
intérieure , établie à Groetz en Styrie , mais elle
a une capitainerie particulière.
C e duché fe divife en haute & baffe Carinthie.
La plus grande partie appartient à la maifon d'Autriche
: le relie à l'évêque de Bamberg & à l'archevêque
de Saltzbourg.
C A R N A T E . Il paroît qu'on donne ce nom au
pays de montagnes qui fe trouve dans la penin-
fulede l'Inde , & que fous ce nom général on comprend
toutes les vallées & les montagnes , depuis
Ambour julqu'à Maduré, Travancour, & la côte
de Malabar.
Il n'ell donc pas néceffaire de s’étendre fur cet
article. On peut confuîtèr les articles C o t e d e
M A LA B AR , CO TE DE COROMANDEL, ARCAt
e , C a l i c u t , C a n a r a , D e c a n ,M a i s s o u r ,
T a n j a o u r , B o m b a y 3 M a d r a s S , &c.
C A R N IO L E ( d u c h é d e ). C e duché qui
appartient à la maifon d'Autriche, eft entouré des
poffeffions de cette maifon, de celles des Vénitiens
& de la mer Adriatique.
Les habitans donnent à leur pays le nom de Kreinska des Kela ylediftriéf: entre les rivières de Gurk 3 Culp & de Save, qui s'appelloit autrefois
la Marche Venede ou Efclavone, àcaufe de la proximité
de la frontière d'Efclavonie, fut incorporé à
la Camiole en 1334, La maifon d'Autriche prend
le titre de feigneur delà Marche Venède. Etats provinciaux : ils font divifés en quatre
ordres.
1°. Celui du clergé, qui comprend les évêques
de Luybach, deFreifingue, de Brixen de Triefte
& de Biben a quelques prélats inférieurs & lix
chanoines de Luybach.
2°. L'ordre des feigneurs, compofé des Princes j
comtes & barons.
3°. Celui des chevaliers ou nobles du pays.
4°. Celui des villes archiducales. Gouvernemens , tribunaux. L e préfet qui gouverne
la province, a fa réfidence à Luybach, & un
châtelain ou bourgrave au château de cette ville.
En fon abfence , le préteur landsverweifer y pr&tor
provincialis y remplit fes fondions au tribunal de
la province. Souvent auffi, on conlritue un vice- i
préfet, fous le titre d'adminiftrateur , landfva-
walter , qui exerce l'emploi du premier.
Le vice-dome, ( landes vice dorne[ J) connoît des
affaires des villes , bourgs & payfans du prince ,
& veille fur fes domaines & fes droits régaliens.
Les affaires économiques reffortiffent à un tribunal
, compofé d’un prélident & de quelques affef-
feurs , appelles conftitués , verodneta t qui font
pris des trois premiers ordres des états. Le receveur
eft chargé de l'adminiftration des deniers de
la province.
Le conseil provincial & aulique ( Iand und ho-
frecht ) eft le premier tribunal du pays 5 le tribunal
àulique juge en dernier reffort des affaires de
la nobleffe.
La fécondé juftice eft le tribunal ordinaire de
la prefe&ure , qui a la jurifdiélion fur les feigneurs
nobles. I
La troilieme juftice eft le bailliage du vice-
dome , pour les villes & bourgs du prince.
La a qn»uiaattrriiè2mmAe juftice e«fAt mixte entre l1e- -p-rIéCfet &
le vice-dome, & connoit des différends entre la
nobleffe & la bourgeoise.
La cinquième a pour objet les matières économiques
de la province , comme impôts & contributions;
les appels fe portent en première inftance
aux états, enfuite à la régence de l'Autriche* intérieure.
La lîxieme jurifdiétion eft celle des feigneurs &
magiftrats, fur leurs fujets & officiers.
La feptieme enfin eft celle des villes & bourgs*,
fur leurs bourgeois & habitans.
La Cour de Vienne » qui nomme à la régence
& au gouvernement de ce duché, y envoie un
capitaine général * un préteur général & un receveur
général des finances. Elle y entretient deux
régimens d'infanterie ; & elle y lève pour fon état
militaire, une contribution annuelle de 363,171
florins 56 creutzers.
> CAROLINE, l'une des colonies angloifes de
1 Amérique, feptentrionale, qui viennent d'établir
leur indépendance. Elle eft divifée en Caroline
féptentrionale , & en Caroline méridionale. Nous,
parlerons de chacune en particulier, après que
nous aurons fait l'hiftoire de l'établiffement deseuropéens
dans cette partie du monde, & après
que nous aurons dit ce que les deux Carolines ont
de commun.
Précis hifiorique fur Vétabliffement des européens
flans la Caroline. La vafte contrée qu'occupent les
deux Carolines , fut découverte par les efpagnols,.
peu de temps après leurs premières expéditions
dans le Nouveau-Monde. Elle n'offroit point d'or
a leur avarice 3 & ils la méprifèrent. L'amiral de:
Coligny , plus fage & plus habile , y ouvrit Une
fource d'induftrie aux proteftans françojs ; mais le
fanatifme, qui les pourfuivoit, ruina leurs efpé-
ranees, par l'affaflànat de cet homme jufte, humain,
éclairé. Quelques anglois les remplacèrent
vers la fin du feizième fîècle. Un caprice inexplicable
leur fit abandonner cet etabliffement pour
aller cultiver une terre plus ingrate, fous un climat
moins tempéré.
On ne voyoit pas un feul européen dans la Cn--
raline , lorfque les lords Berkley, Clarendon*
Albermale, Craven , Ashley& MM. Carte-
ret, Berkley & Colleton obtinrent en 1663 , de
Charles II, la propriété de ce beau-pays. Le fyf-
tême legiftatif du nouvel état fut tracé par. le fameux
Locke. Un philofophe , ami des hommes *
ami de la modération & de la juftice , qui ont
feules le droit de les gouverner, devoit fapper
jufqu'aux fondemens le fanatifme qui les a divifés
dans toutes les régions, & qui les armera les uns
contre les autres jufqu'à la fin des fiècles.
Tout porte à penfer que telle étoit l'opinion de
Locke : mais n'ofant attaquer trop ouvertement
les préjugés de fon temps , également cimentes
par des vertus & par des crimes , il voulut les
concilier .» autant qû'il étoit poffible, avec un
principe diète par la raifon & l'humanité. Comme
les habitans fauvages de l’Amérique n'ont, di-
foit-il, aucune idée de la révélation, on auroit
tort de les tourmenter pour leur ignorance. Les
chrétiens qui viendront peupler la colonie , y
chercheront fans doute Une liberté de confcience
que les prêtres & les princes leur refitfe.nt en Europe
j ce feroit manquer à la bonne-foi, que de
les perfécuter, après les avoir reçus. Les juifs &
•les payens ne méritent pas plus d'être rejettés
pour un aveuglement, que la douceur & la per-
fuafîon peuvent faire ceffer.
C'eft ainfi que raifonnoit le philofophe anglois
j avec des efprits imbus & prévenus de dogmes
qu'on ne s'étoit pas encore permis de difeu-
ter. Par égard pour leur foibleffe, il unit à la tolérance
qu'il établiflbit , cette reftriétion , que
toute perfonne, au-deffus de 17’ ans, qui pré-
tendroit*à la protection des loix, fe feroit inf-
crire dans le regiftre de quelque communion.
Là liberté civile fut beaucoup moins favorifée
par Locke , foit par complaifance pour ceux qui
l’employoient, efpèce de baffeffe dont on répugne
à le foupçonner ; foit que plus métaphyfi-
cien que politique, il n'eût fuivi la philofophie
que dans les fentiers ouverts par Defcartes & par
Léibnitz ; cet homme qui détruifit, qui éloigna
tant d'erreurs dans fa Théorie fur l'origine des
idées, ne marcha que d’un pas foible & chancelant
dans la carrière dé la légiflation. L'auteur
d'nn ouvrage dont la durée éternifera la gloire de
la nation françoife, Montefquieu lui-même , ne
s'eft pas apperçu qu'il faifoit des hommes pour
les gouvernemens, au lieu de faire des gouvernemens
pour les hommes.
Le code de la Caroline , par une bizarrerie inconcevable
dans un anglois & dans un philofophe,
donnoit aux huit propriétaires qui la fondoient &
à leurs héritiers , non-feulement les prérogatives de
la couronne, mais encore toute la puiffance légifla-
tive.
Le premier ufage que firent de leur autorité ces
fouverains , ce fut de créer trois ordres de nobleffe.
Ils appeilèrent barons' ceux qu'ils ne- grati-
fioient que de douze mille acres de terre. On
donna le nom de caciques à ceux qui en recevaient
vingt - quatre mille, & le titre de landgraves
à ceux qui en obtinrent .quatre - vingt milles.
Ces cpnçeffmns ne pouvoient jamais être aliénées
en détail ; leurs heureux p'offeffeurs dévoient feuls
former la chambre des pairs. Les communes furent
compofées des repréfentans des villes & des
comtés, mais avec des droits beaucoup moins
confidérableç que dans la métropole^'anemblée
fut nommée cour palatine. Chaque tenancier étoit
obligé à une redevance annuelle d’une livre deux
fols fix deniers par acre : maïs il lui étoit libre de
la racheter.
De puiffans obftacles s'opposèrent trop longtemps
aux progrès de ce grand établiffement.
Dès l'origine, ia colonie avoit été ouverte à
toutes les fe&es indiftinétement 5 toutes avoient
joui des mêmes prérogatives. On avoit compris
quec'étoit l’unique moyen défaire arriver promptement
un état naiffant à de grandes profpérites.
Dans la fuite les anglicans, devenus jaloux des
non-conformiftes, voulurent les exclure du gouvernement,
les obliger même à fermer leurs lieux
de prières. Ces aèfces de folie & de violence furent
annulés en 1706 par la métropole, comme
contraires à l'humanité, â la juftice, à ia raifon ,
à la politique. Du choc de ces rêveries fortirent
des cabales & des tumultes, qui détournèrent
les habitans des travaux utiles.
Deux guerres qu'on fit aux fauvages, furent
prefque auffi extravagantes, prefqu’auffi deftruc-
tives de tout bien. Sans intérêt & fans motif on
attaqua, on maffacra toutes les nations errantes
ou fixées entre l'Océan & les Apalaches. Ce qui
échappa au glaive * fe fournit, ou fe difperfa.
Cependant une conftitution mal ordonnée fut
la caufe principale d’une inertie prefque générale.
Les feigneurs propriétaires , imbus de principes
tyranniques , tendoient de toutes leurs forces
au defporifme. Les colons, éclairés fur les
droits de l'ho'mme 3 mettoient tout en oeuvre
pour éviter la fervitude. Il falloir, ou établir un
nouvel ordre de chofes, ou confentir à voir gémir
éternellement dans l'humiliation , dans la miV
sère & dans l'anarchie une vafte contrée , dont
on s'étoit promis de fi grands avantages. Le fénat
britannique prit enfin en 1728 le parti de rendre
ce beau domaine à la nation , & d'accorder à fés
premiers maîtres 540,000 liv. de dédommagement.
Granville feul, par des confédérations qui
ne nous font pas connues, fut maintenu dans fon
huitième, fitué fur les confins de la Virginie :
mais cette partie-lâ même ne tarda pas a recouvrer
auffi fon indépendance. Le gouvernement
anglois » tel qu'il1 fe trouvoit déjà établi eni
r. d'autres provinces du Nouveau-Monde, fut fubf-
titué à l'arrangement bizarre, que dans des temps
d'une extrême corruption, des favoris infatia-
bles avoient arraché à un monarque indoient.&
foible. Alors le pays put efpérer des profpérites.
Dans la vue d'en fimplifièr l'âdminiftration , il
fut partagé en deux gouvernemens indépendans^
fous le nom de Caroline méridionale & de Caroline
feptentrionale.
On peut voir à l’article E t a t s -u n is , à quelle
époque , & pourquoi les Treize Etats-Unis ont
fècoiié le joug de la Grande-Bretagne.
Ce que les deux Carolines ont de commun, Les deux
contrées réunies occupent plus de quatre cens
i milles fur la côte , Ôrenviron deux cens milles dans