
archivaire de cette chambre , qui afliftent régulièrement
aux aflemblées comme directeurs nés : la
chambre étant propriétaire du quart du capital de
la compagnie, & garante du dividende des actions ,
a été mife par-là a la tête de cette adminiftration.
Tous les directeurs y entrent gratuitement, & n’ont
que des jetons $ le directeur général eft le feul payé.
Mais la compagnie entretient à fes gages, foit
a Marfeille, à Paris ou dans Tes comptoirs, les
différens employés dont elle a befoin pour les écritures
, la correfpondance ou autres fervices.
Elle a un agent à Paris : fes fonctions confident
à payer les dividendes aux actionnaires établis dans
cette ville, à leur communiquer les bilans qui lui
font envoyés de Marfeille, & à correfpondre, avec
le directeur principal, pour les objets où la compagnie
peut avoir befoin de fes offices. M. Roftagny,
député de Marfeille , au bureau du commerce, occupe
cette place depuis 1772.
La compagnie entretient aufli un agent en Corfe ,
pour traiter avec les Corfes qui font la pêche du
co rail, & veiller à leur conduite. Le fîeur de Monceaux
exerce cet emploi.
La compagnie a pour commiffaire du r o i, fous
le titre de préfîdent, l’infpeCteur du commerce de
Marfeille, pour furveiller 8c autorifer fes délibérations,
arrêter fes comptes & prendre connoiflànce
de toutes les affaires dont il doit être inftruit, pour
en informer le miniftre dans les cas qui l'exigent.
Commerce de la compagnie d'Afrique.
On fe bornera à préfenter les motifs qui ont
déterminé le gouvernement à accorder à la compa-
pagnie un privilège exclufif. Toute grâce de cette
efpèce s'oppofe en général à factivité du commerce
& gêne l'émulation & l’induftrie des commerçans. i
Cette maxime, dont on ne peut contefter la vérité
paroifToic s'oppofer à fon établiflèment en 1741. Des
eonfïdérations politiques prédominèrent dans cette
circonftance , & la néceffité parut diârer une exception
contre la règle générale, en voici les motifs
( prétendus ).
Le privilège de la compagnie émane delà conftitu-
iion même du pays , la traite des bleds n’eft jamais
libre & de commerce ouvert en Barbarie. C'èft un
monopole du prince à Alger & à Tunis.
On a toujours penfé que l'exploitation de ce commerce
étoit un objet important à conferver fur-
tout pour l'approvifîonnement de nos provinces du
Midi, & que les dépenfes dont il eft chargé ne pourvoient
être foutenues qu’au moyen d’une compagnie.
Ce commerce, par les redevances dont il eft
tenu, peut être regardé comme le plus fort lien qui
nous attache les Algériens, & comme le plus fiir
gage de la fureté de notre navigation dans la Méditerranée.
C eft fur les lifmes que la compagnie oâie
annuellement à la régence, & fur les tributs des
Maures qui avoifinent la conceffion , qu’eft aflio-né"[
le paiement de la milice 5 le moindre retard mettroit I
le dey lui-même en danger, 8c le forceroit à fe I
porter a quelqu extrémité contre les François , pour
éviter les fureurs d une foldatefque impérieufe 8c
infolentè. ' r
Louis XIV n’ayant pu obliger, par la force, les
Algériens à refpeéter fon pavillon , après vingt ans
de guerre, pendant lefquels il fît bombarder leurs
villes capitales, ordonna, en 1665, à M. le maréchal
d Eftrées , qui commandoit fes efeadres, de
traiter avec les régences d’Alger & de Tunis, du
privilège exclufif du cap Nègre , du baftion de
France & de fes dépendances, dont les Anglois
etoient en pofieftîon , après les avoir enlevés a la
France, & de l’obtenir à quelque prix que ce fut.
M. le maréchal d Eftrees reufticj les progrès du
commerce dans la Méditerranée , & la tranquillité
de fa navigation, furent le réfultac de l’acquifîtioa
des conceflions.
Les redevances 'que les - principaux commandant
de la régence d’Alger, retirent de la compagnie ,
les intéreftènt au maintien de la paix, & l’argent que
cette compagnie répand en Barbarie pour fon commerce,
fournit aux Maures les moyens de payer
leurs impôts, affeétes pour le paiement de la milice
j il en arrive qu’elle eft également incéreflee au
maintien de la paix. Ce qui fe paffa en 173 6 i
Alger , en eft la preuve.
Il fut propofe au divan , avec l’impétuolîté naturelle
aux Türcs , de faire la guerre à la France ; les
grands du pays^ craignant qu’on ne les accufât de préférer
leur interet particulier au bien public, n’oférent
pas s’y oppofer. Mais la milice déclara qu’à moins
que la regence nafîurât fa folde fur d'autres fonds-,
que fur ceux provenans des tributs des Maures,
elle n’y confentiroit pas-. Après bien des débats, il
fut décidé de maintenir la paix avec la France , par
ce feul motif, & de faire la guerre aux Hollandois j
elle dura onze ans. Les négociations des Anglois à
Alger, le defîr qu ils ont d’obtenir des conceffions
pour nous chafler de ce royaume , &pour apprôvi-
fîonner facilement leur flotte. Mahon & Gibraltar ont
toujours fait appréhender au gouvernement, de rendre
libres les conceffions, dans la crainte deTes voir
tomber entre leurs mains.
Ils ont tenté plufîeurs fois de nous en dépoftédef,
en offrant de bien plus fortes conditions que celles
que nous avons fouferites ÿ & s’ils parviennent à s’en
emparer, ils feront bientôt maîtres de l’efprit du dey
& des officiers de la régence , & il leur fera - facile
de nous fufeiter des tracafteries qui pourroièht avoir
des fuites fâcheufes.
Il eft encore un motif qui tient à la dignité du roi,
& à celle deTa couronne de France. Au moyen des
lifmes de la compagnie , le roi eft le feul prince qui
11e foît pas tributaire des Algériens.
Dans le fyftême de rendre la liberté à ce commerce
, on ne fçauroit fe diffimulcr que l’on doit
prendre les plus grandes précautions pour ôter au
dey toute méfiance fur un projet qu’il verroit d’un
mauvais oeil, &• on ne fçauroit fe difpenfer de faire
annuellement des facrifices confîdérables, onéreux au
tréfor royal, ce qui aviiiroit à Alger le nom François.
Réduits au niveau des autres puiflànces, les François
feroient bientôt traités Comme elles ; le dey ne
mettroit plus de bornes à fes extorfions, & on ne
pourroit éviter une guerre , que le cabinet de Ver-
failles a toujours appréhende avec jufte raifon. Les
Algériens v feroient d’autant plus portés, que n’étant
plus retenus par aucun motif d’intérêt, iis s’abandonne
roient à leur goût naturel pour la çourfe.
Tels font les motifs politiques qui ont engagé le
miniftèreà s’écarter des principes généralement adoptés
; ils méritent d'être pefés , parce qu’une fois la
liberté des conceffions décidée, il ne feroit plus temps
de revenir fur fes pas avec une nation fîère , ignorante
& qui fe laifle toujours guider par fes caprices,
& un intérêt fou-vent mal entendu.
Le commerce de la compagnie confifte principalement
dans la traite des grains, & autres denr.ées-
qu’elle tire de Barbarie, en cuirs , laines & quelques
autres articles ; elle a de plus , fur la côte , le privilège
de la pêche du corail, qui eft quelquefois un j
objet fort utile, mais cafuel & précaire.
- Il feroit encore plus avantageux, fi les pêcheurs
étoient plus expérimentés & moins timides.
Le.s Catalans &. les Corfes pafïènt pour les plus
habiles corailleurs de l’Europe : les • engins dont ils
fe fervent font auffi mieux entendus que les nôtres^
Les Génois établis à Tabarque avoient quelque
réputation pour la pêche dù corail, lors de la prife
de cette ifle par le bey de Tunis. Deux cents tabar-
quins q u i, pendant cet événement, fe trouvoient
en me r, fe réfugièrent à la Galle, & demandèrent
au direéteur d’être employés. En 1744, le dey d’Alger
voulut , contre toute juftice, avoir ces tabarquins j
il envoya, à cet effet, cinq chébecs:, avec ordre au
commandant de les demander hautement. Le directeur
aima mieux abandonner le comptoir, avec tous
fes employés, que de les livrer ; mais en évitant les
Algériens ; ils tombèrent entre les mains des Maures.
Cet événement priva la compagnie d’un grand
nombre de corailleurs habiles, & elle fe fert actuellement
de corailleurs Corfes...
La partie de la Barbarie où fe trouvent les concédions,
coiifomme très-peu de marchandifes.,. les
fonds ou remifes pour le commerce de la compagnie
, fe font en général avec des piaftres qu’elle
fait acheter en Efpagne.
Les efpèces d’or ont peu de crédit parmi les Maures
, qui n’en connoifïent pas le prix. .
Des comptoirs de la compagnie.
L A C A L L E.
C’eft le comptoir principal, & le chef-lieu des
écabliiïemens de la compagnie d'Afrique fur . la
côte de -Barbarie.
La pêche du corail a été le principal objet de
l’établiflement de ce Comptoir : dans la fuite, ou y -
ouvrit la traite du bled , qui eft devenue confîdérable
: on y achette aufli de la cire 8c .des cuirs, mais
en allez petite quantité.
L’habitation des François à la Calle , & les défendes
extérieures, ont été faites parla compagnie, avec
la permiflion du dey d’Alger, & conformément au
plan qui en a été drefle , fans qu’il foit permis d’y,
rien ajouter. Les fortifications confiftent en différentes
batteries, montées de feize pièces de canon
en to u t, dont les unes font de fîx, les autres de
quatre livres- de. balles. Deux de ces batteries , l’une
de quatre, 8c l’autre de deux canons , font deftinées
1 à défendre- l ’entrée du port.
Les fortifications de cette pla ce, ne fçauroienc
garantir d’infultes les habitans , fans une vigilance
: continuelle de la part du directeur &. des. employés
que la compagnie y entretient. La garnifon eft de
! cent vingt hommes qui font peu faits au métier de
la guerre ; mais, en cas d’infulte, on fait prendre
i les armés, non-feulement aux habitans, mais même
aux pêcheurs de corail, ce qui forme tout enfemble
environ trois cents cinquante perfonnes j il y a des
armes pour fîx cents.
B O N N E .
Comptoir de la compagnie d'Afrique , dans la
province de Conftantine, où elle entretient un agent
& quelques employés.
Le commerce de ce comptoir confifte en laines ,
que l’on nomme conjlantines, cuirs & cires, dont
la traite a toujours été fort avantageufe, lorfque
les agens de la compagnie ont fçu fe concilier l'affection
- des puiflànces du pays. Outre ce la, l’ottoman
de 165)4 permet à la compagnie de charger
annuellement à Bonne , cinq cents caffis de bled ,
qui forment environ deux mille charges, o u . deux
mille cinq cents feptiers , mefure de Paris , jufqu’en
17^0, la compagnie ne s’eft pas ordinairement
bornée à cette quantité ; mais depuis ce temps jufqu’en
1764, le bey de Conftantine lui interdit abfo-
lument cette traite, & finit par lui renvoyer fon
agent. La direction de Marfeille ayant pané en de
meilleures ■ mains , lexhoix dès agens s’eft refleuri
des bonnes intentions des directeurs , & tout eft rentré
dans l’ordre à Bonne , ainfi que dans les autres
comptoirs.
L E C O L L O.
Comptoir de la compagnie fur les côtes de la
province de Conftantine. On n’y fait d’autre commerce
que celui de ia cire & des cuirs. Les infidélités
des gens du pays, & le défaut’ d’intelligence
des agens , ont forcé plufieurs fois la compagnie à
l’abandonner.
T A B A R Q U E .
Cette petite ifle , fituée fur les côtés de Tunis, a
toujours été l’objet de l’ambition des puiflànces maritimes
de l’Europe : l’établiflement que nous pourrions
y faire, fi les Barbarefques ne s’y oppofoieut
p a s .fe ro it peut-être le plus utile de tous ceux que