
cipalemerçt en Amérique. Dans les temps de guerre,
lorfque les troupes étrangères lande foumettent la Cour- à des contributions, la maifon ducale s'eft
toujours chargée d'un tiers. La nobleffe, mécontente
de cette répartition , a propofé une revifion
que Ton nomme kacken-revifion 5 mais jufqu'à pré-
fent le duc a refufé de s’y prêter.
L e duc de Courlande prend le titre de duc de
L ivo n ie , de Courlande & de Semigalle 5 les armes
de Courlande font écartelées en croix. L e premier
& le quatrième quartier font d'argent au lion de
gueules couronné d 'o r , à caufe de la Courlande $
& le deuxième & le troifième d ’azur au demi-élan
cou ron n é , avec des couleurs naturelles > fur le tout
eft un petit écuffon p a r t i, dans lequel on place
les armes de la maifon régnante. L e grand écu eft
enveloppé d'un manteau de pourpre Fourré d'hermines,
& a deux lions d'or couronnés pour fup-
ports : le tout eft furmonté d'un bonnet de prince.
- D'après la forme de gouvernement des duchés
de Courlande & de Semigalle, telle que l'établit en
1617 une. commiflion nommée par le roi de Pologne
, ce pays a quatre confeillers fupérieurs ; fa-
,voir, le grand maître, le chancelier , le grand
/Lourgrave & le grand maréchal, & deux jurif-
confultes ou docteurs, qui ont le titre de confeillers
du prince. Les confeillers fupérieurs adminif-
trentles deux duchés au nom du duc , en cas d'ab-
fence,' de minorité,. de maladie, ou durant l'interrègne.
Il y a.d'ailleurs quatre grands capitaines,
deux en Semigalle, un àMittau & l'autre à Seel-
bourg î & deux en Courlande , un .à Goldingen &
l'autre à Tuçkom. Ceux-ci jugent en première inf- i
tance leS caufes des nobles & des roturiers, dans
les diftriéls fournis à leur jurifdiétion 5 c'ell parmi
eux qu'on choifit les confeillers fupérieurs , &
chacun d'eux a fous lui deux fous-capitaines. L'appel
des fentences des grands capitaines eft porté
au tribunal de la cour, lequel fiège annuellement
deux fois , & eft compofé du duc pt des confeillers
fupérieurs. Les affaires qui paffent 600 florins ,
,vont par appel de ce tribunal au roi de Pologne.
Les affaires criminelles qui regardenfla nobleffe,
font jugées par le duc & les quatre confeillers fupérieurs
: mais on peut en appeller au ro i, hors
le cas d'affaffinat prémédité, d'incendie, d'injures
, de vols & de violences ouvertes. Les affaires
eccléfiaftiques font jugées par le chancelier, conjointement
avec le furintenaant & quatre prévôts.
Le duc , qui eft le chef de fon églife, tient
quelquefois une cour qu’on appelle ducale confif-
toriale $ quelques-uns de fes confeillers , des fur-
intendans & des anciens du clergé y affilent alors.
Il n'y a point d'appel de' cette cour au roi de Pologne
, même dans les caufes des nobles.
‘Quant aux démêlés qui furviennent entre le
prince & la nobleffe, ils font portés tout de fuite
devant le, roi. La juftice , dans les villes, appar- {
tient au tribunal de la cour. En matière de dettes
civiles, on emploie les exécutoriales. Il doit fe te- J
nir tous les ans à Mittau une diète provinciale ,
à laquelle chaque paroiffe envoie un député.
Les loix du pays .font précifes & claires, de
forte que la plupart des nobles plaident eux-mêmes.
11 n’y a pas dans le pays plus de fix ou fept
avocats.
La nobleffe courlandoife a des privilèges confi-
derables : on diftingue avec foin l'ancienne nobleffe
& la nouvelle ; mais comme les dernières
affemblées de chevaliers font des années 1620 ,
16$ 1 & 1634, on compte depuis ce temps beaucoup
de nouvelles familles, qui ne font point com-
prifes dans la lifte des membres de ces affemblées.
Selon une ancienne loi, renouvellée & confirmée
fouvent, les familles anciennes peuvent feules parvenir
aux dignités du pays. La nobleffe courlandoife
a des inclinations guerrières. Un gentilhomme
courlandois jouit en Pologne de l'indigenat, de
meme qu'un polonois en jouit en Courlande j mais
/les uns & les autres ne peuvent en réclamer les
privilèges que lorfqu'ils font établis dans l'un de
ces pays > & un courlandois a de la peine à obtenir
une charge en Pologne , s'il n'eft point
catholique ; au lieu qu'un polonois catholique
peut parvenir aux premières dignités de Courlande
, à l'exception cependant de celle de chancelier.
La nobleffe courlandoife n'a aucune part aux
diètes de Pologne. Les loix rendent tout gentilhomme
maître des mines qu'il découvre dans fes
terres , & celui qui a des domaines fitués au bord
de la mer jouit du droit de varech. Une ordonnance
de l'année 1 y88 fait de la maifon d'un noble,
à la ville ou à la campagne , un àfyle dont
il n'eft point permis d'arracher quiconque s'y eft
, réfugié. Une autre ordonnance de l'année 15-44
défend d’emprifonner un gentilhomme accufé d'un
crime, ou de confifquer fes biens, avant de l'avoir
cité devant le tribunal, & convaincu juridiquement.
D'autres ordonnances des années 1569 ,
70 , 87, 88 & 1650 exemptent leurs fujets, vaf-
faux & ceux qui font attachés à leur fervice ,
d'impôts, de péage ou accife pour tout ce qui
leur appartient, & leurs terres’ font exemptes de
logement des gens de guerre. Un décret de l'affem-
blée des états de l'année de 1634 & une ordonnance
de 1676 ftatuent qu'un nouveau gentil-
hpmme , jufqu'à la troifième génération, ne
pourra obtenir de dignités , ni adminiftrer des
charges de magiftrature, ni être envoyé en qualité
de miniftre, à moins qu'il n^ait rendu de grands
fervices à l'état, ou n'ait été adopté par quelque
famille ancienne. Les gentilshommes ont fur leurs
fujets un pouvoir illimité, ainfi que le droit de
vie & de mortj ils doivent cependant, avant l'exécution
du jugement, faire le procès en.forme aux
coupabtes, fous peine d'une amende de. 100 flor.
Les autres peines corporelles dépendent de leur
bon plaifir 5 îls peuvent, par exemple , quand ils
le jugent à propos, faire fuftiger leurs payfans.
Le fotiet par les mains du bourreau & le banniffenient
font cependant rares, parce que le fei-
gneur perdroit un fujet, dont la confervation in-
tereffe fa cupidité. Les gentilshommes jouiffent,
dans les églifes paroifliales, du droit de patronage
en commun avec le duc, lequel exerce en outre
ce droit exclufîvement dans plufieürs églifes ; avantage
que la nobleffe a auff dans quelques endroits.
Les pafteurs font ordonnés par le furintendant ,
affilé d'un ou deux pafteurs du voifinage. Les
gentilshommes peuvent chaffer où îls veulent : au
relie, fous le règne du duc Charles, les anciennes
chaffes ducales aux environs de Mittau furent
rétablies, & on les interdit à la nobleffe, ainfi
que tous les cantons réfervés au prince. En temps
de guerre , ou lorfque les liaifons avec la Pologne
1 exigent, les gentilshommes courlandois font leur
fervice chacun féparément, & le duc rernplit de
meme les devoirs auxquels l’oblige fon vaflelage :
mais, s'ils fervent tous enfemble, le duc doit
marcher à leur tête en perforine j ils choififlent
eux-mêmes leurs colonels & autres officiers, qui
font fous les ordres du duc. Ils ne paffent point
les frontières du duché, à moins que le duc ne
l'exige pour le bien delà république de Pologne.
Ils paroiffent avoir beaucoup de'refpeél pour leur
fou verain j mais fi celui-ci veut vivre en bonne intelligence
avec eux , il doit prendre garde qu'on ne
le foupçonne de quelques projets contraires à leurs
droits, dont ils font très-jaloux.
COURONNEMENT , cérémonie par laquelle
on place la couronne fur la tête d'un fou-
verain. Nous ne parlerons ici que du couronnement
du pape & de l'ancien couronnement de l'empereur
d'occident.
Dès que le pape eft élu , s’il n'eft encore que
diacre, le cardinal - doyen lui confère l'ordre de
la prêtrife & l'épifcopat : on fait enfuite les préparatifs
de fon Couronnement. Le jour marqué ,
fa fainteté fe rend à la chapelle de Sixte , où on
le révêt de la mitre, de l'aube, de la ceinture ,
de l'étole & du pluvial rouge broché d'or. Le
premier cardinal-diacre lui met la mitre fur la tête.
De-là on le porte à l'églifede S. Pierre, avec beaucoup
de pompe & de folemnité. En arrivant fous
le portique de Saint Pierre, il s'affed fur un
trône furmonté d’un dais, auprès de la porte fain-
te : c'eft-là que les chanoines & les bénéficiers
de S. Pierre viennent lui baifer les pieds. On le
porte enfuite fur le marche-pied du grand autel,
où il fait fa prière à genoux & la tête découverte.
De-là on' le tranfporte à la chapelle grégorienne ,
où il s'affed fur un trône, & reçoit les hommages
des cardinaux & des prélats. Les premiers lui
baifent la main, & les autres le genou. Le faint-
père donne enfuite fa bénédiélion au peuple, &
quitte fes paremens rouges pour en prendre de
blancs. On fait la proceffon , pendant laquelle le
-premier maître des cérémonies tient, d'une main,
un cierge allumé, & de l'autre un baffn, où font
des figures de châteaux & de palais faites avec des
I étoupès. Il y met le feu jufqu’ à trois fois , en di-
fant au pape : fie tranfit gloria mundi, c'ell ainfi
que paffe fa gloire de ce monde. On obfervoit
à-peu-près le même ufage, lors du couronnement
des empereurs grecs j on leur préfentoit d’une
main un Yafe rempli de cendres & d'offemens,
& de l ’autre des étoupes auxquelles on met-
toit le feu. Quand la proceffon eft arrivée au
bas du maître-autel, le pape commence la meffe.
Nous omettons une multitude de cérémonies qui
accompagnent cette meffe. Il fuffit de remarquer
q u e , durant cet intervalle, les cardinaux & le
clergé viennent en habit de cérémonie, & chacun
à leur ran^, adorer fa fainteté. Les patriarches ,
les archevêques & les évêques lui baifent les pieds
& le genou > les abbés & les pénitenciers de faint
Pierre ne lui baifent que les pieds. Il ne faut pas
oublier que Lépitre & l'évangile font chantés en
grec & en latin, & que les ambaffadeurs du roi
de France & de l’empereur, s'ils fe trouvent à la
cérémonie, donnent à laver à fa fainteté. Après la
meffe, le cardinal-archiprêtre de S. Pierre, accompagné
de deux chanoines offre à fa fainteté
une bourfe de damas blanc où il y a vingt-cinq
jules de monnoie ancienne} c'eft la récompenfe
cqaunet alteâ cmhaîjpjaitre de S. Pierre lui donne pro bené , c'eft-à-dire, pour avoir bien chanté
la meffe. Le pape remet cet argent aux cardinaux-
diacres qui ont chanté les deux évangiles, & les.
cardinaux le donnent à leurs caudataires. Après la
meffe on porte le pape à la grande loge de faint
Pierre , qu'on appelle la loge de la bénédiction.
Deux palfreniers, habillés de rouge, accompagnent
le fauteuil pontifical avec un éventail de
queue de paon. Le pape monte fur un trône dreffé
au milieu de la loge. C ’eft-là qu'on lui met fur
la tête la tiare pontificale ou le trirègue, en lui
difant : « recevez cette tiare ornée de trois cou-
p ronnes, & fâchez que vous êtes le père des
» princes & des rois, le gouverneur de l ’univers
Ê & le vicaire de notre fauveur Jefus-Chrift «. Le
pape , couvert de la tiare, donne trois fois la be-
nédiélion folemnelle au peuple, & deux cardinaux
publient une indulgence plenière. Ainfi fe termine
cette pompeufe cérémonie, au milieu du bruit de
l'artillerie du château Saint-Ange, & pendant laquelle
les troupes du pape font fous les armes;
Les illuminations , les feux d'artifice, les bals &
les autres divertiffemens qu'occafionne cette fête ,
ne font pas de notre fujet. Autrefois le pape don*
noit, le jour de fon couronnement, un feftin magnifique
, où la majefté pontificale brilloit dans
tout fon éclat. Le faint-père avoit une table particulière,
dreffée fur une eftrade élevée : il etoit
affs fur un trône. Si l'empereur fe trouvoit à Rome
, il avoit fa table fur la même eftrade, à la
droite du pape ; mais le fiège qu’il occupoit étoit
beaucoup moins éclatant. Il préfentoit le baffn au
pape, lorfque celui - ci fe~ lavoit les mainr*, &
il fervoit Je premier plat fur la table de fa fai»-