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Cette belle espèce croît dans l’Afrique du Nord et dans les îles de sa
côte occidentale, à Madère, aux Canaries. Elle se trouve vers les bords de
la mer Rouge jusque dans l’Inde occidentale. Elle se rencontre encore
dans le sud de l’Espagne, de l ’Italie, de la Grèce et dans l’Arcbipel, mais
la on croit qu’elle a été introduite. Il en est probablement de même pour
les Antilles, quoiqu’on l’ait dite spontanée dans plusieurs de ces îles : la
Jamaïque, les Rarbades, Antigua. Elle se cultive communément dans nos
serres tempérées depuis la fin du seizième siècle et elle fleurit assez souvent
dans nos ja rdins botaniques.
La portion employée pour l ’extraction de l ’aloès est la feuille, qui r e n ferme
cette substance colorée et amère dans une zone assez limitée de son
parencbyme. Au centre, ce dernier, formé de phytocystes incolores, de
consistance pulpeuse, ne renferme qu’un suc visqueux et non teinté, non
médicamenteux; cette portion est même, dit-on, comestible. Sa réaction
est a cide, et sur les leuilles conservées quelques jours on aperçoit un
grand nombre de beaux cristaux d ’oxalate de cbaux qui se sont formés
aux dépens du liquide contenu. A la périphérie, on trouve une zone verte
et dure, recouverte d ’un épiderme plus consistant encore, avec une cuticule
épaisse et d’assez nombreux stomates, et qui ne saurait non plus
lournir de principes actifs. Ceux-ci, c’est-à-dire le liquide jau n â tre dont la
couleur s’accentue de plus en plus au contact de l ’air, sont contenus dans
des phytocystes qui accompagnent les faisceaux fibro-vasculaires et dont
la paroi est transparente et peu consistante. Ces pbytocystes marchant
parallèlement aux faisceaux fibro-vasculaires et qui sont placés bout â
bout dans le sens longitudinal, demeurent séparés les uns des autres ju s q
u ’au bout par des cloisons persistantes. En laissant sécher la feuille, on les
voit dessinés par la matière brunâtre qui se concrète dans leur intérieur.
Autour de ces éléments, qui p a r leu r réunion simulent de gros vaisseaux
cylindriques, se voient d’autres pbytocystes, plus courts, mais disposés
aussi en séries et qui renferment, outre un liquide incolore, un gros
corps nncléiforme, présentant quelque ressemblance avec un grain d ’aleu-
rone volumineux. Ce gros corps a été supposé jo u e r un rôle dans
la production du médicament. Sur une coupe transversale, l ’ensemble
des réservoirs qui renferment ce de rn ie r forme un arc très prononcé
vers la portion dorsale des faisceaux fibro-vasculaires. Geux-ci sont
d’ailleurs constitués comme ceux des Monocotylédones en général. Les
phytocystes qui forment une zone verte en dedans de l ’épiderme, et ceux
qui constituent la pulpe incolore centrale, sont çà et là remplis de
rapbides (fig. 3407, 3408). Gertaines feuilles d’Aloès, telles que celles de
VA.soccot r ina, trempées quelque temps dans l ’alcool ou dans l’eau, coloren
t ces liquides en un rose plus ou moins violacé et très intense.
Quand, en Amérique, on veut extraire des feuilles le médicament, qui
dans ce cas porte le nom d ’aloès des Rarbades, on les coupe, en t r a vers
et en bas, en mars et avril, pendant la chaleur du jour. Une cerlaine
quantité de liquide s’échappe par la surface de section et constitue
le meilleur aloès q u ’on connaisse de ce pays. Mais, si l’on presse les
feuilles, une trop grande quantité du liquide incolore provenant du centre
se trouve mélangée à l ’aloès, dont il atténue les propriétés. Les feuilles
coupées sont donc immédiatement placées, la section en bas, dans une
auge de bois à parois internes obliques et formant au fond un angle dièdre
par leur réunion. Disposée sur un plan incliné, cette auge laisse passer le
suc par un orifice pratiqué an fond vers une de ses extrémités, et il tombe
dans un vase dont le contenu est ensuite chauffé dans une cuve en cuivre,
où on l ’écume au fur et à mesure avec une cuiller de fer. Quand l ’extrait
a acquis une consistance convenable, il est versé dans des calebasses ou
dans des boîtes en bois, où il durcit plus ou moins vite. L’évaporation du suc
au soleil se pratique peu et passe pour donner un meilleur médicament.
A Curaçao, Bonaire et Aruba, les colons hollandais traitent la plante
comme le font aux Rarbades les cultivateurs d’origine anglaise. Nous avons
tout lieu de croire que la môme espèce sert, sur la côte orientale d ’Afrique,
au Cap et dans l’Inde, à l’extraction de plusieurs sortes d ’Aloès.
II. A. spicata L. f . — Dans cette belle plante, pendant longtemps fort
imparfaitement connue, la tige est finalement longue de I ou 2 mètres,
cylindrique, épaisse, non ramifiée, garnie des bases des feuilles desséchées.
Supérieurement, elle porte une rosette de feuilles fraîches et charnues
qui rappellent beaucoup celles de l’espèce précédente et qui, un peu plus
écartées les unes des autres, embrassent complètement l’axe par leur base,
au-dessus de laquelle elles vont se rétrécissant graduellement ju sq u ’à
leur sommet, qui est d’abord aigu, mais peu solide, et qui devient ensuite
plus obtus. La face inférieure est convexe, et la supérieure est légèrement
concave vers la base, tandis que près du sommet elle devient souvent
plane ou légèrement convexe. Toutes deux sont glabres, d ’un vert clair,
légèrement glauques et parsemées de taches blanches ou d ’un jaune pâle, à
peu près rondes ou plus ordinairement allongées dans le sens de la longueur
de la feuille. Les bords sont garnis de dents piquantes, tr ian g u laires,
blanchâtres ou d ’un jaune brunâtre au sommet, et assez régulièrement
disposées, sauf vers le sommet, où elles deviennent ou nulles, on
clairsemées, ou réunies parfois en certain nombre tout à fait à l’extrémité.
L’inflorescence est longue et simple; c’est une grappe, à axe glabre, d ’un
vert plus ou moins rougeâtre, avec des pédicelles dressés d ’abord, puis
penchés et finalement dressés de nouveau. Les fleurs sont jaunes, et leur
périanthe est légèrement campanulé vers le haut ; ses 3 divisions extérieures
sont un peu réfléchies au sommet; les intérieures, plus dressées
au sommet, sont d’une teinte plus orangée. Les anthères sont en partie
exsertes. (Dimensions : tronc, I - l 1/2 mètre, sur 3-6 centimètres de diamè
tre; feuilles, 25-40 cent., sur 5, 6 de large et 2 cent, environ d’épaisseur;
inflorescence, 50-90 cent.; fleur, 3, 4 cent.)
Cette plante est considérée, depuis Thunberg, comme donnant la meil-
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