
7<?o C U R
n'ont été inquiétées. Aucune nation p a foiige a
conquérir un loi ftérile , qui n’offre que quelques
beftiaux, quelque manioc, quelques légumes propres
à la nourriture des efclaves , &c qui ne fournit
aucune production qui puiffe entrer dans le commerce.
- < '
Le defir de former des liaifons interlopes avec
le continent efpagnol, décida cependant la conquête
de Curaçao. On y vit bientôt arriver un grand
nombre de bâtimens hollandoisv Forts & bien armés
, ils étoient de plus montés par des hommes
choifis, dont la bravoure étoit foutenue d un vif
intérêt. Chacun d'eux avoit dans là cargaifon une
part plus ou moins confidérable, qu il etoit déterminé
à défendre au prix de fon fang contre les attaques
des gardes-cotes.
Avec le temps la manière de traiter changea un
peu. Curaçao devint lui-même un magafin immenfe
où les efpagnols venojent fur leurs bateaux échanger
leur or , leur argent, leur vanille,. leur cacao,
}eur cochenille, leur quinquina, leurs cuirs, leurs .
mulets , contre des nègres , des toiles , des foie- |
ries, des étoffes des Indes, des epiceries, des dentelles
, des rubans , du v if argent, des ouvrages
de fer ou à'-acier. Çes voyages , quoique continuels,
n’empêchoient pas qu'une multitude de chaloupes
hollandoifes ne voguaffent de leur ifle aux
anfes de la côte. C'étoit une réciprocité ' de be-
foins, de fecoqrs, de travaux & de courfes, qui
jettoit la plus grande activité fur ces parages, entre
des nations rivales de commerce, avides de ri-
cheifes. La fubftitution 'des vaiffeaux dé régi lires
aux galions a ralenti dans les derniers temps cette
double communication } mais elle recouvrera fa
première vivacité ; elle en acquerra une plus grande
encore, lorfque le malheur des guerres empêchera
l'approvifionnement dire# du continent ef-
paenol. i A t '
Utilité de l’établijfement de Curaçao. Les demelés
des cours de Londres & de Verfailles ouvrent à
Çùraçao une nouvelle carrière. Il approvifionne
alors toute la côte méridionale de Saint - Domin-
gue ; il en tire toutes les productions. C e commerce
s’étendra , à mefure que cette partie de la
colonie françoife fera les progrès dont elle eft fuf-
ceptible. Les armateurs françois des ifles du vent
fë rendent eux-mêmes en foule à Curaçao durant les
hoftilités, malgré la longueur de latraverfée. C ’ eft
qu'ils y trouvent tout ce qui eft néceftaire pour
l'équipement de leurs navires , fouvent des mar-
ehandifes des. côtes d'Efpagne, toujours celles de
l’Europe , dont l’ ufage eft univerfel. Les corfaires.
anglois y croifent rarement.
c z A
Tout ce qui entre à Curaçao paye indifféremment
un pour Cent pour le droit du port., Les
marchandilès parties de la Hollande ont le privilège
de n’être jamais taxées davantage. Celles qui
viennent-'des autres ports de l’Europe payent de
plus neuf pour cent. L e café étranger eft fujet au
même droit, parce qu’on veut favorifer celui
de Surinam: Toutes les autres denrées, de l’Amérique
ne donnent que trois pour c en t, mais avec
l’obligation d'être portées directement dans quelqu'une
des rades de la république.
CU R L A N D E ; Voyez CoURLANDE.
C Z A R , C Z A R I N E , titre d'honneur que
prend l'empereur ou l'impératrice de toutes les
Ruffies.
Les naturels du pays prononcent t\ar ou \aar ;
& , félon Becman , ce nom vient de céfar ou empereur
i aufli le c^àr porte-1-il un aigle dans fes
armoiries comme un fymbole de fon Empire.
Bafile , fils'de Je^n Bafilide , qui fecoua le joug
des tartares vers l'an 1470, & jetta les premiers
fondemens de la puifiance où cet Empire eft aujourd'hui
parvenu, eft le premier auquel on ait
donné le titre de c\ar.
Quand le c^ar Pierre I exigea de la cour de
Vienne qu'on lui accordât le titre & empereur 3 cette
prétention ne fut pas admife à la cour impériale ;
mais le c^ar fit préfenter par fon ambafTadeùr une
lettre originale que Maximilien I avoit écrite atf
c^ar Jean Bafilowitz. Le comte de Zinzendorff ,
grand chancelier de.la cour de Vienne, ordonna
de chercher dans les archives de la maifon d'Autriche,
l'original de cette lettre. On né la trouva
point j mais l'écriture dü fecrètaire‘ & la fignature
de Maximilien ayant été reconnues & bien vérifiées
, on ne refufa plus à Pierre I, & à fes fuc-
ceffeurs le titre d‘empereur & d'impératrice , dont
ils jouiffent encore à préfent.
Le mot de t^ar 3 félon quelques écrivains, lignifie
toi dans toute la Bible en langue fclavonë,
& les étrangers lui ont fubftitué le mot c\ar} qui
eft une corruption de celui de t^ar. Dans la Bible
fclavone, traduite du grec, il y a fept cens ans,
long-temps avant que les ducs ae Ruffie priffent
le titre de t\ar 3 les rois Pharaon, Saül, Dàvid,
&c. font en effet appellés t^ars j il n’y a point, dans
cette langue, de-différence entre roi & empereur.
Ivan Bafilowitz, dont on a parlé plus haut, fe
qualifia de t$ar. de^ Cafàn, d’Aftracan & de Sib
é r ie , de PoWeliteH& Samoderfchetz , de toutes
les Ruffies.'ETpremierde ces deux^Herniers mots
fignifie imperator oW général} & lç defriiërveut dirç
Couverain. .
F I K du premier Yalumfy