ,
» au vingtième du prix. Pour le droit d’augmenta-
» tion , à 5 fols par muid. Pour la, vente en détail,
» a p o t, ou afliette, a la moitié du droit qui fe paye
» pour le vin. Enfin , pour le droit de fubvention,
» à 13 fols 4 deniers par muid 5 ce qui s’entend
p néanmoins feulement pour les lieux où ces fortes
» de droits ont coutume d’être levés par le fermier
» des aydes.
» L’article 7 du tarif arrêté entre la France & la
» Hollande le 8 décembre 1699 , & confirmé par
» arrêt du confeil d’état du ro i, du 30 mai 1713 ,
» réduit les droits du cidre & poiré des provinces"
» de Frânc'e, entrant dans les pays, terres & fei-
» gnéuries des états-généraux , à 4 florins le ton-
» neau , compofé de quatre bariques , deux pipes,
s> trois poinçons , ou fix tierçons ».
CIERGIÉR. Celui qui fait & vend des cierges ,
ou qui en fait fabriquer. Ce terme n’eft guères en
ufage que dans les provinces : -a Paris, on dit ordinairement
cirier. Voye% c i r i e r .
CIGALES. C’eft ainfî que l’on nomme aux Mes
Antilles les bouts de tabac que l’on fume fans pipe.
Les Eipagnols les nomment ci garros.
CIGARROS. Sorte de tabac qui fe cultive en
quelques endroits de PIfle de Cuba, particulièrement
aux environs de la petite ville de la Trinité ,
& de celle du Saint Efprit 3 mais dont tout le commerce
fe fait à la Hayannev Ce tabac fe fume ordi- 1
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nairement fans p ip e , n’étant que des feuilles de
cette plante, qui ne font point filées, & que l’on
tourne en forme de cornets qu’on allume par le bout.
CIGNE. Sorte d’oifeau dont les plumes- & le
duvet, qui font d’une extrême blancheur, font un
objet confidérable de commerce. Voy. cygne.
CINABRE ou CINNABRE. Pierre minérale
rouge , pefante & brillante.
Il y a aufli du cinabre artificiel, c’eft-à-dire , une
imitation du cinabre minéral naturel 3 il fe fait par
un mélange de mercure & de foufre fublimé , &
réduits en pierre. Le meilleur doit être haut en
couleur, & en belles éguillcs.
Outre l’ufage de ce cinabre artificiel dans les
maladies vénériennes , les maréchaux en font des
pillulespour les maladies des chevaux, &les peintres
une couleur d’un rouge aflez'vif, mais qui féche difficilement.
Quoique l’on foffé à Paris de cette forte
de cinabre , on le tire néanmoins prefque toujours
de Hollande , d’où il vient , ou en pierre ,
ou tout broyé.
On rend le cinabre ou vermillon plus beau, fi
l’on y mêle, en le broyant, de l’eau de gomme-
■eutte avec un peu de fafran, ces deux drogues
l’empêchant de noircir.
CINAMOME. Epicerie que l’on nomme plus'
communément canelle.
Les anciens , qui diftinguoient le cinamome- de
la canelle , avec laquelle on le confond aujourd’hui ,
en faifoient de cinq fortes j le mofylitique, le c inamome
de montagne, le cinamome noir & bran-
chu , un autre blanc & fpongieux , & un cinquième,
qui eft le moins bon , dont la couleur eft roufsâtre ,
& l ’odeur très-forte. Il y a aufli un cinamome bâtard ,
qu’on appelle 7inhiber, mais qui n’a point les.propriétés
du véritable.
Tous les cinamomes croiffent en petits arbrif-
feaux , qui d’une feule racine pouffent fix ou fepc
verges, C’eft l’écorce de ces verges , dont les plus
longues n’ont guères qu’un demi pied, qui eft le
cinamome.
Cette épicerie étoit autrefois d’une grande réputation
, & réfervée pour les princes & grands iei-
gaeurs 3 préfentement on n’en connoît plus que le
nom.
CINCENELLE ou CH A BLE AU , que les marins
nomment plus communément CABLEAU. C’eft
une efpèce de petit cable.
.Cincenelle. En terme de rivière, eft la corde
ou cordeau qui fert à conduire les bateaux, trains
& coches d’eau ,-en montant ou eiî defcendant.
Suivant les ordonnances de la ville de Paris , la
cincenelle du bateau montant, doit voler par-demis
le bateau defcendant j & la cincenelle du bateau
defcendant fe lâcher , & pafler par-deffous le montant.
CINNABRE. Voy. CINABRE.
CIRAGE. Se dit de l’art de cirer les toiles. Cet
ouvrier eft extrêmement expert au cirage , pour
dire qu’il fait de très-belles toiles cirées. Voye{
TOILE CIRÉ E .
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CIRAGE. On die encore , en terme de gantier •> le
c ira g e des gants, pour lignifier la façon qu’on donne
aux gants, qu’on nomme g a n ts c ir é s : & en terme
de cordonnier , le c ira g e dès bottes & des fouliers,
pour dire la manière de les enduire d’une drogue
compofée de cire , de fuif, & d autres ingrediens ,
qui les rend impénétrables à l’e a u , & leur donne
une couleur noire & luifante.
CIRE. Matière molle & jaunâtre , qui refte du
travail des abeilles, après qu’on en a exprimé le miel.
En général, prefque toute la confomnvation des
c ire s de toutes fortes , fe fait en Efpagné , en Portugal,
en Italie, dans la mer du Sud & en' France :
mais en France plus que par-tout ailleurs-, particulièrement
à Paris, où il fe fait plus des trois quarts
de la confommation du royaume.
Des c ire s étrangères, celles de Dantzick font les
les plus eftiméesi
Il faut choifir la c ir e jaune , haute en couleur ,
d’une bonne odeur, facile à caffer, qui ne tienne
point aux dents , quand on la mâche j qui n’ait point
de pied , c’eft - à - dire , qui foit bien purifiée : &
quand ce font de gros pains, tels que ceux qui viennent
de Dantzick, prendre garde qu’il n’y ait au
milieu, de l’eau , des pierres , ou de la terre.
Le vrai fecret d’avoir de belles c ire s jaunes , eft
de la faire fondre à propos, & fur-tout de ne la
point faire trop chauffer 3 ce qui eft le défaut de
la plupart de ceux qui les fondent 3 défaut effentiel,
qui empêche les cires de prendre un beau blanc,
ce quelles feroient, fi elles avoient été ménagées
au feu.
Les meilleures c ir e s jaunes de France font celles
de Bretagne. Elles ne font pas néanmoins d’une
égale bonté , y ayant entr’elles de grandes différences
, fuivant les cantons d’où elles font tirées.
Les plus eftimées de cette province , & qui réuf
fiffent le mieux au blanc , font toutes celles de la
Bafle-Bretagne 3 celle de la Haute ne faifant que du
corhmun.
Les c ire s de Normandie & de Sologne tiennent
le fécond rang. Il eft vrai qu’il y a trop de choix
dans ces dernières qui font très-mêlées, y en ayant
rarement d’entièrement parfaites & toujours en très-
petite quantité 3 ce qui n’arrive pas à celles de la
Bafle-Bretagne , cette province en pouvant fournir
jufqu'â cent cinquante milliers de la plus belle &
de la meilleure qualité.
L’on ne doit plus compter les c ir e s d’Aurillac
parmi celles d’Auvergne , ne s’y en faifant plus
aucune 5 mais en compenfation on peut y fubfti-
tuer celles de Thîers, qui ne font pas mauvaifes ,
& dont il fe fait dans cette- ville une aflez grande
quantité.
Outre les c ire s du Levant dont on a parlé dans ce
dictionnaire , on en tire aufli de plufieur.s ifles de
l’Archipel, pariculiètement de Candie, de S cio &
de Samos. Candie en fournit beaucoup & aflez
bonnes 1 Samos peu & excellentes 3 celles de Scio
-|ont médiocres,
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II, faut avoir une grande attention fur les cires
qui viennent du Nord & dé la Pologne par Dantzick,
qui font aflez fouvent fourées & fophiftiquées. Surtout
on doit fe défier de celles qu’on tire par Hambourg
& par Amfterdam , quand même elles au-
roient le fceau de l’une ou l’autre de ces villes 3
arrivant fouvent que.,, malgré ces marques refpec-
tables, ce ne font que des cires refondues, prefque
toujours mêlées de fuif & de refine. Le plus sûr
eft, autant qu’on peut,, de ne les point prendre en
p ain , mais en morceaux, comme elles arrivent du
paysi-
Les cires de Bretagne & de Conftantinople font
ordinairement hautes en couleur , ce qui défigriè
leur bonne qualité. Celles de Smyrne font a un
jaune tirant un peu fur le blanc , fans pourtant en
être moins bonnes.
La cire jaune fe fophiftique quelquefois avec de
la refine , & du gâlipot , ou poix graflè, qu’on colore
avec le rocou, ou la terramerita.
On tire de la cire jaune , par les opérations chy- •
miques , une huile blanche & épaifle , qui reffèmble
à du beurre 5 & qii’à caufe de cette reflemblance , on
appelle beurre de cire. De Ce beurre on tire une
fécondé huile claire comme de l’eau 5 l’une & l’autre
'font fouveraines pour les engelures.
La cire à gommer dont fé fervent les tapiflîers ,
i principalement pour les coutils , eft une compofition
de cire , de térébenthine & de poix graffe -, fondue»
enfemble, & mifes dans des moules de fer-blanc ~
en forme de petits gobelets.
Ci r e de la L o u i s i a n n e .
Cette cire n’eft point l’ouvrage des abeilles , mais
la produ&ion d’une plante qui croît en abondance
dans tout le Miffiflipi.
La graine de cette plante, après avoir long-temps
bouilli dans l’eau commune , laifle dans le rond du
vaifléau où on l’a mife en digeftion, un fédiment
inflammable de couleur verdâtre avec quelque tache
blanche, qui peut être eftimée une forte de cire..
A la vérité cette matière ne peut être employée
toute feule 5 mais quand après l’avoir épurée fuffi-
famment au feu , on la mêle fuivant une certaine
proportion, avec de véritable cire , il s’en formé
un tout auquel la cire femble avoir communique
toutes fes qualités, & l’avoir rendu onctueux comme
elle, & propre â entretenir la lumière d’une mèche
allumée.
Les premiers eflàis que la -compagnie Frânçoife
des Indes en à fait faire fur quelques parties de cette
graine qui lui avoit été envoyée , ont fi bien réufll,
que même on a fait de la bougie dont la lumière
n’étoit point défagréable , ce qui foit croire qu’il
fera facile d’en faire ufage dans la fabrique des
bougies, & des autres ouvrages de marchands ciriers]
ce qui en diminuant de plus de moitié la confom-
mation dé. la cire , en diminuera aufli le prix, celui
de cette graine qui fe trouve en abondance dans
) toutes nos nouvelles colonies de la Louifianne , &
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