
des lettres- patentes du mois de novembre de la
même année.
Il en fut frappé en 1670* fous le même règne,
àu titre de trois blancs, qu’on appella pièces de Jix
blancs au cordonnet. Toutes les autres ne pre-
noirnt de fin que trois deniers dix-fept ou dix-huit
grï f s- . 8 \ , f , ; Depuis , ces efpeces n ont plus ete une monnoie
courante, mais feulement comme une monnoie de
compte ; & l’on dit toujours trois blancs , pour en
lignifier quinze deniers ; & fix blancs , pour en
lignifier trente , ou deux fois fix deniers ; mais ce
dernier eft bien plus en ufage que le prem ier.
B l a n c . C’eft ainfi que les négocians nomment les
efpaces non écrits qui fe trouvent quelquefois fur
les livres journaux ; ce qui eft très-dangereux par
rapport à l’abus qu’on en peut faire. Les livres des
marchands n’ont foi en juftice ,.que parce qu’on
les fuppofe écrits tout de fuite, dans des temps non
fufpefts ; mais fî-tôt qu’il s’y rencontre quelque
blanc , c’eft-à-dire , quelque efpace vuide , ne fut-il
que de deux lignes, comme il arrive quelquefois
à la fin des pages, le livre ne mérite plus qu’on y
ajoute foi. C’eft a quoi les arbitres nommés par le
confulat doivent bien prendre garde que les articles
-conteftés 11e fe trouvent pas écrits a la fin des pages ,
ce qui paroît fort fufpeél : & dans le rapport qu’ils
fon: de l’état des livres qui leur font repréfèntés ,
ils doivent toujours dire s’ils y ont trouvé du blanc
ou non , & s’il y a de l’apparence qu’on y ait laiffé
des blancs qu’on a pu remplir après coup.
BLANC-SIGNÉ ou BLANC-SEING.. Eft un
papier fur- lequel on n’a Amplement mis que fa
fignature. Les blanc-fignés fe confient ordinairement
à des arbitres ou à des amis , pour les remplir
de ce qu’ils jugeront à propos pour terminer
quelque conteftation ou procès. Il faut être bien
sur de la probité des perfonnes, pour leur confier
fon blanc-fign é.
Une procuration en blanc, eft celle ou fo n a
laj^é du blanc, pour remplir le nom. de celui qui
doit agir.
En Fait de lettres de change ,. on dit qu’un endof
fement eft en blanc > pour faire .entendre q,u’il n’a
au dos d’une lettre qu’une fimple fîgnature , au-
deftus de laquelle il y a de l’efpace fuffifamment
pour écrire un ordre , ou pour mettre un reçu ou
quittance-.
Parmi les marchands & négocians., on appelle
billets en blanc , ceux dans le corps defquels on a
laiffé du blanc , pour remplir , quand on le jugera
à pro p o s, les noms des perfonnes auxquelles on
-voudra les rendre payables.
Les marchands libraires appellent livres en blanc
ceux qui font en-feuilles , (ans être reliés.
On dit que des étoffes de laine, des chapeaux ,
des bas & autres femblables marchandifes font, en
blanc, pour dire qu’elles n’ont point encore pafle
par la teinture.
Il n’cft pas permis aux teinturiers de teindre aucunes
étoffes de laine direélement dé blanc en
noir ; il faut qn elles'foient auparavant guedées , ou
mifes en bleu. Réglement du mois et août 1669.
On dit en Commun proverbe qu’un marchand eft
réduit en b la n c , ppur dire qu’il eft devenu fi p a u v
r e -, qu’il ne peut plus foutenir fon commerce.
On dit encore proverbialement, qu’un négociant
eft fôrti de fon négoce le bâton blanc à la main ,
pour faire entendre qu’il en eft forti tout-à-fait
gueux.
BLANCARDS. Nom que l’on donne à certaines
fortes de toiles de lin , ainfi appellées, de ce que
le fil , qui fert à les fabriquer, a été dcmi-blanchi „
avant que d’être mis en oeuvre.
Les toiles blancards fe manufacturent toutes en
Normandie , particulièrement dans , les villages &
lieux dépendans des élections de Ponteau-de-mer,
de Bernay& Lifieux. Elles ne font nigrofies ni fines.
Leur largeur en écra eft de trois quarts & demi &
un feize, pour revenir en blanc à trois quarts &
demi. Elles font en pièces de foixante à foixante-fix
aunes, pliées par petits, plis d’un quartier , & fe
vendent au cent d’aunes courantes, le tout mefure
de Paris.
Ces efpèces de toiles, qui font deftinées pour les
Indes Efpagnoles, où ceux qui travaillent aux mines
s’en fervent à faire des chemifes , fe blanchiffent
dans les blancheries des environs de Rouen , &
dans celles qui font, établies le long de la rivière de
Rifle.
Les toiles Blanc ards , avant que [d’être mifes au
blanchiflage, c’eft-à-dire , étant encore en écru- $
doivent paffer par la halle aux toiles de Rouen ,
pour y être vifitées & marquées. Cette marque , qui
s’applique aux deux bouts des pièces avec du noir
détrempé dans de l’huile, que l’on, nomme ponce ,
repréfente un mouton tenant une croix , qui. font
les armes de la ville de Rouen. Après que ces toiles
ont été ainfi vifitées & marquées ,. les ouvriers les
portent au marché du bourg de Saint-Georges , où
ils-lés vendent aux marchands de Rouen , commif-
fionnaires & autres, qui les font enfuite blanchir
dans les lieux ci-deffus marqués.
Autrefois l’om choififïoit parmi les toiles blan-
cards les plus fines & les meilleures , auxquelles
l’on donnoit le nom de fleurets ; mais il y a longtemps
qu’il ne s’en vend plus fous ce titre v n’étant
fait mention à préféra que des toiles blancards.
BLANCHERIE DE CUIR. Le tarif de la douane
de Lyon nomme ainfi les peaux de moutons y
agneaux , chèvres, chevreaux & autres, paffées en
blanc.
La balle de blan ch erie d e c u ir y paye 7 J'ois
d*ancien droit ; & z fo ls de la nouvelle réapré-
d a t i o n , avec les fo ls pour liv ;
B la nc h er ie d e cuivre.;.L’on- appelle ainfi dans-
quelques provinces de France , & particulièrement
à Lyon , ce qu’on nomme à Paris & ailleurs batterie
de eut fine de cuivre , c’eft-à-dire, tous les nften—
files qui fervent à la cuifine, qui. font faits, de ce
métal , comme chaudrons , marmites , poêlons, ;
écumoires, & plufieurs autres femblables.
La blancherie de cuivre, paye à la douane de
Lyon 8 fols du quintal pour Vancien droit, o
rz fols pour le nouveau droit, ou réapréciatioti,
avec les fols pour liv* . _ S ^ , § i
B l a n c h e r i e . On nomme ainfi a 1 ouloule &
dans quelques autres endroits du Languedoc le petit
cuir y comme les moutons, les chevres , &c. V
BLANCHISSAGE. C’eft le travail du blanclul-,
feur. Ainfi lorfque l’on dit, que des toiles, des bas ,
des étoffes de laine, des foies , de la cire , & 4 ^ ltres
femblables marchandifes , font au blanchiflage ,
cela doit s’entendre , qu’elles font actuellement entre
les mains des ouvriers qui les doivent blanchir.
On ne peut fe fervir de chaux dans le blanchi f i âge
des toiles. Réglement de Rouen, Z4 décembre 1701 ,
Il eft défendu d’employer dans le blanchiflage
des bas & autres ouvrages de bonneterie de laine ,
qui fe fait au métier, aucune craye , ni blanc. Règlement
, 30 mars 1700, art. 15.
En quelques provinces de F r a n c e , particulièrement
en Normandie , on dit mettre la toile au cu~
toilts, la cire, les fils, fiv. ) En Normandie , &
en quelques autres provinces de France, ceux <jur
travaillent au blanchiment des toiles, font appelles
curandiers. ' ,,, ,
Les blanchiffeurs ou curandiers de letendue
■ des généralités de Rouen & d’Alençon , ne peuvent
recevoir dans leurs blanchifferies ou curandenes ,
.aucunes pièces dé toiles, fans la marque de la ville
de Rouen. Il leur eft aufli défendu de fe fervir de
chaux dans le blanchiflage des tejles, qui leur fpnt
données 9 blanchir. Règlement des toiles pour la
Normandie, 24 décembre .1701, art. 46, 4 7
rag e , pour dire la mettre 2xx-blanchiflage. I ln eft
pas permis aux ouvriers, non plus qu aux^ aunéurs
de toiles , de mettre au curage aucune toile pour
leur compte particulier. Réglement pour la Normandie
, 1 4 août 1 6 7 6 , art. 9 » Voye{ b l a n c h i r ,
où Von explique les blanchimens des Joies, étoffes
de laine & toiles.
B l a n c h i s s a g e d e s c i r e s . Ce terme eft en
ufao-e dans les meilleures manufactures de cire blanche.
Blanchiment fe dit peu , hors dans quelques
provinces.
BLANCHISSERIE, BLANCHIRIE ou BLANCHERIE.
Ce font les divers noms que l’on donne
à certains lieux deftinés pour faire le blanchiment
des toiles.
En quelques provinces de France , particulièrement
en Normandie , on dit curanderie, qui a la
même lignification.
Il y a des blanchifleries en Hollande, enFlan-
\ dre$, en Picardie ,-en Anjou, en Normandie, en
Champagne , & dans prefque tous les lieux où la
manufacturé , & le commerce des toiles eft confi-
dérable. Les blanchifleries de Hollande font les
plus importantes de toutes , particulièrement celles
qui font établies depuis Harlem jufqu’à Alcmaer, le
long des Dunes.
BLANQUE. Sorte de jeu de hafard, que quelques
uns qualifient du nom de commerce. _
Le jeu de la blJnque a été apporté en France
par les Italiens qui y fuivirent la reine Catherine
de Médicis. . , ' „ ,-n -
Ce jeu, tel qu’on le jouoit alors, & qu Etienne
Pafquier nous en a laiffé la, defeription dans le chapitre
B l a n c h i s s e r i e . Se dit aufli des lieux où l’on
blanchit les fils. Les blanchifleries d’Anvers pour
les fils , font les mieux établies.
B l a n c h i s s e r i e . Se dit encore des endroits où
l’on blanchit la cire. Les principaux lieux de
France, où il y a des blanchifleries- établies pour
le blanchilfàgé de la c ire , font Châte’au-Gontier,
Angers, le Mans, Amboife, Chaumont près Troyes,
& Rouen. Il y en a aufli plufieurs en Hollande.
BLANCHISSEUR. ( Ouvrier qui blanchit Us
4^ du livre 8 de fes Recherches, netoit autre
chofe que ce qu’on appelle aujourd hui, une loterie,
dont depuis un demi-liècle, f ufage eft devenu fi ordinaire
en France. Voye{ l’article des loteries.
Préfentement la blanque n’a rien de commun avec
. la loterie., que le hafard qui diftribue les lots de
l’une & de l’autre. ' C h aq u e particulier y peut éprouver la bonne ou
mauvaife fortune. Sans attendre compagnie, & s il
lui plaît, il peut en réitérer l’épreuve fur le champ,
avec la feu le obligation de payer pour chaque coup
qu’il tire , la fomme à laquelle le maître les a
taxés.
Le fonds de la blanque confifte ordinairement en
petits bijoux de diverles efpèces-,. en tableaux, en
hardes, en marchandifes, en meubles & en colifichets
, le tout de peu de conféquence , qu’on étalé
dans quelque boutique pour tenter les pafïans.
Comme ce n’eft prefque toujours qu’aux foires de
villages, que fe tiennent les blanques, il n’y a guere -aufli que le peuple & le payfan qui y m etten t*la preffé & qui s’en faffent un d iv ertiffem en t, fans
^prendre garde qu’il n’y en a guère qui ne doivent
être fufpe&es d’infidélité , quoiqu’elles ne puiffènt
s’établir qu’avec la permiflion des officiers des fel-
gnêurs des lieux où fe tiennent les foires.
On tire à la blanque de deux manières; l’une
avec un livre ou regiftre ; l’autre avec une machine
qui approche un peu de ces pourtiques ou Io n a
joué fi gros jeu à la cour , fous le règne de
Louis XIV.
Pour'tirer à la blanque de cette dernière manière,
on jette une boule d’yvoire ou une balle de plomb-
dans un entonnoir fufpendu au-defîiis d’une tablé
partagée en quantité de ronds un peu enfoncés , &
celui de ces ronds où la boule s’arrête, fixe le fort
du tireur qui fait blanque , c’eft-à-dire qui n’a aucun
lot, fi fon rond eft blanc; & quia le lot indiqué
par le chiffre dont chaque rond noir eft numéroté ,
fi la boule demeure dans un rond de cette couleur.