
truCtion, la protection , la bonne adminif-1
tration ; 2°. toutes les avances foncières, ]
les défrichemens, les conftruCtions d’édifices j
ruraux, les plantations, les amandemens du
fol qui durent des années & des fiècles ;
3 °. les dépenfes primitives & annuelles de 1
l’agriculture & des autres exploitations territoriales,
des pêches, des mines, des carrières ;
4°. par une fuite nécelfaire je doublerai
toutes les récoltes, je doublerai la maflè
des fubfiftances & des matières premières ;
y”. par une dernière conféquence auffi naturelle
, je doublerai le nombre des hommes
dans toutes les claflès de l’État ; car
j’aurai d'avance le double de ce qui les
alimente & les entretient.
Lequel de nous deux aura doublé les
richeflès & la puiflance? la queftion réduite à
cette fimplicité ne doit pas être difficile à
réfoudre.
Ces deux grands effets ultérieurs que nous
défirons l’un & l’autre, la politique la plus
fublime ne fe flatte pas de les opérer comme
par enchantement d’un feulcoup de baguette;
mais elle y tend comme à fon but & fe
flatte d’y parvenir par des progrès fuccef-
fifs; fi le vôtre eft de doubler l’argent & le
mien de doubler tout le refte ; nous devons
nous trouver l’un & l’autre au bout de la carrière
au même état où la Providence nous
auroit mis en un inftant par deux miracles.
J’ofe donc me flatter que dans le
choix, vous auriez embralfé la chimère &
moi la réalité.
D’ailleurs eft-il bien certain, bien évident
que le fyftême fi compliqué des in-
jondions, des prohibitions, des perceptions
qui compofent le code fifcal du Commerce
réglementé, procurent aux États l’accroiflè-
ment progreffif de richeife , de puiflance
& de félicité ? non (ans doute , & la vérité
des faits démentiroit trop clairement quiconque
oferoit l’attefter comme un principe
indubitable.
Pourquoi donc s’être tant prefles d’abdiquer
l’antique fimpleflè de nos ayeux ?
pourquoi n’y pas revenir?
Vous parlez de faire toujouss entrer l’argent
dans un É ta t, de ne l’en laiflèr jamais
fortir ? ç’eft le voeu d’une cupidité mal
éclairée, c’eft le comble de l’illufion. Perroquets
politiques, jufques à quand répéterez-
vous des mots vuides de fens, qui ne furent
jamais entendus ni de vous , ni de ceux
qui vous fifflèrent ?
Parlez de multiplierlesliensfraternels qui
réunifient les hommes, de perfectionner le
gouvernement, l’agriculture, les manufac-
tures.&tous les arts cara'Ctériftiques des focié-
tésbien organifées; lailfez l’argent circuler de
lui-même par l’exercice des droits refpeétifs,
par l’échange des travaux & des propriétés.
Mais dans le choc des intérêts, au milieu
des hoftilités générales qu’opère le code
fifcal & mercantil ; un feul empire pourroit-
il donner le premier exemple ae.l’immunité,
de la liberté générale ? C’eft peut-être aujourd’hui
le plus grand problème à réfoudre,
car le'préjugé battu femble s’etre barricadé
dans ce dernier retranchement.
Une grande nation qui remettroit en vigueur
l’antique & primitif ufage de la fran-
chife la plus abfolue, obligeroit bientôt les;
autres à l’imiter : elle s’aflureroit par cette
feule prérogative la fupériorité la plus com-
plette, une fupériorité légitime, fondée fur
les fervices qu’elle rendroit a l ’humanité.
Imaginez un vafte empire fans barrières
fifcales, dont les limites feroient marquées
par le fceau de la fouveraineté, décoré de
ces mots {impies tx fiblinies, liberté f^arfaite
, ‘immunité générale du commerce &
33 des arts, droitsfacrés de la propriété, « dont
les côtes & les ports feroient acceflibles à
tous les navires; dont le territoire feroit couvert
de canaux navigables , de chemins
excellens ; dont les magiftrats exerceraient
partout pour les étrangers, comme pour
les nationaux, la juftice la plus prompte &
la plus exaCte ; dont les adminiftrateurs
fuffifamment dotés par une portion du revenu
territorial, n’exigeraient aucune contribution
, ni fur les perfonnes, ni fur les a étions ,
ni fur les marchandifes ; où les propriétaires
& les cultivateurs feroient maîtres de dif-
pofer à leur gré de leurs héritages , de
leurs exploitations & des fruits de leurs
récoltes ; où les manufacturiers , les voituriers,
les négocians, les ouvriers de toutes
j efpèçes, jouiraient fans trouble, fans frais „
P R E L I M
fans gènes & fans contraintes, des grandes
propriétés communes & participeraient a la
plus libre concurrence. Ajoutez-y la dou-
ceur des moeurs & la beauté du climat ,
quel autre peuple oferoit fe comparer a celui
là? quel homme ne ferait pas tente dy
tranfporter , s il en avoit la poffibihte , fes
richeflès & fon induftrie ? ■ J . ■
On a) beau s’aveugler , s’endurcir 1 ef-
prit & le coeur, la raifon & le fentiment
le réunifient pour nous perfuader que c’eft
l’état primitif des fdciétés , 1 intérêt de
l’humanité , le voeu de la nature : que
tout le refte eft moderne, faCtice , arbitraire
& fatal au monde.
Pour s’en convaincre plus intimement,
il ne faudroit que difeuter les objeétions
qu’on oppofe dans la plupart des États policés,
pour établir qu’il feroit impoflible ou
du moins très-difficile de revenir au droit
originaire de l’antique liberté. Sans entrer ici
dans un détail qui n’eft pas de notre fujet,
un feul mot nous fuffira pour les réfoudre.
La doélrine moderne & fyftématique du
code fifcal & réglementaire, qui s’eft établi
dans les temps de trouble, d’ignorance,
de befoins publics, mais fans difeuflion approfondie
, affecte évidemment les propriétés,
les droits, les libertés des producteurs
& des confommateurs, & cependant on ne
les a jamais confultés pour en établir ,
modifier, fufpendre , détruire & reffufeiter
ces régies: pratiques, fi mobiles & fi diverfes,
qui fe font fuccédées dans les mêmes lieux
& dans les mêmes circonftances ; ne feroit-
il pas -jufte de les entendre à leur tour ?
L’intérêt des fouverains eft abfolument
nul dans cette queftion, fi les producteurs
des matières premières afiiirent au tréfor
public le même revenu quitte & net ,
pour prix de la liberté générale des arts
& du Commerce. Les dépofitaires de l’autorité
publique doivent être parfaitement
neutres ; c’eft aux débiteurs qui fe recon-
noiffent pour tels à choifir le moyen le
moins onéreux de remplir leurs obligations.
Nous avons offert, nous offrons encore
aux partifans de l’opinion moderne cette
épreuve falutaire , que nous perfiftons à
croire très-facile. Qu’on propofe aux propriétaires
fonciers , fuffifamment éclairés fur
leur intérêt, de dédommager la fouveraineté.
Qu’on aboliflè à cette condition, premièrement
toutes les innovations récentes, tous
les fyftêmes d’injonCtions, de prohibitions,
de formalités, de perception établies fur les
principes des derniers ftécles , pour ne les
rétablir qu’à mefure qu’ils feront demandés
en pleine connoiflànce de caufe , en pleine
liberté par les producteurs & les confommateurs
, qui font les premières, les principales
parties néceflàires & conftitutives du
Commerce.
Ils ne la connoifloient point, ou du moins
ils la dédaignoient ouvertement cette moderne
politique mercantile , notre fage
Louis X I I , notre bon Henri IV , les pères
du peuple ; il étoient riches , ils étoient
puiffants ; au dehors toute l’Europe les
reconnoifloit pour fes arbitres , au dedans
ils étoient tendrement chéris , comblés de
bénédictions. L’univers adore encore leur
mémoire.
Nous les avons fouvent revues , fouvent
arrofées de nos larmes ces trois pages fi
fublimes dans leur fimplicité des comptes
du tréfor de Louis Xll. MutuafaSa régi
nihil, LES EMPRUNTS DU RO I. R lE N .
Impofitio foranea nihil. Imposition foraine ( fur le Commerce ) rien. Emo-
lumenta portuum nihil. Emoluments des ports. Rien. Si jamais une jufte recon-
noiffance' érigeoit à ce monarque fi bien-
faifant une ftatue qu’il a tant méritée, nous
doutons qu’on pût la décorer d’une plus
belle infeription.
.Mais c’eft aflëz nous abandonner au torrent
d’un zèle qu’on accuferoit probablement
d’indiferétion. Peut-être le temps & les
circonftances, peuvent-ils feuls accélérer ou
ralentir le retour à l’état primitif de fran-
chife & d’immunité parfaites ; peut-être eft—
ce une erreur de le délirer, une illufîon de
l’efpérer. Si c’eft une chimère, au moins
elle eft douce, au moins c’eft celle d’un
patriotifme défintéreffe, qui n’a pour bafe
que la loi de juftice & l’ordre de bienfai-
fance : pour but , que la plus grande perfection
de tous Tes arts primitifs & fecon