
refles de leur propre chef. Il eft rare qu’un fim-
ç le particulier époufe urte de ces femmes, fans
etre élevé à quelque titre : on en trouve un exemple
dans la perfonne du duc de Northumberland,
q u i, en confidération de fon mariage avec Henriette
Somerfet, de firnple baronnét a été créé
comte, puis duc de Northumberland, & , dans
ce règne-ci a été décoré de l’ordre de la Jarretière.
Il faut obferver que quelques pairs communiquent
leur pairies a leurs defcendants mâles
.& femelles ; dans ce cas-là, les enfans fuccèdent
aux titres de leurs meres > mais ces. titres appar*
tiennent de droit aux fils ainés : il y en a un
exemple dans le baron, actuellement comté de
I ercy , fils de la feue duchelfe de Northumber-
Jand s a la mort de fa mère , il palfa à la
chambre des pairs, en vertu de ce titre dont il
heritoit de la comtefle de l’ercy.
La charge de'grand-chambellan tombée en quenouille,
ayant été réclamée par la baronne d’E-
resby, foeur du fendue d’Ancafter i mort fans en-
fans mâles , cette j charge eft exercée par fon
mari que l’on a créé chevalier, parce que la. décence
veut que le fujet qui remplit les fonctions
de grand-chambellan d Angleterre foit au moins
chevalier.
T ou t fujet qui n’eft pas titré n’eft pas dans la
clane des pairs , & 3 à proprement parler y tout
ce qui n’eft pas dans la cla/Te des pairs eft roturier
; mais l ’ufage a établi des diftin&ions & des
preféances entre les Amples citoyens. On doit
compter, parmi ceux qui jouiflent de ces diftinc-
tions & de ces ‘preféances <, les fils & les frères
des pairs du royaume , enfuite ceux <fes feigneurs
îrlandois qui , aimant mieux jouer le rôle de com-
munaliftes en Angleterre que celui de pairs dans
un royaume moins étendu , fe font élire membres
de la chambre-baiTe : on les défigne ordinairement
par le fobriquet peu flatteur de Needy
lords o f Ireland ( lords nécefliteux d’Irlande. ) Si
Ion demande pourquoi ces nobles du premier
rang ne relient pas parmi leurs concitoyens , ne
fe confacrent pas au foutien des droits du pays où
la nature les a fait naître , je répondrai qu’indépen-
dament des motifs d’ambition & d’intérêt il en exifte
un très-puiflant, plus capable encore de déterminer
la conduite des pairs d’Irlande , dont je parle ici ;
c eft qu’il en eft très-peu dans cette claffe, qui
aient le moindre intérêt à ménager en Irlande :
en vertu de fa prérogative , le roi peut élever le
dernier de fes fujets britanniques à la pairie ir-
landoife I I en eft dont le feul mérite confille à
etre ne d’un ufurier qui lui a laifle allez de for- •
tune pour acheter un titre banal ; cet abus
eft un de ceux dont 1 Irlande a particuliè-
lierement demandé le redrefîement : c’eft un
relie de fervitude qu’elle ne fecouera cependant
que lorfqu’elle aura fait paflfer le bill fi long- ,
temps délire > connu fous Je nom d’Abfentee bill
{contre les pairs non réjîdans) qui condamne les
ablens a une amende confidérable.
p F " e ^ame r‘rree cjni époufe un homme qui ne
1 eit pas , conferve fon titre , fon rang & fes privilèges
, mais* ne les communique pas à fon mari.
S e c t i o n X X 'y
De lapuijfcmce de /’Angleterre.
La révolution des Etats-Unis a finguliérement
diminue ,1a puiflance de ¥ Angleterre. Voyer la
feâion du commerce & l’art. Et a t s -Un is . 11 ne
lui refte fur le continent de l’Amérique que le
C a n a d a & la N ou v e l l e -E cosse. Foyer ces
deux articles. .
• Sa puiflance vient de s’affoibfir en Irlande.
Foyer 1 article Ir l a n d e ; l’Ecofle nè manquera
pas de profiter de cet exemple, pour diminuer
1 elpece d allervilTement où elle fe trouve. Voyez
1 article E c o s s e . *
L eleélorat de Hanovre , au lieu d’augmenter
la force de 1 Angleterre, ne fait que l’embarraf-
e f r vfiE l article H a n o v r e .
Ses; établilfemens aux Antilles & fur la côte
d Afrique, ne valent pas mieux que ceux des
françois & des efpagnols.
C eft dans l’Inde que réfide fur-tout fa puif-
fance au dehors. Elle y poflede tout le Bengale.
la province la plus riche, la plus fertile & la
plus peuplee de l’empire -magol, dans laquelle
on comptoit neuf millions d’habitans lorfqu’ elle
tomba fous la pujlfançe des anglois, & que le
gouvernement tyrannique de la compagnie a
dit-on, réduite a fix millions au plus ; outre cette
province, elle poflede toute la côte d’Orixa &
celle de Coromandel, dont le territoire n’eft borné
que par les gates ôu montagnes; les villes de Surate
& Cambay , grandes villes dans le golfe de
ce nom, dont la première eft la place la plus
commerçante de l’Inde ; l’ifle de. Bombay & le
pays de Salcete 3 fur la côte des Marattes ; plu-
fleurs forts & diftriéts fur la côte de Malabar,
& un grand nombre de comptoirs & d’étàblifle-
mens dans le refte de 1 Aile. Les revenus territoriaux
de toutes ces- polfeflions montent à plus
de deux cens millions argent de France ; & , ce
qui ne paroitra pas moins incroyable, elle y entretient
une armée de près de cent mille hommes.
Vyyei les articles Bengale , Bom b a y , M a d
r a s , D e c a n , A r c a t e , T a n j a o u r , C or
o m a n d e l , M à l À b a r .
Pat le, traité de paix avec la Hollande, elle
vient d acquérir la navigation libre dans les Mo-
luques ; cet article eft d’une extrême importance
pour elle; & 3 fi 1 on n’y prend garde , elle ne
tardera pas a enlever aux hollandois le commerce
des épiceries.
S e c -t i o n X X I e.
\ politique de Va dm iniJ}ration,
i®. La nation angloife eft fi inquiète ; elle a
été en proye à tant de guerres civiles-} il y a
un tel conflit d’intérêts entre la cour & le peuple
; le parti de l’oppofition eft toujours fi fort 3
fi ardent, fi intraitable, & celui de la cour fi
inflexible & fi entreprenant, qu’on trouvera toujours
une violente fermentation dans la chambre
des communes , & fouvent dans la chambre des
pairs. Le premier objet de l’admini-ftration eft de
contenir cette effervefcence. Lorfque des hommes
dévoués au peuple occupent les places du
miniftère, le roi eft dirigé par un confeil fecret
qui s’occupe alors des moyens de mener les mi-
mitres & le parlement. Silesminiftres font dévoués
au roi, ils cherchent à étendre la prérogative royale,
& à diminuer celle dé la nation ; mais, dans l’un
& l’autre cas , ils reçoivent paifibletnent les outrages
& les injures des patriotes de la chambre
des communes & des écrivains des papiers publics.
1 2°. Depuis l’expulfion de Jacques I I , l’admi-
niftration s’eft beaucoup occupée des moyens
d ’empêcher la famille des Stuart de remonter fur
le trône. Elle n’a plus aujourd’hui d’inquiétude
là defliis, & en effet elle n’a rien à craindre.
. 3°. Elle cherche à maintenir en Europe la balance,
c’eft-à-dire, cet équilibre du pouvoir de
toutes les puiflances, dont on fait dépendre la
fureté & le falut de chaque état en particulier.
Elle cherche fur-tout à empêcher l’agrandiflement
des nations qui ont une marine.
Au refte , ¥ Angleterre aime mieux payer des
fubjides aux puiflances du Nord & à quelques
princes d’Allemagne , que d’augmenter fes forces
de terre, ou plutôt elle eft réduite à cet expédient
par la nature de fa conftitution. L ’ argent
qu’elle facrifïe à cet objet n’eft pas entièrement
perdu, comme on eft d’abord tenté de le croire.
Ayant moins de foldats, elle a plus de citoyens
qui s’adonnent aux profeflions lucratives, & elle
fait bien avec fon commerce attirer chez elle les
métaux des peuples étrangers.
La nation angloife ne s’intérefle pas directement
à la confervation de l’éleClorat d’Hanovre;
fille accufe le roi de montrer de la prédilection
pour fes états héréditaires, & elle feroit charmée
que le pays d’Hanovre n’exiftât point.
4°. Elle a joui long-temps d’une forte d’empire
fur le Portugal ; elle s’étoit appropriée le commerce
prefque exclufif de ce royaume , & la
plus grande partie de l’or du Bréfil. La cour de
Lisbonne a befoin de l’alliance de ¥ Angleterre ,*
mais elle a enfin fenti que la Grande-Bretagne la
tenoit dans une forte de dépendance. Il paroît
qu’elle veut s’affranchir de cette domination, &
les efforts du cabinet de Saint-James feront vrai-
femblablement inutiles. Voye^ l’article P o r t u g
a l .
S°- Quoique ¥ Angleterre ah peu d’ argent dans fon
numéraire, elle a recherché jufqu’ ici avec beaucoup
d’empreflement les piaitres du Mexique. & du
Pérou, 4H*elle faifqit pafler dans fes colonies
de l’Amérique & dans les Antilles, & même
dans le commerce de l’Europe. On a cru longtemps
qu’elle s’occupoit pour l’avenir de la conquête
de ces deux pays j mais aujourd’hui qu’elle
a perdu fes Colonies, elle ne peut plus y fonger.
Elle vient même d’accroître la puiflance efpa-
gnole, par les ceflîons qu’elle a faites dans le
dernier traité. Voyeç l’article E s p a g n e .
6°. Elle regarde la France comme fon ennemi
naturel. Cette idée eltfaufle. La France ne fonge-
plus à faire_ des conquêtes; fon vafte & riche
territoire lui fuffit ; elle ne cherche point à devenir
aufli commerçante que ¥ Angleterre ; & fi
les anglois laiflent nos colonies en paix ; s’ ils nè
veulent pas exercer fur les mers un empire def-
potique ; s’ils n’exércent point de violences fur
les vaifleaux ou les établiflement françois, le cabinet
de Verfailles ne les attaquera jamais. La
guerre qu’ils viennent de terminer, doit leur
apprendre quelles font les refîburces & la force
de la France. Voyeç l’article F r a n c e .
L’Angleterre ne craint pas la marine hollan-
doife ; mais elle cherche à s’approprier une partie
du commerce des Provinces-Unies ; & fi la Hollande
n’y prend garde , elle perdra peu-à-peu
cette fource de fa force & de fa richefle. En cédant
Negapatnam, & en accordant à ¥ Angleterre la navigation
libre des Moluques, les Provinces-unies ont
beaucoup réduit leur commerce de l’Inde & leur
commerce des épiceries. Les anglois leurenvioient
dès-long-temps cette dernière branche. Le voyage
du capitaine Forreft, en 1774 , 1775 & 1776 ,
n’avoit pas été fait fans deflein , & je fouhaite
qu’elles ne foient pas un jour chaflées des Moluques.
L'Angleterre avoit toujours été alliée de la
Hollande ; mais cette alliance rompue par la
dernière déclaration de guerre, nei{paroît pas
devoir être renouvellée par le traité de paix.
8°. L’Italie n’intérefle pàs les anglois d’une
manière direéte, çiais elle les intéreffe beaucoup
indirectement ; car, s’ils ne peuvent efpérer d’y
faire des conquêtes , ils peuvent y faire de puif-
fantes diverfions. Lorfqu’ils ont pris part aux
divifions qui éclatoient entre les maifons de
Bourbon & d’Autriche, cette contrée a toujours
été en proie à la guerre ; & ils ont toujours cherché
à y entretenir une forte d’équilibre.
90. Il femble que 'le$ Treize - Cantons fuifles
ne devroient pas entrer dans {le fyftême politique
de ¥ Angleterre | puifque la pofition des
deux états interdit les rapports entr’eux. Cependant
elle y entretient un miniftre qui veille à fes
intérêts, & qui tâche d’empêcher que le parti
françois n’y prenne trop de force : d’ailleurs elle
y enrôle des régimens ou des compagnies qu’elle
envoie aux Indes orientales. On a dit que la
couronne fongeoit à prendre à fa folde des régimens
fuifîes ; mais il y a lieu de croire que le