Nénufars.
Il y a deux Nénufars communs dans nos eaux douces. L’un est le
N. jaune. C’est le N u fa r hiteum S m . {Nymphoea lutea L.) (fig. 5 2 2 , 5 2 3 ,
745, 1001), dont les fieiirs ont un réceptacle convexe et un ovaire supère.
L’autre est un Nymphoea proprement dit, le N. alba L. (fig. 4 4 1 , 5 2 0 , 5 2 1 ,
1 0 8 9 ) , qui a le réceptacle concave et l’ovaire en grande partie infère. Ils
ont l’un et l’autre des folioles florales imbriquées, en nombre indéfini; des
étamines en nombre indéfini, disposées dans 1 ordre spi ral ; un nombie
indéfini de carpelles portant de nombreux ovules anatropes sur leurs
cloisons, et pour fruit une baie spongieuse, cà graines nombreuses, plon-
dans une matiè re gommeus e gees , arillées et pourvues d’un double
albumen; des rbizomes épais, plongeant dans lavase, des feuilles alternes
à long pétiole et à limbe flottant,, pelté, cordé, obtus, et des fleurs longuement
pédonculées, solitaires ou géminées.
C’étaient jadis des médicaments réputés et qui figuraient naguère
encore au Codex. Le rbizome du N. jaune est gros, blancbâtre, gorgé de
fécule. On dit que les paysans russes et finnois s’en nourrissent, aussi bien
que des pétioles. Il est cependant assez astringent pour qu’on l’emploie à
tanner les cuirs et à préparer des décoctions antidiarrbéiques. La soucbe
du N. blanc a les mêmes propriétés. Sa fécule a servi d’aliment en temps
(le disette. Il est à la fois mucilagineiix, légèrement âcre, amer et astr ingent,
un pen narcotique, dit-on ; de là son usage contre la dysenterie, les
blennorrbées et plusieurs autres flux, et les vertus vulnéraires attribuées
aux pétioles et aux pédoncules floraux de la même plante. On dit qu’en le
mâchant on remédie à la procidence de la luette. Plusieurs espèces exotiques
ont des propriétés analogues, notamment les N. Lotus L., rubra
Roxb., stcllata W. , odorata Ait. , etc. Nous ne parlons pas des prétendues
vertus calmantes , réf r igérantes , anaphrodisiaques des Nénufars,
quoiqu’elles soient passées en proverbe dans tant de pays divers.
Les Eu r y a l e , genre asiatique et américain, très voisin des Nénufars à
ovaire infère, sont alimentaires; on mange, dit-on, en Chine, la soucbe
et l’albumen de VE. fe ro x Sa l i sb .
Les Nelumbo, qui diffèrent tant des Nénufars par l’organisation de leur
gynécée et qui n ’ont d’ordinaire dans chacun de leurs carpelles qu’un seul
ovule descendant, à micropyle supér ieur et extérieur, ont cependant un
périantbe analogue, à 4 , 5 sépales, à pétales en nombre indéfini. La
graine ne comprend qu’un embryon à gros cotylédons charnus, enveloppant
une gemmule fort développée (fig. 5 0 0 ) . C’est cet embryon qui est
amylacé, nutritif, analeptique, dans le N. nucí fera Gær tn . {Ne lumbium
speciosum\N. ~ N . a s ia t i c im Fiicii. — Cyamus Nelumbo Sm. — C. my s -
t icus Sal isb. ) , l’un des Lotus sacrés des anciens. C’est aussi un médicament
astringent, et le suc laiteux de ses feuilles a été vanté contre les
vomissements et la dia rrhée. En Amérique, les embryons du N. lutea
{Nelumbium luteum W. — N. codophyl lum Raf in. ) sont aussi alimentaires.
Sarracena.
Ces plantes, que nous avons rapportées avec doute à i a famille des Nymphæacées,
ont des fleurs pentamères, à sépales et pétales imbriqués,
beaucoup d’étamines bypogynes et un ovaire supère, surmonté d’un grand
style en forme d’ombrelle pentagonale et pétaloïde, stigmatifère en deso
Fig. 2302-2305. — S a rra cen a p u r p u r e a . Port; fleur sans la corolle et coupe
longitudinale; diagramme.
SOUS au niveau de ses angles. Les cinq loges miiltiovulées de l’ovaire sont
complètes ou incomplètes, et le fruit est une capsule loculicide à graines
albuminées. Les Sarracena, ainsi que les deux genres voisins Ddrl ing-
tonia et Hel iamphora, sont des herbes vivaces, à feuilles ascidiées
(fig. 100, 2302), considérées dans ces derniers temps comme insectivores.
Leur limbe foliaire a la forme d’un grand cornet, exagération,
pour nous, de la forme peltée concave d u limbe des Nelumbo, cornet
pourvu d’un couvercle et contenant souvent un liquide limpide. On a fait
grand bruit dans ces dernie rs temps des propriétés attribuées par les
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