
ce femble, tirer un grand avantage d*une fi heu-
reufe pofition.
Les anglois fe font emparés un moment deTrîn-
quemale durant la guerre qui vient de fe terminer ;
& le s françois, commandés par M. de Suffirent
les ont chaffés de ce pofte , & ils font gardé juf-
qu’ au retour de la paix. Il eft vraifemblable que
ces petites révolutions ont changé en quelque chofe
le gouvernement du pays ; mais ces détails ne font
pas arrivés jufqu’ à nous. Au refte , le dernier traité
de paix a rétabli les hollandois à Trinquemale 3 8c
ils fuivent vraifemblablement aujourd'hui le régime
d’adminiftration qu’ils avoient fuivi jufqu’ alors.
A Ceylan, beaucoup plus encore que dans le
yefte de l’Inde , les terres appartiennent en propriété
au fouverain. Lors même que cette propriété
générale du fouverain feroit fufceptible de plufieurs
modifications, ce fyftême eft deftruéteur , 8c il a
eu ici les fuites furteftes qui en font inféparables.
Les peuples y vivent dans l’ina&ion ; ils habitent
des cabanes ; ils n’ont point de meubles j ils vivent
de fruits ; & les plus aifés n’ont pour vêtement
qu’une pièce de groffe toile , qui leur ceint le milieu
du corps. S’il faut donner aux hollandois des
confeils utiles fur des matières où les peuples ne
femblent vouloir jamais écouter que l’intérêt, du
moment, qu’ils faffent ce qu’on peut reprocher à
toutes les nations qui ont établi des colonies en
Afie 3 de n’avoir jamais tenté ; qu’ils diftribuent
des terreins en propre aux familles. Elles oublieront
, elles dédaigneront peut-être leur ancien fbu-
verain ; elles s’ attacheront au gouvernement 3 qui
s’occupera de leur bonheur; elles travailleront 3
elles confommeront. Alors l’ifie de Ceylan jouira
.de l’opulence à laquelle la nature l’a deftinée. Elle
fera à l’abri des révolutions 3 & en état de fou-
tenir les établiffemens de Malabar & de Coromandel,
qu’ elle eft chargée de protéger.
. C H A M ou K H A M , K A N . Voye? K h am .
CH AM B E L L A N . Voye-^Xt Dictionnaire de Ju-
rifprudence.
CH AM B R E A PO STO L IQ U E . V . le même
Dictionnaire.
C h am b r e des communes & C h am b r e
des p a ir s . Voye\ l’ art. A n g l e t e r r e .
C h am b r e im p é r ia l e , tribunal de l’empire
germanique. Voye% l’article A llemagne de ce
Dictionnaire , & l’article C h am b r e im p é r ia l e
du Dictionnaire de Jurifprudence.
C h am b r e des m on n o ie s de H o l lan d e .
Voyei le Dictionnaire de Jurifprudence.
C h am b r e p r iv é e en Angleterre. Voye% le
même Dictionnaire.
C h am b r e s r o y a l e s en France. Voye^ le
même Dictionnaire. C e Dictionnaire offre tous les
articles qu’on peut defirer fur le mot chambre.
CHAM BRIER D E FR A N C E . Voy. le même
Dictionnaire.
CH AM P DE MARS. Anciennes affemblées du
f hamp de Man en France. Voye^ le même Di CL
CH AM P A G N E . C e qui regarde l’hiftpire politique
de cette province de France, & 1 epoque
de fa réunion à la couronne fe trouvent dans le
Dictionnaire de Jurifprudence.
CH A N C E L IE R . Voye.i ce mot fous fes di-
verfes acceptions dans le Dictionnaire de Jurifpr.
C H AN CELLERIE. f Voye^ auffi ce mot fous
fes diverfes acceptions dans le même Dictionnaire.
CH A N D E R N A G O R , ville des Indes dans le
Bengale, fur la rivière d’Ougli, appartenant aux
françois.
Le port de Chandernagor, quoiqu’un peu dominé
au côté de l’oueft , eft excellent, 8c 1 air y
eft aufti pur qu’il peut l’être fur les bords du Gange.
Cette v ille, qui comptoir ci - devant environ
6o mille âmes, n’ en a pas aujourd’hui la moitié.
C ’ eft 8c ce fera toujours un lieu entièrement ouvert
, quoique fon entretien, coûte trois cens cinquante
mille roupies, 8c que fon revenu nefoitque
de trente mille. La France s’eft obligée, par le traite
de 1763 , à ne point y ériger de fortifications, &
à n’y entretenir aucunes troupes réglées , non plus
que dans le refte de cette riche 8c vafte contrée.
Les anglois q u i, fous le titre modefte de fermiers ^
y exercent la fouveraineté, ne permettront jamais
qu’on s’écarte de cette dure loi’ qu’ils ont impofee.
A ce malheur d’une fituation précaire , fe joignent
desvexations de tous les genres. Peu contens
des préférences que leur affure une autorité fans
bornes, les anglois fe font portés à des excès crians.
A leur inftigation-, les naturels du pays ont infulte
les log£s françoifes. Ils en ont fait enlever les ouvriers
qui leur convenoient. Les toiles deftinees a
la compagnie de France, ont été déchirées fur le
métier même. Il a été publiquement ordonne a
toutes ces manufactures de ne travailler que pour
eux pendant trois mois. Leurs cargaifons, qui deviennent
tous les jours plus confidérables , doivent
, difent-ils, être choifies & complettées avant
qü’on ne puiffe rien détourner des atteliers. On a
forcé le fouba de défendre aux particuliers des
autres nations de faire aucun commerce, quoique
toutes les capitulations leur en euffent afliiré le
droit. Le projet imaginé par les françois & les
hollandois réunis, de faire un dénombrement exaCt
des tifferands & de fe contenter enfemble de la
moitié , tandis que Langlois jouiroit feul du refte ,
a été regardé comme un outrage. C e peuple dominateur
a pouffé fes prétentions jufqu’à vouloir
que fes fadeurs puffent acheter dans Chandernagor
même, & il a fallu fe plier à cette hauteur, pour
ne fe pas voir exclu des marchés de tout le Bengale.
En un mot , il a abufé au dernier point de
Linjufte droit de la vi&oire. ^
Les moyens que les employés de la France mettent
en ufage pour lutter contre tant de difficultés
, font affurément très-fages. Us ont réforme les
marchands indiens, avec lefquels on contractait à
des conditions énormes, & leur ont fubftitué des
hommes de confiance qui foumiffent les marchai*
difes au prix de* manufactures, moyennant une
commiftion de trois pour cent. Ils ont cherche a
diminuer les vexations & à remplir les ordres qui
leur venoient d’Europe, en achetant des chefs memes
des comptoirs anglois ? une partie de ce qui
devoit entrer dans leurs envois. Malgré ces précautions
, les cargaifons qui arrivent en France font
chères, foibles, tardives, de mauvaife qualité ; &
tant que les anglois feront les maîtres de Calcutta
& du Bengale, cet établiffementne nous fera jamais
avantageux. ?
Chandernagor a été pris par les anglois durant la
guerre .qui vient de fe terminer, mais ils l’ont rendu
a la paix; & il faut attendre que les arrangemens
ordonnés par le miniftre de la marine touchant cette
factorerie, foient connus. Voye^ l’ art. Ben g ale.
8c l’ art. P on d ich e r ÿ .
C H A N G E . C e mot a diverfes acceptions;
mais nous ne parlerons ici que du commerce
d’argent, qui fe fait de place en place par le
moyen des lettres de change; 8c en renvoyant
au dictionnaire du commerce pour ce qui regarde
les détails du change, nous traiterons cet article
d’une manière plus générale. Le chapitre de Mon-
tefquieu fur le change offre des principes exaCts,
lumineux, & il feroit difficile d’ajouter quelque
chofe aux idées' de ce grand homme.
C ’eft l’abondance & la rareté relative des monnoies
8c du pays, qui forme ce qu’on appelle le change.
Le change fixe la valeur aCtueîle 8c momentanée
des monnoies, ou l’efcompte du papier qui
entre dans le commerce.
L ’argent, comme métal, a une valeur comme
toutes les autres marchandifes ; & il a encore
une valeur qui vient de ce qu’il eft capable de
devenir le ligne des autres marchandifes : s’il
n’étoit qu’une fimple marchandife, il ne faut pas
douter qu’il ne perdît beaucoup de fon prix.
L ’argent, comme monnoie, a une valeur que
le prince peut fixer dans quelques raports, 8c
qu’il ne fauroit fixer dans d’autres.
i ° . Le prince établit une proportion entre une
quantité d’argent comme métal, & la même
quantité comme monnoie. z°. Il fixe celle qui
eft entre divers métaux employés à la monnoie.
30. Il établit le poids 8c le titre de chaque piece
de monnoie. Enfin, il donne à chaque piece une
valeur idéale. J’appellerai la valeur de la monnoie
dans ces quatre raports valeur pofltive,
parce qu’elle peut être fixée par une loi.
Les monnoies de chaque état ont de plus
une valeur relative , dans le fens qu’on les compare
avec les monnoies des autres pays_ : c’eft
cette valeur relative que le change établit. Elle
dépend beaucoup de la valeur pofitive.^ Elle eft
fixée par i’eftime la plus générale des négocians,
8c ne peut l’être par l’ordonnance du prince ,
parcequ’elle varie fans ceffe & dépend de mille
■ circonftances.
Pour fixer la valeur relative, les diverfes nations
fe régleront beaucoup fur celle qui a le
plus d’argent. Si elle a autant d’argent que toutes
les autres enfemble, il faudra bien que chacune
aille fe mefurer avec elle ; ce qui fera
qu’ elles fe réglerônt à peu près entre elles, comme
elles fe font mefurées avec la nation principale.
Dans l’état aCtuel de l’univers, c’eft la Hollande
(1) qui eft cette nation dont nous parlons.
Examinons le change par rapport à elle.
Il y a en Hollande une monnoie , qu’on appelle
un. florin : le florin vaut vingt fous , ou
quarante demi fous, ou gros. Pour fimplifier les
idées, imaginons qu’ il n’y a point de florins en
Hollande, 8c qu’il n’y a que des gros : un homme
qui aura mille florins, aura quarante mille gros,
ainfî du refte. O r , le change avec la Hollande,
confifte à favoir combien vaudra de gros chaque
pièce de monnoie des autres pays ; & comme
l’on compte ordinairement en France par écu
de trois livres, le change demandera combien un
écu de trois livres vaudra de gros. Si le change
eft à cinquante quatre, i’écu de trois livres vaudra
cinquante quatre gros ; s’il eft à foixante,
il vaudra foixante gros; fi l’argent eft rare en
France, l’écu de trois livres vaudra plus de
gros ; s’il eft en abondance, il vaudra moins de gros.
Cette rareté ou cette abondance d’où réfulte
la rareté du change, n’eft par la rareté ou l’abondance
réelle ; c’ eft une rareté* ou une abondance
relative : par exemple, quand la France a
plus befoin d’avoir des fonds en Hollande, que
les hollandois n’ont befoin d’en avoir en France,
l’argent eft appelle commun en France, & rare
en Hollande, & vice versa.
Suppofons que le change avec la Hollande
foit à cinquante quatre. Si la France & la Hollande
ne compofoient qu’une ville, on feroic
comme l’on fait quand on donne la monnoie
d’un écu : le françois tirerait de fa poche trois
livres, 8c le hollandois tirerait de la fîenne cinquante
quatre gros. Mais comme il y a de la.
diftance entre Paris & Amfterdam, il faut que
celui qui me donne pour mon écu de trois livres
cinquante quatre gros qu’il a en Hollande, me
donne une lettre de change de cinquante quatre
gros fur la Hollande. Il n’eft plus ici queftion
de cinquante quatre gras, mais d’une lettre de
cinquante quatre gros. Ainfî, pour juger (z ) de
' (O Let hollandois règlent le change de prefque toute l’Europe, par une efpèce de délibération entt’eux, félon qu’il
Convient à leurs intérêts.
U) Il y a beaucoup d'argent dans une place, lorfqu’il y a plus d'argent que de papier; il y en a peu, lorfqu’il y a plu.
de papier que d’argent* ^