
L ’efquifle de cete voiture a déjà été préfentée.
Il paroit que ridé e diaprés laquelle elle a été exécutée
* eft le plus heureufement conçue : oiî y a
dû remarquer que le devant du char étoit ifolé ,
& deftiné à recevoir deux eccléfiaftiques * qui prieront
Dieu jufqu’ à la fépulture.
16°. Tous les jours 3 & dans toutes les fai-
ions 3 ces voitures iront prendre les corps vers
minuit..
Il paroîtra bien difficile de pouvoir concilier
avec cet arrangement* la loi qui veut que l’enter*
rement ne fe fafle que vingt-quatre heures après
la mort. Mais d’abord une partie des enterremens
excédera ce délai, puifque les perfonnes dont la
mort aura été précédée de quatre heures * par le
paflage du char commun * ne feront mifes en terre
qu’après plus de quarante heures. Cependant ne
perdons point de vue une obfervation exaCte *
laite de tout temps * que la plus grande partie
des morts arrive depuis dix heures du foir jufqu’ à
quatre heures du matin 3 les perfonnes qui feront
dans ce cas* feront donc.enterrées* ou vingt-fîx
heures* ou feulement vingt heures après leur décès.
Il eft encore certain qu’il y a des défunts
que la putréfaction fubite oblige de mettre en terre
long-temps avant le délai prefcrit par l’ ordonnance
: ces premières réflexions prouvent que * dans
le plus, grand nombre de circonftances* on ira au-
delà de fes defirs * & que dans quelques autres
on s’écartera très-peu d’une loi diCtée par une
bienfaifance éclairée ( i ) .
170. Lorfqu’il y aura danger de putréfaction *
conftaté par un médecin ou un chirurgien * on fera
rendre vis-à-vis de la maifon une voiture mortuaire
à une autre heure que celle ci-deflus indiquée }
& , dans ce cas * on fera tenu de prévenir le
clerc des convois de la paroiffe * qui fera fes diligences.
Toutes les fois qu’il mourra quelqu’ un dans une»
maifon * les parens ou les amis * ou les principaux
locataires feront tenus d’en avertir aufli-tôt le clerc
des convois * fous telle peine qu’il appartiendra *
& le corps ne fera point enlevé que l’aCte de mort
n’ait été fait 8c figné en la manière qui eft d’u-
fage.
180. Toutes les fois qu’il y aura une perfonne
morte * le foffoyeur de la paroiffe * qui fera de
fervice* accompagnera le char * le conduira directement
à la maifon du défunt * & aidera à le
placer dans la voiture.
190. Les bierres & ferpiilières feront marquées
d’une lettre alphabétique indicative de la paroiffe *
& d’un numéro qui* porté également à la marge
de l’extrait mortuaire de chaque défunt * indiquera
quel corps; y eft renfermé.
20°. Les voitures * après avoir reçu le ( mort
dans la maifon où il fera décédé * je porteront
aufli-tôt au cimetière commun * fans le préfenter à
l’églife de la paroiffe : là on y récitera l’office des
morts * & on fera les cérémonies de l’inhumation*
qui font prefcrites par le rituel.
On doit fentir pourquoi on ne préfentera pas
les morts à l’églife de la paroiffe. Cet ufage a
déjà lieu dans de très-grandes .paroiffes, & notamment
dans celle de S. Sulpice de Paris pour
les enterremens de charité. L’idée de les tranf-
porter à l’églife eft abfolument liée à celle des
dépôts * dont les dangers & les inconvéniens font
démontrés ; fi ces dépôts * comme il faut l’efpé-
rer* -ne font point établis * alors il eft néceffaire
de ne point préfenter les morts à l’églife paroif-
fiale-, autrement le char commun ne pouvant marcher
que la nuit * & les préfentations ne pouvant
fe faire que le jour * nos églifes deviendroient
elles-mêmes des dépôts j d’ailleurs cet ufage nui-
roit à leur fûreté.
2i°. Il ne fera abfolument rien payé aux enter-
reméns de charité.
: 22°. Lorfqu’on voudra faire préfenter les corps
des perfonnes décédées* aux eglifes de leurs pa?
roifles * il fera alors néceffaire qu’un char vienne
les y prendre. Pour cet effet * il y aura unë ou
deux voitures deftinéesà ces voyages particuliers *
& il fera payé un droit de la fomme de . . . . .
(1) C’eft ici le cas de faire des réclamations contre deux principaux'abus qui fe concilient bien moins avec cette
loi que le réglement que nous proposons.
D’abord , contre l’efprit de la loi qui prefcrit les vingt-quatre heures entre la mort & la fépulture , à peine un
homme eft-il cru mort , qu’on s’emprefïè communément de le mettre fur la paille & de l’enfevelir. Il eft vrai que
lorfque la putrefaélion a commencé à fe faire fentir, il y a beaucoup à craindre pour les - perfonnes charitables qui
rendent ce devoir. Nos fofloyeurs meme reculent fouvent d’horreur devant cetre opération dégoûtante , & font obligés
de la reprendre à plufieurs fois. On doit attribuer aux liqueurs fortes qu’ils font dans l’ufage de prendre, le 'courage
qu’ils y apportent, & le bonheur qu’ils ont d’échapper à l’effet meurtrier & fubit de la vapeur que'le cadavre exhale.
Mais auflï quel inconvénient ne réfulte pas du prompt enfeveliffement des morts, & de l’ufage de les enfermer dans
la bière peu d’heures après leur décès.
Un fécond abus , c’eft celui d’ouvrir les cadavres avant les vingt-quatre heures qui ont été -jugées néceffaires pour
conftater les lignes de la mort. Combien de fois le fer de l’anatomifte ne rifque-t-il pas d’être homicide ? Si. on
pouvoit embrafter par la penfée toutes les circonftances dans lefquelles l’inexécution de cette loi a caufé des horreurs *
on ne doute pas que l’adminiftration ne prît les moyens les plus fermes pour la faire furveiller.
25°. H fera tehù chez lè premier magiftrat dès
aflemblées, auxquelles lès curés affifteront * pour
avifer à des taxes proportionnelles aux pertes, ou
à d’autres moyens de dédommagement (1).
240. En con/éqùence de ce nouvel ordre de
transport des défunts * il "fera fait acquifition de
voitures * de chevaux & d’ornemens ; il fera fixé
un honoraire aux eccléfiaftiques * aux fofloyeurs.*
au concierge attachés à ces cimetières * & il fera
deftiné encore des fonds pour l’entretien * foit des
cimetières * foit des ornemens * foit des voitures,
foit des chevaux.
2 50. Les frais de ces dépenfes, de cet entretien
* & des honoraires attribués aux perfonnes
qui feront le fervice de ces cimetières * feront pris
ou aux économats * ou fur un bénéfice qui fera
uni à cet effet. Les bons, vifés par l’ancien des
curés de chaque département * feront acquittés
par l’économe général féqueftre.
26°. Les curés de chaque dépàrtement jouiront
de toute autorité fur les eccléfiaftiques* fofloyeurs
& concierge de leur cimetière $ ils les conftitue-
ront & les deftitueront * félon que la pluralité
d’entr’eux * dans chaque département * le jugera
convenable.
Il eft important que les curés puiflent veiller
efficacement fur les.perfonnes employées au fervice
de ces cimetières. Une longue & malheureufe expérience
a appris qu’elle avoit befoin d’une police
attentive & plus ferme j & fi dans -les paroiffes
ils euflent été chargés feuls de cette police * ils
euflent épargné à la religion bien des fcandales *
à l’humanité bien des pleurs * & à nos cimetières
une partie des plaintes qui en rendent la profcrip-
tîon néceffaire. Leurs places & leur zèle les mettent
à même de veiller continuellement fur ces
détails. Pourquoi donc placeroit-on des intermédiaires
entr’eux & les officiers? Douteroit-on de
leur équité ou de. leur charité ? Cette difpofition
ne devient-elle pas d’autant plus néceffaire, que la
machine fera plus compliquée ; que les délits pourraient
aufli * par leur éloignement, échapper à
d’autres yeux qu’aux leurs* & que lès moindres
manquemens exciteront plus de murmurés.
27°. En conféquence* MM. les curés de chaque
département fe réuniront tous les mois chez
leur ancien, y recevront les plaintes * nommeront
un d’entr’eux tour-à-tour pour faire la vifite de
ces cimetières & de tout ce qui en dépendra, pour
en rendre compte à l’aflemblée prochaine. C’eft
1 dans ces comités que feront arrêtées les dépenfes »
& alloués les mémoires.
28°. Pour fatisfaire aux intentions des fondateurs
* qui ont ordonné des procédions dans nos
cimetières 3 il fera fait tous les ans, & à des jours
différens , une proceflion par chaque paroiffe * &
elle fera annoncée au prône le dimanche d’avant.
290. Comme, malgré toutes les précautions que
nous venons d’indiquer, les revenus des curés &
des fabriques feront fort diminués * le bureau dio-
cefain diminuera leur impofition aux décimes, attendu
la diminution opérée par le changement des
■ cimetières.
Nous regardons comme très - bien fondée la
demande qu’ils feroient de la réunion de quelques
abbayes ou autres bénéfices. On pourroit même,
à cette occafion * s’occuper d’un autre bien très-
réel & très-defîrable, celui de la fuppreflion de
ce qu’on appelle cafuel des paroiffes.
Le plan que je viens d’expofer eft fufceptible de
beaucoup de modifications , que la célérité avec
laquelle je^ l’ai traité * & les différences de lieux
& d’intérêt ne m’ont pas permis de préfumer.
Mais il eft le réfultat de ce qui a été écrit &
même fait de mieux fur l ’innovation, & de ce
que l’expérience que je dois avoir fur cette matière
m’a appris.
( Cet article eft de M.. D esbois d e RochefOrt ,
do Heur de la maifon & fociété de Sorbonne * vicaire
général de la Rochelle * curé de S . André-des-Arts *
a Paris * tfc. )
C IR C ASSIE* ( royaume d’Afie. ) Voye^ le
Dictionnaire de Géographie.
C IR C O N S P E C T IO N * vertu morale & politique.
Les fouverains ayant befoin de beaucoup
de cïrconfpeStion * & la complication des défordres
qui s’accumulent de jour en jou r, rendant cette
vertu plus néceffaire. que jamais aux princes ,
nous avons cru devoir parler ici du prince hardi &
du prince circonfpeCt.
Ceux qui font appellés au gouvernement du
monde * doivent cultiver leur efprit & fe former
à la prudence > mais ce n’eft pas tout : c a r , s’ils
veulent captiver la fortune, il faut qu’ ils apprennent
à fe foumettre aux conjonctures * à facrifier
leurs idées & même leurs fentimens , lorfque ces
idées & ces fentimens ne s’accordent pas avec la
pofition de l’état. ~
Un prince qui a trop de hardieffe ne voit dans
les peuples que des automates qu’on façonne à fon
gré fous le jo,ug des loix > il ordonne, fans pré-
CD On regardera peut-être les terreins des cimetières »duels cotftme propres à fervir de dédommaeement. Mais 1°. ce
dedommagement ne peut être deftiné qu’aux fabriques ,*<>. Ces terreins, dans beaucoup de paroiffes , ne feront pas
fufceptibles d’être vendus ,, foit â caufe de leur trop grande proximité des églifes, foit parce qu’ils font entourrés de bâti-
mens ou loge le clergé. j° . Le dédommagement fera nul dans beaucoup de paroiffes , parce aue les terreins feront vendus
a très-bas prix^ dans nombre de quartiers; parce que les maifons adoflees font elles-mêmes peu prilees ; parce que ces
tcueius font très-étroits ôc irréguliers ; parce- qu’enfin il faudra du temps ayant de pouvoir les employer.
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