
chancellerie & le bureau de correfpondance pour
le corps helvétique en général, & pour toutes les
affaires où elle eft intereffée avec plufieurs autres
cantons. Dans celles où Zuric n'a point dJintérêt,
c'eft toujours le plus ancien en rang des cantons
intéreffés qui propofe aux autres l'objet,. le jour
& le lieu des conférences, • & fait expédier les
aCtes & recès. Ainfi, par exemple, Lucerne eft
regardé comme le Vor-Orth, ou chef-canton parmi
les cantons catholiques.
Les conférences annuelles où Ton examine l'ad-
miniftration des gouvernemens indivis entre les
cantons, ont fait adopter le même temps & le
même lieu pour affembler des diètes générales.
Autrefois ce rendez-vous étoit fixé dans la ville de
Baden; depuis le traité de pacification de 1712,
dans lequel cinq cantons ont renoncé à la co-régence
fur le comté de Baden, la petite ville de
Frauenfeld, où réfide le baillif de laTurgovie, a
fuccédé à ce privilège , qui n'eft cependant que
de pure convenance. Les divers traités d'alliance
.fixent en différens lieux les congrès particuliers
entre les uns & les autres des états confédérés 5
fur-tout dans le cas où des queftions litigi.eufes
doivent être difcutées félon la teneur de ces traités.
En d'autres cas, qui demandent des délibérations
promptes, les cantons que ces matières
intéreffent,‘ conviennent du rendez-vous de leurs
repréfentans. Voye£ l'article D ie t e s .
Dès la première origine de la ligue jufqu'à nos
jours, les cantons & leurs alliés n'ont jamais pris
d’autre titre que celui-ci : nous les bàürguemeftres 3
avoyers , lq.ndam.nans", bourgeois & communautés des
villes & pays, 8cc. Ce titre fimple & modefte honore
la liberté, quand on le compare aux épithètes
faftueufes des fôuverains. Dans la première alliance
les confédérés fe nomment eidguenojfen, expreflion
rjui lignifie ajfociés par ferment, & qui répond à celle
de confédérés. Cette expreffion diftin&ive n'avoit
rien de diftinCtif; elle étoit reçue dans les traités d'af-
fociation & de ligue entre diverfes communautés,
telle que celle des grifons en 1424. Le parti autrichien
s'accoutuma bientôt à défigner les confédérés
fous ce titre, même dans des aCtes publics.
Leur aflociation fut appellée la ligue des hautes
Allemagnes , pour la diftinguer des diverfes autres
affociations des villes de la Germanie. Cette dénomination
, comme nous le voyons dansles premiers
traités avec la France, fubfîftoit encore au
■ feizième fiècle.
Pendant la guerre de Zuric, vers le milieu du
quinzième fiècle, le nom de fuijfes prit faveur,
parce que le peuple de Schwitz montroit l’ardeur
la plus opiniâtre contre les autrichiens. Il fut généralement
adopté par les nations voifines après
les guerres de Bourgogne, de Suabe & du Mi-
ianes.
Le mot de cantons, adopté par les auteurs étrangers
& fuiffes, vient vraifemblablement des italiens.
Ce nom rend en françois celui de ortk, beu
ou diftriCi, qui s'introduifit dans les a&es publics
vers la fin du quinzième fiècle. On y ajoute l’épithète
modefte de louables 5 Lcobliche orthe der eid-
guenojjenfchaft.
Dans le temps que les fuiffes montraient tant
d'indifférence pour les titres, un duc de Milan»
félon le goût ridiculement faftueux de fa nation ,
où l'on traite aujourd'hui d3illuftrijjimo le moindre
marchand, prenoit en 1467 le titre de trèsilluftre
& très-puifiant, & donnoit par compenfation aux
cantons celui de magnifiques & puiffans. Les ufa-
ges des nations & corps font auffi frivoles que
ceux des petites fociétes ; & ce compliment eft
devenu d'étiquette pour les républiques indépendantes.
On nous difpenfera de faire ici l'e-
numération de toutes les formules dont fe fervent
les puiffances étrangères dans leurs adrelfes
au corps helvétique, ou aux états qui le compo*
fent j quoique dans l'opinion de beaucoup de peç-
fonnes ces détails interefïènt la gloire de la nation^
Quelques-unes de ces puiffances entretiennent
des miniftres en Suiffe. Le réfident de l'empereur
fait fon féjour ordinaire à Bâle; l'ambaffadeur de
France à. ooleure ; celui d’Efpagne, & le nonce
du pape auprès des cantons catholiques , à Lucerne
; le miniftre de l'Angleterre auprès des cantons
évangéliques, à Berne. Les nouveaux miniftres
adreffent leurs lettres de créance pour tout le
corps au chef canton. L'ambaffadeur de France ,
qui a le plus d'affaires à traiter avec le corps helvétique
en général, eft complimenté chez lui par des
députés de tout le corps. La France entretient des
réfidens particuliers chez les grifons, chez les
vallaifans & à Genève.
Le plus grand intérêt politique des fuiffes, c'eft
le maintien de la neutralité dans les divifions entre
leurs voifins, & l'entretien de la paix avec toutes
ces puiffances. La conferVation de ces avantages
précieux dépendra toujours de leur concorde &
dé leur prudence.
Deux autres objets les intéreffent encore ; le
fervice militaire & le commerce. Il importe à la
nation, pour fa sûreté, que la valeur & le courage
ne s'éteignent pas chez les peuples qui la
compofent, & depuis que la fcience de la taCti-
que, malheureufement fi néceffaire, a été fi fort
perfectionnée, il importe aux fuiffes d'être inftruits
des nouvelles manoeuvres de l'art de la guerre.
C’eft fous ce point de vue, & fous celui de liai-
fons auxiliaires avec de grandes puiffances , que
les cantons envifagent le fervice mercenaire ;
fans cela, les capitulation*, qui règlent les conditions
de ce feryice, feroient plus indifférentes à la
nation qu'aux particuliers qui fé vouent à la vocation
des armes. Si le luxe, qui corrompt les officiers
& les foldats, ne permet plus à la nation de recueillir
tous les avantages qu'elle pourrait fe promettre
d'une école militaire , entretenue aux dépens
des puiffances étrangères, d'un autre côté ce fervice
, aujourd'hui permanent & fournis à des règle*
fixes, n'expofera plus les états fuiffes aux mêmes
fermentations, à la même corruption dont quelques
époques des quinzième & feizième |iecles
nous offrent de triftes exemptes.
Nous ajouterons que les écrivains déclament
depuis long-temps contre les fuiffes qui four-
niffent des troupes aux puiffances étrangères.
Ce que nous venons de dire difpenfe de répondre
aux belles épithètes de mercenaires & de lâches fa-
tellites, qui pour une foible fomme d'argent, fe
vendent à qui veut les acheter. Lorfqu’on traite
les • matières politiques, on ne peut que rire de
cet abus de la philofophie. # '
Comme diverfes parties de la Suiffe ne produi-
fent que peu de grains, qu’en général elle manque
de plufieurs chofes néceffaires, par exemple,
de fel, de fer, & de tant d’objets de jouiffance,
commodes ou agréables, il importe aux fuiffes de
fe les procurer par le commerce le plus libre poffi-
ble avec les autres nations. Ils ne peuvent obtenir
ces articles, qu’en les payant avec le fuperflu de
leurs manufactures ; & l’intérêt général ^des^ fuiffes
à cet égard eft mieux affiné par l'intérêt réciproque.
de leurs voifins, que par les traités les plus
folemnels. Les immunités & les privilèges, dont
les fuiffes jouiffent dans quelques états voifins,
font donc encore un objet d’intérêt particulier,
plutôt que d'intérêt national. Si des négocians
fuiffes s'enrichiffent dans quelques villes de France,
à la faveur de la tolérance civile & religieufe,
cet encouragement eft utile à ce royaume ; & Londres,
Amfterdam, Cadix, Livourne, les Indes ,
où les fuiffes n'ont d'autres privilèges que la liberté
de commerce commune à toutes les nations,
nous offrent autant de fuccès obtenus dans le commerce
par quelques fuiffes induftrieux. Il eft d’ailleurs
auffi commun de voir des étrangers, fur-tout
de la religion réformée , placer leurs fonds en
Suiffe, comme dans un port affuré, que de voir
des fuiffes rapporter une fortune confidérable dans
leurs foyers. Si l'importation de ces nouveaux capitaux
contribue aux progrès du luxe chez les
fuiffes, d’un autre côte, l'émulation quelles excitent
développe l'induflrie & les talens chez ces
peuples, & produit une aifance d'autant plus générale
, que les conftitutions nationales font moins
favorables â l'accumulation des fortunes & aux
fucceffions exclufives dans les héritages.
Ce qui regarde les diètes des fuiffes fe trouvera
à l'article D ie t e s . V o ÿ e ^ auffi les articles
particuliers de chacun dés états de la Suiffe.
CORRESPONDANCE dun miniftre avec d autres
miniftres de fon maître. Le titre de cet article
eft affez clair, pour nous difpenfer d'une définition.
La correfpondance qu'un négociateur entretient
avec les autres miniftres de fon maître, répandus
dans les différentes cours de l'Europe, lui fert
à connoître le tableau général des affaires publiques
5 & , par le tour quelles prennent» à
faire des applications judicieufcs, & à adopter
des mefures juftes pour les objets particuliers-dont
il eft chargé. Il peut s par le même moyen, donner
ou recevoir beaucoup d'avis falutaires, dé»
couvrir des projets dangereux , déconcerter ceux
qui font fur le point d'éclore, & concourir efficacement
à la réuffite de ceux de fon maître. Mais
il ne doit jamais, fans un ordre exprès, communiquer
à fes collègues le fecret de fa négociation.
C'eft à fa cour à informer fes miniftres de cet
objet, & de lever, autant qu'elle le juge à propos,
le voile qui couvre fes opérations politiques ,
& les moyens qu'elle emploie pour le faire réuf-
fir. Il ne faut pas non plus que cetre correfpondance
y trop étendue , occupe le miniftre ou fon
fecrétaire d'ambaffade au pointqu’ils y perdent
un temps confacré à leur propre négociation. En
Hollande le département des affaires étrangères
fait imprimer, toutes les femaines , quelques
exemplaires d’un extrait des nouvelles politiques »
qui font contenues dans les dépêches que la république
reçoit de fes miniftres dans les pays étrangers.
Ces bulletins, qui forment la gazette la plus
authentique, la plus curieufe 8c la plus utile qu’on
puiffe imaginer, font envoyés à tous les miniftres
& réfidens hollandois dans les divers états de l’Europe
, qui ne font pas obligés à beaucoup de cor-
refpondances particulières, & qui peuvent toujours
fuivre le fil des affaires générales.
CORSAIRE. Voyei l’art. B a r b a r e s q u e s de
ce Dictionnaire, & l’art. C o r s a ir e du Dictionnaire
de Jurifpruffence.
CORSE , ifle appellée anciennement par les
grecs Kyrnos & K o r fts , & fituée entre le golfe
de Gênes & l'ifle de Sardaigne.
La plus grande longueur de l’ifle eft de 32 , &
fa plus grande largeur de 12 milles géographiques
, félon quelques-unes de nos cartes. Si l’on
s'en rapporte à d'autres, la première de ces di-
menfions n'a que 24, & l'autre un peu plus de
9 & demi milles, & dans quelques parties elle en
a jufqu'à 12. Enfin, félon d'autres cartes, la Corfe
a un peu plus de 2 3 milles de long, & en plufieurs
endroits plus de dix milles de large.
On trouvera dans cet article, i° . un précis de
l'hiftoire politique de la Corfe ; 20. des remarques fur
la dernière révolution de la Corfe 5 30. des détails fur
la confulte générale ou les états de la Corfe ; 4 0.
d’autres détails fur l'adminiûration civile de ce pays,
& fur fes loix civiles ; $°. un état de fes contributions
& de les revenus; 6°. des (obfervations fur la
population, les fortifications, les productions» les
chemins, le commerce & le clergé; & 70. enfin
quelques obfervations fur l'ifle de Capraia, qui e fl
une dépendance de la Corfe.
S e c t i o n p r e m i è r e .
Précis de l'hiftoire politique de la Corfe.
La Corfe formoit anciennement un petit royao