
dividende ou intérêt des neuf cens autres. ( ceci eji\
à noter)»
Ce dividende eft de fix pour cent par an, &. l'édit
porte qu'il fera fait des répartitions aux actionnaires,
dans le cas où il y auroiedes bénéfices au-delà d'une
certaine fomme.
Lorfque cette compagnie prit pofïeflion de ces
comptoirs, elle les trouva en fi mauvais état , qu’elle
fut obligée de prendre far fes fonds , pour les réparations
qu'il étoit indifpenfable d'y faire.
Là guerre de Tunis de 1742 , qui fuivit de près
l’époque de fa création, entraîna la perte du cap
Nègre dans le royaume de Tunis, qui fut rafé, &
qui nappas été relevé depuis. Les employés de la j
compagnie furent réduits en efclavage.
La pelle qui ravagea le royaume d'Alger, à-peu-
près dans le même temps , avoit interrompu toutes
les opérations de fon commerce ; & la guerre déclarée
en 1740, entre la France & l'Angleterre,
auroit achevé de le détruire, fi on n'avoit eu recours
,aux pavillons neutres, en ufant de quelques précautions
indifpenfables pour donner le change aux
®arbarefques. Elles confîftoienr à munir les capitaines
d'expéditions Françoifes, pour en faire ufage
feulement vis-à-vis des Maures, qui autrement au-
roient pu arrêter ces bâtimens.
En 1744 , lescorfaires d'Alger enlevèrent la plus
grande partie des pêcheurs de corail, cet aCte de
violence effraya tellement les gens de la Càlle , que
cetté place fût abandonnée ; foixante-dix employés
furent mafïacrés par lés Maures , qui profitèrent de
ce défordre, & ils firent efclaves une grande partie
des habitans, qui n'obtinrent leur liberté qu'au moyen
d'une forte rançon.
Tant de malheurs, qui fembloient s'être réunis
pour accabler la compagnie^déterminèrent, en 1746,
le gouvernement à lui continuer pendant cinq autres
années, le fecours annuel de quarante mille livres
que la chambre du commerce avoit été tenue de lui
payer jufqu'à-cette époque.
Les cinq années qui fuivirent, furent moins mal-
heureufes que les précédentes ; malgré le haut prix
des affurances , & les accidens de la guerre, la compagnie
parvint non-feulement à recouvrer fon capital,
mais même elle eut un bénéfice de deux cent foixante-
dix mille livres.
Depuis ce temps, la fituation de la compagnie ,
en Barbarie , a été allez tranquille 5 quelques faveurs
accordées par le bey de Conftantjine, aux interlopes,
des difeutions peu confidérables avec la régence d’Alg
er, & les naturels du pays , font à-peu-près les
leuls obflacles qu'elle ait éprouvés dans fon commerce.
Il n'en eft pas de même de ceux que les vices
d’adminiftration firent naître pendant plufieurs années,
& dont les caufes méritent d’être obfervées.
Le peu de confiance que les actionnaires de Paris,
affeCtoient de donner à la direction de Marfeille, fut
la fource d'une infinité de réclamations & de plaintes
, qui ne fe terminèrent que lorfque Je miniftère,
fatigué de leurs importunités, leur eut accordé 14 permiflion de s'affembler & de nommer un directeur
principal.
Le choix qu’ils firent, en 17??, pour remplir
cette place importante, fut généralement dé {approuvé.
Le directeur, par défaut d’intelligence , mit
les affaires de la compagnie dans un tel défordre ,
qu’il devint impoffible de s'y reconnoître.
Les fujets employés dans les concédions, choiffs
parmi fes protégés, fans expérience & fans talens,
dégoûtèrent les Maures des environs de la Calle : les
uns allèrent porter leurs marchandifes aux étrangers,
j les autres , & ce fut le plus grand nombre , abandonnèrent
la culture des terres , & fe réduifirent à vivre
de racines. *
Les adjoints du directeur principal,. ne pouvoient
avoir le temps ni la force néceffaire pour le diriger.
Le préfident avoit perdu l'influence qu’il doit avoir
dans le bureau pour opérer le bien 5 & le directeur
mettoit en oeuvre tous les moyens poflibles pour
lui dérober la connoiflance des affaires : les bilans
etoient retardés, & l’on y pallioit, avec grand foin,
1 état réel & les maux de la compagnie. On y em-
ployoit comme partie du capital, des dettes reconnues
mauvaifes , & des créances fimulées. Ces articles fe
trouvoient répétés dans chaque bilan, & lorfque les
actionnaires de Paris fe récrioient contre cette infî-,
délité , le directeur fe difpenfoit de leur répondre,
ou le faifoit d'une manière captieufê & obfcure.
Enfin , en 1766, les malheurs de la compagnie étant
parvenus au dernier période , le miniftère reconnut
la néceflité d’y apporter un prompt remède ; le directeur
fut révoqué, & le fieur Martin fut nommé
directeur principal, d’une voix unanime , par la
chambre du commerce de Marfeille, &. les actionnaires
de Paris. .
Il trouva les affaires de la compagnie dans un
dérangement inconcevable ; fon fonds capital réduit
à 570,000 liv. les comptes des employés dans le plus
grand défordre j & ce ne fut qu'en 1767. qu'il parvint
à avoir l'état, au vrai, de la fituation de'- la compagnie,
Lorfqu'on eût mis au jour la conduite du directeur,
on trouva des malverfations qu'on n'avoit point
foupçonnées jufques-làj des menées & des pratiques
entre lui & les commis à la recette, & un vuide confî-
dérable dans toutes les cailles.
Ce directeur & le receveur furent arrêtés, & leurs
familles n'obtinrent leurs élargiffemens , qu'en' rem-
bourlant à la compagnie une partie des femmes qu’ils
lui avoient enlevées.
Les foins que le fieur Martin employa pour rétablir
l’ordre & l’économie , & la manutention fage
avec laquelle il dirigea les concelfions , eurent tout
le fucces qu’on pouvoit en attendre.
Les directeurs des concédions furent pris parmi
les employés de la compagnie qui avoient montré le
plus de zèle & d’intelligence, & ils parvinrent à rap-
peller le commerce, dans tous lés comptoirs, donc
il s’étoit éloigné : tout réuffit, & la compagnie eft
arrivée , dans fa proportion , à un point de profpé-
rité qu’on n’auroit jamais ofé efpérer. Ses fonds ,
fuivant les comptes du premier décembre 1773 y
montoient à 4,811,445 liv. 3 f. 4 d.
Elle doit pet. état floriffant aux foins qu’on a pris
de conduire toutes les opérations privées de la compagnie
, fur les principes d’une compagnie commerçante
, de rendre fon adminiftration économe,
fidele. & exaCle, tant* en France qu’en Barbarie ,
de lui allurer toute la protection qu’elle devoit attendre
au. befoin des, arméniens du Roi. Elle a été
également fàvorifée par les circonftances qui ont
rendu la traite des bleds très-abondante (pour elle) ,
çes dernières années , pendant que celle du Levant
étoit interceptée.
Les directeurs affurent qu’on a dû à leur zèle ,
pendant .les dernières années , la fubfiftance des provinces
méridionales: mais ils n’ont pas été à l’abri
de différentes accufations : elles ont été dans le
temps, mifes fous lés yeux du confeil, ainfî que les
réponfes des directeurs. Ils fe font fait une loi de
donner aux adminiftrateurs de Provence & de Marfeille
, la charge de bled à vingt fois, meilleur marché
que le prix courant de la place, & prétendent qu’on
doit leur favoir gré de cette modération.
Le gouvernement ne s’eft jamais mêlé de la manutention
de fon commerce, qui eft entièrement entre
. les mains des directeurs repréfentans la compagnie.
Depuis l’année 1773 , le roi a permis une nouvelle
répartition, à raifon de 2,501. par aCtion , faifant
300,000 livres : elle a eu lieu le premier de l'an iMiit La compagnie a prêté au roi 1,100,000 liv. pour
la conftruCtion des formes au port de Toulon. Cet
arrangement a été autorifé par un arrêt du confeil
.du 2,6 février 1774, dont voici la teneur :
» majefté , que la fomme de 1,zoo,000 liv. offerte
» par ladite compagnie d'A fr iq u e , fera remife entre
» les mains du tréforier général des Invalides de la
» marine , a fur & à mefure que le befoin l’exigera,
» fur les ordres qui feront donnés à cet effet ’ par le
» fecrétaire 'état ayant le département de la marine,
»pour être employée, fans aucun divertiiïèment,
» à la conftruCtion des formes projettées au port de
» Toulon j veut, fa majefté , que pour dédomma-
» ger la compagnie d'Afrique de 1 avance de ladite
» fomme de 1,zoo,poo liv,l’intérêt lui en fpit compté,
» à raifon de cinq pour, cent par an, fans aucune
»retenue, lequel commencera à courir, à compter
» du jour des différens paiemens qui auront été faits,
» & diminuera à raifon des rembourfemens qui feront
» faits fur le capital 3 & pour faciliter ledit rembour-
» fement, ainfi que le paiement des intérêts j or-
» donne , fa majefté , que la partie de l’arfenal de
» Marfeille , lavée en bleu fur le plan annexé à I3
» minute du préfent arrêt, & les autres bâtimens
», dudit arfenal, qui pourront en être détachés fans
» nuire au fervice de fa majefté , feront & demeu-
» feront fpécialement affectés.a l’amortiflêment, tant
». du capital que des intérêts , des fommes qui auront
» été avancées par ladite compagnie d'Afrique ; à
». l’effet de quoi, ordonne, fa majefté, qu'à ladili-
» gence des directeurs de ladite compagnie d’Afri*-
» ÿue, .& en leur préfence, il fera procédé par-
.» devant le fieur intendant de la marine , au port
» de Toulon, à une ou plufieurs adjudications, à
» titre de loyer, dés parties dudit arfenal qui pour-
» ront être louées, pour les loyers en proyenans ,
» être remis au tréforier général des invalides de la
» marine , & fervir d’abord au paiement des intérêts,
» & enfuite au rembourfement du capital des fom-
» mes avancées à la compagnie d'Afrique. Fait au
» confeil d'état du r o i, fa majefté y étant, tenu à
» Verfailles , le z6 février 1774 ».
« Le roi. ayant réfolu de faire faire au port de
» Toulon , des formes pour la conftruCtion & le
» radoub .des vaiflèaux, la compagnie d Afrique
» auroit pris le 15 février dernier, une délibération,
» par laquelle, pour accélérer l’exécution d’un ou-
, » vr'age defiré depuis long-temps pour l’avantage de
» la marine , & donner une preuye de fon zèle pour
» le fervice de fa jjiajefté, elle auroit offert de piê-
» ter à fur & à mefure que le .befoin l'exigera, jufqu'à
.» concurrence de la fomme de 1,200,000 liv. moyen-
y> nant l’intérêt de cinq pour .cent par an ; fi fa
» majefté vouloir bien affeCter , tant au paiement des
» intérêts, qu au rembourfement du capital, la par-
» tiè de l'arfenal de Marfeille qui fera jugée Inutile
» au fervice de fa majefté, & approuver qu'elle fût
P louée par ladite compagnie d'Afrique , jufqu’à
,» l'cxcinCtipn , tant en principal qu'en intérêts , des
» fonds qui auront été par elle avancés , à la charge
>? par elle de compter annuellement âefdits loyers ,
« & fa majeftç ayant agréé lefdit.es offres : ouï le
>> rapport, le roi étant en fon confeil, a homologué
P la délibération de la compagnie d'Afrique , du
p 15 janvier dernier , pour être exécutée feîon fa
p forme §£ teneur. Ordonne, en çoûféquence, fa
Après avoir rendu compte fommairement, des
différëntes variations qu'ont éprouvées les différentes
compagnies d'A fr iqu e , de la création de celle de
1741, de fes traités, de fes privilèges & de fa pofi-
tion aÇtuelle , il convient d'entrer dans quelques
détails plus particuliers fur fon admmiftration, la
nature de fon commerce & fes comptoirs.
Adminiftration de la compagnie.
Le bureau, qui dirige toutes les opérations 5c
affaires de là compagnie , eft à Marfeille, ouabou-
d f i e n t toutes celles de fon commerce.
Ce bureau eft compofé d’un directeur principal,
qui a des appointemens des émolumens fixes, &
qui eft riiiftrument & l'agent principal des ventes Sc
des achats ? & de tout ce qui doit être fait fur les
délibérations du bureau ; de quelques autres directeurs
dont le nombre yade, parce que l'édit porte
que tout actionnaire qui fe préfentera , en dépofant
vingt aCtions dans la caifle, pourra être directeur
( ce qui n'arrive pas dans le fait ) ; de quatre députés
de la chambre du commerce, & du fecréuir©
Mmmm ij