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confiante de furveiller la paffion commune à chaque
intérêt particulier , pour l'empêcher de îe couvrir
du manteau du bien public. Le mot .cornu :
cela eft fa it comme les affaires de la villa' , eft un
proverbe bien ancien & bien avoué. En général,
moins il y a d'affaires publiques & moins de gens
fe mêlent des affaires publiques & communes , &
mieux les chofes font foignées & adminiftrées.
Relient enfin les communautés relig'ieufes > &
celles - ci 3 loin de s'approcher des affaires publiques
3 du moins , dans leur inftitution 3 ont pour
objet de s'en fequeftrer & de s'en éloigner elles
& leurs membres. Il paroit * quant à ces derniers 3
qu'ils fe refufent à ce que nous avons dit ci-deffus
être néceffaire 3 pour que leur portion fur le don
de la nature leur foit attribuée félon l'ordre 3 &
par conféquent avec continuité & fans ufurpation
de la portion d'un tiers j car ces membres ne font
pas obligés au travail. Cependant toutes ces af-
fociations dans leur inftitution eurent pour principe
un objet d'utilité, & par conféquent de
travail.
L'exercice néanmoins de mortification 3 d'édification
3 de culte, d'exemple & de contemplation
auquel ils fe vouent i| outre qu'il eft plus fufeep-
tible que tout autre de relâchement , peut avoir y
félon les temps & les opinions , une influence plus
qu'indireéle fur la focieté 5 mais ceci doit être confédéré
fous un autre point de vue phyfique , qui
Je légitime & peut même le rendre précieux.
Dans le travail, tout tend à cet excédent nommé
j dans ces derniers temps , produit net, & que
nous avons dit être disponible. Sur cet excédent,
les frais indifpenfables de la culture & de l'entre-
* tien prélevés, doivent être prifes les dépenfes fou-
veraines & celles des propriétaires. O r ces mêmes
religieux, qui femblent vivre dans le repos & la
retraite j doivent être confidérés comme propriétaires
fincopés &, multipliés, quant au nombre,
au moyen de l'économie de leur dépenfe perfon-
nelle que des conftitutions particulières ont réduite
â l'égalité & à l'uniformité.
, Un petit nombre d'entr'eux veille à l'ordre do-
meftique, à l'entretien*des domaines, ainfi qu'aux
autres biens qui doivent également fournir la part
fouveraine. A l'ab r i, par leur état, des inconvé-
niens des minorités & autres dérangemens de
fortune, débarraffés, par leur fituation , des dépenfes
ordinaires des propriétaires féculiers, ils
maintiennent leurs fonds , les confervent & les
améliorent à la longue, par de fortes avances, fi
la bonne foi publique leur garantit une pleine fé-
curité.
C'eft à ces inftitutions feulement, que les nations
modernes, arrivées barbares & belliqueufes
dans les pays qu'elles occupent , & qui ont fi
long-temps confervé cet efprit déprédateur, dont
l'homme fe départ bien difficilement pour embraf-
fer l'exercice pénible, de la pacifique charrue 5 c’eft
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à ces inftitutions feulement qu'elles dûrent Y avantage
de conferver un territoire que leurs ravages
auroient détruit, fans ces lieux & ces établiffemens
privilégiés qui furent préfervés de l'incendie général.
D'autres temps, dira-t-on, demandent d'autres
inftitutions. Sans incidenter fur le droit, queftion
majeure & de toute importance quand il s'agit de
la propriété 5 fans alléguer que l'autorité publique
a certainement en main le pouvoir de ramener
celles de ces inftitutions qui fe font relâchées , à
des principes fociaux qu'elles eurent fans doute
dans leur principe, puifqu'elles ont duré > fans
incidenter, dis-je , fur ces points, toujours eft-il
vrai que tout ordre de chofes qui préferve les
avances foncières d'empiétement & de négligenc
e , doit être infiniment précieux à une nation agricole
, & il ne peut y en avoir d'aatre qui foit
vraiment nation.
Telles font encore les communautés des cenobites
cultivateurs : il eft impoffible de calculer ce que ces
gens-là font de bien aux déferts qui leur fer virent
autrefois de retraite.
En général, l'efprit de communauté partielle &
non publique, ce qui eft bien different, eft très-
utile & très-précieux pour les territoires ardus, & il
i ne peut guères fe -conferver que dans ceux-là. La
coutume d'Auvergne, par exemple, autorife les
affociations ou communautés de famillé?5 Les Pin-
gons , auprès de Thiers, font connus pour fub-
fifter dé la forte depuis plus de fix fiècles , en-
vertu d'un paéte ordonné par un fage.père de
quatre frères , qui preferivit que déformais leurs
biens & leurs travaux feroient communs. Ils ne fe
marient au-dehors que quand il ne fe trouve pas
de fille nubile dans leur hameau, & celles qui en
fortent n'emportent leur dot qu'en argent. Une
pente de montagne, qui depuis long-temps feroit
déferte ou ravinée, eft couverte de vignobles
de dépaitres; leur taxe d'office pour la taille eft
à deux mille liv. pour chaque année, & cela ne
rendroit rien du tout en d'autres mains. Ils vivent
nombreux, innocens & fages, toujours dans les
mêmes ufages, & fourniffent au-dehors des fujets.
Plufieurs affociations de ce genre & plus profpèrës
fe trouvent dans le même pays.
C e n'eft pas ici le lieu de multiplier la citation
des exemples : il fuffit de dire que l'efprit de communauté
partielle fuppofe l'efprit d'union, & c'eft
principalement ce qu'il faut à la fociété particulière
& générale.
Il eft des communautés confédérées comrrie afÿles
d'un fexe foible. Mille raifons devroient les faire
appuyer, au lieu de porter à les attaquer pour les
-réunir & les détruire.
Il en eft enfin qui , dans les vues d'humilité &
de dévouement exemplaire, furent fondées fur la
charité. L'admiffion & la durée de ces fortes d'inf-
titutions fuppofeque ceux qui en embraffent le ré-
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gîme, font plus utiles qu'ils ne font onéreux. Dans
ce cas néanmoins ils ont dès-lors leur droit à être
rentes. Il faut même qu'ils le foient, ou foudoyés
& entretenus pour quelque oeuvre utile. La mendicité
doit être fupprimée jcar les mendians font
des parafites oififs ou des frélons qui déshonorent
les riches, dépouillent les pauvres, & qui
compofent la pire des communautés.
yoyei le Dictionnaire de Jurifpr. Voye1 auffi
l'article J u r a n d e s .
( Cet article eft de M. G r i v e l . J ^
C O M M U N E S , ( chambre des communes ou
chambre - baffe en Angleterre. ) Voye[ l'article
A n g l e t e r r e de ce Diétionnnaire, & l'article
C h a m b r e -b a s s e du Dictionnaire de Jurifpr.
C O M O R E S , ISLES COM O R E S . Ces ifles,
fituées dans le canal de Mozambique, entre la
côte de Zanguebar & de Madàgafcar, font au
nombre de quatre. Comore qui en eft la principale
, & qui a donné fon nom à ce petit archipel
, eft peu connue. Les portugais, q u i, dans
leurs premières expéditions, la découvrirent, y
firent tellement détefter , par leurs cruautés, le
nom des européens, que tous ceux qui ont ofé
s 'y montrer depuis ont été maffacrés ou fort mal
reçus : auffi l'a-t-on entièrement perdue de vue.
Celles de Mayotte & de Moëli ne font pas plus
fréquentées, parce que les approches en font
difficiles, & que le mouillage n'y eft pas fur. Les
anglois ne relâchent qu'à l'ifle d'Anjouan.
C e f t - là que la nature, dans une étendue de
trente lieues de contour, étale toute fa richefîe
avec toute fa fimplicité. Des coteaux toujours
verds, des vallées toujours riantes y forment par
tout des payfages variés & délicieux. Trente mille
habitans, diftribués en foixante & treize villages,
en partagent les productions. Leur langage eft
l'arabe > leur religion un mahométifme fort "corrompu.
On leur trouve des principes de morale,
plus épurés qu'ils ne le font communément dans
cette partie du globe. L'habitude qu'ils ont contractée
de vivre de lait & de végétaux, leur a
donné une averfion infurmontable pour le travail.
D e cette pareffe eft né un certain air de grand
eu r , qui confifte, pour les gens diftingués, à
laiffer croître exceffivement leurs ongles. Pour fe
faire une beauté de cette négligence, ils les teignent
d'un rouge tirant fur le jaune, que leur
fournit un arbriffeau.
C e peuple né pour l'indolence, a perdu la liberté
qu'il étoit fans doute venu chercher d'un
continent voifin, dont il étoit originaire. Un négociant
arabe, il n'y a pas un fiècle, ayant tué
au Mozambique un gentilhomme portugais, fe
jetta dans un bateau que le hafard conduifit à
Anjouan. Cet étranger fe fervit fi bien de la fu-
penorite de fes lumières, & du fecours de quelques
uns de fes compatriotes, qu’il s'empara d'une
autorité^ abfolue que fon petit-fils exerce encore
aujourd hui. Cette révolution dans le gouvernement
ne diminua rien de la liberté & de la fureté
que trouvoient les anglois qui abordoient dans
1 ifle. Ils continuoient à mettre paifiblement leurs
malades a terre, où la falubrité de l'a ir , l'excel-
e?Se. ^es fruits y des vivres & de l'eau les réta-
bliffoient bientôt. Seulement on fut réduit à payer
plus cher les provifions dont on avoit befoin, &
voici pourquoi.
Les arabes ont pris la route d'une ifle où ré-
gnoit un arabe. Ils y ont porté le goût des manufactures
des Indes> & comme des cauris, des
noix de co co , & les autres denrées qu'ils y pre-
noient en échangé, ne fuffifoient pas pour payer
ce luxe , les infulaires *ont été réduits a exiger de
l'argent pour leurs boeufs, leurs chèvres, leurs
volailles, qu'ils livroient auparavant pour des grains
de verre, & d'autres bagatelles d'un auffi vil prix.
Cette nouveauté n'a pas cependant dégoûte les
anglois d'un lieu de relâche, qui n'a d'autre dé-
Em^qu^ celui d etre trop éloigné de nos Daraues
C OM P O S IT IO N S PO UR LES M
Quelques details fur cet ufage abfurde de nos,
ancêtres & des peuples barbares ne feront pas
déplacés ici. -
Comme il eft impoffible d'entrer un peu avant
dans notre droit politique , fi l'on ne cônnoît parfaitement
les loix & les moeurs des peuples germains,
je m'arrêterai un moment pour faire la recherche
de ces moeurs & de ces foix.
Il paroît', par Tacite , que les germains ne
connoinoient que deux crimes capitaux i ils pen-
doient les traitres & noyoient les poltrons : c’ é-
toient chez eux lès feuls crimes qui fuffent publics.
Lorfqu un homme (1) avoit fait quelque tort à.
un autre, les parens de la perfonne offenfée ou
lefee entroient dans la querelle, & la haine s'ap-
paifoit par une fatisfaélion. Cette fatisfa&ion re-
gardoit celui qui avoit été offenfé, s'il pouvoir
la recevoir > & les parens, fi 1 injure ou le tort
leur étoit commun, ou f i, par la mort de celui
qui avoit ete offenfé ou léfe , la fatisfa&ion leur
etoit dévolue.
De la manière dont parle Tacite , ces fatif-
faélions fe faifoient, par une convention réciproq
u e , entre les parties : auffi , dans les codes des
peuples barbares, ces fatisfa&ions s'appellent-elles
des compofttions.
Je ne trouve que la loi ( i ) des frifons. qui ait
. ( 0 fùfidptre tdm Inimimas., feu jttr it., feu pmpin qui, quàm amicitiiu , necijfe ijl : me m pUeOik t durant ■ Immr enhm
etitun homicidium certo armentorum ac pecorum numéro, recipitçue falisfa&ionem univerfa domus. Tacite, de morib gtrmaiu
(a) Foyei cette lo i, tic. », fur le« meurtres, & l’addition de Vullewar fur les vol«.
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