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AGIOTER. Faire valoir Ton argent â gros intérêt
: faire un trafic ufùraire des billets, promeffes
& autres papiers , que les malheurs d’un état ont
décrédités. Voy&{ Varticle fuivant.
AGIOTEUR. Tërme nouvellement en ufage
parmi les marchands , négocions , banquiers &
gens d'affaires ; qui lignifie une perfonne qui fait
valoir fon argent à gros intérêt, en prenant du public
des billets , promeffes, affignations & autres
femblables papiers , fur un pied très - bas, pour
les remettre dans le même public fur un pied plus
haut.
Les agioteurs, dit Savari dans fon Diftionnaire
de commerce , font des peftes publiques & des ufu-
riers de profeffion, qui eh bonne police mériteroient
punition exemplaire. Mais ne devoit-il pas ajouter
que bien pires peftés publiques , font encore ceux
qui confeillent aux nations des guerres injuftes, rui-
neufes, deshonorantes , qui néceffitent ces malhëù-
reufes opérations de finances , d’où naiffent la création
puis le diferédit des papiers qu’on agiote-
AGITO. ( Qu'on nomme aujfi GIRO. ) Petit
poids dont on fe fert dans le royaume dé Pegu. Deux
agiti font une demi biza, & labizapèfe cent teccalis,
c eft-â-dire , deux livres cinq onces pojds fo rt, ou
trois livres neuf onces poids léger de Venife.
AGNEAU. ( Jeune- animal engendré de la
brebis & du belier. ) Quelques-uns vèulent que ce
terme dérive du latin annicülus , qui fignifie an ,
parce que Y agneau-quitte fon nom fitôt qu’il a paflé
une année. Voye7 mouton.
Suivant l’arrêt du confeil du 19 oftobre 1701, il
eft défendu à toutes fortes de perfonnes qui élèvent
& nburriflent des troupeaux dans toute l’étendue du
royaume, de tuer des agneaux, & d’en vendre ;
& aux bouchers, rôtiffeurs, hôteliers, traiteurs,
cabarétiefs & autres, d’en acheter, tu e r,- apprêter
& vendre pour être mangés, en quelque temps de
l’année que ce foit, fi ce n’eft dans l’étendue des dix
lieues à la ronde de Paris, où il eft feulement permis
de tuer, apprêter & vendre des agneaux de la it,
pour être mangés , depuis noel jufqu’â la pentecôte ;
réglement arbitraire qui, comme tant d’autres, refté
fans exécution, excepté quand il plaît à quelque
officier fubalterne de s’en' fervir pour vexer ou rançonner
quelque pauvre diable.
Outre la chair des agneaux, qui fe fert fur les
tables les plus délicates, on en tire encore, pour le
négoce, les peaux, lefquelles étant bien préparées
avec leurs laines , par les fourrèurs ou par les mégif-
fiers , s’employent a des fourrures très - chaudes,
qu’ils appellent fourrures d'angelins. Ces mêmes
peaux, après en avoir fait tomber la laine par le
moyen de la chaux, fe paiïënt encore en- blanc ,
autrement dit en mégie-, pour fervir à la 'ganterie \
& la laine qui s’en tire, entre dans la compofition
de plufîeurs fortes d’étoffes & bonneterie. Voyeç
Pi 1LETERIE & MÉGIE.
Il vient de Lombardie certaines peaux $ agneaux
jenemmées par leur noir luifant, que les fourreurs
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coupent par petits morceaux, dont ils tavelenf ott
mouchetent les fourrures d’hermines, pour en faire
paroître davantage le blanc.
Les agneaux d'un an gras & maigres, paient
en France deux fo ls la pièce de droits de fortie ,
& trois fo ls auffi par pièce de droits d'entrée ,
avec les Jols pour livre.
Agneau. On appelle étain à l'agneau, celui
qui, par l’effai qu’on en a fait, a été jugé très-
doux.
Ce mot vient de la marque d’un agneau p afcal,
que les potiers d’étain de Rouen, qui avoient ci-
devant ufurpé le droit d’effayer tout l’étain qui arri-
voit à Rouen , même pour paffer debout, avoient
coutume de graver fur les pièces qu’il trouvoient
douces. Voye{ étain. .
Agneaux de Tartarie. LesTartares Culmicks,
& la plupart de ceux qui fréquentent lès bords du
Volga, ont des agneaux dont la fourrure eft pré-
cieuie & très-eftimée des Mofcovites. La peau de
ces agneaux chargée de leur toifon , fe vend deux
ou trois fois plus cher que tout l’agneau même,
après qu’on la lui a tondue. Leur laine eft parfaitement
noire , d’une frifure forte ,. très-courte & très-
douce , & qui a un beau luftre ) les plus grands
feigneurs de Mofcovie en fourrent leurs robes & leurs
bonnets, & il y en a beaucoup qui les préfèrent aux
martes zebelines, & aux autres riches fourrures,
dont il y a fi grand nombre dans toute la Mofcovie ,
& dans les états qui en dépendent.
Agneau de Perse. Les fourrures de ces agneaux
font encore plus eftimées & plus chères que. celles de
Tartarie $ & a Mofcou , où on les leur préfère ,
elles font toutes grifes, & ont la frifure plus petite &
plus belle que les autres : on n’en fait guères le
retrouffi des bonnets, à caufe de leur prix exceffif,.
& peu de grands feigneurs font allez riches pour en
avoir des robes entières.
AGNELET. ( Jeune agneau, p etit agneau*)
Voye? l'article précédent..
ÂGNELINS. Peaux $ agneaux que préparent
les mégiffiers , en les paflant d’un côté , & en laiflant
la laine de l’autre. Voyeç comme dejfus.
Agnelins. Ce font aufli les laines des agneaux
ou jeunes moutons, qui n’ont pas encore été tondus,,
que l’on lève de deflus les peaux , qui proviennent
des abatis des boucheries. & des rotiffeurs Voyeç
LAINE.
AGNUS-CASTUS , que quelques-uns nomment
auffi vitex. Plante ou arbriffeau , qui quelquefois
s’élève à la hauteur d’un moyen arbre.
La meilleure femence d'agnus-caffus eft celle
qui eft nouvelle , groife, bien nourrie , & qui vient
des pays chauds , celle des pays froids ayant beaucoup
moins de vertu. Son ufage eft pour la médecine
, où elle s’emploie pour la guérifon des maux
vénériens.
L'agnus-cafius paie en France de droits d‘entrée
cinquante fo ls du cent p e fa n t’, 6* les fo ls pour
livret
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AGRA. EfpèceAeboiî r'e fenteur, qui fe trouve
dans fille de Haynan, dépendant de la Chine.
AGRA-GARAMBA. Autre bois de fenteur qui
vient pareillement dans fifle dé.Haynan. Ce bois elt
propre à purger les femmes. Les Japonois en
font grand cas , & les Chinois leur en portent
beaucoup.
AGREAGE. On nomme ainfi à Bordeaux , ce
qu’ailleurs on appelle communément courtage. La
pipe d'eau-de-vie de cinquante veltes paie à Bordeaux
cinq f i l s pour droit d'agréage.
Ces fortes de droits s’établiffent peu à peu fans
réflexion fous des prétextes illufoires. De prétendus
experts s’entremettent d’office encre le vendeur &
l’acheteur. D’abord leur miniftère eft purement libre,
volontaire & prefque gratuit, bientôt c’eft une né-
ceffiié qu’on impofe a l’acheteur & au vendeur , ce
font enluite des commiffions ou des charges, avec
privilèges exclufifs de tous autres : on fixe des émo-
lumens qui prennent le nom de droit. On fupprime
enfuite les officiers, ce qui prouve leur inutilité ,
leur prétendu fervice ne fe fait plus , mais le droit
demeure à titre d’impôt.
AGRÉER. Trouver bon, approuver, ratifier un
contrat d’atermoyement. Voyeç ratifier.
Agréer un vaiffeau. ( Terme de commerce de
mer, ) C’eft équiper un vaiffeau de fes agreics. On
appelle agréeur, celui qui en fait l’équipement.
Voye{ ci-après a g r e it s .
A gréer un vaiffeau., fignifie auffi entre marchands
Yaccepter, convenir du prix pour le fret. Voyeç
FRET.
• O11 dit en proverbe dans le commerce, qu'il fa u t
payer ou agréer, pour dire qu’un débiteur doit
fatisfaire fon créancier , ou en argent comptant, ou
en bonnes paroles.
AGRÉEUR. ( Terme de commerce de mer. )
'C’eft celui qui fournit à un vaiffeau marchand tout
ce qu’il faut pour le mettre en mer. On le dit auffi
de celui qui a foin de mettre tous les agreics en ordre,
cordages , voiles, poulies , &c. Voye\ l'article
fuivant;
AGREITS. ( Terme de marine, dont on f e fert
fu r l'océan. ) Ce fout les voiles, cordages, poulies,
& autres choies néceffaires pour les manoeuvres d’un
vaiffeau , & pour le mettre en état de voguer a la
mer. On les appelle auffi en certains endroits agreç
& agrz\ils, & fur la méditerranée on les nomme
fartie. On fe fert du terme d'agreits en ce fens,
un tel vaiffeau a tous fes agreits. Le mot d'apparaux
a la même fignification qu agreits ; ce qui
fait qu’on ne les fépare prefque jamais On fait des
affurances fur le corps & quille du vaifffeau, fes •
agreits, apparaux, & c. Voyeq assurance,
AGUILLES. Toiles de coton qui fe fabriquent
a Alep.
A G U IT R A N , autrement poix molle. Voye?
poix. * • -
JJ a gui tran p aie les droits de douane de Lyon fu r
le pied d'un f o l par quintal, & les fo ls pour livre»
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AIDES à mouleurs de bois* Ce font à Paris de
petits officiers de ville , commis par les prévôt des
marchands & échevins, pour remplir les membrures
, corder les bois, & mettre dans la chaine les
bois à brûler qui font de qualité à y être mefurés ,
qui arrivent & le déchargent fut les ports , ce qu’ils
font en préfence & fous les ordres des mouleurs de
bois, qu iis aident ainfi & foulagent dans ces fonctions
, qui font les principales de leurs offices. Vôye%
MOULEUR DE BOIS.
Aides de maîtres des ponts. Ce font des officiers
de la villeg qu’on nomme autrement chableurs, qui
aident à faire pafièr les bateaux fous les arches des
ponts , par les pertuits & autres paffages difficiles*
Voyeç CHABLEURS.
Aides Se dit en général de tout fubfide qui fe
lève par l’autorité du prince , ou qui s’accorde
volontairement par les peuples dans des occafions
extraordinaires, pour aider & fecourir l’état dans
fes befoins. En particulier on l’entend en France
d’une des fermes générales du ro i, qui confifte principalement
dans les droits qui fe lèvent fur le vin;
On appelle ordonnance des aide s, une ordonnance
de Louis XIV , donnée à Fontainebleau au mois de
juin 1680 , qui fert de réglement pour le commerce ,
vènte , tranfport, entrée & fortie de vins, tant dedans
que dehors le royaume. C’eft un des chefs-d’oeuvre du
miniftre Colbert, qui jouit autrefois d’une grande
réputation. Pour la juger avec une. fage impartialité 7
il ne faudroit pas être intérefle au fyftême de perception
dont les aides font partie, ni propriétaire de
vignobles , ni cultivateur, ni même confommateur j
il eft bien fâcheux que la nécefficé de l’impôt mette
de pareilles entraves au droit de propriété.
AIGLE. Grand oifeau de proie , à qui la poefie
donne le nom & la qualité de roi parmi les oifeaux.
L'aigle a le bec long & crochu, les jambes jaunâtres
& couvertes d’écailles , les ongles grandes &
fort recourbées, le plumage châtain, brun, roux &
blanc.
On ne parle ici de cet oifeau ( qui d’ailleurs n’a
pas grand rapport au commerce ) qu’à caufe de la
fameufe pierre d'aigle, que vendent quelques dro-
guiftes & épiciers de Paris, & qu’une tradition peu
certaine, pour ne pas dire fabuleufe,, fait encore
préfentement paffer pour fouveraine, pour avancer
ou reculer les accouchemens des femmes.
Cette pierre eft pour l’ordinaire platte, noirâtre ,
chagrinée & fonnante, à caufe d’une autre petite
pierre ^quelquefois dure , quelquefois mollaffe,
qu’elle renferme en forme de noyau.
On l’appelle pierre d'aigle , parce qu’on fuppofe
qu’elle ne fe trouve que dans les nids de ces oifeaux,
qui vont , dit-on , s’en pourvoir jufques dans le
tond des Indes, afin de faire éclore plus facilement
leurs petits,
Ce font les pèlerins de faint-Jacques de Compo£
| telle en Galice, qui rapportent ces pierres , doue