
culture ., &c. L a fpoliatîon , caufée par la partie
de l'impôt arbitraire établie fur les fermiers ,■ cau-
foit d'ailleurs un dépériffeme'nt p ro g re ffif, q u i ,
joint au défaut de liberté de commerce, faifoit.
tomber les terres en petite culture & en .fr ich e .
C 'é to it à ce degré de décadence où les dépenles.
de la culture ne produifoient plus 3 l'impôt territorial
compris , que i j pour cent } ce qui n'étoit
même du qu'au bénéfice de la grandé culture qui
ex illo it encore pour un quart dans le royaume
( i) ...O n ne fuivra pas ic i la marche rapide des
progrès de ce tte décadence } il fufHt de calculer
les effets de tant de çaufes deftru&ive s, procédant
les unes des autres ., pour en prévoir lescon -
féquences flanelles.
T o u s ces défordres & tous ces abus ont été reconnus
j & . la gloire de les réparer étoit réfervée
à un miniftère plus éclairé. Mais les be foins de
l'é ta t & les cjreonftances ne fe prêtent pas tou-r
jours aux vues que l ’on fe p r o p o fe .p o u r les réformes
que peut exiger une bonne a'drai ni ft ration
dans l'économie politique , quoique ces réformes
foient très-effentielJes 8c très-preffantes pour l'a vantage
commun du fouverain 8c de la nation.
V I I .
Q ue la totalité des fommes du revenu rentre dans
la circulàtïon ànnuelle & la par courre dans toute fon
étendue; qu'il ne fe forme point de fortunes pécuniaires
, ou du moins., qu'il y ait compenfation
entre celles qui fe forment & celles qui reviennent
dans la circulation j car autrement ces fortunes
pécuniaires arrêteroient la diftribution d'une
partie du revenu annuel de la nation 3 8c retien-
droient le pécule du royaume au préjudice de la
rentrée des avances de la culture 3 dé la rétribution
du falaire des artifans , & de la confomma-
tion que doivent faire les différentes claffes
d'hommes qui exercent des profeflîons lucratives :
ce tte interception du pécule diminueront la reproduction
des revenus &: de l'impôt.
N O T E ,
( Les fortunes qui rentrent dans la circulation )>
O n ne doit pas entendre fîmplement par les
fortunes qui rentrent dans la circulation , les fortunes
qui fe détruifentj mais auffi les fortunes
ftériles ou ôifives 3 qui deviennent a Clives 3 8c
qui font emp loyé es , par e x emple, à former les
avances des grandes entreprifçs d'agriculture , de
commerce 8c de manufactures profitables , ou à
améliorer des biens fonds dont les revenus rentrent
annuellement dans la circulation. C 'e f t même
par ces fortunes activés bien établies , qu*un état
a de la confiftançe, qu'il a de grandes richeffes
affurées pour faire renaître annuellement de grandes
richeffes , pour entretenir une population
dans l'aifance 3 8ç pour affurer la profpérité de
l'état & la puiflance du fouverain. Mais on ne doit
pas penfer de même des fortunes pécuniaires qui
fe tirent des intérêts de l'a rg en t, & qui ne font
pas établies fur des fonds p rodu ctifs , ni de celles
qui font employées à des acquifitions de charges
inu tile s, de privilèges, &c. $ leur circulation fté-
rile ne les empêche point d'être des fortunes ton-*
géantes 8c onéreufes à la nation,
V I I I .
Q ue te gouvernement économique ne s'occupe qu'à
favorifer les dépenfes productives (y le commerce des
denrées du crû. , É> qu'il laijfe aller d‘elles-mêmes
dépenfes fié ri les.
. N O T E .
( Laijfef aller d'elles-mêmes les dépenfes ftériles J9
L es travaux des marchandifes de main-d’oe uvre
& d'induftrie pour l'ufage de la nation , ne font
qu’ un objet dispendieux & non une fource de revenu.
Ils ne peuvent procurer de profit dans la
vente à l'étran g e r, qu'aux feuls pays où la main-
d'oe u v re eft à bon marché par le bas prix des denrées
qui fervent à la fubfiftance des ouvriers j condition
fort défavantageufe au produit des biens
fonds : auffi ne doit-elle pas exifter dans les états
qui ont la liberté 8c la facilité d'un commerce extérieur
qui fputient le débit 8c Iç prix des denrées
du c r û , 8c qui heureufetftent détruit le petit
profit qu’on pourroit retirer d 'un commerce extérieur
de marchandifes de main-d 'oe uvre, dont le
gain féroit établi fur la perte qqi réfulteroit du bas
prix des productions des biens fonds. O n ne confond
pas ici le produit net ou le revenu pour la
nation , avec le gain des commerçans & entrepreneurs
de manufactures,} c e gain doit être mis
au rang des frais par rapport à la nation : il ne
fufïiroit p a s , par e x em p le , d'avoir de riches laboureurs,
fi le territoire qu'ils cultiveroient ^ ne
produifoit que pour eux.
I l y a des royaümes pauvres , où la plupart des
manufactures de luxe trop multipliées font foute-
nues par des privilèges e x c lu fifs , 8c mettent la
nation à contribution par des prohibitions qui lui
interdifent l'ufage d'autres marchandifes de main-
d 'oeuvre. C e s prohibitions toujours préjudiciables
à la nation , font encore plus funeftes q u a n d le f -
prit de monopole 8c d'erreur qui les a fait h aître ,
(t) Voyez à l’article Grains. L’exemple d’une natipn qui perd, annuellement le* quatre cinquième« du produit dâ
fe culturç. . . .
les étend jufques fur Inculture 8c le commerce des
produirions des biens fonds 5 où la concurrence
fa plus aCtive eft indifpenfablement néceffaire
i pour multiplier les richeffes des nations.
î N o u s ne parlerons pas ici du commerce de trafic
qui eft le lo t des- petits états maritimes. U n
grand état ne doit pas quitter la charrue p ou r d evenir
voiturier. O n n'oubliera jamais qu'un minif-
tre du dernier f iè c le , ébloui du commerce des
Hollandois & de l'éc lat des manufactures de
lu x e , a je tte fa patrie dans u!n tel d é li r e , que
l'on ne parloit plus que commerce 8c arg en t, fans
penfer au véritable emploi de l'argent ni au véritable
commerce du pays.
C e miniftrefi eftimabie par fés bonnes intentions
, mais trop attaché à fes idées , voulut faire
fiaître les richeffes du travail des doigts , au préjudice
de la fource même des richeffes , 8c dérangea
toute la conftitution économique d'une nation
agricole. L e commerce extérieur des grains fut
arrêté pour faire vivre le fabricant à bas prix }
le débit du bled dans l'intérieur du royaume fut
livré a u n e police arbitraire qui-interrompoit le
commerce entre les provinces. L e s protecteurs de
l'in d u ft rie , les magiftrats des villes , pour fe procu
rer des bleds à bas p r ix , ru in o ien t, par un
mauvais ca lcu l, leurs villes & leurs pro v in ce s,
en dégradant infenfiblement la culture de leurs
tefres : tout tendoit à la deftruCtion des revenus
des biens fonds ., des manufactures , du commerce
8c de l'in d u ftrie, q u i , dans une nation
agricole 3 ne peuvent fe foutenir que par les produits
du fol î car ce font ces produits qui four-
niffent au commerce l'exportation du fuperflu ,
.& qui payent les revenus aux propriéta ires, &
le falaire des hommes employés aux travaux lu cratifs.
Diverfes canfes d'émigrations des hommes
& des richeffes hâtèrent les progrès de ce tte
rdeftruCtion.
I Le s hommes 8c l'argent furent détournés de l’a*
’griculture, 8c employés aux manufactures de fo ie ,
d e c o to n , de laines étrangères, au préjudice des
manufactures de laines du pays & de la multiplication
des troupeaux. O n provoqua le luxe de
décoration qui fit des progrès très-rapides. L'admi-
niftration des provinces , preffée par les befoins
d e l'é ta t , ne laiffoit plus de fureté dans les campagnes
pour l'emploi vifible des richeffes nécef-
faires à la réproduCtion annuelle des richeffes ; ce
qui fit tomber une grande partie des terres en
petite culture , en friches 8c en non-valeur. Les
revenus des propriétaires des biens fonds furent fa-
errfies en pure perte a un commerce mercantile
qui ne pouvoir contribuer à l'impôt. L'agriculture
dégradée & accablée touchoit à l'irapoffibilité d 'y
fubvenir } on l'étendit de plus en plus fur les hommes,
fur les alimens, fur le commerce des den-
rees du cru : il fe multiplia en dépenfes dans la
perception & en déprédations deftruCHves de la
reproduction} 8c il de vin t.l'o b jet d 'u n fy f têm e
de fin an c e, qui enrichit la capitale des dépouilles
des.provinces. L e trafic de l’argent à intérêt forma
un genre principal de revenus fondés en argent &
tirés de l'a rg en t} c e qui n'étoit par rapport à la
nation , qu'un produit imaginaire, qui échappoic
à l'impôt 8c minoit l'é ta t . C e s revenus établis fur
l'argent 8c l'afpeCt de l'o p u len c e , foutenus par
la magnificence d'un luxe ruineux , en impofoient
au vulgaire , & diminuoient de plus en plus la réproduCtion
des richeffes r é e lle s , & le pécule de
la nation. Eh ! malheureufement les ciaufes de ce
défordre général ont été trop long-temps ignorées ;
indê mali labes. M ais aujourd'hui le gouvernement
eft attaché à des principes plus lumineux } il conn
a ît les ïe flou rc es du royaume, 8c les moyens
d’y ramener l'abondance.
I X .
Q u une nation qui a un grand territoire a cultiver
& la fa c ilité dlexercer un grand commerce des denrées
du crû j ' n étende pas trop l ’emploi de l ’argent &
des hommes aux manufactures & au commerce de luxe ,
au préjudice des travaux & des dépenfes de l’agriculture
: c a r , préférablement à f o u t , z;e e o y a u m e
DOIT ÊTRE SIEN PEUPLÉ DE RICHES 'CULTIVA-
T EU RS.
N O T E M
( Ne pas étendre l ’emploi de l ’argent & des homme«
aux manufactures & au commerce de luxe , au préjudice
des travaux & des dépenfes de l ’agriculture ).
O n ne doit .s’attacher qu’ aux mantifactures de
marchandifes^ de main-d, oeuvre dont on a les matières
premières, & qu’on peut fabriquer avec
moins de dépenfetjue dans les autres pays; & il
faut acheter de 1 etranger les marchandifes de
main-d oeuvre qu il peut vendre à meilleur marché
qu’elles rie couteroient à la nation a fi elle les
faifoit fabriquer ch e z elle.. Par ces achats on
provoqué le commerce réciproque : car fi on
vouloit ne rien acheter 8 c vendre de tou t 3 on
eteindroit le commerce extérieur & les avantages
de l ’exportation des denrées du c r û , qui eft infiniment
plus profitable que ce lle des marchandifes
de main-d oe uvre. Un e nation agricole doit fa vo rifer
le commerce extérieur a é tif des denrées du
c r u , par le commerce extérieur pa ffif des marchandifes
de^ main-d’oe uvre qu’elle peut acheter
â profit de l'étranger. V o ilà tout le myftère du
commerce : ù, ce prix ne craignons pas d'être tributaires
des autres nations.
N--Q T E 1 I*.
( Préalablement a tout s le royaume doit être bien
peuplé de riches c u l t i v a t e u r s .
Le^ bourg de Goodmans-chefter en Angle terré
eft célébré dans 1 h iftoire pour avoir accompagné