
vilèges 3 & elle ne fait pas mention de l'empereur
Alberr'1, qui ayoit, dit-on , 1e projet de les
foumettre avec une grande partie de l'Helvetie ,
aux fiefs & aux domaines de fa maifon. Comme
l'objet de leur confédération étoit de fe maintenir
dans la prérogative de relever dire&ement de T Empire
3 l'obéiffance envers l'Empire & fon chef fut
exprefiement réfervée j ils réfervèrent en outre, les
droits que des feigneurs particuliers poffédoient ,
à titres légitimes, dans l'enceinte des trois pays,
faut les cas où ces feigneurs fe trouveroient en
guerre avec les communautés. Pour prévenir leur
propre défunion , ils promirent de ne former-
-d’alliances, de n'entamer même de négociations
avec d'autres que d'un confentement général ,
de ne reconnoître aucun maître , c'eft-à-dire ,
aucun chef de l'Empire , que d'un accord unani- '
me. Ils déterminèrent une forme d'arbitrage fur
les différends qui pourroient s'élever entre les communautés
, en permettant à la partie neutre d'employer
la force contre celle qui voudroit s’y fouf-
traire. Les articles pofitifs de leur traité d'union
fe rapportent aux abus particuliers , contre lefquels
ils s'étoient fi juftement révoltés , à l'introdu&ion
des juges étrangers, à Tufurpàtion d'un juge fur
le r effort d'un autre, & à l'impunité que la conduite
arbitraire des officiers autrichiens, &, avant !
leur établiffement, la vacance des-places de juges, j
affèéfée par l'empereur A lbert,a voit intrôduite.Cette
première ligue eft appeîlée Y alliance dés trois Waîd-
fi&tt y ou cantons forêtiers.
Lucerne accéda à cette ligue en 1332, à Toc-
cafion d'un complot formé par lè parti autrichien,',
qui, pour prévenir cette union , vouloit fe rendre
maître de la ville. Voye^ l'article L u c e r n e . On
appelle ce traité Xalliance des quatre Waldft&tt, Ses
articles font à-peu-près les mêmes que ceux du précédent.
Lueerne y réferva également les droits légitimes
des ducs d'Autriche & fes propres privi-
lèges-Les parties s'engagèrent à s'entre-fecourir aux
frais des auxiliaires, fi-tôt que la pluralité des membres
d'une communauté, auroit réclamé le fecours
des alliés.
Un événement femblable, les mêmes ennemis ,
les mêmes intérêts produifirent l'acceffion de Zu-
ric. Il s'étoit fait dans le gouvernement de cette
ville une-révolution , par laquelle les tribus bour-
geoifés .obtinrent une plus grande influence' dans
l'adminiftration publique. Quelques magiftrats exi- '
lés fe liguèrent avec la noblefie voifine, jaloufe
par état de Taccroiffement de touf pouvoir populaire
, & fure au moins de l'appui des ducs d'Autriche.
Une confpiration dangereuse, qui ne fut
connue que dans l’inftant même où fon exécution
échoua, ne férvit qu'à fortifier la haine des citoyens
contre des ennemis perfides. Le fentiment
de leur foibleffe porta les zuricois à- rechercher ,
& les Waldftætt à accorder avec le même empref
fement une union plus étroite & plus folemnelle.
Dans ce traité, conclu en 1351, nous obfervons
déjà une différence feftfible ,' & par rapport au
but, & de ns les termes de l'alliance. Les zu>
ricois fe réfervent, non-feulement leurs privilèges
& leurs engagemens antérieurs d'alliance & de
combourgeoifie, mais réciproquement avec leurs
confédérés, le droit de former de nouvelles alliances
, pourvu qu'elles ne dérogent en rien à l'union.
Ils fe font en même-temps garantir par leurs
allies la forme aCtuelle de leur gouvernement. Juf
, qu'ici l'obligation auxiliaire étoit bornée par les
j limites des pays confédérés ; la fituation ifolée de
Zuric n'admettoit point cette reftriCrion ; l'hori-
fon de la ligue fut confidérablement étendu $ il
embraffa tout le pays fitué entre les frontières de
la Rhétie & le cours de la Thour, de l'Aar 8c
du Rhin. Dans cette enceinte, les alliés dévoient
fe fecourir à leurs propres dépens, & même lors
d'une attaque fubite, avant d'être appellés. Les
villes, en cas de fiége , furent chargées de payer
le fecours d'une garnifon. Les parties contractantes
fe promirent de ne point permettre à leurs
fujets de citations , pour des eaufes civiles.,
devant les juges eccléfiaftiques. L'obligation de
faifir par-tout ceux qui auroient léfé un confédéré,
lors même que le délit feroit arrivé hors de l'enceinte
de la ligue, offre une claufe remarquable.
On ne fe propofoit fans doute, dans cet engagement
de reprefailles ,i que de mettre les particuliers
, à couvert de la vengeance d'une noblefie peu accoutumée
à refpeCter le droit des gens j mais il
faut avouer que dans les temps poftérieurs, après
les fuccès de leurs premières guerres, les fuiffes
, ont abufé quelquefois de ce principe, pour faire
des prifes d'armes auffi partiales qu'imprudentes..
L'abbaye des Hermites, dansle canton de Schwitz*
fut choifie pour le rendez-vous des arbitres x ap-
pellés à juger des difficultés qui pourroient naître
entre Zuric & les Waldftætt. On s'engagea à re-
nouveller le ferment de cette union tous les dix ans*
mais l'omiffion de cette folemnité ne devoit.point
porter atteinte à la perpétuité de l'alliance. Les
confédérés cédèrent le premier rang à la ville de-
Zuric j depuis cette époque,, elle a toujours été
regardée comme le chef de' la ligue des fuiffes ,
par le- dépôt qu elle conferve de la correspondance
& des a êtes qui concernent tout le corps, helvétique.
Pendant la-guerre, qui ne tarda pas à éclater
entre le parti autrichien & les Confédérés, les
troupes de Zuric & des trois Waldftætt entrèrent
en Æfââ dans le- pays de Glaris, qu'opprîmoient
les dues d'Autriche. L'ordre & la conftitution populaire
furent rétablis dans ce petit pays par fés
libérateurs. Voye£ G l a r i s . Les quatre cantons
reçurent les habitans dans leur- ligue. La ville de
Zoug fit quelque réfiftance aux troupes de Zuric,
de Lucerne & des trois Waldftætt $ mais,, délaif-
féè par les 'ducs , elle- fe fournit, à l'exemple du
pays yoifîn. Soit que les confédérés ne fe fentif
fent pas a-ffez forts pour conferver des conquêtes,
ou qu'ils n'en eufifent pas encore rambition, les .*
cinq cantons /admirent à leur alliance | la ville
& le pays de Zoug , la même année 1352.
La défénfe faite aux nouveaux confédérés .de
prendre d'autres engagemens, & , la prérogative
réfervée aux. premiers cantons , de pouvoir
feuls.changer les articles de l'alliance, rendirent
inégales les conditions de ces deux traites.
Cette diftinétion a été abolie dans la fuite. Les
droits légitimes des ducs furent réfervés dans ces
traités, & , par l'accommodement qui termina la
guerre, on leur reftitua les fiefs & ..Les revenus,
qui leur appartenoient. Mais l’alliance fut conservée
, fous la prorheffe des anciens confédérés, de
ne plus recevoir dorénavant, dans leur union, les .
fujets de la maifon d'Autriche.
Sur ces entrefaites, la petite république de Berne
combattoit, dans une autre partie de l’Helve-
îie, avec des fuccès heureux. Cette ville ;n'exif-
toit que depuis cent foixante ans ; elle étoit gouvernée
par une ariftocratie naiffante, à la tête de
laquelle fe trouvoient des familles nobles réunies
par la néceffité de fe défendre contre l'ambition
des comtes de Kibourg, qui foutenoient encore
les princes d'Autriche. Quoiqu'elle eût agi fur un
plan différent, elle fe trouvoit dans un^rapport de
circonftances, qui devoit refferrer fes liaifons avec
les confédérés. Déjà , en 1323 , la ville de Berne
& les trois Waldftætt avoient conclu une. alliance
défenfive, que des députés, munis de pleins pouvoirs,
avoient jurée d'une manière folemnellé. Elle
dut en- grande partie, au fecours de ces alliés , la
victoire remportée près de Laüpen , en 1339 ,
contre la ligue de la haute noblefie. Un différend-
avec le pays d'Underwalden , dont Berne fournit
la décifion aux deux autres Waldftætt, la détermina
à former une union perpétuelle avec les trois
pays, en 135-3. Ce tra^ ^xa un ^€U con^"
rence, dans un village près des confins de l'Under-
. walden, pour y difeuter par députés, ou décider
par arbitres les intérêts réciproques. Les deux
parties s'engagèrent à faire des diverfions dans les
guerres que l'une ou l'autre auroient g foutenir.
Si l'une des parties réclamoit des forces auxiliaires
, après avoir réglé ce fecours dans une conférence
,, les troupes dévoient être à la folde de la
partie appellante, dès leur arrivée à Underfeen,
petite ville fur l'Aar, au-deffus du lac de Thoun.
En cas de fiège, la ville de Berne devoit fuppor-
ter tous les frais, de même que les Waldftætt, fi
des forces majeures les tenoient refferrées dans leurs
. confins ; mais pour les expéditions en terre ennemie
, chaque allié devoit armer à fes dépens. Le
. traité réfervoit en faveur. de l'Empire , les libertés
Depuis cette époque jufqu'en 1481, le nombre
des peuplades réunies par cette ligue n'a pas été
Augmenté. Nous employerons quelquefois le terme
de cantons pour défigner ces petits peuples confédérés,
& privilèges de chaque membre de l'alliance,
& les engagemens antérieurs jufqu'à leur expiration.
Les villes de Zuric & de Lucerne promirent
. à la ville de Berne, & celle-ci réciproquement aux
deux premières, par des déclarations' particulières,
de fe fecourir fur l'appel qui leur feroit fait par
tes trois Waldftætt.
quoiqu'il ne fût pas encore connu à cette
époque, & que même il n'ait jamais été adopté
dans le ftyle du droit public des fuiffes. -Après
quelques réflexions fur cette première ligue ,
nous continuerons la narration abrégée de fes
progrès.
On voit , par ce que nous venons de rapporter,
qu'on ne doit point confidérer la ligue des fuiffes
comme un fyftême politique d'une conftitution réfléchie
, nationale & tendante à l’indépendance ;
ce n'étoit pas même une confédération uniforme 8c
égale. Les trois Waldftætt, U ri, Schv/itz & Under-
walden en étoient le centre. Etroitement unisenfem-
ble, ces trois pays ne repréfentoient qu'une feule
partie, pour ainfi dire, dans tous cçs traités d'union,
dont ils ayoient donné les premiers le courageux
exemple. Plufieurs des cinq autres cantons, leurs
alliés immédiats, ne formoient entr’eux qu'une ligue
indire été, au moyen de ce chaînon commun
auquel ils étoient tous attachés. Ce lien fuffifoit à
une confédération qui, ne tendoit point à acquérir
de /nouveaux droits , mais à conferyer les anciens,
& qui, quoiqu'indéfinie pour fà durée, n'étoit
que provifionnelle*, & devoit feulement fervir de
fauve-garde contre des entreprifes qui pouvoient
fans ceffe renaître.
Il ne paroît pas , nous le répétons, que les
confédérés aient cherché alors à dépouiller les
ducs d'Autriche 8ç leurs adhérens d'aucun titre
légitime, en repréfailles des ufurpations tentées
par ces princes. Ils fe contentèrent d'une garantie
des droits des communautés, de leurs coflftitu-
tioiis publiques, des loix civiles , des franchifes
municipales, féodales & individuelles 5 tous les
vaffaux & tous ceux qui reffortiffoient à ces petits
états confédérés, jouirent, au moyen de cette
garantie, pour leur fureté perfonnelle & pour celle
de leurs propriétés, de la protection des forces
réunies de la confédération.
Ces conférences fur les frontières, preferites
par les alliances , nous offrent la première origine
des diètes helvétiques. On appelloit ces conférences
tagen, journées j de-là vient le terme de ta-
gleiftuhg 3 par lequel on défigne encore aujourd'hui
les diètes des fuiffes. Ce feroit une grande erreur
d'envifager ces conférences comme des congrès
formés par les repréfentans des divers membres de
la ligue , pour délibérer fur les intérêts communs
des peuples confédérés. Elles n'étoient point fixes
1 alors pour le temps, & elles ne défignoient point
les fujets qu'on devoit y traiter j les divers traités
défignoient différens lieux de conférence entre les
divers alliés. Cet établiffement n'avoit d'autre but
que de préparer des négociations importantes pour
abréger la correfpondance, & pour prévenir des
fujets de brouifterie. Le feul point de vue fou«
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