1 ennemi fe foumettant à cette impoli tio» , leurs
biens font garantis 'du pillage , & le pays eft con-
ferve. Mais fi un général veut jouir d’une réputation
fans tache , il doit modérer les contributions
& les proportionner aux facultés de ceux à qui
il les impofe. L excès en cette matière Réchappe
point au reproche de dureté 8e d’humanité. On
vit fur ce point un. exemple bien louable de dou-
ceur 8e d humanité dans les longues guerres que
“ France foutint fous le règne de Louis X IV .
Les fouverains. refpeétivement intérefles à con-
ferver Je pays, faifoient à l’entrée de la guerre ,
des.traites pour régler les contributions fur un pied
fupportable : on convenoit & de l’étendue du pays
ennemi, 'dans laquelle chacun pburroit en exiger 3
du taux de ces impofitions, & de la manière dont
fe comporteraient les partis chargés de les percevoir.
On ftjpula qu’aucune troupe3 au - deffous
d un certain nombre, ne pénétréroit dans le pays
ennemi au-delà des bornes convenues 3 à peine
d’etre traitée en parti bleu., C ’étoit prévenir une
multitude d’ excès & de défordres qui défolent les
peuples, & prefque toujours à pure perte pour
les fouverains qui font la guerre. Pourquoi un
fi bel exemple n’ eft-il pas généralement fuivi ?
On fent qu’il ferait inutile d’établir fur ce point
des principes fixes. Chacune des puiflances belligérantes
fait ce qui lui convient ; & ce qui lui Convient
, c’ell toujours le plus grand mal de l’ennemi.
Enfuite le général ou le miniftre, chargés de
la conduite de la guerre, ont vu & verront toujours
avec beaucoup d’indulgence les abus commis
dans les contributions ; & quand on fonge à la violence
des. hommes armés , à l’ opinion qu'ont de
la propriété des troupes qui fe trouvent dans un
pays ennemi, à I’efpoir de pillage qu’on eft obligé
d’entretenir parmi" les foldats , on ne peut efpérer
voir la police, le bon ordre 8c la modération
s’établir fur cette matière.
C O N T R O L L E . Voye^ ce mot fous toutes fes
acceptions dans le Diâionnaire de Jurifpr.
C O N T R O L L E U R G ÉN ÉR A L DES FIN
A N C E S . Voye^ le même Dictionnaire 8c celui
des Finances.
C O N V E N A N G E , ( droit de ) GUERRE DF
C O N V E N A N C E . Le prétendu droit dé convt
nance eft un droit barbare, & toute guerre de pur
convenance eft une injuftice que proscrivent la rai
fon & la loi naturelle.
II eft même inutile de faire ici des diftin&ion
entre les guerres qu’infpire un fol amour de 1
gloire, ou la foif des conquêtes, ou une ambitioi
aveugle, ou le raffinement d’une politique inté
refle t, ou enfin un ombrage pris mal-à-propos
qu’on veuille dépouiller quelqu’ un uniquement pa
idee de convenance , ou que ce foit pour avoir 1;
gloire de^ triompher, l’ irn de ces principes n’ef
pas plus légitime que l’autre, & l’effet en eft pareil
S’il étoit queftion aujourd’hui de partager h
terre, chacun en refiendroit la portion qu’il croiroit
lui convenir ; & fi cet arrangement étoit approuvé
, le confentement unanime feroit la loi ,
comme la fureté de chacun. Toutes les puiflances
de l’Europe ont fait des efforts pour arrondir leurs
domaines; 8c chacun de ces domaines eft revêtu
du confentement des nations par l’autorité des
traites publies , qui font devenus un objet principal
du droit des gens.
Quelque raifon de convenance que chaque état
puifle avoir pour defirer de s’accroître, il ne peut
s aggrandir, fans nuire aux autres, fans dépouiller
un peuple de fes droits, 8c fans blefîer ce confentement
unanime fcellé du fceau des traités.
L objet de ce confentement unanime a été ,
i°.que chacun ne pofsédât point précairement céljui
lui appartient, 8c que le plus petit, à titre pareil,
pofsédât avec la même étendue de droits que le plus.,
grand ; 2°. que dans fa pofition l’un ne dépendît
point du libre arbitre d’un aiitre. Or cet arbitraire
eft fupprimé de droit, dès qu’ il y a une loi écrite ,
& toute tentative pour revenir à cet état arbi-
traire, ou pour agir comme s’ il exiftoit encore ,.
eft une contravention formelle à la loi ; tous les.
effets en font-injuftes , parce que le principe lui—
meme eft injufte.
L un a des frontières étendues & d’une garde
difficile} l’autre pofsède un fol maigre ,$c ingrat :
1 autre un pays ftérile en hommes. Celui-ci 40 ,
y o , 100, 200, 5co millions de revenu, l’autre en
à a peine un. Il faut cependant, félonies loix du bon
ordre public, qu’on né puifle envahir les domaines
du plus foible. Sa sûreté dépend de la foi des traites,
8c de l’intérêt que toutes les nations ont a.
foutenir ce confentement unanime ,, réciproque ,
qui a fait la règle ou la garantie des partages -, &.
a ne pas permettre que par des accroiflemens fiic-
ceffifs, quelqu’ un détruife cette harmonie corref-
pondante qu’ elles ont voulu établir.
Les guerres fondées fur le feul droit de convenance
ne peuvent être que très-hafardeufes 8c très-
couteufes. Car une multitude d’obftacles fé réu-
niflent pour combattre les projets du conquérant,,
En effet il ne fuffit pas à un agrefleiir de.
faire de grands efforts pour arriver à fon but :
il faut encore qu’il conferve beaucoup de troupes,
pour défendre fes frontières Contre les diverfîons
que l’on ne manque jamais d’employer; fans quoi
il pourrait fe trouver contraint d’abandonner les.
projets de fon ambition, de revenir à la défenfe
de fes propres foyers, ou de recevoir Iui-m#pne la
foi qü’il comptoit di&er.
Plus une puiflance eft confidérabîe, 8c plus
les malheurs des guerres de convenance qu’elle entreprend
fe prolongent & fe multiplient. Auflî ne
verra-t-on guère de puiflances moyennes former
de pareils projets ; elles y fticcomberoient bientôt.
La méthode ordinaire de ces fortes de guerre,
eft de commencer par frapper de grands coups
pour s’ aflurer des premiers fuccès, 8c intimider
d’avance ceux qui voüdroient arrêter le torrent.
' On doit peu fe flatter dans ces cas-là de trouver
des alliés ou des coopérateurs parmi les puiflances
moyennes.
Si maintenant nous confîdérons les guerres de
pure convenance par la valeur réelle de leur produit
, combien en trouverons-nous-peu qui offrent
une forte .de proportion entre les dépenfes 8c les
avantages! Le prix de la plupart des acquifitions
fera- exhorbitant. U n e , deux places de guerre
conquifes font-elles un avantage proportionné, à
moins que par leur force 8c leur fituation, elles
ne ferment totalement l’entrée d’une frontière ?
Dans ce dernier cas cependant on peut mettre en
ligne de compte ce qu’on gagne à n’être plus ex-
pofé aux malheurs d’une invafion.
CO R D O U E ( royaume de ). Voye^ le Dictionnaire
de Géographie.
C O R É E ( la ) , prefqu’ifle d’Afie entre la
Chine & le Japon. Cette prefqu’ifle eft peu connue
; le voyage de M. de la Peyroufe nous procurera
vraifemblablement quelques détails fur ce
pays. Les coréens trafiquent à Nangafaqui, mais
fous le nom 8c le pavillon des chinois. Outre leur
merluche , qui eft excellente1, ils transportent
d?autres poiflbns falés, des:noix, des herbes médicinales
fort rares, 8c fur-tout du ginfeng : il y a
un canton où cette plante fe cultive avec grand
foin pour l’empereur de la Chine; c’eft le tribut
que le roi de Corée paye à ce prince.
Les coréens fe révoltèrent contre les tartares
coriquérans de la Chine, parce qu’on leur avoit
ordonné de fe rafer & de fe vêtir à la tartare. Ils
ont été néanmoins remis fous-le joug par la famille
régnante ; 8c* c’eft apparemment par le fe-
cours de- ces princes qu’ils ont chafîe les japonois
de prefque tout leur pays.
Ces infulaires avoient conquis fort rapidement
toute fa Corée à la fin du X V R . fiècle ; mais par
la faute de l’empereur Tayco-Sama , qui n’avoit
entrepris. cette guerre que pour y faire périr les
chrétiens qui furent prefque feuls chargés de l’ex*
pcdition, 8c auxquels on n’envoya point le fecours
qu’ on leur avoit| promis ,. ils furent obligés d’en
évacuer la meilleure partie. Cette conquête caufa
beaucoup d’allarmes à la Chine; 8c les chinois
firent de grands efforts pour foutenir les coréens,
qui fans eux feroient vraifemblablement demeurés
fujets de l’empereur du Japon. Vdye^ le Dictionnaire
de Géographie.
C O R O M A N D E L , ( la côte de ) portion de
P Inde qui fe trouve èh deçà du golfe de Bengale. Les
géographes 8c les hiftoriens diftinguent toujours la
cote de Coromandel de celle d’Ôrixa ; ces deux
régions font occupées par deux peuples, dont la
langue, le génie & les habitudes ne fe reflemblent
point. Cependant comme le commerce qui s’y
fait eft à peu près le même, &: qu’il s’y fait de la
.meme manière, nous les désignerons fous le nom
général de Coromandel, en ohfervant toutefois que
l’ article Bengale contient des détails relatifs feulement
à la côte de Bahar 8c d’Orixa.
Plufieurs raifons firent d’abord négliger cette
région par les premiers européens qui étoient paf-
fés aux Indes, Elle étoit féparée par des montai
gnes inacceflibleê du Malabar , ou ces hardis navigateurs
travailloient à s’ établir. On n’y troirvoit
pas les aromates 8c les épiceries qui fixoient principalement
leur attention ; enfin les troubles civils
en avoient banni la tranquillité, la sûreté & l’in-,
duftrie.
A cette époque l’empire de Bifnagor qui don-
no.it des loix à ce grand pays, .s’ écrouioit de toutes
parts. Les premiers monarques de ce bel état
avoient dû leur pouvoir à leurs talens. On les
voyoit à la tête de leurs aimées en temps de guerre.
Durant la paix ils dirigeoient leurs confeils, ils
vifîtoient leurs, provinces , ils adminiftroient la
juftice. Une profpérité trop confiante les corrompit.
Ils contrarièrent peu à peu l’habitude de fe
montrer rarement au peuple, de fe faire rendre
des honneurs divins, d’abandonner le foin des
affaires à leurs miniftres. Cette conduite préparoit
leur ruine. Les gouverneurs de Vifapour , de
Carnate, de Golconde , d’Orixa-fe rendirent in-
dépendans fous le nom de rois. Ceux de Maduré,
de Tanjaour , de Maiflour , de Gingi & quelques
autres ufurpèrent auffi l ’ autorité fouveraine, mais
fans quitter leurs anciens titres de Naick. Cette
grande révolution étoit encore récente, lorfque
les européens fe montrèrent fur la côte de Coromandel.
Le commerce avec l’étranger y étoit alors peu
de chofe, il fe réduifoit aux diamans de Golconde
qui paflbierit par terre à Calicut, à Surate, &
delà à Ormus ou à Suez, d’où ils fe répandoient
en Europe 8c en Afîe, Mazulipatam ,*ia ville la
plus riche, la plus peuplée de ces contrées, étoit
le feul marché qu’on connût pour les toiles. Dans
un grande foire qui s’y tenoit tous les ans, elles
étoient achetées par des bâtimens arabes & malais
qui fréquentoient fa rade, & par des caravanes
qui y venoient de loin ; ces toiles avoient la
même deftination que les diamans.
Lé goût qu’on commençoit à prendre parmi
nous pour les manufactures de la côte de Coromandel
infpira la réfolution de s’y établir à toutes
les hâtions européennes, qui fréquentoient les
mers des Indes : elles n’en furent détournées ni par
les difficultés de faire arriver les marchandifes de
l’intérieur des terres qui n’offroit pas un fleuve
navigable, nî par la privation totale des ports dans
les mers qui ne font pas tenables une partie de
l’année, ni par la ftérilité des côtes, la plupart
incultes & inhabitées ; nrpar la tyrannie 8c l’infta-
bilité du gouvernement. Ils penfèrent que l’induf-
trie viendroit chercher l’argent ; que le Pégu four-
niroit des bois pour les édifices, 8c le Bengale
des grains pour la fubfîftance ; que neuf mois
d’une navigation paifibie feroient plus que ftjffifans