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merce des N èg re s & de la quantité q u o n en tire
de Y Afrique.
Le s modernes divifent Y Afrique en deux parties
générales j qui font le pays des Blancs & le pays
des N o irs. •
L e pays des Blancs comprend l'E g y p te , la Barbarie
, divifée en fix parties , qui font la province
de Ba rca , les royaumes de Tunis où T r ip o li eft:
compris j & de Treme fen où eft A lg e r , celui dé
F e z , de Maroc & de Dara. O n met encore dans
le pays des Blancs le Biledulgerid , le Zaara ou
le défert.
L e s provinces du pays des N o irs , fituées au
bord de la mer font lés fuivantes > la N ig ritie 3
la Guinée 3 le C o n g o , la C a f r e r ie , la cô te de
Sofala , celle d’A b e x , d’ A ja n , de Zanguebar.
L e s pays au -d ed a n s des terres font la N u b i e ,
FEhiopie ou A b y f lin ie , le M o n o ém u g i, le M o -
nomotapa. N o u s parlerons de la plupart de ces
pays dans des articles féparés. Voye^ ci-devant ,
A b y s s in i e .
O n compte parmi les îles de Y Afrique dans la Mé*-
dite rran ée, Pantalarée , Lampadofa , Linofa &
Z e rb e .
Dans la mer Atlantique il y a les A çore s ou
T e reeres,que quelques géographes comptent parmi
les îles de T Amérique , . les Canaries , les îles du
C a p -V e rd , les îles'jfde la G u in é e , qui font Tîle
de Ferd inand -Pô, File du Prince y File de Saint-
T h om a s , File de l’Afcenfion , & File de Sainte-
Hélène.. Vis-à-vis la cô te orientale i ï Afrique on
trouve File de M ad ag a fca r , File: de Bourbon ou
M a fca re g n e ., T î le M a u r ic e , Z o co te ra . Voye[
A ç o re s y &,c.
L ’Afrique coupée par l’ équateur en deux parties
inégales , forme un triangle irrégulier , dont un
des côtés regarde F o r ien t , Fautre le nord & le
troifième Foccident.
. L e cô té orientai , qui s'étend depuis Suez
ju fq u ’ au C a p de Bonne-Efpérance , eft baigné
par la mer Rouge & par l'O c é a n . L ’ intérieur du
pays eft peu connu j & c e qu’on en fait ne peut
intérefifer ni l’avidité du n égoc ian t, ni la curiolïté
du voyageur , ni l’humanité du philofophe. Les
millionnaires même qui avoient fait quelques
progrès dans ces co n tré e s , fur- tout dans F A b y f
fin ie , rebutés parles traitemensqu’ ils éprouvoient,
o n t abandonné la converfion de ces peuples. Les
cô te s ne font le plus fouvent que des rochers aff
re u x , ou des fables brûlans & arides. C e lle s qui
font fufceptibles de quelque culture , font partagée
s entre les naturels du p a y s , le s A r a b e s , les
Portugais & les Hollandois. L eur commerce borné
à un peu d’ ivoire ou d’or & à quelques efclaves ,
eft lié avec celui des Indes Orientales.
L e cô té feptentrional, va depuis Flfthme de
Su ez jufqu’ au détroit de Gibraltar. Il a n eu f
cent lieues de c ô t e s , occupées par l’Egyp te &
par le pays connu depuis phifieurs fiècles fous le
nom de Barbarie.
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L ’Egypte qui fut le berceau des arts, des fcieiî-
c e s , du commerce , des gouvernemens , n'a rien
confervé qui rappelle à Fefprit des fa vans le fouve-
nir de fa grandeur paffée. Soumife aujoug defpo-
tique que l’ignorance & la fuperftition des Turcs
lui ont impofé , elle ne paroît avoir quelque communication
avec les nations étrangères par les ports
de Damiete & d’Alexandrie, que pour les rendre
témoins de fa décadence entière.
La deftinée de l’ancienne L y b ie , habitée aujourd’hui
par les Barbarefques n’eft pas moins
étrange. Rien n’eft plus obfcur que les premiers
âges dé cette immenfe contrée. Le cahos commence
àfe débrouiller à l’arrivée des Carthaginois.
Des négocians d’origine Phénicienne , bâtiflent,
cent trente fept ans avant la fondation de Rome ,
une ville dont le territoire, d’abord très-borné,
embrafîe peu-à-peu tout le pays connu de nos
jours fous le nom de royaume de T unis, & enfuite
d’Efpagne & , là plupart des îles de la Méditerranée
tombent fous fa domination. Beaucoup d’ autres
états dévoient encore groflîr la malle de cette
puilfance énorme, lorfqu’eîle fut arrêtée par les
Romains. A l’époque de ce terrible choc , il s’établit
entre les deux nations une guerre lî acharnée
& fî furieufe , qu’il fut aifé de voir qu’elle ne
finiroit que. par la deftrwftion de l’une ou de
l’autre. Celle qui étoit dans la force de fes moeurs
républicaines & patriotiques ,- prit, après les combats
lés plus favans & les plus opiniâtres, une
fupériorité décidée fur celle qui étoit corrompue
par fes richelfes. Le peuple commerçant devint
efclave du peuple guerrier.
L e vainqueur refta en poireftion de fa conquête
jufques vers le milieu du cinquième fiècle. Les
vandales, pouffes parleur première impétuofité
au-delà de FEfpagne dont ils s’étoient emparés,,
paffèrent les colonnes d’Hercule, & fe répandirent
dans la Lybie comme un torrent. Ces barbares
s’y feroient maintenus, s’ils euflfent confervé
Fefprit militaire que leur roi Genféric leur
avoit donné. Après la mort de ce prince qui
avoit du génie , la difcipline fe relâcha, & le
gouvernement qui ne portoit que fur cette bafe
s’écroula. Belifaire furprit ces peuples , les extermina
, & rétablit l’empire dans fes anciens droits ;
mais ce ne Fut que pour un moment. Les grands
hommes qui peuvent former une nation naiffante,
ne fauroient rendre la vigueur à une nation qui a
la foibleflfe de la décrépitude.
Dans le feptième fiècle , les farrafins, redoutables
par leurs inftitutions & parleurs fuccès , armés
du glaive & de l’Alcoran , obligèrent fes romains
à repaffer les mers, & ajoutèrent l’Afrique
feptentrionale aux vaftes états que Mahomet ve-
noit de fonder. Les lieutenans du calife envahirent
dans la fuite ces riches dépouilles ; ils érigèrent
en états indépendans les provinces commii
fes à leurs foins.
C e t ordre de chofes fubfiftoit au commence-
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lïient du fetzième f i è c l e lo r f q u e les mahomé-
tans d’Alger § qui craîgùoiènt de tomber fous le
joug de FÉfpagne , ap pelèrent les turcs à leur
fecours. L a F o rte leur envoya Barberouffe q u i ,
après avoir commencé par les défendre , finit par
les alfervir. Les bachasqui lui fu c c éd è ren t , ceux
qui gouvernoient Tunis & JTrip«>li , villes également
fubjuguées & opprimées , exercèrent la
tyrannie la plus odieufe > les habitans d’A lg e r , de
T un is & de T r ip o li s’en délivrèrent 5 & , c e qui
eft aflez fingulier , le même gouvernement fut
adopté par les trois états. L e c h e f q u i , fous le
nom de dey , conduit la république , eft choifî
par la milice qui eft tqujours turque , & qui corn-
pofe feule la noblefife du pays. C e s élections ne
fe , font guères fans effufion de fang , & il eft ordinaire
qu’ un homme élu au .milieu du carnage ,
foit m affacré enfuite par des gens inquiets qui veulent
s’emparer de fa place ou la vendre pour s’ enrichir
( 1 ). L ’empire de M aro c , q u ia englouti
fucceffivement les royaumes de F e z , de T afilet
& de Sus , eft héréditaire & fournis à une famille
nationale j mais il n’ en eft pas moins fujet aux
mêmes révolutions. L e caraétère atroce des fou-
verains & du peuple eft la fource, de cette inf-
tabilité. Voyeç l'art. M a r o c .
. L ’ intérieur de la_ Barbarie eft rempli d’Arabes
qui ont les moeurs des premiers âges j ils font paf-
teurs , errants & fans domicile. D e s ufages ch o-
quans pour notre délicatçffe , leur paroiflent nobles
& fimples , comme la nature qui les diéle.
Lorfque les plus qualifiés de ces arabes veulent
recevoir un étranger avec diftinébion, ils vont
chercher eux-mêmes le meilleur agne au -de leur
[-bergerie ; ils l’égorgent de leurs propres mains ;
i comme les patriarches de M o ïfe ou les hé -
lïo s d’Homere , ils le coupent par morceaux ,
«tandis que leurs femmes s’occupent des autres
préparatifs du repas. T o u s les enfans des deux
R e x e s , ceux même des Scheiks & des émirs, gar-
Ident les troupeaux;
| L e gouvernement .& la religion ne font pas les
mêmes par-tout : il y a des chrétiens en Egypte
& dans FAbyflinie. Si le chriftianifme eft éteint
j.dans la N u b i e , ce n’ eft pas depuis fort longt
em p s . L e mahométifme régné en plufteurs en-
| droits j le refte eft encore plongé dans l ’idolâtrie :
®n veut même qu’ il y ait en Afrique des peuples
Iqui n’ont aucune idée de religion.
L e gouvernement y eft prefque par-tout bizarre
, de fpotiqu e, entièrement dépendant des paf-
fions & des caprices du fouverain. C e n’ eft guères
que fur les cotes orientales de l’Afrique que Fon
trouve des formes politiques un peu moins irrégulières.
Voyei A l g e r , M a r o c , T r i p o l i ,
. T u n is , & c . En g én é ra l, la morale & la iégifla-
tion des africains font informes, incohérentes. On
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ne peut fonder avec eux quelque commerce fo-
c ia l, que fur leur foiblefle & leur cupidité.
Le fol de Y Afrique n’eft pas également bon :
il y a de vaftes déferts ; mais on y trouve des
cantons extrêmement fertiles en bleds & en fruits
excellens , de plufieurs fortes. Pline affûte en plus
d’un endroit que dans la province de Byfacium ,
qui dépendoit de Carthage, un boiffeau de froment
en produifoit cent cinquante.
Chacun fait que la compagnie des Indes orientales
hollandoifes a au Cap de Bonne-Efpérance
un immenfe jardin, dans lequel on cultive avec un
extrême fuccès les productions detous les climats.
I l eft sur qu’il y a en différens pays de l ’Afrique
, des mines .d’or & d’argent. Le Monomo-
tapa & le- Monoemu-gi abondent en or , fi Fon
doit s’en rapporter aux relations des voyageurs,
qui n’en parlent cependant pas tous d’une manière
également av.antageufe. Il eft probable que
les plus véridiques font ceux qui groffilfent le moins
les objets. Perfonne n’ ignore que fur les côtes de
la Guinée & dés. pays voifîns , il fe fait un grand
commerce de poudre d’or. Le pays d’Ophir , où
Salomon envoyoit des flottes qui enrichirent pro-
digieufement fon royaume , e f t , au jugement du
favant Huet , la cote de Sofala, à Forient de
l’Afrique , .vis-à-vis l’ île de Madagafcar.
On tire du bled , des dattes & autres fruits de
la Barbarie 5 du vin , du fucre de Madère 3 des
Canaries, & des îles du Cap-Verd } de la gomme
& du m ie l, du Sénégal} de la poudre d’or ,
de l’ivoire & des épiceries , de la Guinée, 'du
Congo , de Melinde & de YAbyJfmie. Voye% les
articles B A R B A R IE , M A D E R E , C A N A R IE S ,
C a p - V e r d , S é n é g a l , G u in é e , C o n g o \
M e l in d e .
11 ne Fe fait guères de commerce en Afrique que
fur les côtes. Il y en a peu depuis les royaumes
de Fez & de Maroc , jufqu’aux environs du
C ap - Verd. * Les établinemens font vers le
Cap & entre la rivière du Sénégal & celle de
Serre-Lione dans la Guinée. Quoique d’autres nations
abordent à la côte de Serre-L ione, les
Anglois & les Portugais feuls y ont des établiffe-
mens. Les François font quelque commerce fur
celle de Malaguette 5 ils en font davantage au
petit Dieppe & au grand Seftre. La côte d’ivoire
ou des Dents eft fréquentée par tous les Européens.
Prefque tous ont auflî des comptoirs &
des forts à la côte d’or. Le Cap Corfe eft le principal
établiffement des Anglois. O11 trafique peu
à A rd je ., Bénin & Angola fournilfent, beaucoup
de Nègres.^ Si on excepte le Cap de Bonne-EF
pérance qui appartient aux Hollandois , on ne
fait point de commerce dans la Caffrerie 5 les
Portugais ont des établiflfemens à Sofala & fur
le canal de Mozambique. Les François & les V é -
) Voycî les articles A lg er , T r i p o i i & T un is .