étamines, qui peut s’élever de trois ou quatre jusqu’à dix ou douze; par
leur anthère, articulée ou non sur le sommet du fdet; par la séparation
plus ou moins complète ou la réunion des sexes dans leurs fleurs, qui sont
tantôt monoïques et tantôt dioïques, ou polygames sur un même pied, ou
sur une même inllorescence, ou, plus rarement, toutes hermaphrodites dans
le même épi ; par la situation des inflorescences sur les rameaux, et par la
manière dont la bractée florale se comporte par rappor t à l ’axe. Sur ces
différences sont fondées les sections assez nombreuses, mais à limites
, souvent impossibles à bien définir, qui ont été établies dans ce genre si
naturel. Les espèces décrites s’élèvent à mille environ. Elles ont pu être
réduites à environ six cents, dont plusieurs semblent encore avoir une
autonomie contestable, toutes originaires des régions chaudes des cinq
parties du monde.
Les espèces couramment employées aujourd’hui en médecine sont au
nombre de cinq :
Y Poivre n o i r {Piper n ig r um L. — P. trioicum R oxb. ) (fig. 2411-2415).
Celte liane, qui atteint une dizaine de mètres de haut, a ses vieilles tiges
ligneuses, et ses jeunes branches herbacées, vertes, glabres, avec des
noeuds renflés de distance en distance, desquels naissent des racines adventives
qui se fixent an sol ou aux arbres voisins. Ses feuilles sont alternes,
pétiolées, ovales ou ovales-aiguës, ordinai rement plus ou moins aiguës ou
légèrement obtuses à la base à peine insymétrique, acuminées au sommet,
entières, glabres des deux côtés, avec 4-6 nervures secondaires naissant
vers a partie inférieure du limbe, presque ensemble ou un peu au-dessus
les unes des autres et reliées entre elles par des veines réticulées. Les
fleurs sontpolygames-dioïques ou monoïques, disposées en châtons oppositifoliés.
Le fruil est cbarnu, presque globuleux, rouge ou jaunâtre à la
maturité, souvent apiculé des restes du style. La graine est aussi presque
globuleuse, à tégument mince et brun. Toute la plante fraîche a une
odeur aromatique. (Dimensions : pétiole, 2-4 centimètres ; limbe, 10-
15 cent.de long, sur 6-lûjceut. de large ; inflorescence, 5-15 cent, de long;
fruit, 1/2-2/3 cent, de diamètre; graine, 1/3-1/2 cent.)
Cette espèce est, croit-on, originaire de l’Inde, notamment du Malabar.
On la rencontre aujourd’hui à Ceylan, à Singapour, à Bornéo, à Java, à
Sumatra, aux Philippines et auxïles Mascareignes où elle a été introduite.
On l’a transportée aussi aux Antilles, et partout on la cultive en la soutenant,
soit sur des tuteurs, soit plus ordinairement sur quelque arbuste dressé,
plus solide. Il y a environ un siècle qu’on la cultive dans nos serres
d’Europe, sans qu’elle y fleurisse jamais.
La partie employée comme poivre noir est le fruit (fig. 2414, 2415),
qui est sphérique, d’un brun noirâtre à l ’extérieur. Il renferme la graine,
brune à la surface, cornée dans ses couches extérieures et farineuse au
centre qui est blanchâtre. A une de ses extrémités se trouve l ’embryon,
enveloppé de l’albumen intérieur. En enlevant par des procédés particuliers
la portion superficielle du péricarpe de ce fruit, on obtient le poivre
blanc, qui se prépare aux lieux de production, principalement à Rhio. Ces
deux poivres s’exportent principalement pour l’Angleterre de Singapour, et
proviennent des îles de l ’arcbipel Indien. L’Inde anglaise en exporte aussi
une assez grande quantité, et l’Angleterre seule en reçoit actuellement
environ 11 millions de kilogrammes par an.
Le fruit complet du Poivrier présente un péricarpe formé d’une couche
charnue parenchymateuse, limitée par deux épidermes. L’épiderme extérieur
est doublé d’un nombre variable de couches de pbytocystes sclé-
reiix, à paroi épaisse, dure et ponctuée, de couleur jaune. L’épiderme intérieur
est formé d’une couche de pbytocystes à paroi inégalement épaissie.
Elle l’est beaucoup en face de la graine, ainsi que sur les côtés des éléments;
mais elle demeure mince du côté du parenchyme charnu du
péricarpe. Ce parenchyme est dans presque toute son épaisseur formé de
pbytocystes inégaux, à paroi mince, mais tous plus ou moins allongés
dans la direction tangentiellc. Il n’y a que dans sa zone profonde qu’il
contient en outre de grands pbytocystes sphériques ou ovoïdes, renfermant
une huile jaunâtre et odorante. Le tégument séminal est triple, et sa
couche externe adhère fortement au péricarpe. Elle est formée de phyto-
cystes comprimés et allongés tangentie llement. Les phylocystes de la
couche moyenne ont la forme quadrangulaire et renferment de la matière
colorante brune. Ceux de la couche interne sont disposés sur une seule
série, épaissis en dehors et sur les côtés, minces du côté de l’albumen qui
vient immédiatement après.
Ces fruits renferment donc une huile essentielle très odorante, mais peu
sapide. La saveur piquante est due à une matière résineuse, la pipérine,
qui est, dit-on, isomère à la morphine, cris tallisable, et dont le poivre noir
renferme 2 ou 3 pour 1 0 0 . Le poivre noir est très piquant, aromatique,
stimulant, digestif; il s’emploie surtout comme condiment; en médecine
il n’est pas généralement usité en nature, mais il .fait partie de quelques
préparations ofiicinales.
2" Cubèbe {Piper Cubeba L. f . — P. caudatum H o u t t . (nec V a h l ) . —
Cubeba officinalis Miq.) (fig. 2416). C’est une plante grimpante, à rameaux
noueux, les entre-noeuds inclinés les uns sur les autres à angle obtus. Les
feuilles sont alternes, dis tiques, courtement pétiolées, oblongues-lan-
céolées, atténuées vers la base qui est insymétrique et longuement atténuées
vers le sommet qui est aigu ou un pen acuminé, entières, un peu
ondulées, glabres, légèrement coriaces, d’un beau vert en dessus, un peu
plus pâles en dessous, un peu rigides, penninerves, avec les deux premières
paires de nervures secondaires plus rapprochées l’une de l’autre et de la
base du limbe, proéminentes en dessous, de même que les veines lâchement
réticulées. Des noeuds des branches naissent souvent des racines