
particulières des grifons avec les fujets autrichiens
, leurs voifrns , les attachèrent aux confédérés
fuiiTes , au moment où la guerre de Suabe
alloit éclater. La ligue grife forma la première
avec fept des anciens cantons , celui de Berne, n'y
étant pas compris, une alliance défenfive : cette
alliance eft de 1497. Un an après, la ligue caldée
fuivit cet exemple. Celle des dix Droitures a demandé
la même faveur en 1567 > mais les cantons
repondirent,feulement que', dans l'occafion, ils
fe conduiroient envers eux en bons amis & voi-
lins. Les proteftans attribuent à un efprit de parti
religieux, le refus donné en 1701 aux trois ligues
des grifons, qui demand’oient à être admis à la
confédération helvétique. Mais peut-être les conf-
titutions particulières de ces peuples, 8c le fou-
venir des défordres qu'elles ont fouvent produites,
préfentoient-elles aux cantons des motifs déter-
minans, pour ne pas s'empreffer à entrer avec eux
dans des liaifons plus étroites. Les grifons, par
les incurfions qu'ils firent dans la Lombardie, en
même-temps que les fuiffes, y acquirent des pof-
feffions importantes , qui furent dans la'fuite des
fujets de divifîons 8c de guerres pour eux. La Val-
teline, le comté de Chiavenna 8c celui de Bormio
leur ont été cédés par le traité de paix avec François
I , qui a affûté aux cantons la propriété de
leurs conquêtes. Au relie, la république des grifons
a prefque toujours traité , pour fon propre
compte, avec les puiffances étrangères. Elle a fes
conventions particulières avec la maifon d'Autriche
J fes capitulats avec , le duché de Milan j fes
alliances avec la France, avec lespapes, avec
l'état de Venife. Elle a auiTi formé une alliance
féparée, en 1600, avec la république du Vallais 5
en 1608 avec celle de Berne , 8c en 1707 avec
celle de Zuric. Des délibérations lentes , prefque
jamais unanimes ; des réfolutions incertaines, effet
d'uneconftitution populaire, empêchent les trois
ligues de s'intéreffer aux affaires politiques de leurs
alliés , 8c ont fouvent rendu inutiles les bons offices
de ces derniers , dans des temps d'oppreffion
8c de troubles. Voyeç l'art. Grisons.-
Le Vallais préfenté de même un corps politique,
çompofé de plufieurs petites démocraties féparées,
appellées dizains, qu'une confédération étroite 8c
une adminiftration fommaire pour leurs intérêts
communs réunifient. L'évêque de Sion eft, à plufieurs
égards, le chef de cette république. Dès
l'an 12 jo, elle a fait des traités , 8c elle a eu des
démêlés fréquens avec le canton de Berne. En
1416 8c 1417, trois dizains du Vallais établirent
une combourgeoifie avec Lucerne , Uri 8c Under-
v/alden, & en 1473 tout le pays fit un traité d'alliance
perpétuelle avec ces trois cantons 8c celui
de Schwitz. Les vallaifans fournirent des .troupes
auxiliaires aux fuiffes dans la guerre de Suabe, 8c
eurent part à quelques expéditions en Lombardie. -
Upur alliance avec tous les cantons catholiques ,
popr % 4é£çofe de la foi, eft dç 153.8. Cet engagement
s*eft trouvé fouvent en oppofîtion avec
l'alliance, qui fubfifte toujours entre la république,
du Vallais & le canton de Berne, renouvellée en
différais temps, depuis 1448 jufqu'en 1618. D'après
le même engagement, ils ont été admis à
diverfes alliances des cantons catholiques avec les
puiffances voifines. De leur côté, ils ont fait des
traités particuliers aveé la maifon de Savoie, avec
la France dès l'an 1500, avec la république des
grifons en 1600. Ainfi que ces derniers , ils ne
font invités aux diètes fuiffes que dans les cas qui
les intéreffent particuliérement. Voye^ l'article
V ALLAI à.'
Les difputes entre la bourgeoifie de Genève. 8c
fes évêques, aidés des princes de Savoie, éclatèrent
peu de temps avant que l'entière défaite du
duc Charles de Bourgogne eût infpiré aux deux
villes de Berne 8c de Fribourg des projets de conquêtes
5 les fecours donnés à ce prince par les
comtes de Romond, de la maifon de Savoie ,
fourniffoient un prétexte plaufible à Berne 8c à
Fribourg. Ce rapport de vues 8c d'intérêts préparait
des liaifons entre les trais villes. Les gérté-
vois déterminèrent leur évêque à s'allier ayeG
Berne & Fribourg , en 1478. De nouvelles entre-
prifes fur leurs franchifes firent établir une com-
bourgeoifie particulière avec Fribourg, en 1517 5
le duc de Savoie parvint à lâdiffoudre; mais les
mêmes allarmes continuant, elle fut renouvellée
eiî 1526 , entre Berne, Fribourg 8c Genève. La
république de Fribourg, mécontente de n'avoir
pu réuflir à détourner les génévois de la réfor-
mation, y renonça encore en 1533. L'alliahce
avec Berne , au contraire, fut rendue perpétuelle
en 1558, & la république de Zuric y accéda en
1584} mais l'indépendance de Genève avoit encore
befoin de l’appui de la France. La république
de Genève fut comprife dans un traité particulier
de cette puiffance avec les cantons de Berne
8c de Soleure, en 1579 , auquel Zuric accéda en
1602. Henri IV mit le fceau à fa protection en
faveur de Genève, en la comprenant dans fes.
traités de paix avec le duc de Savoie, en 1599
8c 1601. C'eft d'après ces traités que la cour de
France 8c les deux états de Zuric 8c de Berne
font devenus les médiateurs dans les divifîons
furvenues entre les citoyens de Genève, & les garants
de la conftitution intérieure de la république.
C'eft en vertu de l'alliance avec Zuric 8c
Berne, que Genève eft alliée du corps helvétique.
Elle a fouvent demandé à en faire partie ; en 1 601,
elle follicita fur-tout cette grâce, fes alliés follici-
tèrent alors en fa faveur j mais toutes ces tenta*-
rives ont été fans effet. Voye% l’article Ge^Jeve.
On trouve encore > parmi les alliés du corps
helvétique, de petits peuples libres, qui fe gouvernent
par des principes très-différens, 8c une
principauté fouveraine qui, par les liaifons ,pru-.
dentes de fes maîtres avec cés républiques, s'eft
fauvée 4e la deftru&ion générale des princes & de
la tlobleffe, dont les domaines font aujourd'hui
compris dans l'enceinte du corps helvétique. Les
comtés de Neuchâtel 8c de Vallengin, dont nous
voulons parler, avoient été faifîs par les cantons
en 1512 5 mais , après fa réconciliation avec les
Suiffes, Louis XII les engagea à rendre ce patrimoine
à Jeanne d'Hochberg, héritière de Louis
d'Orléans, duc de Longueville , auquel on l'avoit
enlevé. Au refte, les franchifes des habitans de ,
ces comtés font très-anciennes. Les états du pays
jugent feuls entre les maifons, qui réclament des
droits à la fucceflion de cette fouverairieté héréditaire.
Dans ces anciens temps, où les voeux des
peuples pour la liberté s'éjevoient de toutes parts
contre les projets d'une ambition plus tyrannique
que puiffante, les comtes de Neuchâtel eurent
jiuffi de fréquentes querelles avec leurs, fujets. La
ville de Neuchâtel rechercha 8c obtint en 1406,-
fous la forme d'un traité de combourgeoifie , la
protection du canton de Berne. Le comte Conrad
de Fribourg voulut s'attacher le même canton ,
& il figna un traité femblable. Par-là la ville de
Berne devint juge des différends qui pourraient
s'élever entre les princes 8c les peuples de Neuchâtel
3 8c elle fut revêtue de l'autorité néceffaire
à l'exécution de fes décrets. Elle a exercé cette
fonétion de juge dans différentes occafîons, quoiqu’elle
fût récufée par l'une des parties. Vallengin
, dont la fouveraineté étoit alors féparée de
celle de^ Neuchâtel, forma, dès l'année 1399,
un traité de combourgeoifie avec Berne. Ces traités
ont^ été fouvent renouvellés. Les princes de
Neuchâtel ont en outre des alliances avec les cantons
de Lucerne, de Fribourg 8c de Soleure. C'eft
en vertu de ces liaiforis que cette principauté a
ete reconnue indépendante du corps germanique,
réputée alliée des fuiffes , 8c pays neutre dans les
guerres delà France avec l'empereur. Nous omettons
ici les divers faits de l'hiftoire des confédérés ,,
auxquels les peuples des deux comtés peuvent
avoir pris quelque part, de même que les évé-
nemens relatifs à la fucceffion à cette fouveraineté
, auxquels les cantons ont paru s'intéreffer.
Voye^Ats articles_Neuchatel 8c Vallengin.
Ce zèle de religion inquiet 8c turbulent, qui
avoit. porté les cantons catholiques à s'unir par des
traites particuliers, tant entr'eux qu'avec les états
allies de la Suiffe, qui fuivoient la même communion
, les décida à conclure, en 1579, avec
l'évêque de Bâle une alliance étroite que fes fuc-
ceffeurs ont eu foin de renouveller.Ce traité accorde
au prince , -évêque titulaire de Bâle, la qualité
d'allié du corps helvétique, prérogative qui cependant
ne peiit être relative qu’aux terres fujettes de
l'évêque 8c du chapitre, qui font-cenfées compri-
fes dans la Suiffe. D'autres terres de l'évêché relèvent
de L'Empire 5 celles-ci donnent au prince
rang 8c fuffrage dans le cercle du haut-Rhin, 8c
1 affujettiffent aux contributions à l'Empire. Les
huit cantons s'engagèrent à prêter main-forte à l'é?
(Econ. polit, & diplomatique, Tojn, I .
vêque, pour ramener au fein de l’églife ceux de
fes fujets qui avoient embraffé le culte réformé.
Mais ,. d'un autre côté, les communes, 8c particuliérement
celles de Munfterthal ou de la prévôté
de Moûtier-Grand-Vall, jouiffent de la pro-
te&ion du canton de Berne, en vertu d'un traité
de combourgeoifie de i486, renouvelle 8c maintenu
jufqu'à nos jours j les quatre cantons proteftans
font garans du libre exercice de la religion réformée,
dans l'Erguel, autre partie de l'évêché, 8c
les cantons catholiques , dans leur traité avec
l'évêque 3 fe font réfervés qu’il Remploierait point
les voies de fait fans leur avis .5 8c cette claufe coercitive
de l'alliance de 1579 n'a eu aucun effet dans
les fréquentes difcuffions de l’évêque avec la république
de Berne, à i'occafion des franchifes
des fujets proteftans de cette principauté. L'évêque
de Bâle eft allié de la France par des traités
8c des capitulations particulières.
Voulant déffiner avec quelque foin le plan du
fyftême politique de la république fédérative des
fuiffes, il a fallu en examiner féparément les parties,
leur rapport ou leurs proportions relatives,
les points de contaél ou d’appui de ces parties ,
leur combinaifon progreffive, les noeuds qui les
uniffent, 8c l'effet de ces différens refforts fur le
mouvement général 8c- fur la force totale du corps
entier. Il nous refte d'autre*, queftions à traiter.
Quel eft le but de la ligue des fuiffes ? Quels font
les engagernens effentiels 8c réciproques des cantons
entr'eux, les avantages que chaque membre
a droit de fe promettre de la confédération , 8c
les obligations qui en réfultent ? En quoi confîfte
effentiellement la différence entre les cantons 8c
le* affociés ? Quelles font les formes du régime de
cette ligue nationale ? Quels font enfin les intérêts
politiques ■ du corps entier 8c de fes membres >
par rapport aux puiffances voifines ?
S e c t i o n I Ve.
Remarques fu r le but de la ligue des fuiffes , fu r
les ejigagemens G* les avantages de cette ligue ,
fu r la différence qui f e trouve entre les cantons
& les alliés , fu r les formes du régime de cette
lig u e , fu r les intérêts politiques du corps entier
& de fe s membres , par rapport aux puiffances
voifines.
But de la ligue des fuiffes. La ligue des cantons
fuiffes eft une alliance défenfive , entre treize petites
républiquès. Elle confîfte effentiellement dans
l'engagement de fe protéger les unes les autres ,
par leurs forces réunies, contre tout ennemi du
dehors, 8c de s'entr'aider pour prévenir les troubles'
intérieurs.
Quant au premier objet, la ligue des premiers
cantons n’avoit dans fon origine d'autre but, que
la confervation de la liberté perfonnelle 8c des
, franchifes municipales des peuples confédérés.
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