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chef, fous le titre deftatkouder. Le canton 8e Ber-
nf-> en particulier, conclut en 1712. un traité d'u-
mon defennve avec les Provinces-Unies j cet exem-
ple rut imite Tannée fuivante par les ligues des
grifons. Les capitulations pour les troupes fuifles
qui font au fervice des états - généraux, ont comç
me»ce a-peu-près dans le même temps.
1 ar le traite de la Haye, du 21 juin 1712, les
1 rovinces-Unies & le canton de Berne fe promettent
une étroite & perpétuelle amitié.
Le canton de Berne eft tenu de défendre les Pro-
vmces-Unies, fi on les attaque dans leur propre
domaine ou dans leurs barrières 5 & les Provinces-
Umes peuvent employer les troupes de ce canton,
qu ils tiennent à leur fervice, pour la défenfe de-
tous les pays que la couronne de la Grande-Bretagne
pofiede en Europe.
Ce canton laifle aux états-généraux les vin^t-
quatre compagnies qui font à leur fervice 5 fi quelque
puifTance étrangère Tattaque direttement, il
pourra les rappelier j mais il ne le pourra pas, fi
le canton n'èft en guerre qu'avec d'autres cantons.
Hans ce cas, les états-genéraux lui paieront feulement
un fubfîde équivalent-à la paie qu'elles donnent
à ces troupes. Elles la lui paieront également,
n le canton en guerre avec des étrangers ne demande
pas le rappel de fes compagnies. Pendant
la paix, chacune des compagnies pourra être réduite
à cent cinquante hommes.
Toutes les fois que les Provinces-Unies feront
une guerre défenfive, il leur fera permis de faire,
dans le canton de Berne, une levée de quatre mille
hommes, & les recrues néceffaires pour tenir ce
€0,TS complet, a moins que le canton de Berne ne
foit lui-même en guerre, & n'ait de juftes raifons
de craindre de pareilles hoftilités de la part de quelques
uns de fes voifîns.
Les états-généraux prendront la défenfe du canton
de Berne, de la ville de Genève, de celles de
Bienne & de Munfterhall, ainfi que des comtés de
Neufchatel & de Valengin, toutes les fois que
quelque puifTance les attaquera.
Les vingt-quatre compagnies ne feront données
qu'à des capitaines du canton de Berne, & ce
canton nommera le capitaine des nouvelles levées.
Les compagnies bernoifes ne feront point employées
aii préjudice des traités des cantons avec
la France & la maifon d’Autriche; mais ces alliances
d étant que defenfives, le canton de Berne ne permettra
pas que ces puifTances fe fervent de fes
fujets au-delà des termes preferits , ni qu'elles les
emploient contre les Provinces-Unies ou contre
leurs barrières.
Les troupes bernoifes, à la folde des états-généraux
, ne fendront que fur terre 5 on ne pourra
les tranfporter par mer dans aucun pays étranger,-
excepté la Grande-Bretagne, quand il s'agira de
fa derenfc,
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Alliances des états-généraux avec les ligues grifes.
Cette alliance a été contractée à la Haye le 19 avril
Les conditions ont le même efprit que le
traite paflfe avec le canton de Berne ; mais, quant
au nombre des troupes, les ligues grifes ne four-
niflent que dix compagnies : en cas de guerre défenfive
, les ligues grifes peuvent rappelier les deux
tiers de leurs officiers, fi les états-généraux font en
paix, & un tiers feulement s'ils font en guerre. A
1 egard des compagnies, on ne les rappellera dans
aucune circonftance ; mais les Provinces-Unies donneront
par forme de fubfide aux ligues grifes, fi
celles - ci^ ont une guerre défenfive , une fomme
pareille à celle que leur coûte annuellement l’entretien
des dix compagnies grifonnes 8c de leur
etat-major.
En cas de guerre défenfive, les états-généraux
peuvent lever chez les grifons un corps de deux
mille hommes & leurs recrues , conformément à
ce qui eft llipulé pour Berne.
Les états-généraux défendront en toutes occa-
• fions les ligues grifes, leur pays 8c leur fôuverai-
nete Ues dix compagnies grifonnes feront également
données a des fujets des ligues, 8c pourront être
réduites, éh tems de paix, à cent cinquante hommes
chacune.
Pour ne pas égarer nos le&eurs dans le labyrinthe
que forment les diverfes parties du corps
politique de la république des fuifles, peu connu
des etrangers, il etoit néceffaire d'indiquer, avant
toute chofe, 8 origine & les motifs des traités qui
lient les Treize-cantons, tant entr'eux qu'avec
d autres puifiances. Nous fuivrons le même plan
par rapport aux autres petits états, alliés des cantons^
8c compris avec eux fous la dénomination
générale de corps helvétique. Un tableau du droit
public de ces alliés des fuilfes & de leurs rapports
politiques, le plus précis 8c le plus exa&
qu'il nous fera poffible, terminera cet article.
S e c t i o n I I I e.
Remarques fur les alliés des fuijfes & fur leurs rapports
avec le corps helvétique.
L abbaye de Saint-Gall poffédoit un territoire
fortconfidérable, lors de la révolution qui, aucom*
mencement du quinzième fiècle, lui enleva la ville
de Saint-Gall 8c le pays d'Appenzell. Elle avoir
acquis le comte de^ Toggenbourg, en 1468. La
crainte de fe voir dépouiller de quelques terres par
les bourgeois de Saint-Gall, avoit décidé l'abbé
Gafpar de Laudenberg à mettre fon monaftère fous
la proteéHon des cantons de Zuric, de Lucerne,
de Schwitz 8c de Glaris, par un traité de combourgeoifie
perpétuelle, qui fut figné en 14^1 5
il les reconnut dans cet a&e pour feuls juges entre
fes peuples 8c lui. Depuis cette époque, les quatre
cantons qu on vient d’indiquer eurent alternativement
à Wly un officier qui, avec le titre de c*
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pitaine du pays, Landshauptmann, eft le gardien I
des droits réciproques de l'abbaye 8c des fujets ,
8c prend connoifiance des caufes criminelles. La
penfion de cet officier a été fixée par une convention
particulière en 1597. Immédiatement après
l'achat du comté de Toggenbourg, l’abbé Ulric
avoit conclu, fous ce nouveau titre, un traité
particulier dé combourgeoifie, avec Schwitz 8c
Glaris, pour contrebalancer l'effet de la combourgeoifie
que ces deux cantons avoient établie en
143 6, avec les communautés du Toggenbourg.
Les abbés de Saint-Gall n'ont pas de liaifons directes
avec les autres cantons ; mais, admis par
les confédérés de la Suiffe à diverfes alliances avec
des puifiances voifines, l'habitude de s'intérefler
aux négociations fréquentes que ces traités occa-
fionnoient, leur a procuré un droit d’ufage 8c de
preferiptionj d^envoyer des députés aux diètes générales
, 8c c'eft à çe titre qu'on confidère l'abbaye
de Saint-Gall comme afîbciée au corps helvétique
( 1 ) . Voye£ S a i n t -G a l l & T o g g en b
o u r g .
Il s'en eft peu fallu que la ville de Saint-Gall,
en profitant de la révolution dans le pays d'Appenzell
pour étendre fes immunités, n'ait dépouillé
cette abbaye puiflante d'une grande partie de fes
terres. Les abbés ayant, obtenu la protection de quelques
cantons, la ville fe hâta de s'affurer de la même
reffource ; elle fit, en 14^4, une alliance avec fix
cantons, Zuric , Berne , Lucerne , Schwitz ,
Zoug & Glaris. Dans ce traité, elle prit le double
engagement de ne s'allier avec perfonne
fans le confentement des cantons, 8c de fe fou-
mettre à leur décret, dans tous les cas où la partie
oppofée invoqueroit leur jugement. Les cantons
la forcèrent, en 1489, à refpeCter cet engagement
, dans une querelle avec l'abbé que nous 1
avons rapporté plus haut. Depuis l'alliance , la
ville de Saint-Gall a toujours fourni fon contingent
de troupes dans les guerres des fuifles, de
même que dans plufieurs des expéditions en Lombardie.
Elle fut, par cette raifon, afiociée à diverfes
alliances avec des puifiances étrangères ; elle
avoit part aux penfions de fubfides , 8c elle en-
voyoit des députés aux diètes. Les cantons ont
reconnu cette dernière prérogative. Elle l'exerce
avec d'autant plus de foin , que fes propriétés territoriales
lui donnent fouvent un intérêt dans les
affaires qui fe traitent à la diète annuelle de-Frauen-
feld. Voye% l'article S a i n t -G a l l , ville.
De tous les membres aflociés du corps helvétique,
celui dont l'alliance avec les cantons eft depuis
long-temps la plus généralè, c'eft la ville de Mul-
haufen, fituée dans la haute Alface , hors des
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j limites de la Suiffe. Ses liaifons étroites avec la
ville de Bâle, fon alliance avec les villes de Berne,
de Fribourg & de Soleure, dès Tannée 1 a6 6 , la
part qu’elle prit à leurs guerres, particulièrement
à leurs brouilleries avec la France , depuis 15T2
jufqu'en 151 y , lui procurèrent à cette dernière
epoque une alliance avec les Treize-cantons. Elle
fut comprife dans les traités avec la France, 8c
elle jouiffoit du droit de fe faire repréfenter aux
diètes. Durant les troubles qui agitèrent la ville
de Mulhaufen, en 1 $87, le magiftrat offenfa, par
une démarche imprudente, les cantons catholiques
, déjà mécontens de ce que la ville avoit
embraffé la reformation, & ceux-ci renoncèrent à
fon alliance. Elle a, depuis, follicité fouvent le
retour de^ leurs bonnes grâces : les cantons pro-
teftans n'ont pas ceffé de s'intérefler en fa fa*
veur, 8c elle n'a pas encore perdu Tefpérance
deréuffin Koye^ M u l h a u s e n .
Bienne n’eft pas une république abfolument
indépendante, puifqu'elie rend hommage à l'évêque
de Bâle 5 cependant elle jouit de divers droits
effentiels de la fouveraiaetë , entr’autres de celui
dupor; d’armes dans un diftriét confidérable. C'eft
ce droit très-ancien, qui mit la ville de Bienne en
état de prendre part aux premières guerres des
villes de Berne 8c de Soleure avec la maifon d'Autriche
& la nobleffe de ce parti. En vertu de fes
titres de combourgeoifie de 1278, 1306 & 1352
avec Berne, de 1*82 avec Soleure, & de 1496
avec Fribourg, fa bannière figuroit avec celles des
confédérés, dans leurs-expéditions militaires les
plus importantes. C'eft auffi par ces titres qu'elle
a part aux alliances avec la France, comme af-
fociée des cantons, 8c qu’elle envoie un député
aux diètes. Voyez l'article BienneJY).
* Outre ces membres aflociés du corps helvétique ,
il fe trouve plufieurs états indépendans qui avoifi-
nent les cantons fuifles , & qui, à caufe de leurs,
alliances particulières avec quelques-uns de ces*
cantons, ont été compris dans les traités des fuifles
avec quelques puiffances étrangères, fous le titre
d'alliés des fuifles.
Dans ce nombre, l'état le plus confidérable
par fes propres forces eft la république confédérée
des grifons. Elle eft formée par trois ligues dif-
tinéles j la ligue haute ou ligue grife 5 la Ii<*ue
caldée ou de la -maifon-Dieu, & la ligue des dix
droitures ou communes. Chacune de ces ligues eft
compofée de diverfes communautés libres, dont
le gouvernement eft purement démocratique. Ces
affociations féparées , formées dans le cours du
quinzième fiècle , fe réunirent , par une con-
1 fédération commencée en 1471. Les querelles
(1) Les abbés de S. Gall prêtent hommage de fidélité à l’Empire, fans avoir ni fiège ni fuffrage dans les dictes d’Allemagne.
C’eft une lervttude politique , qui ne leur a été d’aucune utilité dans leurs dernières difgraces.
' (2.) La ville de Rottwii en Suabe, ayant depuis la fameufe guerre de trente ans, abandonné ou négligé la prérogative
d’affocié du corps helvétique, dont elle jouiffoit depuis 1519, il fetoit inutile d’en parler dans cet article.