
Le Di&ionnaire de Géographie parle des productions
du pays de Calicut 3 & nous y renvoyons
les leâeurs.
V oy e^auffi les articles C a n a r a , M a is s o u r .»
D ecan , A r c a t e .
C A L IFO R N IE , grande prefqu'ille de 1*Amérique
dans la mer du fù d , le long des côtes du
nouveau Mexique. Voye^ fa pofition & fon étendue
dans le Dictionnaire de Géographie.
Le Mexique n'eut pas été plutôt réduit & pacifié
, qu'on s'occupa de la conquête de la Californie.
Cortez y aborda en i f i é . Il n'eut pas le
temps de la reeonnoître , parce qu'il fut forcé de
retourner à fon gouvernement 3 où le bruit de
fa mort âvoit difpofé les efprits à la révolte. Les
différentes tentatives qu'on fit depuis pour s'y
établir , échouèrent toutes. Les efforts de la cour
ne furent pas plus heureux que ceux; des particuliers.
Pour peu qu'on fuive avec attention l'ef-
prit qui les dirigeoit , on trouve un défaut d'humanité
3 de courage & de confiance 3 qui explique
ces revers. Il n'y eut pas une feule expédition
qui- ne fût ou mal concertée 3 ou mal conduite.
L'Efpagne 3 fatiguée de fes pertes & de fes
ùépenfes, avoir entièrement renoncé à l’ acquifi-
tion de la Californie lorfque les jéfuites demandèrent,
en 16 9 7, qu'il leur fût permis de l'en'
treprendre. Dès qu'ils eurent obtenu le confen-
tement de la cour de Madrid, fis .commencèrent
l ’exécution du plan qu'ils avoient formé, d'après
des notions exactes de la nature du fo l , du caractère
des habitans , de l'influence du climat.
L e fanatifme ne guidoit point leurs pas. Ils arrivèrent
chez les fauvages, qu’ils vouloient civili-
fer avec des curiofités propres à les amufer,
des grains deftinés à les nourrir, des vêtemens
analogues, à leur goût. La haine de ces peuples
pour le nom ef^agnol ne tint pas contre ces. dé-
monftrations de bienveillance ; ils y répondirent
autant que leur peu de fenfibilité & leur inconf-
tance le pouvoient permettre. Ces vices furent
vaincus en partie par les religieux inftituteurs ,
qui fuivoient leur projet avec la chaleur & l'opiniâtreté
particulières à leur corps. Ils fe firent
charpentiers , maçons, tifferands, cultivateurs,
& reiiffirent par ces moyens à donner la connoif-
fance, & , jufqu'à un certain point, le goût des
^premiers arts à ces peuples fauvages. On les a tous
réunis fucceffivement. En 1745 , ils formoient
quarante-trois Villages , féparés par la ftérilité du
terrein & par la difette d'eau. Lorfqu'en 1767
la cour de Madrid chaffa les jéfuites de la Califo
rn ie , le nombre des bourgades n'étoit guères
plus confidérable. L'Efpagne ne dit rien fur l'état
aCtuel de la Californie y & il faut attendre que
des voyageurs inftruits nous donnent des détails
exaéts.
L'Efpagne vouloit s'étendre vers le nord juf-
qu'au fleuve Colorado , & joindre fon établiffe-
ment de la Californie à ceux qu’elle a dans les
contrées voifînes.Mais on ignore fi elle fuit ce projet.
La fubfiftanee de ces bourgades a pôurbafele
bled & les légumes, qu'on y cultive , les fruits 8c
les animaux domeftiques de l'Europe qu’on s'efforce
d'y multiplier. Les indiens ont chacun leur
champ, & la propriété de ce qu'ils récoltent 5
mais telle eft leur peu de prévoyance , qu'ils dif
fiperoient en un jour ce qu'ils auroient recueilli,
fi leur miffionnaire ( 1 ) ne s'en chargeoit pour
le leur diftribuer à propos. Ils fabriquent déjà
des étoffes groffières. Ce qui peut leur manquer y
eft acheté avec les perles qu'ils pêchent dans le
golfe, avec leurs vins qu’ils vendent à la Nou-
velle-Efpagne & aux galions , & dont l’expérience
a appris qu'il étoit important de leur interdire
l'ufage.
Une douzaine de loix fort fimples fuffifent pour
conduire cet état naiffant. Le millionnaire choifit,
pour les faire obferver , l'homme le plus intelligent
du village ; & celui-ci peut infliger le fouet
& la prifon , les feuls châtimens que i'on con-
noiffe.
Il n'y a ,. dans toute la Californie 3 que deux
garnifons de trente hommes chacune , & un foi-
dat auprès de chaque miffionnaire. Ces. troupes
étoient choifies par les légiflateurs & à leurs ordres
, quoique payées par le gouvernement. La
cour de Madrid n'avoit pas vu d'inconvénient à
laifier ces foibles moyens dans des mains qui
avoient acquis fa confiance ; depuis l'expulfion des
jéfuites , ces foldats dépendent des magiftrars.
Les fujets feront heureux, tant qu'on ne connaîtra
pas de mines fur leur territoire. S'il y en a ,
comme la grande quantité qui s'en trouve de l'autre
côté du golfe le fait préfumer, elles ne feront
pas plutôt découvertes, que l'édifice , élevé avee
. tant de foin & d'intelligence, fera renverfé. Ce
peuple difparoîtra , comme tant d'autres , de la
furface de la terre*. L'or que le gouvernement
d'Efpagne tireroit de la Californie , le priveroit
des avantages que fa politique peut trouver aujourd'hui
dans les travaux de fes*miffionnaires. Il
faut plutôt les encourager à pouffer plus loin leurs
entreprifes utiles. La cour de Madrid fonge à y
bâtir des forts & des remparts contre les ruffes ,
qui, en 1741 ,.oht pénétré jufqu'à douze degrés
du Cap-Mendocino. Les ruffes, il eft vrai , ont
quelques établiffernens de chaffeurs, fur les ifles de
la côte d’Amérique , au nord de la Californie. Le
capitaine Cook a trouvé ces établiffernens dans
fon troifième voyage. Mais ce font de mauvaifes
(1) En chaflâat les jéfuites de la Californie, on y a laifle 4’autrcs religieux qui rempliffent les fondons de miffion-
nalires.
cabanes
tabanes qui ne doivent pas donner d’înquie-
tude. D ’ailleurs cette navigation ne pouvant être
entreprife que des mers du Kamtchatka, laRufïie
n’y. enverra jamais que de foibles arméniens de
fimple curiofité, ou quelques barques pour en tirer
des pelleteries.
Le célèbre Cook ayant reconnu toute la côte
occidentale de l'Amérique , depuis le Cap-Blanc
jufqu'âu foixante & onzième degré de latitude,
les peuples d’Europe , ou plutôt les E-tats-Ums
de l'Amérique, feront peut-être tentés un jour
d'y former des colonies ; mais cette époque eft
bien éloignée.
La Californiev.rend facile la conquête des pro-'
vinces qui s'étendent de l'autre côté du golfe jusqu'au
Colorado. Ces riches contrées font fi éloignées
du Mexique & d'un accès fi difficile , qu’il
paroiffoit auffi dangereux d'en tenter la conquête
qu’inutile de la faire. La liberté , la fûreté de la
mer de Californie doivent encourager à l'entreprendre
, donner les moyens d'y réuffir , & en
affurer le fruit. Les philofophes eux-mêmes 3 per-
fuadés que les efpagnols du dix-huitième fiècle fe
conduiront avec humanité, inviteront la cour de
Madrid à ces expéditions.
En attendant que l'Efpagne fe livre à ces vaf-
tes fpéculations , la Californie fert de lieu de relâche
aux vaiffeaux qui vont des Philippines au
Mexique. Le Cap-San-Lucas, fitué à l'extrémité
méridionale de la peninfule, eft l'endroit où ils
s'arrêtent. Ils y trouvent un bon port, des ra-
fraîchiffemens , 8c des fignaux qui les avertiffent
s’il a paru quelque ennemi dans ces parages les
plus dangereux pour eux, & ceux où ils ont été
le plus fouvent attaqués. C e fut en 1734 que le
galion y arriva pour la première fois. Ses ordres
& fes befoins l'y ont toujours amené depuis.
Voyei les articles E s p a g n e & M e x iq u e .
C A LM A R , (union d e ) Voye[ l'art. U n io n
de C a l m a r de ce Dictionnaire.
C A M B R A V , CAMBRESIS. Voyei le Dic tionnaire
de Jurifprudence.
C AMERL INGUE . Voye1 le Dictionnaire de’
Jurifprudence. t
. C A N A D A . Le Dictionnaire de Jurif-
prudençe offre un article très - long fur cette
contrée. On y trouve i a. ce qui regarde les îé-
volutions politiques du Canada ; 20. l'état ancien
& aCtuel du gouvernement, des tribunaux, des
loix civiles , criminelles & religieufes des habitans
fournis à la Grande-Bretagne ; 30. le droit public
& civil des fauvages du Canada ; 40. les rapports
que les habitans ont confervé avec la France.
Nous allons ajouter d'autres détails par forme
de fupplément.
Avant la découverte du Canada y les forêts qui
le couvroient, n’étoient, pour ainfi dire , qu’un
Y$fte repaire de bêtes fauves. Elles s'y étoient
Q£con. polit. 6* diplomatiqut. Tom. J.
prodîgieufement multipliées, parce que le peu
d'hommes• qui couroient dans ces déferts , fans
troupeaux & fans animaux domeftiques, laiffoient
plus d'efpace & de nourriture aux efpèces errantes
& libres comme eux.
Faute d'arts & de culture , le fauvage fe nour-
riffoit & s'habilloit uniquement aux dépens des
bêtes. Dès que notre luxe eut adopté l'ufage de
leurs peaux, les américains leur firent une guerre
d’autant plus vive , qu'elle leur valoit une abondance
8e des jouiffances nouvelles pour leurs fens ;
d'autant plus meurtrière, qu'ils avoient adopté
nos armes à feu. Cette induftrie deftruClive fit
paffer, des bois du Canada dans les ports de
France, une grande quantité de pelleteries, dont
une partie fut confommée dans le royaume , 8c
l'autre alla , dans les états voifins. La plupart de
ces fourrures étoient déjà connues en Europe. Cn
les tiroit du nord de notre hémifphère , mais eu
trop petit nombre, pour que l’ufage en fût étendu.
Le caprice & la nouveauté leur ont donné plus
ou moins de vogue , depuis que l’intérêt des colonies
de l'Amerique a voulu qu'elles priffent faveur
dans les métropoles. Celles dont la mode
exiftè encore , font les peaux de loutre, de fouine
, de rat, d'hermine, de martre, de linx ,
connu en Sibérie fous le nom de loup-cervier, 8c
en Canada fous celui de chat-cervier.
On tire de l'Amérique feptentrionale, outre
ces menues pelleteries-, des peaux de cerf, de
daim & de chevreuil ; des peaux de renne, fous
le nom de caribou ; des peaux d’élan, fous le nom
d'orignal. Les deux dernières efpèces qui, dans
notre hémifphère,. ne fe trouvent que vers le
cercle polaire, l'élan en-deçà, le renne au-delàx
fe trouvent dans le Nouveau-Monde à de moindres
latitudes. -
Les dépenfes annuelles du gouvernement pour
le Canada , qui ne pafl’oient pas quatre cents mille
francs en 1729, & qui, avant 1749, ne s'étoient
jamais élevées au-deffus de dix-fept cents mille
livres, n’eurent plus de bornes après cette époque.
L'an 175-0 coûta deux millions cent mille liv.
l'an 1751, deux millions fept cents mille livres;,
l'an 1752, quatre millions quatre-vingt-dix mille
livres; l'an 1753, cinq millions trois cents mille
livres , l’an 1754, quatre millions quatre cents-
cinquante mille livres; l’an 175-5 > hx millions
cent mille livres ; l'an 175(5, onze millions trois
cents mille livres; l'an 1757, dix-neuf millions-
deux cent - cinquante mille livres ; l’an 1758
vingt-fept millions neuf cents mille livres ; l’an
1759, vingt-fix millions. Les huit-premiers mois
de l’an 1760/treize millions cina-cents mille liv.
De ces lommes prodigieufes il etoit dû à la paix
quatre-vingt-millions.
Le cabinet de Verfailles ne crut pas faire un
grand façrifice, en cédant le Canada à l’Angleterre,
par le traité de 1763. La Grande-Bretagne
fentit lç prix de cette acquifition ; fes colonies
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