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ment filé, couverte de cire en forme de cylindre ,
qui é ta n t; allumée , f e r t à éclairer au lieu de chandelle
ou de lampe. Quelques-uns prétendent que ce
terme eft venu de la ville de Bugie en Afrique,
d’où Ton tire quantité de cire.
La bougie fait une des principales parties du
négoce des marchands épiciers-ciriers , qui la diftin-
g uent ordinairement en Bougie de table, & en
pou g ie filée.
Bougie de table.
La Bougie de table , ainfi nommée, de ce que
l’on s’en fert communément fur les tables des grands
feigneurs, & des gens de diftinctlon, eft de différentes
longueurs & groffeurs, mais toutes propres
à mettre dans les bobèches des flambeaux & des
•chandeliers.
La mèche de cette Bougie eft ordinairement com-
pofée de plufîeurs fils de coçon, lâchement filés & tortillés
enfemble. La cire blanche qui la couvre, l e
travaille à. la cuiliier, & f e roule fur une table, avec
un inftrument de bois, long d’environ un pied , fur
demi-pied de large, a p p e l l e ro u lo ir ou p la t in e ,
ainfi que la cire des cierges 3 avec cette différence
néanmoins, que les cierges font percés par le
bout oppofé au eolet ou lumignon , & qu’ils vont
en augmentant de grofîeur, depuis le haut jufqu’en
bas ; au lieu que la bougie de table eft de figure
cylindrique, c’eft-à-dire, qu’èlle eft parfaitement
ronde, & d’une égalé grofîeur d’un bout à l’autre y
fans être percée. Voye{ c ie r g e .
La bougie de table fe vend par paquets d’une
livre de feize onces : chaque paquet contient un
certain nombre de bougies , fuivant quelle eft plus
o u moins longue & grofle. Il s’en fait de quatre ,
de cinq , de fix , de huit, de dix ,'d e douze & de
feize à la livre, dont- les longueurs font ; fçavoir ,
celle de quatre , de treize pouces ; celle de cin q ,
d’onze pouces & demi ; celle de fix & de feize,
d’onze pouces ; & celle de huit, de dix & dp douze,
de dix pouces 3 le tout f a n s y comprendre le eolet
od bout de mèche, par où on commence à l’allumer.
Bougie filé e .
La bougie filé e fe fait, ou de cire blanche, ou
de cire jaune, ou de cire citronnée. La mé.che eft de
fil de Cologne, ou de fil d’étoupe de lin blanc ,
que l’on nomme -fil de M o fich e , ou f i l de G u ib ra y ,
parce qu’il, fe tire de la chapelle Mofche, ou de
Guibray en Normandie.
On l’appelle bougie filée, parce qu’effeérivement
elle fe file à-peu-près comme le fil d’archal-, par le
■moyen de deux gros rouleaux ou cylindres de bois,
qu’on nomme to u r s , qui^font placés de travers fur
des pieds felides, & que l’on fait tourner avec des
manivelles ; ce qui fait paffer, en allant & en venant
plufîeurs fois de fuite, la mèche dans delà cire fondue
, qui eft dans une baffine ou poêle de cuivre,
j& en même-temps, par les trous d’une filière, aufli
de cuivre, attachée à l’un des bouts de la bafline 3
enforte que petit à petit on donne à -la bougie, telle
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groflêur que l’on veut, fuivant les diïférens trou»
de filière , par lefquels on l’a fait paffer.
Il s’en peut filer de cette manière , -tout d’une
fuite , jufqu’à quatre & cinq cent aunes de longueur.
Cette manière de filer la bougie fut apportée de
Venife en France , dans le milieu du dix-fepdéme-
fiècle, par le nommé Pierre Blefimare , marchand
cirier à Paris, l’un des plus habiles de fa profeflioiu
Avant ce temps, toute la bougie que l’on voÿoit,
de quelqu’efpèce qu’elle fû t, étoit fabriquée à la
cuiliier, & fe rouloit fur une table, de même que
l’on fait encore aujourd’hui la bougie de table ôc
les cierges.
Les marchands épiciers-ciriers diftinguent la bou*
gie filée , en bougie de Venife , bougie de cave ,
bougie à lampe , bougie en billot, bougie à bougier*
& Bougie commune & ordinaire.
La bougie de Venife , ainfi nommée feulement r
pour la différencier des autres fortes, de bougies 9
qui lui font inférieures en beauté & en qualité, eft
faite de cire la plus blanche , & de fil de Cologne,
très-fin.
La bougie de cave, appellée de la forte, parce
qu’elle fert ordinairement à éclairer les commis des
aides,. qui vont faire leur exercice dans les caves
des marchands de vin, eft la plus groffe de toutes
les fortes de bougies filées. La cire en e ft, pour
l’ordinaire, jaune, & la mèche de fil de Guibray ,
moyennement gros.
La bougie à lampe eft là plus menue de toutes
les bougies filées. Sa mèche, qui eft très-fine, eft
pour l’ordinaire de fil de Cologne, & ne pafîe
qu’une ou deux fois par la cire fondue, & par
deux des plus petits trous de la filière. On lui
donne le nom de bougie à lampe, parce que fois
ufage eft pour mettre dans les lampes d’églife, ou
dans les petites lampes de chambres..
La bougie à bougier eft une forte de bougie.
blanche, un peu plus groffe que la bougie à lampe ,
dont la mèche eft de fil de Guibray fin. C’eft de
cette bougie, dont les tailleurs , les couturières &
les. tapifuers fe fervent à bougier la coupe des
étoffes fujettes à s’effiler. On lui donne auffi quel*
quefois lé nom de bougie en b illo t , parce quelle:
eft tortillée en forme de petit billot. . -
Les bougies ordinaires fe font de cire blanche-,
jaune ou citronnée de plufîeurs grofleurs, & toutes
avec de la mèche de fil de Guibray.
Il fe fait encore une manière de bougie quarrée ?
que l’on nomme ordinairement flambeau de table 9
& quelquefois flambeau de chambre.
On appelle un pain de bougie, delà bougie filé e ,
pliée en quarré, ou tournée en rond, pour la pourvoir
porter à la main, ou dans la poche, ou pour
la mettre dans un bougeoir avec plus de facilité.
Les pains de bougie de Venife fè font de diverfes
groffeurs , ordinairement quarrés en forme de livre*
& fe peignent fuperficiellement de figures & de fleurs
cjg diyeifes coulçurs ? & fajons très - agréables,
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On dît, filer la bougre , pour dire., la faire paffer i
par la cire fondue, & par les trous ronds d’une
filière, pour la mettre à fon. point de groffeur , i
fuivant qu’il eft néceflaire , par rapport à fon efpèce j
& qualité.
On n’emploie point de mèches faites de fil de
lin dans la fabrique des bougies de tables 3 elle fe j
font toutes de coton, le lin n’étant que pour la bougie
filée:
Ce n‘eft pas feulement la bougie, appellée bougie
de Venife , qui fe plie en pain , & qu’on embellit
de divers ornemens de peintures : toute forte de
bougie filée y eft propre , pourvu qu’elle foit bien
faite & bien b la n c h e : & en effet celle qu’on nomme
bougie de Venife, s’y emploie moins ordinairement
que les au tre s* Elle eft ainfi nommée, non. qu’elle-
vienne èffèéHvement de Venife , mais par diftmétion
& comme pour conferver la mémoire de fon origine,
étant la plus grofle & la plus belle de toutes
les efpèces de Bougies filées, dont, ainfi qu’on l’a
d it, l’invention nous vient de Venife.
On appelle encore bougie, une forte de très-
menue chandelle, ou cierge de cire blanche, longue
de fix ou fept pouces-, dont le menu peuple fe
1ère à faire des offrandes dans les églifes. Leur prix
n’eft ordinairement que d’un ou deux liards.
On 'faifoit autrefois une forte de bougie noire,
dont la mèche n’étoit imbibée que de poix noire 3
la fumée de laquelle fërvoit à noircir les fouliers :
mais cette efpèce de bougie n’eft plus en ufage, depuis
que l’on a trouvé le fecret de faire une com-
pofition de cire jaune, de fuif & noir de fumée,
fondus & mêlés enfemble, qui eft beaucoup meilleure,
& plus commode à noircir lès fouliers.
BOUGRAN. Sorte de groffe toile de chanvre,
gommée , calendrée & teinte en différentes couleurs,
qu’on met dans les endroits des doublures , que l’on
veut qui fe foutiennent, & qui confervent toujours
leur forme. Il en entre auffi dans les corps de robe
des femmes 3 & on s’en fert fouvent à faire des toilettes,
pour couvrir & envelopper les draps, les
ferges & autres femblables marchandées, pour les
conferver & empêcher que leur couleur ne fe perde,
ou que la pouflïère ne les gâte.
Les bougrans fe vendent en gros, par douzaines
«le petites pièces , ou coupons d’environ quatre aunes
de long chacun, larges à proportion des toiles dont
ils ont été faits. On emploie quelquefois des toiles
neuves, pour faire des bougrans ; mais plus ordinairement
deS vieux draps de li t, & des vieux morceaux
de voiles de vaifîeaux. Il s’en fait beaucoup à
Paris3 & il en vient auffi quantité de Normandie,
particulièrement de Caen, d e Rouen & d’Alençon.
Les bougrans payent en France de droits d'entrée
, 4 Uv. 10 fo ls du cent pefant ; & de fortie ,
tant vieux que neufs, 4 liv. fça v o ir , 30 fo ls pour
Vancien droit, & 50 fo ls pour la traitte domaniale
* avec les fo ls pour livre*
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BOUGRANÉE, On appelle une toile Boiigranée^
celle qui- a été apprêtée 8c mife en bongiran.
BOUILLE. Droit qui fe paie en RoufiîHon ,
pour, la marque des draps & autres étoffes de laine.
Bouille. Se dit auffi de l’empreinte , ou marque f.
qui fe met par les commis à chaque pièce de drap,
ou autre étoffe de laine, déclarée au bureau des fermes
du roi- -
Bouille. Eft encore un inftrument de pêcheurs ,
dont iis. fe fervent à remuer la vafe des rivières ou
des eaux dormantes, afin qu’en la brouillant, le poif-
foii donne plus facilement dans leur filet. La bouille
eft faite en forme de ces rabots, que les Limofms
emploient à éteindré de la chaux, & à courroyex
du mortier.
B OUI LLE^COT ONIS , B O UIL L E -CH ARMAI
Y. Ce font deux efpèces de ces fatins des Indes 3.
qu’on nomme en général des Attlas.
ROUILLER une étoffe. C’eft la marquer de la
manière réglée par les arrêts & déclarations du roi..
L’article 199 du bail des gabelles , & autres droits-
i réunis,porte que dans le Rouffilion , tous les'marchands
, ouvriers & facteurs de draps , & aucres-
étoffès de laine dudit p ay s, feront tenus d’en faire
leurs déclarations aux plus prochains bureaux, 8c
de les faire bouillir, ou marquer de la marque de
l’adjudicataire, conformément au réglement de -16 5 8 ,
& fous les peines y portées.
BOUILLIE. Les papeti ers & cartonniers nomment
quelquefois de la forte, les drilles ou drapeaux7
qu’ils ont réduits en une confiftance liquide , & fem-
blable à cette première nourriture > appellée bouillie:
des enfans. C’eft avec cette bouillie de drapeaux r
que fe font le papier & le carton. Voyeç Papier.
BOUILL1TOIRE. C’eft proprement ce qu’on
appelle blanchiment de flaons , en terme de mon—
noie. Ainfi, donner îe bouillitoire , c’eft donner la
couleur à l’or & blanchir l’argent. On l’appelle.
bouillitoire , du mot de b oui Hoir, qui eft un grand,
vaiffeau ou poêle de cuivre, dans lequel fe fait le
blanchiment. Voyeç blanchiment.
BOUILLOIR. ( Terme de monnayage-. ) C’eft un
grand vaifleau de cuivre, dans lequel on fait bouillir
les flaons , pour leur donner le blanchiment. Les
orfèvres fe fervent auffi du bouilloir pour leurs
ouvrages d’orfèvrerie 3 & les fondeurs y pour faire
féchèr leur fable. „ .
BOUILLON. Effervefcence que caufe le feu
aux liqueurs, lorfqu’on les fait bouillir. Ce terme-
a diverfes lignifications danà le commerce , & dans:
les arts & métiers.
Bouillon. ( Terme de teinture ) qui fe dit des
eaux que l’on a mifes dans des cuves ou chaudières,
& que l’on a préparées avec quelques acides:
& drogues non colorantes , dans lefquelles on fait:
bouillir les étoffes, les foies, les laines, &c. afin-
de les difpofer à prendre & retenir plus facilement:
la couleur qu’on doit leur donner , en les faifànt
pafîer par les autres cuves ou chaudières,.où l’on at
mis les drogues colorantes.