
enfin eft celui des efclaves faits à la guerre , ou
achetés à prix d'argent.
Les mêmes efclaves forment la branche la plus
étendue du commerce ; il en fort annuellement
trente mille. La traite fe fait fur-tout dans les
villes de Mafîangano 8c d'Embacca , où on les
échange contre des marchandifes d’Europe. Ils
font d'une maigreur affreufe lorfqu'on les amène
au marché î mais avant de les embarquer, on leur
donne de l'embonpoint, en leur procurant de
l'huile de palmier , avec laquelle ils fe frottent
le corps & fe défaltèrent : on les met ainfi en état
de fupporter les fatigues du voyage. Les européens
portent dans le royaume d1 Angola des toiles ,
des draps, des coutils , des velours , des galons
d'or & d'argent 3 des épées 3 des couteaux , des
tapis, du fil 8c de la foie. Rien n'eft plus beau
aux yeux des nègres, qu'un collier de verre bleu
ou noir > ils recherchent aufli beaucoup les épingles
8c les aiguilles ; ils s'eXtafient également au
bruit d'une fonnette & à la vue d'une queue de
cheval 3 & pour obtenir ces bagatelles 3 ils donnent
volontiers deux efclaves. .Tous les peuples
d'Afrique aiment l'eau - de - vie 3 les liqueurs
fortes & le vin de Canarie , & le débit de ces
marchandifes eft toujours afluré.
On fupplée à l'argent mbnnoyé par des grains
de verre, dont le prix augmente d’après leur forme
ou leur couleur. Des coquilles nommées [imbis
font la monnoie courante ; les pièces de coton 3
de toiles 8c d'étoffes, fervent aufli à cet ufage.
Le pays Angola faifoit autrefois partie du
royaume de C on go; les lieutenans du roi de
Congo 3 armés du pouvoir, en abuférent pour
fe rendre indépendans. Ces ufurpateurs étendant
leurs conquêtes, balancèrent bientôt la fortune de
leurs anciens maîtres , mais ils continuèrent à
payer un tribut. Cette révolution 3 dont k fuccès
rut l'ouvrage des portugais * arriva vers le milieu
du fiècfe dernier.
Chaque province a fon gouverneur 3 q ui, à
l'aide de quelques confeillers, règle l'adminiftra-
tion publique ; quoique les crimes foient atroces,
les punitions font fort légères : l'aflaflin & ï'èm-
poilonneur ne font condamnés qu'à l'efclavage.
Les conquêtes des portugais ont reflerré les limites
de ce royaume ; mais le roi d'Angola eft
encore fort puiflant : les voyageurs exagèrent d'une
manière ridicule le nombre d'hommes qu'il peut"
mettre fur pied. Ses fujets font nés foldats , &
ils doivent tous le fuivre à ta guerre.
Il n'y a point de terres plus fécondes en métaux
; on y trouve des mines de cuivre , d’or &
d'argent ; mais on prétend que les habitans cachent
les mines d 'o r , de péur que l'attrait de
ce métal, qui allume la cupidité, n'infpire aux
européens l'ambition de les affervir. Le cuivre
y eft excellent, 8c les européens en achettent
«ne grande quantité ; on rencontre aufli à l'eft
des mines de fer Ôe de cryfhl. Les montagnes
offrent du porphyre , du jafpe & du marbre,
qu'on tranfporte en Italie, où il eft connu fous
le nom de marbre de Nutnidie, d'Afrique ou et Ethiopie.
On y rencontre une pierre marquetée , de
laquelle on tire ' des hyacinthes qui y font renfermées
comme des pépins : un feul bloc de ces
pierres füffiroit pour faire une grande cblonne,
& même un édifice entier. Le fol y donne chaque
année deux moiflons, fans le fecours de la bêche
& de la chaque ; c'eil avec les herbes & les racines
qu'il produit, 8c qu'on brûle, qu'on entretient
fa fertilité. Il eft aufli noir que les femmes
qui le cultivent ; quoique le travail foit inégal.,
les voyageurs difent qu'on partage la moiflon en
portions égales , mais il eft difficile de le croire..
, La race humaine eft fl avilie dans le royaume
d*Angola 8c dans le relié de l'Afrique , qu'on y
donne jufqu'à trois efclaves pour avoir un éle-
phant. L'éléphant Angola a la queue d'un très-
beau noir, 8c les personnes les plus qualifiées
en recherchent le poil , qu'ellès paient un prix
exhorbitant. La chaffe que lui font les nègrès eft
fort irigénieufe & fort amufante. Les Afiieains
dédaignoient lés dents de cet animal} 8c les premiers
européens qui arrivèrent dans cette contrée
barbare 3 en trouvèrent une fi grande quantité,
que leurs vaifleaux en rapportèrent des cargai-
fons entières. Bientôt le nombre des éléphans
diminua , & les naturels du pays vont aujourd'hui
en chercher chez leurs voifins, pour les-vendre
aux européens.
A N G O U M O IS , province de France. Voye[
dans le Diétionnairè de Jurifprudence l’époque
de-fa réunion à la couronne.
A N H A L T , principauté d'Allemagne. Elle eft
bornée au levant par l'éleélorat de Saxe ; au midi
par le margraviat de Mifnie ; au fud - oueft par
le comté de Mansfeld, au nord-oueft par le duché
de Brunfwick ; au nord par la principauté
de Halberftadt, le duché de Magdebourg .& la
la marche de Brandebourg. F'oye^ dans le Dictionnaire
géographique quelles font fes productions.
Il y a dans quelques villes des manufaétures
de chapeaux, de bas & d'étoffes de laines, 8c
on travaille fo r & l’argent à Coëthen & à Zerbft.
La principauté contient vingt villes 8c deux
bourgs ; la plupart des villes & villages fitués
dans la partie inférieure, doivent leur origine
aux Venedes. Quoiqu'elle appartienne à quatre
branches différentes de la maifon d’Ankalt jj fl
eft convenu néarimoins que ces divers états feront
régis uniformément par les mêmes Ioix, 8c que
la tenqe des états fera commune.
Ces états font compofés de la nobleffe & des
villes ; la nobleffe fournit un fous-direéleur 8c
trois confeillers provinciaux, q u i, joints aux qua*
tre plus anciens bourgmaîtres des quatre villes
de réfidence, forment le petit comité ; douze
gentilshommes 8c huit bourgmaîtres, , à raifoi*
de deux pour chaque ville d é réfidence, forment
le grand comité; on commet en outre un fyndic,
un tréforièr 8c un greffier du tréfor provincial.
Les états fe tiennent au nom des quatre maifons
princières d’Ankalt 3 qui traitent toutes les affaires
de concert ; ils s'aifemblent ordinairement dans
la réfidence de l'aîné, à moins que les circonf-
tances ne s’y oppofent. Ces états n'ont point été
convoqués depuis mais on appure de temps
en temps les comptes de la province. Il n'exitte
plus de nobleffe dans les terres du prince d'An-
halt-Deffau.
La religion chrétienne a été introduite dans le
pays d'Ankalt dès le neuvième fiècle ; la réformation
commença dans l ’abbaye de Gernrode en
i y n , 8c fe répandit1 fucceflivement dans tout
le pays. On donna lés revenus des couvens aux
hôpitaux, aux maifons de pauvres 8c aux églifes;
on eh fit des fondations pour l'entretien des pauvres
étudians.
J Joachim Ernefte , fécond fils de Jean I Y ,
réunit toutes les parties de cette principauté fous
fon pouvoir , & il eft la fouche des princes
d'Ankalt qui exiftent aujourd'hui. Il mourut en
i y 5 6 , laifiant fept fils , dont le troifième 8c le
cinquième n'eurent point d'enfans. Àugufte , qui
fut le quatrième, renonça à la portion -de domaine
qui devoit lui revenir, il aima mieux pafier
fes jours tranquillement dans la ville de Plætzkau,
& fes quatre freres partagèrent entr'eux cette
principauté ; le, prince Jean Géorge eut la partie
de Delfau ; lé princqgChriftian , celle de Bern-
bourg, le prince Roamphe,.celle de Zerbft; &
le prince Louis , celle de Coëthen : le fils de ce
dernier étant, mort fans làiffer de poftér-ité, en
166$ , il fut convenu, entre les trois autres branches
, que fa part feroit abandonnée à Leberecht
8c à Emmanuel, fils du prince Augufte de Plastz-
kau, à charge par eux de céder cette dernière
ville à la branché de Bernboùrg. Le droit de pri-
mogéniture a lieu dans les quatre branches.
Les qualités ordinaires que prennent ces princés
crt commun ,• font : princes d'Ankalt 3 ducs- de
Saxe, d’Eogern 8c de Weftphalie, comtes d'Af-
canie, feigneurs de Bernboùrg & de Zerbft; la
branche de Delfau ajoute à ces titres celui de
feigneurs de Gra?pzigk , 8c la branche de Ze rb ft,
celui de feigneurs de Jever 8c. de Kniphaufen.
Les quatre branches régnantes n’ont qu’une
feule voix dans le collège des princes, foit aux
diètes, foit aux alfemblées circulaires de la haute-
Saxe ; elles en ont une particulière dans l'une 8c
l’autre de ces deux alfemblées, à çaufe de l’ancienne
abbaye de Gernrodé. Leur taxe matricu-
Iaire eft de neuf cavaliers & de vingt fantaflins,
ou-de 188 florins en argent; e]Ies paient, pour
l'entretien cle la chambre, 242; rixdales 47 kr.
L'aîné des princes d1 Ankalt dpnné fon fuffrage
au nom de tous les autres princes, tant aux diètes
qu'aux alfemblées circulaires ; il reçoit de l’empereur
rinveftiture des fiefs de l'empire, convoque
les états & eft chargé de la geftion de
toutes les affaires , qui font communes. Il eft
affilié par des confeillers que lui envoient les
autres princes, 8c qui font ordinairement au nombre
de deux, favoir, un noble 8c un roturier.
Il fut convenu, par un traité conclu en 1681
entre tous les princes d’Ankalt & Frédéric Guillaume
, éleéleur de Brandebourg, que ce dernier
renoneeroit à perpétuité, en fa qualité de duc de
Magdebourg, tant pour lui que pour fes héritiers,
alliés 3 eonfeudataires & fuccefleurs au
meme duché, a tous les droits féodaux appartenais
a 1 ancien archevêché de Magdebourg fur
le-château, la vieille & nouvelle ville de C o é -
then 8c Je pays qui en dépend ; le château de
Lippène, enfemble fes droits & appartenances,
Jelhitz 8c Ragun exceptés ; le château 8c fei-
gneurie de ^Bernboùrg ; la vieille & nouvelle
Ville, de même que la montagne de Bernboùrg ;
la feigneurie, le château & la ville de Sanderfle-
ben & celle de Freckleben ; le château & le
bourg de Græbzig, & la dîme de cet endroit;
le château de Warmsdorff ; la maifon de Mæn-
chennimbourg & la prévôté du couvent qui y-eft
établi ; les cenfes d'Opperoda & de Pfærten ; les
fiefs des châteaux d’Eixleben & de Gænféfurt,
& le château de C oflw ig , avec les droits, appartenances
& dépendances, fans en rien réfer-
ver. Les princes d'Ankalt renoncèrent, de leur
c ô té , à k mouvance fur l'office de Baillif du
duché de Magdebourg. La maifon de Brandebourg'
fe réferva au furplus, pour raifon du
duché de Magdebourg, la réverfibilité à l’électorat
de tous les biens féodaux dont on vient
de parler, s'il arrivoit que tous les princes d‘An-
halt momifient fans laifler d'enfans mâles. Elle
accorda par le même traité, aux princes d’Ankalt 3
l'expectative fur l'ancien comté d’Afcanie a dans
le cas où là- famille des. éle&eurs & margraves
de Brandebourg s'éteindroit.
Chaque branche régnante a une régence provinciale,
un collège de la chambre 8c un con-
fiftoire particulier.
Lerecès del'alfemblée des états tenue en 1652,
confirmé par l'empereur 8c l'Empire, fert de loi
fondamentale pour régler les fubfides., que les
princes & Ankalt font en droit de percevoir. En
çonféquencè, aucun prince d’Ankalt ne peut ordonner.
une levée de cette nature fans le confen^
tement des états ; la fimple propofition lui en ell
même défendue, hors les cas réfervés. La nobleflc
du pays eft exempte de tout impôt, & n'eft
tenue qu'à, un don gratuit dans les cas réfervés
dont elle fait, elle même la répartition. Elle eft
en droit de lever une arrière-colle&e fur fes vaf-
faux ; mais en revanche elle eft obligée de garantir
la perception des fubfides envers le prince.
On dit que toute la principauté rapporre aux