
tous les deux ans $73 gouldes & 24 creutzers, en
dedommagement des droits qu'il avoit fur Bormio,
Chiavenne 8c la Valteline. Il avoit encore quelques
autres revenus qui ont ceffé.
Le gouvernement de la ville eft démocratique,
r k^utgeoifîe , partagée en cinq tribus, s'af-
lemble , par ordre du confeil , dans les affaires importantes
3 8c on prend l'avis de chaque bourgeois
incorporés a une tribu. La pluralité des tribus
forme le décret. Le grand confeil eft compofé de
foixante & dix personnes 3 entre lefquelles 14 ont
le titre de Zunftmeifter. On les élit annuellement.
Ce grand confeil établit un petit confeil 3 qui a le
detail des affaires. Le bourguemeftre eft le chef
de là ville; apres lui, vient l'ObertZunftmeifter,
qui aflifte au confeil, 8c qui arrête tout ce qui
feroit contraire aux droits de la bourgeoifîe.
Le bourguemeftre régnant a été préfident né de
1 alïemblee de la ligue jufqu'en 1718 ; le chan-
celier etoit le fecrétaire, 8c l'huiffier de ville étoit
1 huiffier de la ligue. Maintenant les députés de la
ligue choififfent, entre lès quinze confeillers, deux
fujets , & le^ fort décide de celui qui doit occuper
la dignité de préfident. Le fecrétaire & l'huif-
ner font choifîs entre les bourgeois de la ville ,
& ce font les mêmes députés qui les nomment.
Le premier tribun, choifî parmi les cinq tribuns
en charge, affiftè à toutes les affemblées, en qualité
de chef de la bourgeoifîe ; il eft chargé fpé-
cialement de défendre les droits 8c les libertés de
la bourgeoifîe-Le confîftoire eft compofé du petit
confeil & de deux pafteurs. La plupart des affaires
de la ville font adminiftrées par un confeil 8c
un tribunal de trente perfonnes. Ce font les mêmes
qui compofent le tribunal criminel ou la cour du
baiUi. Quinze perfonnes, en y comprenant le juge
civil, forment la chambre civile 8c la chambre des
dettes.
COLLEGE. Ce mot, dans le fens économique
, n embraffe pas les corps ou les compagnies
qu on a nommes ainfi, & nous n'avons rien à dire
du college des cardinaux, de celui des électeurs,
&c. il s'agit uniquement ici des colleges deftinés à
1 éducation de la jeuneffe chez les nations policées.
Les peuples qui font trop policés, en ce que
leurs moeurs publiques fe font plus ou moins
éloignées des voies 8c des intentions de la nature,
ont yu s’établir dans leur fein , s'élever & fe remplir
de jeunes gens en état de recevoir de l'éducation
, des maifons uniquement deftinées à leur
procurer l'inftru&ion.
Il ne faut pas y regarder de bien près, pour
voir que ce genre d'éducation n'eft pas dans les
plans de la nature. En effet la nature fait naître
les enfans auprès de leurs parens, & les difperfe
comme les familles. A la vérité, il eft dans le
defir naturel de la liberté que les enfans tendent â
s eloigner de la gêne intérieure & domeftique pour
çtitxet a leur maniéré en fociété j mais, après les
premiers eflais de leurs jeux & les élans de leur
vivacité, chacun d'eux cherche 8c retrouve fon
gîte naturel, ou, fi l'on veut, habituel. Leur volonté
les attroupe ; mais leurs befoins, mais l'attrait
8c l'inclination, qui les ramènent vers des protecteurs
foigneux & tendres, 'les féparent. Si les
peres 8c les mères trop exigeans ou trop durs
j tourmentent leurs enfans, ce qui ne fe voit guères
’ dans la nature fimple 8c attive, la crainte qu'ils
leur infpirent les rend attentifs & retenus , mais
les prive d’ordinaire d'mduftrie & de courage. Si
au contraire ils les laiffent aller & les affocient
au travail commun félon leurs forces, ils ne. tardent
pas à fe montrer fupérieurs à leur âge;_&
le penchant naturel de l'homme pour l'imitation,
qui lui épargne la peine de l'invention, fe
changeant bientôt en émulation, fous l'aiguillon
de l'amour propre, en fait des hommes de bonne
heure & avance beaucoup en eux la maturité.
Mais tout cela fuppofe l'ordre naturel des travaux
& des foins domeftiques, dans le genre de
vie des parens ; car fî-tôt que les moeurs font tournées
de manière que des enfans font uniquement
livrés à des domeftiques , il eft peut - être plus
convenable que leur première enfance foit confiée
à des maifons qui font leur unique affaire de foi-
gner, de préferver & de conduire cet âge débile.
Ce début leur rend infiniment moins pénible la
continuation de ce genre de république dans l'âge
de l'éducation, & par une fuite naturelle dans
celui de l'inftruétion. C'eft ainfi que, dans le cercle
de la vie, les extrémités fe touchent, 8c que
l'état des moeurs, qui fuppofe le plus les hommes
livrés à la vanité privée 8c fouvent perfon-
nelle, à l'infolence de prétentions & de vues ,
établit pour les enfans le genre d'éducation que
Licurgue prefcrivoit à ceux de Lacédémone , afin
qu'ils n'appartinffent en quelque forte qu'à la république
; qu'ils né connurent que les moeurs
communes, & ne priffènt que l'efprit commun.
Mais Lacédémone, en cela conféqüente à les
principes 8c à fes moeurs, ne trompoit point l'éducation
par le contrafte de la vie civile, & n'ap-
pauvrifloit pas la vie civile par l'infufKfance de
l'éducation. L'âge mûr avoit en cela les mêmes
moeurs que l'enfance : toute la vie d'un fpartiate
fe paffoit en commun, fur la place publique &
dans les exercices publics. On ne pouvoir pas dire
qu'on élevât pele-mêle les enfans de tous états 5
car à Lacédémone on n'en connoiffoit qu'un feul ,
celui de citoyen. Point de rang, point de diftinc-
tions ; & celles de la magiftrature étoient purement
légales. Toutes les fciences étoient défendues,
tous les arts bannis, les richeffes prohibées *
enfin tout ce qui conftitue les ordres, les claffes ,
les dignités, & qui entraîne dans les fociétés privées
l'inégalité des perfonnes , la diftance des
rangs, la diverfité des occupations & la différence
des moeurs ; tout cela, dis-je, étoit inconnu dans
çette pépinière de foldats.
Ainfi
ï -Ainfi donc en proportion de ce que rinllitu-
tion de la jeuneffe étoit raifonnable chez les fpar-
tiates, c'eft-à-dire , conféqüente aux principes de
leur fociété, autantparmi nous l'éducation commu-
ne\r .^La-dire celle des colleges, eft étrange &con*
tradidoire aux principes 8c aux moeurs de la nôtre.
A Sparte d'ailleurs les enfans étoient libres ,
au heu que chez nous , fans ceffe fous la férule
des maîtres livres à la routine, & en quelque forte
folitaires, ils contractent néceffairément plus ou
moins la teinte des moeurs de l'efçlavage, & , ce
qui eft encore un notable inconvénient , ils
participent aux vices de ce genre de yie contraint
oc dépravé.
L'erreur des opinions, en ceci peu réfléchies
coniifte en ce qu'on ne diltingue pas affez l'édu-
cation d avec 1 inftruCtiorï. On peutr remarquer que
p us lafociéte s etend 8c fe complique, plus l'inf-
truetion devient néceffaire ; & non - feulement
iinltruccion generale, mais l'inflruCtion particulière
pour chaque état, pour chaque fcience, pour
chaque art. ' r
Ainfi les progrès de la fociété exigent les progrès
de 1 inftruétion. Les gouvernemèns peuvent
s etendie par la puiffan'ce ; mais' la domination ne
tait pas la fociete ; elle la protège ou la difperfe.
J^e lont les rapports qui fondent & qui étendent
les locietes, 8c cette extenfîon confifte en réci-
procite de fer vices, de travaux & de moyens ,
dont 1 échangé fuppofe la diverfité & la valeur
reconnue.
Nous ne voulons pas dire que l'inftruéliofi publique
ou commune foit néceffaire pour apprendre
toutes ces chofes ; il s'en faut bien. L'attrait,
le talent naturel, l'induftrie & la néceflité font
pour la plupart des hommes la meilleure école,
& de plus la fréquentation des colleges n'eft d'or-
dinaire que du temps perdu pour le plus grand
nombre de ceux qui vont y puifer des Connoif-
Jances. L extenfîon des grandes fociétés fuppofe
& necefijte I inégalité des rangs & de la fortune,
par la raifon naturelle qui fait que les gros poif-
lons fe trouvent dans les grands étangs, & qu'en
politique un ordre qui s'étend au loin ne peut
s établir que par hiérarchies} or ces inégalités entraînent
abfolument des différences dans les moeurs.
n?.Vs clue chez nous l'éducation publi-
que familiarife & rapproche les moeurs; mais ce
n elt pas la ce qui eft néceffaire. Il eft bon fans
doute de^raprocher les opinions j il ne l'eft pas de
rapprocher les manières : en les foumettant égale-
ment a une fervile uniformité, on ne pourrait qu'a-
vilir les unes, & rendre les autres infolentes ou
ridicules, fans en bonifier aucune,
j } a I °“ toute force politique eft fondée
fur 1 opinion publique, l'inftruâion eft publique
8t générale ; c'eft un des principaux emploi»
de la magiftrature , répandue fur un territoire im-
menfe qu elle gouverne defpotiquement, fauf à
rendre compte a la loi. Tout fujet de l'état eft admis
a l'inftruâion publique ; mais on n'y voit point
de maifon d éducation. L'éducation des enfans eft
le foin des pères de famille, ainfi que la nature l'a
voulu.
' L—-- - -a- --- piciiutic oc ucône
enrance, ou les foins & l'éducation doivent être
les. memes pour tous, elles ne conviennent qu’à
la jeuneffe qui fe deftine à quelque fbnétion particulière
exclufîve à toute autre, & même en quelque
forte à l ’état de citoyen.
On nous dit ( d après l'hiftoire, ou plutôt d’a-
pres la fable) ( i ) que Séfoftris fut élevé dans une
efpece de gymnafe avec tous les enfans nés le même
jour que lu i , qui devinrent enfuite fes plus
affidés officiers 8c les compagnons fideles de fes
héroïques expéditions. C et exemple, fût-il réel,
n'a point de rapport à nos moeurs 8c n'autorife
pas nos colleges ;. d'ailleurs nous pouvons répondre
qu’ en le fuppofant vrai, le père de Séfoftris
préparait de loin fon fils à la haute deftinée d'être
le vainqueur ou plutôt le légîflateur 8c le bienfai-
teur-^e . c ôc des Indes ; il falloit certes une
conftitution toute particulière pour former les ref-
forts d’une telle entreprife, 8c de fa nature ceci
fait exception.
Les enfans de tributs étoient autrefois élevés
ûe la. forte a Conftantinople pour recruter les ian-
niffaires ; mais cette puiffance a toujours regaidé
les- peuples comme efclaves, 8c la foldatefque
comme la chaîne de l’oppreflion. Une telle éducation
eft en effet très-propre à effacer toute autre
habitude de liens quelconques de la fubordination
& de l'obeiffance, 8c tout fouvenir des fentimens
de la nature.
. On peut auffi raffembler la jeuneffe pour l'initier
aux connoiffances 8c l’habituer aux ufages d’un
état particulier ; mais la chofe eft bien dangereufe
dans l’âge d'adolefcence 8c de puberté, où le ferment
de la nature eft aifément inflammatoire dans
prefque tous les.fujets, & irréfiftiblement impérieux
dans plufieurs. C'eft entaffer des fruits pour
les livrer à . la corruption : manoeuvre infenfée
fur-tout fi 1 état auquel on deftine les adeptes con-
traftoit avec le défordre, 8c même avec le relâchement
des moeurs.
En général, l’éducation doit être domeftique
8c privée; l'inftruétion' commune 8c publique ;
8c en conféquence les collèges d’inftruaion devraient
être, nombreux autant qu'il eft poffible
afin d'être par-tout à la portée des parens, 8c né
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