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cette espèce est voisine de S. N u x vomica, dont elle se distinguerait surtout
par ses crocs simples, latéraux et solitaires, sa tige grimpante, ses
inilorescences panciflores, son fruit cortiqué, verdâtre. Ses feuilles sont
elliptiques-oblongues, obtusément acuminées et triplinerves. On a longtemps
attribué uniquement à celte espèce la production du bois de couleuvre,
qui est le plus souvent une racine et qui passe pour guérir les
fièvres d ’accès et les morsures des serpents venimeux, mais qui, à baute
dose, est vénéneux et tétanisant . Les S. N u x vomica et min o r B l . donnent
aussi, dans l’Asie tropicale, de ces bois de couleuvre.
V. S. I c a j a l l . B n . — Cette plante est VIcaja, N ’caza ou M ’boundou
de la côte occidentale de l’Afrique tropicale, rapporté souvent aux Apocynacées,
nux Solanacées, etc. C’est un des floisons d ’épreuve les plus énergiques
que l’on connaisse dans ces pays; il est té ta n i sa n t comme les
précédents. La portion généralement employée est la racine, qui se présente
sous forme de cônes longs et étroits (20-40 cent., sur 1/2-1 cent,
de diamètre), lisses et de couleur rougeâtre à la surface, très amers. Les
feuilles, opposées, courtement pétiolées, elliptiques-aiguës, courtement
atténuées à la base, acuminées au sommet, ont trois grosses nervures qui
partent de la base, les latérales se portant à une certaine distance des
bords et parallèlement à eux, ju sq u ’au sommet du limbe. Toutes sont
leliées entre elles par des veines fines, nombreuses, transversales ou peu
obliques. Les fleurs, que nous n ’avons pas vues, sont bien, dit-on, celles
d un Strychnos. La tige paraît être dressée.
VI. S. Gauther iana P i e r r e . — Gette plante produit l’écorce dite de
Hodng-nan, vantée récemment comme remède de la rage, de la lèpre et
de plusieurs autres maladies, notamment des aifections cbroniques et r e belles
de la peau. Elle est voisine à la fois par ses caractères botaniques
des S. N u x vomica et javensi s , et son écorce a presque tous les caractères
de la Fausse-Angusture, s’en distinguant principalement, dit-on, par
la la re té des pbytocystes pierreux et leur peu de développement en t r a vers
: caractères qui appartiennent à l’écorce du S. N u x vomica. Cette
espèce est grimpante; elle a été découverte dans les montagnes qui séparent
1 Annam du Laos, à la bauteur du Tonquin méridional. Son écorce
est extérieurement d ’un rouge ocreux ou plus ra remen t d ’un gris noirâtre.
Sa face inforne devient d ’un rouge de sang au contact de l ’acide azotique.
Elle est très amère el renferme de la strychnine et de la brucine.
Strychnos à curare.
Les propriétés si particulières du curar e (Wo o r a r i , Wo u ra ra ,
Urari, etc.), d abord connu en Europe sous le nom de poi son des s a u vages
de rOrénoque, sont dues à des Strychnos . Il n ’est pas certain que
plusieurs organes ou produits d ’animaux vénéneux aient jamais fait partie
de ce poison; et les divers végétaux q u ’y incorporent les Indiens, modifient
souvent les propriétés du Curare ou lui donnent des qualités inverses
de celles q u ’il devrait posséder. Nous avons donc proposé de substituer
aux divers curares un simple extrait, préparé suivant les règles de l ’art,
avec un Strychnos à propriétés curarisantes, notamment avec le S. Cas-
telnæana, le plus répandu dans l ’Amérique tropicale et le plus usité
des Vomiquiers de cette catégorie, celui aussi que nous étudierons
d ’abord de la façon la plus complète.
VII. S. Castelnæana W e d d . {S. Castehieæ B e n t h . ) (fig. 3135). Cette
remarquable espèce, observée pour la première fois par de Castelnau chez
les Indiens Orégones, est une liane qui atteint 20 mètres et plus de longueur,
et dont les rameaux, chargés d ’un épais duvet velouté, fauve ou
couleur de rouille pâle, portent des feuilles opposées, à pétiole épais,
extrêmement court, el à limbe largement elliptique, courtement aigu à la
base, brièvement acuminé au sommet, subcoriace, pourvu à sa base,
outre la côte, de quatre grandes nervures qui atteignent ou à peu près le
sommet du limbe, et qui naissent pa r paires, un peu au-dessus les unes
des autres. Une très fine nervure longe, en outre, le bord vers sa base.
Toutes sont reliées entre elles par un riche réseau de veines, presque
transversales ou obliques; et le parenchyme, finalement glabre et d’un vert
sombre en dessus, est en dessous opaque, plus pâle et finement pubescent,
dans l ’intervalle des nervures et des veines qui se dessinent supérieurement
en creux et font saillie en dessous où elles sont chargées du même
duvet roux que les rameaux. Les crocs puissants qui retiennent la
liane aux arbres voisins, sont primitivement enduits de la même pubescence;
ils se recourbent fortement en crosse ou en spirale et sont longuement
atténués à le u r base. Ils représentent des axes modifiés, souvent
peut-être des pédoncules d ’inflorescences avortées. Leurs fleurs sont disposées
en faux-capitules pédonculés, terminaux. Ce sont des cymes composées,
contractées. Les fleurs, que nous n ’avons vues que jeunes, ont un
calice à 5 sépales imbriqués, à peu près lib re ; une corolle, courte dans
les boutons, à 5 lobes valvaires, légèrement indupliqués; 5 étamines à
anthères ovales, les loges libres et chargées de quelques soies inférieurement;
un ovaire à 2 loges pluriovulées, surmonté d ’un style à tête obtusément
bilobée. Le fruit, que nous n ’avons vu que jeune, était alors de la
grosseur d’un pois, entièrement charnu et oligosperme ; ses deux ou trois
graines étaient peltées. (Dimensions : pétiole, 1/2 centimètre de long et
de large ; limbe des feuilles, 15-22 cent., sur 10-19 cent, de large; crocs,
4 cent.; inflorescence, 2, 3 cent.; fleur, 1/2 cent.; fruit non mûr, 1 cent.).
Cette espèce est largement répandue sur les bords de l’Amazone et de ses
principaux affluents, depuis Teflé et Calderon vers lé sud-est, ju sq u ’à une
faible distance, au nord, de la rive droite du Rio-Negro, jusque dans la
Golombie, à l’ouest, à une centaine de lieues des Andes. Elle existe chez
les Pebas (Castelnau) et les Ticunas (Jobert), dans le Solimoens, le Javari,
r ic a , le Yapura (Crevaux). C’est l’écorcede la tige et des branches qu’em-
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