Le Ricin est, croit-on, originaire de l’Inde ; il devient ligneux dans la
région méditerranéenne, où l’on a dit aussi qu’il avait tous les caractères
d ’une plante spontanée. Il n’y a guère de pays où on ne le cultive, soit comme
ornemental, soit pour la récolte de ses graines, qui sont la seule partie
employée. Outre qu’elles varient beaucoup comme dimensions, c’est-à-
dire du simple au double, leur coloraiion et les taches, mouchetures, que
présente leur tégument, sont aussi extrêmement diverses. Telle qu’elle se
présente dans le commerce, la graine de Ricin est ovoïde, arrondie ou un
peu comprimée sur le dos et a[)latie ou légèrement anguleuse sur la face
ventrale, avec l ’angle dièdre vertical très mousse ou presque nul. S u r un
fond gris clair ou un peu rougeâtre, elle présente des chiniires ou marbrures
d ’uii brun pins ou moins noirâtre. L’enveloppeest triple : la coucbe
extérieure, parcourue par le rapbé, est d’abord épaisse, blanche, opaque,
formée de phytocystes mous ; elle devient finalement mince, sèche, tran s lucide,
et elle peut s’enlever, avec le raphé qui la parcourt, à l’aide, par
exemple, d’un grattage qui est facile, sans que la graine mûre perde
aucune de ses qualités. Mais on enlève alors, avec cette couche, une autre
plus profonde et qui dépend de la portion interne de la primine ovulaire.
Les taches irrégulières, d ’une teinte brune, qui se voient à l ’exlérieiir de
la graine, dépendent d ’une matière résineuse localisée dans un certain
nombre de pbytocystes externes et dissoute par la potasse (Portes). Si l’on
enlève par le frottement le tégument externe, les taches disparaissent
ainsi que le fond blanchâtre formé par les cellules incolores du même
tégument (Poisson). Alors se trouve mis à nu le tégument séminal moyen,
celui qui est dur et testacé. Il est formé de longs et étroits éléments, â
direction radiale très éiirée, â paroi fort épaissie, à cavité très étroite. La
surface extérieure de cette zone apparaît uniformément grisâtre ou noirâ
tre quand l’enveloppe extérieure a été enlevée. Le trois ième tégument
de la graine, mince, peu résistant et pâle, a pour origine des parties plus
¡Drofondes que les téguments ovulaires. Il entoure l’albumen, dont les phytocystes
sont riches en matière grasse et en alenrone (fig. 850, 851), et
l’albumen lui-même enveloppe l’embryon, formant en dedans et en dehors
de lui deux plaques plan-convexes dont les cotylédons elliptiques, membraneux,
veinés, atteignent latéralement à peu près la surface et dont la
radicule supère cylindrique renferme aussi, comme les cotylédons eux-
mêmes, des matières grasses e ta leu r iq u e s .
La graine du Ricin, dépouillée de ses enveloppes, donne près de la
moitié de son poids d ’huile. Elle renferme en outre une matière résineuse
âcre et drastique, encore fort mal connue, qui se trouve le plus souvent
mélangée à l’huile dans une proportion variable et qui la rend plus ou
moins purgative. Mais les procédés d ’extraction qui permettent de laisser
dans les semences la plus grande partie de cette substance résineuse,
donnent une huile douce et comestible, telle que l’emploient souvent les
Chinois. Dans l ’Inde, l’huile de Ricin se brûle souvent. Une grande
portion de ce.le qui sert en médecine se fabrique dans ce pays et est
exportée par Calcutta. Ju sq u ’au commencement de ce siècle, on employait
chez nous des huiles fabriquées aux Antilles et au Brésil, ordinairement
mélangées d’huile de. Ja t ro p h a Curcas; mais à l’époque du blocus continental
on se mit à cultiver dans le Midi des Ricins dont on extrayait,
en France, une Imite presque inodore et de bonne qualité. Un autre centre
de fabrication est l’Italie, où on extrait principalement l’huile, soit de
graines cultivées dans le pays, comme dans les environs de Vérone, soit
de celles qui arrivent d’Asie par le port de Gênes. On préfère, comme plus
actifs, pour l ’extraction de l ’huile, les Ricins à petite graine (8-13 millimètres
de long), qui se distinguent chez nous en Ricins de France, à
teinte pâle et à ma rb ru re peu prononcée, et en R. du Sénégal, à mnrbrure
très foncée. Ceux à grosse graine (12-45 millimètres), dont la marbrure est
également foncée et dont le tégument intérieur est argenté, sont nommés
R. d’Amé r ique . LdmWe q u ’ils fournissent est plus colorée que celle des
R. d’Egypte, variété â graines noirâtres qu’on cultive en Italie, de même
que la précédente.
Outre l ’emploi de l’huile comme purgatif, on a recommandé aussi
l’usage des graines en nature. Deux ou trois d’entre elles sulfisent à purger.
On a également (Mac William) appliqué sur les seins, pour activer la
sécrétion du lait, la feuille de la plante qui, prise â l ’intérieur, produit
aussi, dit-on, le même effet. Appliquée parfois aux usages industriels,
l’huile de Ricin est siccative, entièrement soluble dans l’alcool absolu, et
lournit par la saponification des acides margar i t ique et éModique.
Médiciniers.
Les fleurs des Médiciniers (Jatropha) sont unisexuées et presque toujours
monoïques. Le réceptacle convexe des fleurs mâles porte 5 sépales,
libres eu unis inférieurement et disposés dans le bouton en préfloraison
quinconciale, et le plus souvent 5 pétales, libres et tordus dans la pré-
üoTaison. Avec eux alternent 5 glandes qui entourent le pièd de l’androcée ;
celui-ci est formé de deux verticilles de 5 étamines, monadelphes à la base.
Les plus petites, plus extérieures, sont superposées aux pétales et ont une
antbère introrse et déhiscente par deux fentes longitudinales. Les plus
grandes, superposées aux sépales, ont les filets plus longs et les anthères
k déhiscence ordinairement marginale ou extrorse. Les fleurs femelles ont
le plus souvent le même périantbe que les mâles, et 1 androcée y disparaît
totalement, ou bien y est représenté par un ou deux verticilles de 5 languettes
stériles. Les glandes du disque bypogynes sont Rbres ou unies
entre elles ; et le gynécée supère se compose d’un ovaire triloculaire, surmonté
d’un style à trois branches bifides, stigmatifères en haut et en
dedans. Dans l ’angle interne de cbaque loge s’insère un ovule descendant,
â micropyle extérieur et supérieur, coiffé d’un obturateur. Le fruit esl