
Les états d’Autriche fabriquent principalement
des toiles grollières , fines & damaffées, , i
des glaces & des miroirs, des verres , des ouvrages
d'acier & de fer , des draps d'un florin ,
jufqu'à deux ducats, l'aune , des camelots , des
barracans, des çhalons, des bas de laine ëjc de
fo ie ,, des galancas, des indiennes., des étoffés
de foie unies & tilTues d'or & d'argent, des
péruviennes, des gros • de-tours, des îbftrines,
des fatins, des tapifferies en foie., des damas, .
des taffetas , des velours unis & à fleurs ^des ;
peluches, des moires ondées & à , fleurs , des
brocats, des velpas ou velours de Berlin, des
galons d'or & d'argent, plufieurs ouvrages en
fer blanc & en laiton, des grenats de Bohêipe,
polis, dont le débit ell considérable en Angle?
terre, des marchandifes brodées en or & en argent,
des dentelles, des mouffelines, des battîtes,
des montres, des tabatières d'or .incruftées & à
.figures, des cuirs, & c .
C'eft fur-tout en Turquie que l'Autriche envoie
les ouvrages de fes manufactures^ Le traité
de Belgrade-( de, 1739) a ftipulé qu'en fait de
commerce , les turcs jouiraient de certains privilèges
en Autriche 3 de même que les autrichiens
en Turquie ; que ces deux nations fe regarderaient
réciproquement comme nations amies \tanquam
gens amicijjimà ). Plufieurs turcs , grecs , arméniens
& autres fujets de la JPorte , fe font
établis à Vienne, à Triefte & en Hongrie : cependant,
pour demeurer fujets du grand-feigneur,
ils paient tous les ans leur capitation à la Porte.
'L’Autriche expédie en Turquie beaucoup de
verres, de miroirs & de glaces, des draps * des écus
& Autriche monnoyés à Vienne, des piaftres d'Ef-
pagne, & qui ont cours dans toute la Turquie,
& principalement des ouvrages1 de fer. L'exportation
du gros fer en gueule & en barre étant
défendue, on n'envoie guères en Turquie que
des couteaux & des faulx. Pour donner une idée
de l'importance de ce commerce, il faut obier-
ver qu'à Kirchdorf & à Mulhdorf, deux petites ;
villes au-delfoust de l'Ens, on trouve quarante-
deux fabricans, qui vendent tous les ans aux turcs
pour 400,000 florins de faulx. ^ ^
Les marchandifes que XAutriche tire des états
du grand-feigneur, font principalement du coton ,
du poil de chèvre, des cuirs, du ca fé , des fruits,
des vins, des laines de Macédoine, &c. Dans
l'efpace de deux ans il eft entré par Triefte douze
mille quintaux de coton de Turquie.
On compte aujourd'hui cinq compagnies de
commerce dans les états de la maifon d’Autriche
en Allemagne ; la plus ancienne eft :
i°. La compagnie de Fiume : la rafinerie des
fucres fut l’objet principal de fon inftitution : elle
échange les marchandifes du pays contre du fucre.
brut. En 1750 elle a obtenu un privilège exclufif
pour vingt-ciriq ans } il eft défendu à tout particulier
d'établir des rafineries de fucre & de fe
fervir de fucre étranger. Les avions de cétt£
compagnie fe vendent très-cher, & fon dividende
.eft annuellement de quinze à vingt pour cent.
2°. La compagnie de Temefwar fait un grand
commerce_en bled, cire, potaffe & laine d’Hongrie,
.qu'elle envoie .par Triefte en France, en
Efpagne & en Italie : fon* fonds eft. d'un million
de florins.
30. La. compagnie de Janofchatzr entretenait
un commerce conlîdérable avec la.Turquie avant
l'année 1769.5 mais la cupidité de fon directeur
dérangea fes affaires.
40. La compagnie de Bohême fait le commerce
des toiles 5 elle a un fonds d'un million de florins;
elle fut établie à Vienne en 1768 : elle
trafique en Amérique par Cadix.
50. La. compagnie d'Egypte fait le commerce
de l'Egypte & de quelques/autres pays de l'Afîe 5
fon entrepôt principal eft à Smirn e , & fon directeur
réfide à Vienne; elle expédie en Afie
toutes les productions des manufacture s d’Au*
triche, & elle itdporte des matières brutes.
AUVERGNE, province de France. Vbye%
dans le Dictionnaire de Jurifprudence , en quel
temps, elle a été réunie à la couronne.
AUXILIAIRE^ TROUPES. Les troupes auxiliaires
font celles qu'une nation envoie à une autre
nation. On ltipule ordinairement, dans les traités
particuliers, quel en fera le nombre, & aux fraix
de qui feront les munitions de guerre & de
bouche. Suivant le droit public , un prince qui
envoie à un autre prince des troupes auxiliaires,
doit agir de bonne foi & dans les vues de fon
allié, & faire en'forte qu'on ne puiffe pas lui
reprocher des lenteurs ou de faunes marches 5
d'un autre coté, félon le même droit public,
les troupes auxiliaires que l’on s'envoie réciproquement
partagent l'honneur de la victoire.
Un petit état , qui eft menacé par un état
puiflant, demande des troupes auxiliaires à fes
voifins ; & ceux - ci doivent lui en fournir fans
héfiter, pour empêcher le plus fort d’écrafer le
plus foible, & pour maintenir toujours ce qu'on
nomme la balance politique.
Au refte, fur ce point comme fur toutes les
autres matières politiques , le droit public eft
fondé fur les traités généraux & fur les traités
particuliers : c’eft un conflit perpétuel 'd'intérêts
oppofés , au milieu defquels on écoute allez
peu la morale. C'eft aux plénipotentiaires qu’on
donne le foin de débrouiller ce cahos, s'il eft
poflible.
AVANCES, f. f. préparatifs & moyens employés
pour exécuter quélqu'ouvrage, quelqu'en-
treprife.
Avances productives, ou avances de la culture ,* ce
font les foins, les dépenfes, les travaux, qui contribuent
à établir h culture, qui fervent à bonifier
à multiplier les-fruits qu’ elle donne , ç’eft-à-dire ,
qui préparent & ocçafionnent la récolte annuelle
des productions que la nature accorde aux travaux
des hommes. -
On diftingue trois Yotttsd’avances néceffaires
pour former un établiffement de culture folide,
pour l'entretenir , pour le rendre productif; i° . les
avances foncières ; i ° . les avances primitives j 30. les
avances annuelles. Avant de nous occuper de la
déduCtion de ces avances , voyons comment
l'homme eft parvenu à fe les procurer.
Les hommes vécurent d'abord dqs fruits fpon-
tanés de la nature ; ils employoiént alors leur
temps & leur induftrie à la recherche des objets
propres à les nourrir ; mais comme les productions
de la terre,livrée à elle-même, ne font ni
abondantes ni allurées, & ne leur offraient qu'une
fubfiftance précaire., & comme les fuccès de la
chaffe & de la p êche, fouvent médiocres, n'y fup-
pléoient qu'hnparfaitement, les hommes qui fe
trouvoient quelquefois dans une extrême difette
d'alimens, longèrent à fe procurer une nouvelle
fource de fubfiftances.
L e temps & l'expérience leur avoietit appris
à connoître les animaux qui peuploient leur contrée
; ils tentèrent de foumettre à la domefticité,
les efpèces qui leur parurent plus dociles, pour
en employer la force, le lait & la chair à l'avantage
& à la nourriture de l'homme ; fis réuflirent ;
& ils les multiplièrent en grands troupeaux, qui,
formant une malle plus allurée de fubfiftances ,
fervit à augmenter encore le nombre des hommes,
& fit naître les doux loifirs de la vie paftorale.
Dès-lors les hommes, libres du foin de chercher
au loin leur nourriture & de s'en occuper
fans c e lle , étendirent l'intelligence & TaCtivité
de leur efprit fur d'autres objets importans ; ils
inventèrent les arts, enfans de l'induftrie & de
la tranquillité. On découvrit les métaux & leurs
propriétés utiles ; le génie & la réflexion les appliquèrent
aux premiers befoins ; on en fit des
outils & des inftrumens, & le fer devint, entre
les mains de l'homme, le feeptre avec lequel il
gouveîna la terre.
Ici commença la propriété immobilière ; les
troupeaux, les outils, les lumières acquifes, furent
pour l ’homme des avances , q u i, employées
fur le fo l , en donnèrent la propriété au premier
qui l’occupa. L ’homme berger s'étoit déjà rendu
fes loifirs utiles par des inventions commodes ou
agréables, lorfqu’il parvint à découvrir l’art par
excellence, la noble & fainte agriculture : la con-
noillance des rapports, de la îùbftance dçs grains
aux befoins de la nourriture, lui en fournit fans
doute l'idée ; mais fans le concours heureux des
forces que l'induftrie humaine avoit acquifes, &
fans Y avance nécelfaire d'une provifion de vivres
fur laquelle il pût compter, il eft évident que
cet art fublime n’auroit jamais été connu ; car
il falloit l'emploi de ces avances pour cultiver
la terre , comme il le falloit encore pour en acquérir
la propriété.
En effet, l'homme n'acquiert pas un terrein
qui n'a pas de maître, en le mefurant des yeux
& en difant : ceci eft a moi. Sa propriété fe borne
où finit fon travail; elle n'eft rien au-delà : c'eft
une partie de la fubftance de l'homme, ce font
fes forces, fon temps, fes richeffes, en un mot,
fes avances employées à bonifier la terre, qui la
rendent exclufivement fienne. Tout autre pouvoic
avant lui l'acquérir ail même prix, & la juftice
des mêmes raîfons devoir la lui garantir ; mais
une fois polfeffeur à ce titre, il en eft le maître ,
il peut en dilpofer à fon gré & la vendre à proportion
de la valeur de fes avances 3 qui confti-
tuent la véritable valeur du fonds bonifié par la
culture. Telle a été la marche du genre humain
vers la.propriété immobilière, qu'on ne pouvoit
acquérir que par l'emploi de fa perfonne & de
fes biens mobiliers , lefquels conftituoient les
avances. C 'e ft ce qu’on peut obferver encore tous
les jours,*,
Nous voyons en effet qu’une entreprife, un
ouvrage quelconque , ne fauroit avoir la folidité '
& la perfection dont il eft fufceptible, fi les
matériaux qu’on doit y employer n'ont reçu d’avance
les préparations convenables. C'eft une loi
générale pour les arts, qui demandent des Travaux
fùivis & manuels, &■ particulièrement applicable
à l'agriculture. Veut-on employer le fer ?
il faut l'extraire de la mine, le fondre , le forger,
le limer, & c. Eft-ce le bois qu'il s'agit de mettre
en oeuvre ? il faut l'abattre , le tailler , le feièr ,
le menuifer, &e. de même veut-on rendre productif
& mettre en valeur un terrein jufqu'alors
inculte ? il eft nécelfaire de préparer la terre à recevoir
toutes les façons qui précèdent les femail-
les & font naître les récoltes.
Avances foncières.
Les travaux & les dépenfes indifpenfables pont
©pérer le défrichement de la terre & l'établifle-
ment d'un domaine , d'une ferme , & e . font ce
qu'on appelle les avances foncières de la culture.
Ces avances embraffent plufieurs objets , félon
les qualités du fol qu'on entreprend de travailler,
& la nature des productions qu'on veut qu'il rapporte.
Les vignes, les prés, les bois, les champs
demandent chacun des travaux ditférens & des
dépenfes plus ou moins fortes; mais ils exigent
pourtant des avances foncières qui leur font communes.
Ainfi quelque diftribution , quelqu’emploi
qu’ un entrepreneur de culture prétende faire des
diverfes portions qu’il veut mettre en valeur, il
doit toujours, & pour toutes , employer les avances
foncières, ou les fraix néceflaires à leur formation.
Un homme entreprend - il d’ établir une ferme
dans un terrein couvert de bruyères ou de ma.•