herbacés, glabres, à feuilles inférieures squamiformes, distantes, à feuilles
supérieures graduellement plus grandes, lancéolées, aiguës aux deux
extrémités, atténuées à leur base un peu insymétrique en un court pétiole,
membraneuses, entières ou à bords très finement crénelés-denticulés,
penninerves, finement réticulées, glabres, d ’un vert pâle, surtout en dessous.
Le rameau se termine par une grappe étroite et allongée ; ou bien
quelquefois les inflorescences sont axillaires ou même oppositifoliées,
chargées de bractées alternes, linéaires, qui se détachent bientôt à leur
base. Dans leur aisselle est une fossette au fond de laquelle s’articule le
pédicelle floral. Les fleurs sont petites , à calice v e rd â t r e , formé de
5 sépales inégaux, les intérieurs pétaloïdes, veinés, et à corolle réduite â
3 pétales pâles, membraneux, l’inférieur en capuchon, caréné, surmonté
d ’un bouquet de saillies oblongues, rectilignes, formant la crête. Les
étamines diadelphes ont de petites anthères allongées, à fente supérieure
et intérieure, simulant un pore. L’ovaire comprimé est surmonté d’un
épais style claviforme, rétréci â la base, coudé en haut et se terminant,
après une soie qui surmonte le coude, par une tête déprimée, stipitée,
reportée en bas et en dedans par le fait de la coudure. Le fruit,
accompagné à sa base du calice non accru, est une petite capsule ovale-
comp rimé e , émarginée, glabre. Les graines sont ovoïdes-oblongues,
noires, recouvertes d’un tégument translucide et mou, chargé de soies
blanches, courtes, et pourvu d’un arille descendant, plus long que la
graine et la recouvrant, tout le long de son bord chalazique, de ses deux
longs bras aliformes, subaigus, concaves ou falciformes, membraneux et
blanchâtres. Leur embryon, de la longueur de la graine à peu près, est
entouré d’un albumen charnu et peu épais. (Dimensions : feuilles longues
de 2 à 7 centimètres, et larges seulement de 1/3 à 1/2 cent., ou, dans
une variété lat i fol ia, de 3 cent, environ; p étiole, 1/2 cent, environ;
inflorescence, 2-4 cent.; fleur, 1/3 c en t.; fruit, 1-2 cent, de long, sur
1/3 cent, de large; graine, 4 mill, environ.)
Cette plante est de l’Amérique du Nord ; elle croît au Canada, au
Tenessee et à la Caroline septentrionale, dans des te rra ins secs et
rocheux. Elle fleurit en mai et ju in et a été quelquefois cultivée en pleine
terre dans nos ja rdins botaniques, où elle est fort ra re aujourd’hui. On
emploie en médecine la portion souterraine entière, expédiée directement
des Etats-Unis en Europe, sous le nom de senega, seneka ou snake-root ,
grosse au plus comme le petit doigt, longue de 5-10 centimètres, souvent
un peu comprimée et parcourue d ’un côté ou de chaque côté par une ligne
saillante, une bride sinueuse et très irrégulière. Son écorce est ridée, d’un
gris jaunâtre à l’état sec, plus foncée que le bois ou médilullium blanchâtre,
ridée ou incomplètement annelée en travers, à odeur rance, un
peu nauséeuse, à saveur bientôt amère el âcre. Toutes ces qualités
résident dans la seule écorce. Elle les doit à la sénégine (Gelilen) qu’on
suppose identique â Vacide polygal ique (Quévenne), analogue, croit-on,
à la saponine, amorphe , insoluble dans l’eau à toute température et
soluble dans les alcalis avec coloration jaune verdâtre. Elle est irritante
et provoque de violents éternuments. 11 y a aussi dans la racine, de la
résine, de l ’huile volatile en faible proportion, des matières colorantes et
des malates. La matière amère nommée isolusine (Peschier) paraît identique
à Vacide virginique trouvé dans le Senega (Quévenne). Le bois des
racines est remarquable par la présence de secteurs cellulaires séparant
les uns des autres les quartiers de tissu ligneux. Dans l ’écorce, il y a un
suber assez distinct, au-dessous duquel le parenchyme à phytocystes radia-
lement allongés contient çà et là des gouttes de matière grasse. Mais ce
tissu manque du côté de la bride longitudinale, formée surtout d’éléments
libériens. Faisant suite à ceux du bois, les rayons médullaires
pénètrent très loin dans la zone libérienne, et il y a aussi de l’huile dans
les phytocystes de ces rayons.
Le Polygala Senega agit a peu près comme les Ipécacuanhas ; il est
expectorant, diurétique, nauséeux, s timulant; il a été très employé dans
les affections pulmonaires et bronchiques, l ’asthme, les accidents rh uma tismaux.
Sa vogue a été excessive, et c’est sous son image qu’on a été
jusqu’à inscrire ; Proesente in ostendi t quælibet herba Deuni. Sa réputation
comme remède des morsures de serpents venimeux tient peut-être
surtout à l’analogie de formes qu’on trouvait entre sa racine noueuse et
la queue d’un Crotale. On a souvent falsifié le P. Senega : avec le Faux-
Ginseng américain (Pa n a x quinque fol ium L.), le Gillenia tr i fol iata
(p. 552), le Cyp r ip e d ium pubescéns W. et même le Dompte-Venin.
Des propriétés évacuantes sont signalées dans un grand nombre d’autres
Polygala d’importance secondaire : nos P. vulgar i s L., calcarea Sch.,
am a r a L . , qui passent pour toniques, stomachiques, sudorifiqnes, légèrement
aromatiques, un peu amers. Ils ont servi, dit-on, à falsifier le thé
vert. Le P . rubella P ü r s h sert aux États-Unis de médicament franchement
amer. Dans l’Amérique centrale, les P . caracasana, formosa, mo n t i -
oe l a , etc., ont les mêmes propriétés que le P . Senega ; comme au Brésil,
le p . Poaya M a r t . , à peu près aussi aclit que l’Ipécacuanha (Martius).
11 y a des Polygala anthelminthiques, d ’autres très dangereux (P . venenosa
J .) . Tous ces médicaments sont à peu près inconnus en Europe ; on
y â beaucoup, au contraire, employé les suivants comme astringents.
Ratanhia.
Les Ra ta n h ia sont fournis par des Krame r ia (fig. 2626-2638), genre
de plantes qui forme à lui seul la série exceptionnelle des Kramériées,
série dont les affinités avec les Légumineuses sont quelque peu prononcées.
Les fleurs des Kr ame r ia sont irrégulières et hermaphrodites,
résupinées. Elles ont u n réceptacle convexe qui porte un calice dialysépale,
quelquefois 5-mère. Ses folioles sont imbriquées d’une façon un peu