1336 TRAITÉ DE BOTANIQUE MÉDICALE.
rougeâtre, luisant, finalement fendu et inégalement déchiré. Le limbe,
ample, ordinairement un peu pins large que long, est orbiculaire, subré-
niforme,en forme d’éventail étalé, 5-nerve à la base, décomposé en 5 lobes
courts, dont un terminal, à peine aussi long que les la téraux; ceux-ci
inégalement incisés. Les nervures et les veines proéminent a la face inférieure,
cbargées d’une fine pubescence blancbâtre. Les deux nervures
inférieures sont, en dehors, dépourvues de parenchyme à leur base. Les
inflorescences sont élevées, foliifères, supérieurement ramifiées et chargées
de divisions qui portent de nombreuses cymes de fleurs d’un blanc
laiteux ou un peu verdâtre. Les glandes du disque sont d’un vert foncé;
les neuf étamines ont des anthères jaunes. Le fruit est oblong, ailé, et
les ailes sont plus larges que la portion séminifère du fruit. (Dimensions :
pétiole, 1/2 mètre, sur 4-5 1/2 cent, de large à la base; limbe, 1 mètre et
plus; axe florifère, environ 2 1/2 mèt. ; fleur, 4,5 mill. ; fruit, 10-15 mill.)
Fig. 3341-3343. — Rheum officinale. Fleur entière et coupe longitudinale;
fleur, le périanthe enlevé.
Cette plante est originaire, dit-on, du Tbibet oriental et des portions
occidentales et méridionales de la Chine. Elle a été introduite dans le
ja rdin de la Faculté de médecine de Paris en 1869 et est assez souvent
cultivée aujourd’hui comme plante d’ornement. M. Maximovicz croit que
cette espèce n’est employée que depuis que le R. p a lma tum est récolté
en quantité insuffisante pour les besoins de l’exportation. Dans les der nières
années, d’après lui, les troubles qui ont régné en Ghine avaient
considérablement amoindri la récolte. La demande du médicament étant
cependant la même, les Chinois ont cherché à remplacer celui de Kansii
et ils en ont trouvé un excellent fourni par un Rheum qui croît dans les
provinces méridionales de la Cbine, et qui est le R. officinale. M. Maximovicz
a aussi, avec raison, insisté sur cette précieuse particularité,
l’existence d’une tige aérienne, qui produit une rhubarbe de bonne qualité
et que sa situation met à l’abri de la pourriture. 11 n’est pas impossible,
ajoute-t-il, que ce nouveau Rheum puisse totalement remplacer le R. pal matum,
dont la culture est plus délicate.
DICOTYLÉDONES. 1337
2. Rheum p a lma tum L. — Cette espèce a une tige élevée, feuillée,
d’un vert pâle ou blanchâtre. Ses feuilles ont des pétioles subcylindriques,
obtusément sillonnés en dessus et arrondis su r les bords. Le limbe est
herbacé, suborbiculaire, cordé, pennatilobé, légèrement scabre et blanchâtre,
3-5-nerve à la base. Le duvet scabre peut exister sur les deux faces
ou manquer presque totalement à la face supérieure. Les lobes sontovales-
oblongs ou lancéolés, aigus, indivis ou incisés-dentés, ou pinnatifides.
Les inflorescences sont feuillées, avec des rameaux pubéruleux, iinement
étalés. Les pédicelles, à peine-plus longs que la fleur, qui est blancbâtre,
sont fasciculés. Les fruits sont ovales-oblongs, subcordés, arrondis ou
émarginés au sommet, avec des ailes égales en largeur aux graines. Cette
espèce se cultive depuis longtemps dans nos jardins botaniques et elle y
fleurit assez souvent, mais elle est assez délicate. D’après Pallas et Georgi,
elle croît « dans les îles des rivages orientaux de l ’Asie boréale ; on l ’aurait
trouvée sur le sommet des montagnes arides de la Tartarie chinoise »
(Endlicber). D’après Murray, elle occupe « une longue chaîne de montagnes
en partie dénudée de forêts, qui, limitant la Tartarie chinoise à l’ouest,
commencerait au nord, non loin de la ville de Selia, et s’étendrait au sud
jusqu’au lac Kukunor)). On a longtemps attribué à cette espèce l’origine
de la Rhubarbe dite de Chine, ainsi nommée parce qu’elle est exportée
d’Asie par la Chine, et Guibourt partageait cette opinion. «Ce qui, dit
M. C. Planchón, rend difficile d ’adopter l’opinion admise par Guibourt,
c’est la différence qui existe entre la s tructure anatomique de la rh u barbe
d’Asie et de la racine du R. p a lma tum. y> D’ailleurs M. Féro, que
le gouvernement russe avait placé à Kiatcha pour surveiller le commerce
de la rhubarbe, a fait des recherches qui, dit M. Collin, « lu i permettent
d ’affirmer que la rhubarbe de Chine n ’est pas produite par les Rh eum
p a lma tum, u n d u la tum, compactum et Webbianum, ni par aucun des
Rheum qui nous sont connus ». Cependant, dans ces dernières années,
M. Przewalski a vu récolter la rhu b a rb e dans la Chine boréo-occidentale,
province de Kansu, autour du lac Kukunor dans le pays de Tangut. Mais
il ne s’agirait plus du R. p a lma tum type. Le médicament serait tiré d ’une
variété ta n g u t icum de cette espèce, variété qui est cultivée dans nos ja r dins
et qui se distingue par des feuilles plus étroites et plus allongées et
des découpures souvent moins profondes et moins étroites que celles du
type (fig. 3344). Les dimensions du R. p a lma tum sont à peu près moitié
moindres que celles du R. officinale. Son rhizome est plus court, souterrain
ou à peine saillant au-dessus du sol.
Les bonnes rhubarbes présentent d’ailleurs des caractères histologiques
qui tiennent surtout, non pas, comme on l’a cru, à leur provenance de
telle ou telle espèce, mais à la portion de la plante qui les a produites.
Ces caractères sont ceux d ’une tige, soit souterraine, soit, comme dans le
R. officinale, aérienne, et les racines, qui cependant ne les présentent
pas, ont peut-être autant de valeur comme médicament. Ge sont ; un