
gardes de pavillon , pour fervir dans les ports & à
la mer auprès de fa perfonne. Voyc{ G a r d e s pu
PAVILLON.
Lorfque le grand amiral fait fon entrée dans un
port j il eft falué de toute l'artillerie du vaiffeau
portant pavillon amiral.
Le grand amiral eft choifi par le roi, entre les
mains duquel il prête ferment ; il eft reçu enfuite
au parlement. Il fut décidé à la réception de Yamiral
de Chatillon en 1551, que cette réception ne lui
donneroit pas le droit d'y prendre féance. Voye-ç
le Dictionnaire de J u r is pru d en c e .
Des vices - amiraux de France. Louis XIV en
retabliffant , par fon édit de 1669 la charge d'<z-
miral, comme nous l'avons dit, créa par le même
édit deux vice - amiraux , dont l'un appellé vice-
amiral du Levant 3 commande dans tous les ports &
dans] toute l'étendue de la méditerranée , fous
l'autorité 8c en l'abfence de l'amiral. L'autre,
qu'on nomme vice -amiral du Poneut, commande
de même dans les ports 8c toute l'étendue de l'Océan.
.
Ils rempliftent les fonctions du grand amiral ;
fls font chargés en outre de faire une étude particulière
de la mer, & de tout ce qui peut contribuer
à rendre la marine plus floriffante ; de
rendre compte au gouvernement des nouvelles
découvertes ; de lui propofer les plans qu'il eft j
néceffaire de lever, 8cc.
Les vice-amiraux jouiffent fur mer des mêmes
honneurs 8c des mêmes diftindtions que le grand
amiral 5 ils y exercent la même jurifdi&ion 5 ils
ont rang après les maréchaux de France. Quand
un vice-amiral meurt dans un port , les compa- -
gnies des gardes du pavillon 8c de la marine , 8c
toutes les autres troupes prennent les armes 8c
marchent à la tête de fon convoi ; s'il meurt en
mer, on tire dix-neuf coups de canon 5 s'il eft
maréchal de France , on tire un coup dé canon de
demi-heure en demi-heure jufqu'à fon enterrement.
Le roi s’eftréfervé, par l'ordonnance de 1681,
le droit de choifir les vice-amiraux j 8c c'eft entre
fes mains qu'ils prêtent ferment.
Du grand-amiral d‘Angleterre. La charge de
grand-amiral d'Angleterre donnoit autrefois à celui
qui la poffédoit, non-feulement l'entière dif-
pofition des affaires maritimes , tant au civil qu'au
criminel ; mais encore le droit de fe nommer un
vice-amiral 3 un contr amiral 3 8c d'accorder toutes
les commiffions de capitaines de vaiffeaux.
Cet office, fut d'abord connu fous le nom def
grand-amiral d’Angleterre , d’Irlande & <£Aquitaine f
enfuite fous celui de grand-amiral de la Grande-
Bretagne , d’Irlande , de leurs domaines &* ïfles , de
la ville de Calais Zf de fes Marches , de la Normandie
, de la Gafcogne & de l’Aquitaine, & de
fommandant général de là flotte & des mers defdits
royaumes.
jEn 1761 le roi noipma qmiral 8c commandant
en chef de toute la marine britannique ’, le lord
Anfon, premier lord de l'amirauté j il n'étoit
proprement que vice-amiral avant cette nouvelle
dignité.
Aujourd'hui cet office eft exercé par fept com-
miffaires, qu'on appelle lords de l’amirauté. Le
premier de ces lords eft le minittre de la marine >
fes appointemens font de 3000 liv. fterling , 8c
ceux des lix autres ne font que de 1000 liv.
C'eft fous leur autorité que s'exerce la jurifdic-
tion étendue , qui relevoit anciennement du feul
grand - amiral ; ils rempliffent toutes les fonctions
qui appartenoient à ce grand officier. ,
De l’amiral général de Hollande. Le Stadthou-
der eft amiral général des Provinces-Unies > cette
dignité lui donne le commandement général des
forces navales 8c des troupès de terre. Mais
comme il va rarement en mer, il y a quelquefois
un amiral-général lieutenant ; le célèbre Ruyter
fut amiral-général lieutenant. Chaque collège de
l'amirauté a fon lieutena.nt-amiral particulier ; fa-
voir , le lieutenant-amiral du Texef ou d'Amf-
terdam, celui de la Meufe ou de Rotterdam ,
celui de Zélande, celui de Frife 8c celui de la
Nord-Hollande. Chacun de ceux-ci commande
l'efcadre de fon collège fous l’amiral-général ou
fon lieutenant.
L‘amiral général des Provinces-Unies eft le chef
de tous les collèges de l'amirauté;, il y préfide
lorfqu'd eft fur les lieux; en fon abfence, fon
lieutenant-tf/7zir<2/ a le droit de piéfîder par-tout
où il fe trouve.
Du vaiffeau amiral. On nomme ainfile vaiffeau
qui eft monté par l'amiral. Il porte un pavillon
quarré au grand mât, 8c quatre fanaux en poupe.
Le vaiffeau monté par l'amiral eft ordinairement
plus beau-, plus fort 8c plus grand que \t's
autres.
On appelle auffi amiral le principal vaiffeaû
d'une, flotte quelconque.
Lorfque deux vaiffeaux, commandés, par des
officiers de même grade , fe rencontrent dans Un
port, celui qui arrive le premier a les prérogatives
8c la qualité d’amiral ; 8c celui qui arrive
après , quoique plus grand 8c plus fort, n'eft que
vice-amiral.
Cet ordre s'obferve parmi les bâtimans qui
vont a la pêche fur le banc de Terre - Neuve j
celui qui arrive le premier prend la qualité d'à-
mirai, 8c il la garde durant tout le temps de la
pêche ; il porte le pavillon au grand mât, donne
les ordres , affigne les places pour pêcher à ceux
qui font arrivés après lui, 8c règle leurs con-
tellations.
Amiral d'un convoi de vaiffeaux marchands. On
donne ce nom à celui des vaiffeaux qu'ils choi-
fiffent comme le plus fort 8c le plus en état de
les défendre ; ils fe mettent pour le voyage fous
fa conduite- 8c fes ordres. Voye^ le Di&ionnairc
de Marine.
AM IR A U T É
AMIRAUTÉ , bureaux & cours de ! AMIRAUTÉ.
Voye^ le_ Dictionnaire de J u r is p r u dence.
AMITIÉ POLITIQUE. Il ne faut pas croire ,
que le principe 8c les effets de l’amitié politique
des cabinets foient les mêmes que ceux At Y amitié
mora.Jfcformée entre des particuliers. Celle-ci naît
foudènt d'un rapport heureux de caractère, de
goût , d'inclinations , d'une efpèce de fympathie ,
d'une eftime mutuelle 8c de plufîeurs autres cau-
fcs qui dérivent des qualités perfonnelles : on ne
doit pas attribuer la première à de - femblables
motifs. Il eft rare que les fouverains fe connoiffent
perfonnellement ; 8c, lorfqu'ils fe connoiffent, il
eft plus rare encore qu'ils s'aiment. Mais, fuppofé'
qu'il y eût entre quelques, fouverains aétuels cette
fympathie amicale, leurs fucceffeurs 8c leurs mi-
niftres auront-ils les mêmes difpofîtions ? Chacun
fait aujourd’hui que Y amitié politique Hes princes
n'a d'autre principe que. Y utilité 8c Y intérêt 3 8c
qu'elle s'évanouit dès qu'il eft queftion d'un fa-
crifice.
Voilà pourquoi les écrivains politiques dillin-
guent les amis naturels dits amis forcés > ils donnent
le nom d'amis naturels aux puiffancesqui font
liées naturellement d'intérêts, qui ne fe propo-
fent pas, il eft vrai, le même but dans leur fyf-
têrne , ou plutôt qui ne cherchent point à y
parvenir par les mêmes voies , mais qui, n’ayant
pas entr'elles de rivalité permanente,.trouvent un
avantage fenfîble à concourir à leur profpérité
réciproque. Ils appellent amis forcés les peuples
rivaux qui coiireht la même carrière , qui ne peuvent
s'agrandir qu'aux dépens l'un de l'autre , 8c
qui, malgré çe.tte diverfité de vues 8c d'intérêts,
fe voient contraints ? par les circonftances, de
former entr'eux des liaifons d'amitié. C'eft un
intérêt momentané qui produit ces liaifons , 8c
elles ne fubfiftent plus dès que la face des affaires
a .changé. Voye% l’article Alliance.
L'utilité eft donc la bafe de toutes les liaifons
d’amitié que les fouverains forment-entre eux , 8c
ce motif eft jufte 8c raifonnable , s'il nepaffepas
des bornes que nous indiquerons ailleurs. Les
auteurs, à qui ce principe a paru trop vil, ont
voulu fafciner les yeux du public par un beau
nom, 8c ils ont inventé celui de raifon d'état 3
terme ambigu qui a trop fouvent fervi de voile aux
opérations les plus odieufes ; il n'y a 'guères de
mot auffi fameux dans la politique que celui-ci.
Les miniftres l'ont mis au rang des fecrets de
l’état, 8c l’ont foigneufement renfermé dans les
cabinets. Les dofteurs 8c les gens de lettres fe
font donné la torture pour le définir 8c l'expliquer.
Gn a vu paroître, dans toutes les langues,
une multitude d’ouvrages qui traitent de Ra-
tiorie ftatûs , de Religions politica , 8cc. Un auteur
célèbre en Allemagne, qui s’eft caché feus le nom
di’Hippolitus a Lapide (1) , en donne cette définition.
« La raifon d'état eft une confédération po-
»> litique, qui fqrt de règle pour diriger toutes
les mefures 8c toutes les actions du gouverne-
« ment , afin qu’elles atteignent d'autant plus
» promptement 8c plus heureufement au but fu-
» prême , qui eft le falut 8c l’agrandiffement de
» l'état a?. V’oyei Raison d'état.
- C’eft ainfî qu'on a prefque toujours traité d'une
manière vague 8c fauffe les queftions de l'économie
politique ; ne valoit - il pas mieux dire Amplement
que la raifon d’état eft l'intérêt de la nation,
bien ou mal entendu ; qu'elle change avec la
fituation intérieure d'une nation 8c le fyftême général
de. l'Europe. Cette maxime adoptée par
toutes les puiffances anciennes 8c modernes ,
le falut &* le bonheur du peuple doivent être la fu-
prême loi , eft le feul principe de l'amitié des
fouverains 8c des bons offices qu'ils fe rendent
mutuellement. Voye^ les Institutions politiques du
baron de Bielfeld.
AMNISTIE, f. f. C’eft un oubli 8c un pardon
général de toutes les offenfès paffées ; il fe dit
du pardon qu'un fouverain accorde à fes fujets
après une révolte ou un foulevement.
Nous renvoyons au Dictionnaire de Jurifpru-
dencé , qui explique l'origine de ce mot 8c les
différentes elpèces A’amniftie,
AMORTISSEMENT. Voye^ le Dictionnaire
de Jurifprudence 8c celui des Finances.
AMORTIR , v. aCfcif. lignifie éteindre , faire
ceffer.
On amortit.une rente, une penfion par le rem-
bourfement du capital. On amortit un héritage en
rachetant les droits dont il étoit chargé, 8cc.
L * amortiffement eft l’anéantiffement de certains
droits , 8c le prix attaché à cette libération.
Sous une acception particulière , lorfque le
fouverain' permet aux gens de main - morte ,
tels que le clergé , les communautés , les confréries
, 8cc. d’acquérir 8c de pofféder des immeubles’,
ce qu'ils ne pourroient faire fans cela,
la permiffion qu'il leur en donne eft une concef-
fion d’amortiffement 3 parce qu'en déclarant ce s
immeubles inaliénables dans leurs mains, elle les
rend comme morts pour le commerce, 8c non fujets
à l'avenir aux droits de tout genre , qu'on
auroit perçus fur ces immeubles à chaque mutation.
Cette permiffion qu'on ne donne aux gens do
main - morte que par lettres patentes, appellées
lettres cl amortiffement, ne leur eft accordée que
;( 1 ) Dans Ton ouvrage intitulé : DiJJertatio de ratione flutûs
; iegomènes.
ffficon. polit( & diplomatique. Tom. I.
in Imÿcrio nofiro romano - germamco , fcû. II, d« Pro*.
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