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V en d eu r s de b e s t ia u x . Officiers criés •fur le
pied des vendeurs de marée & de volaille , pour
avancer aux marchands le prix des bcfiiaux , -qu'ils
vendoient aux marchés de Poiffy & de Seaux près
Paris, moyennant un petit droit, payable par le ven-"
deur & l'acheteur pour l'indemnité de cette avance.
Ces charges avoient été créées fous le régne de
Louis XI v } mais le préjudice que l'on reprefenta ,
qu*elles apportaient au commerce des bcfiiaux ,
les fit fupprimer. On les a rétabli depuis "fous, le
nom de caiffc de Pôijfy.
F o ir e s d e b e s t ia u x . Ce font des fo ire s principalement
deftinées pour la vente des befiiaux. On
les appelle autrement fo ire s grajfes.
BETEL. Plante d'une grande; réputation dans
tout l’Orient, particulièrement dans les Indes, ou
al s'en fait une confommation & un commerce in-
'croyables.
Ce font les feuilles de cette plante , dont les Indiens
mangent continuellement avec cette efpèce de
noix, qu'ils nomment arec a , qui leur rend les
lèvres fi rouges, & les dents fi noires, couleur que,
fomme on fcait , ils préfèrent à la blancheur de
celles des Européens. '
Le commerce qui fe-fait des feuilles de betel,
?efi très-confidérable. Quantité de gros marchands
s’en mêlent & entretiennent plùfieurs vaiffeaux pour’
sen faire le tranfport prefque dans tout l ’Orient, où
51 efi d'un ufage fi commun , que les grands & le
p euple, .les riches & les pauvres ne font jamais
ians leur boëte de betel. IL s'en préfentent les uns
aux autres , quand ils fe rencontrent : & c'eft un
cérémonial établi auffi-bien parmi les hommes , que
parmi les femmes, de s'en offrir dans les vifites qu'ils
iè rendent | & de regarder comme un affront , ou
de n'en pas être régalés ou de le refufer , quand on
en offre. Ce qui rend ce négoce facile, c'eft la
propriété que les feuilles de betel ont de fe con-
ièrver long-temps fans fe gâter.
PETILLES. Mouffelines ou toiles de coton
blanches » qui fe fabriquent aux Indes Orientales ,
particulièrement à Pondichery.il y a de trois fortes
de betilles.
La première, appellée fimplement betille y efi
u n peu groffièré. Sa largeur ordinaire efi. de cinq
üxiémes, & fà longeur de feize & de vingt aunes la
pièce*
La deuxième forte , nommée’ betille organdy,
3. le grain rond, & eff très-fine. La pièce contient
douze aunes & demie de long , fur trois-quarts &
cinq fixiémes dç large*
La troifiéme forte , qui s'appelle betille tarna-
'tane , efi fort claire, & a douze aunes & demie à
treize aunes à la pièce , fur fèpt huit de large. V .
aiOUSSEXINES.
B e t il l e s . Ce font auffi des toiles de coton blanches,
qu'on apportoit autrefois en France, pour les y
peindre de diverfes couleurs. Les unes font de feize
^ïinês & d'autres de vingt.
Le* be tille s rouges & blanches 3 qui viennent
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de Bengale , portent à peu près le même aunage.
BEUGLE. On nomme ainli dans quelques provinces
de France , cette efpèce de greffe étoffe de
laine, qui s'appelle plus ordinairement bure*
BEURRE. S’ubftance graffe & onârueufe , qui fe
tire du lait ou plutôt de la crème qui fe forme fur
■ le lait de vache.
L'on peut réduire le beurre comme à trois efi
'pèces ; le beurre fra is , le beurre fa lé & le beurrt
fondu. .
11 fe fait un grand commerce des" deux derniers
beurres > tant dedans que dehors le royaume. Pour
le beurre fra is , on n'en parle ici que par rapport
aij commerce qui s'en fait à Paris.
Le beurre fra is efi celui qui efi nouvellement
battu. Il efi apporté ou eu livres ou en mottes. Le
beurre en livres vient des villages voifins dè Paris î
il en vient auffi de S. Germain & de la petite province
de Gaftinois. Celui de Vanvres, qu'on forme
dans de petits moules ronds r avec les armes de
France , efi le plus çftimé.
Les beurres en mottes font envoyés d'Ifigny , dè
Gouxnay, d e là Louppe , &c. mais ceux. d’Ifigny
& d'autres lieux, qui font un peu éloignés , ne font
le plus fouvènt, apportés que l’hyver.
Le beurre fa lé efi du Beurre frais, que l'on a
pétri avec le fe l, pour le conferver. L'expérience a
appris que le fel blanc étoit moins propre que le
gris pour les falaifons, & qu'il rendoit les Beurres
plus âcres.
L'on tire les beurres falés , ou des provinces du
royaume ou des pays étrangers.
Les provinces qui fourniffent le plus de ces fortes
de beurres , font la Bretagne , la Normandie , le
Boulon ■•ois , &c. Les beurres étrangers viennent
de Flandres, de Hollande , d’Angleterre , d’Ecoffe,
& d'Irlande.
. Des beurres falés de Bretagne , ceux de la Prér-
valais font les plus eftimés. Ils viennent en petits pots
de grès d’un quarteron & de demi-livre. C'eft plutôt
un négoce du mefîager de cette province , que des
marchands épiciers, il n'eft pas de-garde & fe graillé
affement.
La Normandie fournit de deux fortes de beurres
fa lé s 3 les gros beurres & beurres fins , ou beurres
d’herbes. Les uns & les autres fe tirent d’Ifigny ,
où fe tient le marché, des beurres falés du Cotantia
& de toute la. baffe Normandie.
Les beurresfins ou beurres d'herbes ( ainfî appelles
, parce qu’ils font faits dans le temps que
les vaches font dans les pâturages & ayant qu'elu
les fe nourriffent de fourage, ) font envoyés dans
de petits pots de grès d’une demi - livre , ou d'une
livre* Ces beurres font en. Normandie, ce que ceux
de la Prévalais font en Bretagne. Ainfî le plus
grand commerce des beurres, falés de Normandie 3
eft celui des gros beurres. On les apporte en pots
de grès ou en tinettes de bois. Les pots , qui font
. nommés tallevanne ? font du poids depuis fix
B E U jufqu’à quarante livre?.' Les tinettes pefent depuis L
Ÿingt livres jufqu'à deux cens. - _ \ J
Les beurres falés du Boùlonnois yiennen^ ôrdi- j
nairement dans des tinettes-, à peu près du poids de.S
celles des gros beurres de Normandie. f
A l’égard des beurres falés étrangers, ceux de
Dixmuyde , petite ville des pays-bas Elpagnol? ,
ont la préférence. Les marchands de Pans les. nommant
quelquefois , par corruption , beurres de dixi-^
finis. Les tinettes pefent depuis vingt livres jufqu'à.
foixante.
Les beurres falés d'Irlande entrent ordinairement
dans le royaume par le Havre,, 01P par Rouen. Ils
font dans des ' barils de quatre-vingt jufqu'à deux
cent cinquante livres. Les meilleurs fe' tirent de
Dublin , capitale de ce royaume. Quoiqu'ils foient
les moins eftimés de tous les beurres étrangers ,
il s'en confomme quantité du côté, de Bordeaux &
aux environs de la Garonne. Le peu qu'il en vient
à Paris s'enlève prefque toujours, par les marchands
de la campagne.
Il n'y a guères de différence entre les beurres
d’Angleterre , & ceux d'Irlande , foit pour la
honte , foit pour le poids des barils , dans lefquels
* oii les envoie. Ils entrent, auffi par les mêmes ports.
Il en eft de même de ceux d'Ëcoffe.
Les beurres falés de Hollande viennent pareillement
en barils. Ils font beaucoup meilleurs que
ceux d’Irlande & d'Angleterre j mais le commerce
n'en eft pas confidérable , les Hollandois employant
la plus grande partie de leurs laits à faire des fromages
, & réfervant pour eux prefque tout ce qu’ils
jfalentde beurres. .
Les beurres fondus viennent prefque tous d'Ifigny
& d’autres endroits de Normandie : on en tire,
néanmoins quelques-uns des autres provinces , où
les pâturages font àbondans.
Ces beurres fe fondent dans de grandes chaudières,
afin d'en féparer le lait, & les autres impuretés
qui contribuent à les corrompre , & pour les
mettre en état de fe conferver plus long-tems , les
beurres bien fondus & bien empottés dans des pots
de grès pouvant fe maintenir bons deux ans entiers.
Ces fortes de beurres font envoyés, ou en pots
depuis fix jufqu'à quarante livres * ou en tinettes
depuis vingt jufqu'à deux cent livres.
‘ On appelle beurre gras, celui qui s'eft grailfé ,
ou pour avoir été mal falé , ou pour avoir été mal
confervé dans les magafîns depuis les falaifons. Il
entre à Paris tous les ans 7,387,665 liv. de beurre.
Les beurres de Hollande ne payent en France
de droits d'entrée , en vertu du ta r i f de 1664 >
confirmé par la déclaration de 1699 •> que 12 f°^s
du cent p efant, b lé s autres beurres 6 livres , en
conféquence de Varrêt du confeil du 28 octobre
1692.
Les droits de fortïe pour toutes fortes de beurres
fo n t de 26 fo ls auffi du cent pefant.
Les beurres de France, qui f e tranfportent dans
fis pays terres b feigneuries de Vobéiffance des
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Etats-Généraux, n'y payent les droits d'entrée ,
due fur le pied de ro f pareillement du c en t,
conformément à la même déclaration dè 1699,, le
tout arec lés nouveaux fo ls pour liv .
• Commerce des beurres à Amjlerdam.
Les principaux beurres dont on fait commerça
à Amfterdam , font Ceux de Hollande , de Leyde ,
de Frïfe , d’Irlande & de Bretagne.
Les 'marchands épiciers-drogiiiffes & apothicaires
de Paris vendent atlfll quantité de droguesmélipi-
nales, extraites par le moyen1 de la chymie , auxquelles
le:s artiftes donnent jle nom de beurres, à
caufe de leur reffemblauce avec le beurre de vache :
tels font lès beurres de Saturne , de uitre , de fal-
pètre,Lou.de -Pierre-Jean Fabre, d’antimoine, de
cire , &c. dont quelques-uns font ici expliqués, &
les autres renvoyés d leurs articles.
B e u r r e d e S a t u r n e . Sorte d’onguent liquide »
qui fe fait de vinaigre '& 'de plomb incorporé dans
l’huile rozar. Le beurre de Saturne eft. èilimc propre
à la guérïfon dès dartres.
B e u r r e d e h i t r e , ,011 d e s a l p ê t r e . Elpece
de drogue qui fe tire du lalpêtre par le moyen du
tartre. L a manière de le bien préparer eft décrite
dans les OEuvres de Chymie de l’excellent M.tCharas.
Le leéleur peut, y avoir recours. Quelques-uns
appellent le beurre de nitre , beurre de Viàre-Jean
Fabre, apparemment du nom de l’artifte qui 2
trouvé le premier le fecret de le faire.
BEURRIER. BEURRIERE. ( Marchand ou mai-*
chande qui fait le commerce du beurre ). L a différence
qu’il y a entre le beurrier & la bturriere, eft que
le premier s’entend toujours d’un marchand en gros »
& l’autre fe dit ordinairement d’une marchande, et*
détail.1 On ne comprend pas les épiciers au nombre des
beurriers , quoiqu’ils faffent auffi le commerce des
beurres falés. Quelquefois on nomme coquetiers ,
les marchands beurriers qui viennent.apporter. à Paris
fur des chevaux des beurres frais en mottes-
ïl y a dans Paris un impôt fur le beurre , les oeufs
& les fromages , créé fous le miniftère de M. Colbert
, dont la légiïlation , compofée d’édits, déclarations
& arrêts dn confeil, forme un recueil e f frayant.
Cet impôt fe monte à 13 livres fur centfrancs
de marchandises. Le produit quitte & n e t, eft bien;,
modique pour le roi j mais il n en eft pas moins
très-onéreux & très - embarraflant au vendeur , par
conféquent fort coûteux au confommarcur. Il n’y
a d’excepté que les oeufs & les beurres frais apportés
en- panier à bras & en petites quantités, des environs
de Paris,
BEURT-SCHEPEN ou BEURT-SCHU YTENb
En françois, navires ou bateaux de tour-
On. nomme ainfi à Amfterdam des Mtimens de
mer ou de (impies bateaux de rivière, qui-ont feul®.
le privilège de charger en cueillette pour diverfes
villes, tant du dehors que du dedans des fept provinces
urnes. Ils font nommés de la forte, parce que