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arts & aes fciences, du mérite & des vertus des citoyens
, & il marque enfin celui du bonheur de tous,
de la durée des états & de la perpétuité de notre
efpèce.
( Cet article efi de M. G r i v e l . )
CH E SH EG N IR d A CH I , nom d’ un des principaux
officiers de la cour du grand-feigneur 5
Foyer le Dictionnaire de jurifprudence.
CHEVALERIE & CHEVALIERSj Voye^
ces deux articles dans le même dictionnaire.
CHIFFRES» Nous ne voulons parler ici que
des caraClères inconnus, déguifés ou variés, dont
on fe fert pbur écrire des lettres qui contiennent
quelque chofe de fecret , afin qu’elles foient
obfcures pour ceux qui n’en ont pas la clef.
C et article ayant rapport à la Diplomatique ,
nous avons cru devoir Finférer ici.
Le fieur Guillet delà Guilletiere, dans un livre intitulé
Lacédémone ancienne 6* nouvelle , prétend que
les kcédémoniens ont été les premiers inventeurs
de l’ art d’ écrire en chiffre.
. Leurs fcytales furent, félon lu i , comme l’ ébauche
de cet art myftérieux : c’étoient deux
rouleaux de bois, d’une longueur & d’une épaif-
feur égale. Les éphores en gardoient un, & l’autre
étoit pour le général d’armée, qui marchoit
contre l’ennemi.
Lorfque ces magiftrats voûtaient lui envoyer
des ordres fecrets, ils prenoient une bande de
parchemin étroite & longue > qu’ils rouloient
exactement autour de la fcytale qu’ ils s’étoient
réfervée ; ils écrivoient alors deffus leur intention 5
& ce qu’ils ay oient é crit, formoit un fens parfait
& fuivi, tant que la bande de parchemin etoit
appliquée fur le rouleau : mais dès qu’on la dé-
veloppoit, l’écriture étoit tronquée, & les mots
fans liaifon, & 11 n’y avoit que leur général qui
pût en trouver la fuite & le fens, en ajuftant la
bande fur la fcytale ou rouleau femblable qu’ il avoit.
Polybe raconte qu’Eucare fit , il y a environ
deux mille ans, une colleCtion de vingt manières
différentes qu’ il avoit inventées, ou dont on s'é-
toit fervi jufqu’alors pour écrire} de. manière qu’il
n’y eut que celui qui en favoit le fecret, qui y
put comprendre quelque chofe. Tritheme, le capitaine
Porta, Vigenere, & le père Niceron minime,
ont fait des traités fur les chiffres , & depuis
eux on a perfectionné cette manière d’écrire.
On n’obferve pas dans la politique les règles
de la morale ordinaire 5 ainfï les moraliftes difent
en vain, que furprendre malicieufement le fecret
d’autrui * c’eft commettre un larcin mortel. La
méthode d’ouvrir, en temps de paix & en temps
C HI F F R E C
A........................... 4 J- l6 0 . 1020. . 8b j.
B .............................. 9- fo6. m IIOO. 21 .
C & c — .......... . 1 !■ . i 6- 444. 20. IOOO..
L ’em p e reu r ............. 44- 3 I . IO I I .
X,e roi de France.. . 35- 88. }O I . I l jO ,
c h 1
de guerfe, les lettres 8c dépêches qui peuvent
contenir des inltruCtions utiles, eft en ufage pref*
que partout : le code de la politique des nations
ne permet pas tout cependant. Un prince q u i,
de nos jours, empoifonneroit les rivières qui portent
leurs eaux vers l’ennemi, qui feroit périr de
fang-froid des prifonniers de guerre, & qui exer-
ceroit quelque inhumanité, ou commettroit une
de ces chofes qu’on regarde comme une injuftice
mamfofte, pafferoit pour un prince barbare, &
’ ne fe laveroit de cette honte, ni aux yeux de
l’Europe , ni à ceux de la poftérité.} il eût peut-
être été plus noble, & auffi utile de refpe&er les
dépêches 8c les lettres des fujets & des ennemis.
On autorilè 1 es.autrespuiffances à agir envers nous
comme nous àgiffons à leur égard. Il en eft de
cette déloyauté comme des inventions qu’on imagine
pour lè rendr^plus formidables à la guerre 8c
pour exterminer plus aifément les hommes. L ’ennemi
fe les approprie au bout d’une campagne,
les tourne contre nous, 8c finalement aucun fou-
verain n’y gagne} mais le genre humain y perd.
D’ailleurs on furcharge de travail ceux qui dirigent
les affaires publiques 5 car on fait combien
les .miniftres ou négociateurs, obligés de chiffrer,
fe donnent de peine.
Les chiffrés dont il eft ici queftiori, font ou des
cara&ères inconnus, ou des nombres arbitraires,
dont les correfpondans conviennent entr’eux, 8c
par le moyen defquels ils marquent non-feulement
les lettres de l’alphabet, mais auffi des mots 8c
des phrafes entières. Cet alphabet, que chacun
des correfpondans garde de fon côté, & qui lui
fert de clef, tant pour chiffrer, que pour dé^
chiffrer cette efpèce d’écriture myftérieufe , eft
nommé également chiffre. Tous les cabinets de
l’Europe ont des chiffres différens. Lorfqu’ un mi-
niftre part pour une ambaffade ou une iégation,
le département des affaires étrangères lui remet
ordinairement trois chiffres ; le chiffre^chiffrant, le
e/zzj|fre-déchitfrant, 8c le chiffre bannal. Le chiffre-
chiffrant, partagé en colonnes, marque dans la
première non-feulement les lettres de l’alphabet}
mais auffi les fyllabes, les mots & les phrafes
dont probablement il aura le plus de befoin dans
le cours de fa négociation, les noms des fouve-
rains ou républiques, de leurs principaux miniftres
, 8cc. Cette colonne éft quelquefois imprimée,
mais la colonne à côté eft remplie en écriture
par le département des affaires étrangères,
des nombres, chiffres, ou caractères dont on juge
à propos de défigner la lettre, le mot ou la phrafe „
comme par exemple 1
H I F F R A N T.
Les Etats-Généraux. 16. 90.: IG I . 2020.
Un tel cardinal. ■ • • i°* 501. 4f0. ' IO v,
L’armée des alliés. 80. 95- 1.020. 888.
Avantage . . . . . . . . 18., ■:7 5 - 6 3 .
Brouiller , &c..... 22. 79. IQ 3. &c.
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On a foin de ranger par ordre alphabétique les
noms fubftantifs, les verbes & les phrafes félon
leurs lettres initiales, pour la commodité du chiffreur
, 8c l’on emploie divers nombres'^ dont le
chiffreur peut fe fervir à fon choix pour défigner le
même mot, afin qu’en cas d’accident, il foit plus
mal aifé de déchiffrer la dépêche.
•• Lés articles d’une dépêche qui méritent le fecret',
fe chiffrent tout au long 5 on n’y met point
de mots écrits en caractères ordinaires, parce que
ces mots, quelqu’indifférens qu'ils puiflent paroî-
tre, fe trouvant dans le chiffre, peuvent faire deviner
une partie du refte, ou du moins découvrir
la matière qu’on traite. Il ne faut pas négliger de
diftinguer tous les mots par un point qu’on met
derrière chaque nombre, puifque, fans cette précaution
j une dépêche feroit indéchiffrable pour
le correspondant, qui ne pourroit fe fervir de fa
c le f, 8c qui verroit les nombres confondus.
Le chiffre-déchiffrant marque dans la première
colonne à gauche, tous les nombres dont le chif-
/re-chiffrant eft eompofé, depuis le plus bas juf-
qu’ au plus haut, dans leur ordre naturel} & la
colonne à droite contient le mot, la phrafe ou la
lettre que chaque nombre défîgne. Lorfqu’on veut
chiffrer quelque dépêche , on cherche dans ce
e/sijffre-déchiffrant la lignification de chaque nombre
qui fe préfente, & on l’écrit âu-deffus- entre
les lignes (1 ) , lefquelles, pour cet effet, doivent
être efpacées convenablement, & les nombres
éloignés les uns des autres à une jufte dif-
tanee. On peut auffi déchiffrer fur une feuille fé-
arée} mais l'ouvrage eft plus long & plus péni-
le , quoiqu’ en général il foit moins difficile de
déchiffrer que de chiffrer. .
Pour peu qu’on foupçonne que les chiffres ont
été vendus par des commis ou des fecrétaires infidèles,
on tâche de tromper la puiffance qui a fait
l’acquifition de notre chiffre par fon propre artifice.,
La cour écrit à fôn miniftre, ou le miniftre
fnandé à fa cour le contraire de fes véritables intentions,
ou des nouvelles qu’on veut fe communiquer.
On met enfuite un ligne, une marque,
ou caractère, un mot, ou une phrafe ( dont on
eft convenu avant le départ du négociateur ) qui
annulle nomfeulement tout ce qui vient d’être dit,
mais qui défîgne auffi qu’on doit l’entendre dans
le fens oppofé ; & c’eft ce qu’on appelle le chiffre-
annullant. Lorfqu’on découvre qu’ une puiffance
ëffaye de corrompre nos employés, & d’obtenir
par ce moyen la clef de nos chiffres 3 on lui fait
parvenir adroitement un faux chiffre, & on l’induit
dans des erreurs, en écrivant mille contre-
vérités : fur ces entrefaites on envoyé les vé-
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ritables ou par des couriers ou par d’autres voies
indirectes. Enfin l’induftrie des hommes, aiguillonnée
par l’intérêt 8c la néceffité', a inventé &
invente encore tous les jouis des chiffres & des
règles pour les déchiffrer, des piégés pour y attraper
l’ennemi, & des moyens de s’en garantir
foi-même. Un volume entier ne fuffiroit pas pour
expoÉer en détail toutes les inventions de cette
nature , connues dans les cabinets des miniftres
8c des négociateurs.
La cour-donne quelquefois un chiffre différent
à chacun de fes miniftres dans les pays étrangers :
mais comme il importe fouvent au bien des affaires
générales , que ces miniftres lient entr’eux des
correfpondances particulières, on leur remet un
chiffre banal qui leur êft commun à tous, 8c
dont ils peuvent fe fervir. pour fe communiquer
des nouvelles, Ou des découvertes importantes;
Il eft fait fur le modèle des autres chiffres. Au
refte, l’ art de déchiffrer fans c le f, eft un art auffi
énible qu’ incertain } 8c quoi qu’en difent des
ommes qui fe vantent de tout déchiffrer à force
de travail & de patience, nous pourrions citer tel
chiffre qu’ils ne devineront jamais. Les livres qui
traitent de' l'art de déchiffrer, nous donnent des
règles bien vagues &bien peu fatisfaifantes} toute
leur théorie eft fondée fur des conjectures 5 & un dé»
chiffreur qui a de l’habileté, ne doit fouvent fa
réputation qu’ à la négligence de ceux dont il devine
le chiffre.
Le chiffre à fimple cle f, eft celui où on fe fert
toujours d’une même figure pour fignifier une
même lettre } ce qui fe peut deviner aifément
avec quelque application.
Le chiffre à double c le f, eft celui où on change
d’ alphabet à chaque mot, ou dans lequel on emploie
des mots inutiles.
Une manière qui eft plus fimple, & qu’on peut
même rendre sûre avec quelques précautions, eft
de convenir d’un très-ancien livre peu connu, &
qui a eu des éditions différentes. On compofe la
clef de trois chiffres : le premier marque la page
du livre que l’on a choifî} le fécond en défîgne
la ligne} & le troifième marque le mot dont on
doit fe fervir. Cette manière d’écrire & de lire ne
peut être connue que de ceux qui devineront d’abord
le titre du livre dont on fe fort, 8c enfuite
l’édition de ce livre} elle préfente d’autant plus
de difficultés, que le même mot fe trouvant en
diverfes pages du livre , il eft prefque toujours
défigné par différens chiffres : le même chiffre revient
rarement défigner le même terme. On peut
encore employer des encres fecrettes, qui feront
auffi variées que les chiffres.
(1) Comme, par exemple, le miniftre d’ici eft tout dévoué aux intérêts de l’Angleterre} c’eft le fruit de dix mille
102, 2$. 4 4 . ' 9. liOQ . 70. 33e. 888. 5 4 . 5 . 20. 60. I®I,
guinées femées à propos,
; 19 SOI. . .80,