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II. Diftinguons les marchand ifes; d’envoi 3c celles
de retour, & prouvons que les bénéfices font enflés
relativement aux unes & aux autres.
Les m a r c h a n d i f e s d'envoi font pour l’Inde, ou
pour les ifles-de-France & de Bourbon.
Il n’a jamais été poffible de déterminer d’une
manière bien certaine quel eft le bénéfice que procurent
, à la c om p a g n ie des I n d e s , les marchandifes
d’Europe qu’elle fait vendre dans fes comptoirs
de l’Inde , parce que fi, d’une p art, le prix
qu elle retire de la plus grande partie de ces effets,
eft connu par des tarifs donnés, ou par des ufàges
communément fuivisj d’un autre côté , il eft indif-
'pendable d’évaluer les avaries, les.déchets, les dégâts
, & mille autres inconvéniens que ces marchandifes
éprouvent, foit par les tranfports , foit par la
négligence & l’infidélité de ceux qui les .fourni-ffent,
& des prépofés auxquels la garde & la diftribution
en font confiées dans les comptoirs. Il n’exifte aucun
compte fatisfaifanî fur ces objets. Rien n’eft
par confëquenc, ni fi difficile, ni fi arbitraire, que
l ’évaluation du bénéfice dont il s’agit. Cependant l’or
pinion la plus générale, la plus confiante , l’avoit
établie à 15 pour cent} & cette opinion fut con-
facrée, en 1764 , dans un rapport de MM. les
députés de la c om p a g n ie . L’idée de porter l’efti-
mation des bénéfices à 3 5 pour cent, eft même toute
récente : celle qui fonde l’avis contraire *a été fuivie
dans un travail préparatoire, fait par deux membres
de l’adminiftration, ainfi que dans l’examen & la
rédaCtion qui en ont été faits conjointement avec
eux. par trois députés nommés à cet effet : & l’évaluation
à 25 pour cent, n’a été rejettée que lorfque
le même travail a été porté en mai dernier à 1 af-
fèmblée de la députation & de l’adminiftration.
Il n’eft point de circonftances capables de juftifîer
cette évaluation a 25 pour cent, qui ne f e réunifient
pour la faire adopter , même pour l’avenir le plus
f a v o r a b l e . En effet, elle a été admife, en 1764 ,
lorfqu’il exiftoït un tarif plus avantageux que celui
qui exifte aujourd’hui : elle étoit le réfultat d’une
expérience acquife pendant que le commerce de
la compagnie, paffoit pour le plus floriflant, &
enfin, elle étoit appuyée fur toutes les efpérances
qui réfultoient du plan tracé par MM. les députés,
& fuivant lequel on devoir avoir les fonds nécef-
faires, & ne rien négliger pour améliorer toutes les
branches de ce commerce.
En r é t a b l i f ïa n t cette évaluation fur le pied de 25
pour cent, il en réfulte une diminution fur les bénéfices
portés par l’état des députés, de. 370,000 1.
Il y a des raifbns bien plus fo r ?
tes encore de réduire les bénéfices
fur les marchandifes d ?e n v o i dans
les ifles-de-France & de Bourbon.
i°. Comment peut-on efpérer un
bénéfice, 8ç un bçnçfiçe auffi çon-
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f ci-contre ; . . ■. . . . -, -, , 370,0100 L
fidérable que celui de 3 5 pou rcen t,
fur une vente , dont les retours font
de la plus grande incertitude.
On compte envoyer tous les ans
dans ces colonies pour -2,800,000 1.
de marchandifes d’Europe. A 3 5'
pour cent de bénéfice, il faut que
les retours foient de 3,780,000 1.
O r, il eft évident que ces colonies
ne pourront pas payer annuellement
une fomme de 3,7 80,000 1.
Elles n’auront jamais le moyen de
fe procurer ces fonds tant qu’elles
feront fous le joug d’un privüéo-.e
exclufif, & qu’elles ne pourront
faire le commerce de l’Inde, avec
l’Europe. Elles n’ont d’autre ref- .
fource que la culture du café, qui
fo rme le feul objet/de leur exportation
, & dont le produit eft borné
à 700,000 1. Il doit être démontré
que, quelques efforts, que faffent
les Colons, jamais ils ne pourront
fe libérer avec la compagnie , 8e
qu’après avoir ufé des crédits que
l’on fera forcé de leur accorder ,
leur impuiffance totale, de s’acquitter
, les déterminera fucceffivement
à repafler en France , & fera tomber
en pure perte les avances qui
leur auront été faites,
Tout le monde connoîr l’état de .
langueur & de foiblefïe ou font ces
colonies. Si elles ont pris quelques
accroiflemens fous l’ancienne admi-
niftration, c’eft parce que. la com-
pagnie y a dépenfe des fommes im?
menfes , qui , partagées entre un
petit nombre de Colons, les met*
toit a portée de jfubfifter-, & même
de faire quelques fortunes ; cependant
on trouve fur les livres plus de
-fix millions'de dettes tombées en non
valeur dans l’efpace d’environ vingj
ans 5 & en effet il eft aifé de fentir
qu’une colonie foumife à un privilège
exclufif, ne peut fe fouteriir
qu’aux dépens de la compagnie qui
exerce ce privilège.
Cette vérité eft fi inconteftable ,
que les députés & les adminiftra-
-teurs de la compagnie en font convenus
depuis long-temps. Ils avouent
tous, que ces colonies feront tou*
jours la ruine de la compagnie, tant
que par une fuite nécefïàire de fon
privilège exclufif, elle fera obligée
370,000 I, 170,000 R
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ci-contre......................... . . • 370,000 1.
de les approvifionner de tous leurs
befoins.
i ft. Sous l’ancienne adminiftra-
tion, la compagnie recouvroit au
moins une grande partie du prix de
fes marchandifes dans les dépenfes
qu’elle faifoit faire, & en prenant
en paiement le café de Bourbon :
aujourd’hui meilleurs les députés &
adminiftrateurs reconnoiffent , &
avec raifon-, que la valeur de'ces
marchandifes ne pourra fervir à acquitter
le prix des cafés de Bourbon
, qu’ils comptent payer en. lettres
de change fur France 3 ni les
dépenfes que la compagnie fera
obligée de faire dans les ides pour
lefquelles ils deftinent l’envoi d’un
fonds annuel de 500,000 liv.
La compagnie n’a donc plus d’autre
reffource pour recevoir le retour
de fes marchandifes , que les lettres
de change fur le tréforier des colonies
, & il faut pour cela que le roi
dépenfe plus de quatre millions dans
les deux ifles. Sans entrer dans les
vues du miniftère, on croit pouvoir '
affurer qu’il n’emploiera pas dans
ces deux établiffemens une fomme
àulfi confidèrable.
3°. L’évaluation du bénéfice des
marchandifes. d’envoi pour les ifles-
. de-France- & de Bourbon, à 35
pour cent, n’eft appuyée fur aucun
fondement, & même elle eft
combattue par beaucoup de vrai-
femblances.
On n’a encore reçu aucuns détails
fur la vente des, marchandifes envoyées
depuis 1764, on fait feulement
qu’il y en a eu une. très-
grande quantité d’avariées ou de
mauvaife qualité, des vins gâtés,-
d’autres r.eftés en magafin , parce
qu’ils font â des prix excelfifs. Il
n’eft donc pas vraifemblable que ces
marchandifes donnent un bénéfice
de- 35 pour cent.
Toutes ces réflexions nous auto-
rifent à réduire le bénéfice fur les
marchandifes d envoi pour les ifles
de 35 a 25 pour cent, comme les
adminiftrateurs l’ont calculé eux-
mêmes dans les premiers états qu’ils
ont préfentés aux actionnaires. 38
Réduction à-faire fur cet article. 280,000
III. Quant aux bénéfices prétenÎ
P J
c i - c o n t r e , ........................ . . 650,000 1.
dus furies marchandifes de retour,
nous renvoyons à ce que nous avons
dit plus haut de la diminution fuc-
cefiive qu’ont efiuyée les bénéfices
de l’achat à la vente depuis 1764
jufqu’à prélent, & de l’impofllbilité
où eft la compagnie, d’efpérer rai-
fonnablement qu’ils augmentent dans
la fuite : nous n’avons rien à ajouter
ici. Nous nous contenterons de réduite
cebénéfîce È7o pourcent, comme
les adminiftrateurs eux-mêmes
l’avoient évalué au mois de mars •
dernier ; ce qui formera, fur le bénéfice
des marchandifes de l’Inde &
de Chine, une diminution de. • 725,00©
Total des réductions à faire fur
les bénéfices des marchandifes , tant
d’envoi que de_; retour. . . . . 1,375,000 1.
Total des augmentations de dépenfes
fuivant les obfervations .ci-
delfus. . . . . . . . . . . . 1,765,290 L
Total des réductions à faire fur
l’état des députés •, é . . . • • 3,140,200 I.
Balance véritable dîme expédition de 12 vai/féaux,
d'après les états précédens, corrigés félon les
obfervations.
Dépenfes fixées par
les adminiftrateurs. . 28,445,000 1.
A ajouter- d’après
les obfervations. • • 1,765,200
Total de la dépenfe réelle. ■ .30,210,200 I.
Produit de 12 car-
gaifons , fuivant les
adminiftrateurs. . • 2^,155,000 1.
A diminuer d’après
les obfervations. . . 1,375,000
Refte produit réel
des retours. . . . 27,780,000
Gratifications par
tonneaux & indemnité
des cafés. • . 1,050,000
Total du produit réel des retours,
y compris la gratification & indemnité
pour les. cafés. . . . . . . 28,830,000
Perte, réelle fur chaque expédition..............................
.... 1,380,200 I.
650,000 F