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1030 TRAITÉ DE BOTANIQUE MÉDICALE.
Le genre Garcinia comprend environ 40 espèces, de toutes les régions
tropicales de l’ancien monde. Ce sont des arbres ou des arbustes, à latex
visqueux, jaune, à feuilles opposées, épaisses, coriaces, penninerves,
presque toujours entières, dépourvues de stipules. Leurs fleurs sont te r minales
ou axillaires, solitaires ou groupées en cymes 3-flores ou plus ou
moins ramifiées et simulant des grappes composées on des qmbelles.
La véritable gomme-gutte, celle qui doit actuellement être préférée
pour l’usage médical, est produite, avons-nous dit, par le G. Ha n b u r y i
l ' iG . 2849, 2850. — Garcinia Ila n b u ry i. Rameau florifère et fructifère; étamines.
H o o k . f . (G. Morella, var. pedicellata H a n b . ) . C’est un arbre haut de
10 à 20 mètres, à écorce d ’un brun plus ou moins rougeâtre, à rameaux
jeunes d’un jaune verdâtre, à feuilles opposées, courtement pétiolées,
ovales ou elliptiques-lancéolées, atténuées aux deux extrémités, à sommet
aigu ou courtement acuminé, entières, glabres, coriaces, penninerves, un
peu plus pâles en dessous, où la côte et les nervures obliques proéminent
légèrement. Les fleurs sont dioïques : les mâles sont solitaires ou plus
ordinairement groupées en petit nombre (3-6) dans l’aisselle des feuilles,
pédicellées, accompagnées à leur base de quelque^ petites bractées ; les
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femelles, plus souvent solitaires, supportées par un pied épais et très, court,
subitement rétréci à la base et accompagaé de 4 très petites bractées
aiguës. Les fleurs mâles ont un calice de 4 sépales imbriqués, suborbiculaires
ou courtement ovales, glabres, et le plus souvent 4 pétales, imbriqués,
orbiculaires, concaves en dedans, épais, cbarnus et coriaces. Les
étamines, insérées sur le sommet convexe du réceptacle, sont sessiles, eu
forme de clou obconique ou légèrement obpyramidal. Leur nombre est
variable, ju sq u ’à une trentaine ou une quarantaine. Elles s’ouvrent en
haut et en travers par un couvercle, à la façon d ’ime pyxide. La fleur
femelle a les mêmes sépales et pétales imbriqués que la fleur mâle; un
androcée représenté par une vingtaine de staminodes à filets inégaux,
unis inférieurement en une sorte de couronne membraneuse et surmontés
d ’une antbère en forme de palette stérile. L’ovaire trapu est à 4 loges
imiovulées, surmonté d ’un épais et large style formant cimier, partagé eu
4 lobes, eux-mêmes divisés en un grand nombre de lobules stigmatiques
inégaux. Le fruit est à peu près spbérique et porte souvent encore le style
sur son sommet légèrement déprimé. Ses loges, au nombre de 1-4, ren ferment
chacune une graine épaisse, fusiforme, un peu arquée, ou en
forme de quartier. Son double tégum.ent, auquel est interposé une grande
quantité de latex concrété, recouvre immédiatement un gros embryon
charnu, indivis, mais dont une extrémité présente déjà souvent un ru d iment
de bec, première ébauche de la gemmule. Toutes les parties de la
fleur et du fruit sont gorgées de canaux à gomme-gutte. (Dimensions :
pétiole, 3/4-1 1/4 centimètré; limbe de la feüille, 8-10 cent, de long,
sur 4, 5 de la rg e ; fleur mâle, 1/2-2/3 cent, de diamètre; pédicelle, 1/2-
1 cent. ; fleur femelle, 1 cent, environ de diamètre; fruit, 2-1/2 c en t.;
graine, 1 1/2-2 cent, de long, sur 1-1 1/4 de large.)
Cet arbre est originaire de la Cochinchine et du Camboge. Il croît
spontanément au nord de nos possessions cochinchinoises, à Rançon,
dans la province de Samrington, sur la rive droite du Mékong, et a
Giang-Ding dans l ’île de Pbuo-qiioc, dans des localités montagneuses où
M. P ie r re l’a vu exploiter et a récolté lui-même de la gomme-gutte sur
sa tige incisée. Son nom indigène est Vàug-nuà. Il a été planté dans des
ja rdins à Singapour et â Java, où il porte le nom de Roeng. Le latex s en
extrait, principalement au commencement de la saison des pluies, et tous
les deux ans ordinairement, â l’aide d ’une incision spirale à la base de
laquelle s’écoule en abondance le suc, qu’on reçoit dans des tubes de
bambou, où il se solidifie. Les tubes étant brisés, le produit apparaît sous
forme de cylindres, qui sont exportés par Bangock, Singapour, Saïgon.
Les masses de gomme-gutte recueillies et concrétées dans des récipients
beaucoup plus larges sont aujourd’hui relativement fort rares . Ce latex
est épais, visqueux, d’un ja u n e plus ou moins foncé; c’est une émulsion ;
par évaporation de l ’eau qu’il renferme, il laisse déposer une gomme-
résine. La résine forme les 70 ou 75 centièmes des gommes-guttes
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