
Fargent en caille , parce que la compagnie les
reçoit en paiement dans les ventes qu'elle fait
deux fois l'année.
Voyei le D ic t io n n a ir e df. c om m e rc e .
La compagnie du Sud, qui avoit autrefois le
traité de l'afliente , ne fait plus qu'un très - petit
commerce : elle reçoit du gouvernement quatre
pour cent "des fommes qu'elle lui a prêtées.
II y a deux compagnies d'affûrance qui , pour
.obtenir leur privilège 3 ont donné au gouvernement
i )0 mille liv. fterling chacune. Leur fond
total eft de 4J0 mille liv. fterling. Elles alfurent
les vaiffeaux & les maifons de toute Y Angleterre 3
.cependant elles n'empêchent pas les particuliers
•d'alïï lier. Le parlement s'eft refervé la faculté de
les di(foudre en rembourfant les 300 mille livres
fterling qu'il a reçus.
La compagnie d'Afrique n'a point réulfi ,.& le
parlement a été obligé de fe charger de l'entre-
çien des forts & des garnifons?
• Celle de Turquie & du Levant eft dans un
état floriffant.
Celle des marchands aventuriers , la plus ancienne
de toutes fut établie il y a 400 ans , pour
tranfporter la laine ; mais l'exportation de cette
précieufe denrée ayant été prohibée , fous peine
de mort 3 depuis l'établiffement des manufactures',
la compagnie s'eft trouvée réduite au tranfport
des draps & étoffes de laine.
Celle de Ruflîe fleurit depuis quelques années.
L‘Angleterre n'a gueres de tarif réglé avec les
autres nations ; fon tarif change 3 pour ainfi dire,
à chaque parlement, par les droits particuliers
qu'elle ôte ou qu'elle impofe. Elle a voulu encore
conferver fur cela fon indépendance. Souverainement
jaloufe du commerce qu'on fait chez elle, elle
fe lie peu par des traités, & ne dépend que de fes
loix.
D'autres nations ont fait céder les intérêts du
commerce à des intérêts politiques : celle-ci a toujours
fait céder fes intérêts politiques aux intérêts
de fon commerce.
C'eft le peuple du monde qui a le mieux fu
fe prévaloir à la fois de ces trois grandes cho-
fes, la religion , le commerce & la liberté.
Henri V ÎÏI (1) voulant réformer l'églife d’-Angleterre
, détruifît les moines , nation pareffeufe
elle-même, & qui entretenoit la pareffe des autres
, parce que, pratiquant l'hofpitalité, une infinité
de gens oififs, gentilshommes & bourgeois,
paffoient leur vie à courir de couvent en couvent.
Il ôta encore les hôpitaux où le bas peuple trou-
voit fa fubfiftance , comme les gentilshommes
trouvoient la leur dans les monaftères 5 & l'on ne
peut calculer les avantages qu'a produit cette fup-
■ preflion.
Selon l'efprit du gouvernement anglois » la
liberté du commerce n'eft pas une faculté accordée
aux négocians de faire ce qu'ils veulent ; ce
feroit bien plutôt fa fervitude. Ce qui gêne le
commerçant ne gêne pas pour cela le commerce; .
C'eft dans les pays de la liberté que le négociant
trouve des contradictions fans nombre ; & il n'eft
jamais moins croifé par les loix que dans les pays
de la fervitude. On pourroit faire quelques remarques
fur ces maximes de Montefquieu. On les fera
dans d'autres articles de ce Dictionnaire.
\JAngleterre défend de fortir fés laines j elle
veut que le charbon foit tranfporté par mer dans
la capitale, elle ne permet point la.fortie de fes
chevaux , s'ils ne font coupés ; les vaiffeaux (2) de
fes colonies, qui commerçoient en Europe , dévoient
mouiller en Angleterre. Elle gênoit le négociant,
dit Montefquieu, maisc'étoit en faveur
du commerce*
Les douanes y font en régie > & il y a une facilité
de négocier fingulière : un mot d'écriturè
termine les plus grandes affaires } il ne faut point
que le marchand perde un temps infini , & qu'il
ait des commis exprès pour faire ceffer toutes les
difficultés des fermiers , Ou pour s'y foumrettre.
• Il eft contre l'efprit de la monarchie que la no-
bleffe y faffe le commerce, & l'ufage qui a permis
en Angleterre le commerce à la nobleffe , eft une”
des chofes qui ont le plus contribué à y affoiblir
le.gouvernement monarchique.
La grande charte des Anglois défend de faifïr &
de confifquer, en cas de guerre, les marchandifes
des négocians étrangers, à moins que ce ne foit
par repréfailles. Il eft beau que la nation angloife
ait fait de cela un des articles de fa liberté.
Elle défend encore de faifir les terres ou les revenus
d'un débiteur, lorfque fes biens mobiliers
ou perfonnels fulfifent pour le paiement, & qu'il
offre de lès donner.
S e c t i o n X I V e. '
Des forces de terre & de la marine à! Angleterre.
L'établiffement des forces de terre , en temps
de paix, n'eft pas de cinquante mille hommes ;
& quand on longe aux troupes qu'entretient la Grande
Bretagne à la Jamaïque & dans les îles d'Amérique,
au Canada & à la nouvelle .Ecoffe , à Gibraltar,
en Afrique & en Afie, aux douze mille foldats
qui font ordinairement en Irlande, on voit qu'il
en refte peu en Angleterre & en Ecoffe : il faut
y ajouter environ trente mille hommes de milice.
J'ai expliqué plus haut quelle eft fur ce point la
politique du parlement. Peu de gens de qualité
embraffent le fervice. Il n'eft pas rare de voir
les fils cadets des pairs fè jetter dans le corn-
( 1 j Vaye\ l’Hiftoire de la réforme d’Angleterre » par M. Burnet, « _ _ •
(x) Aâe de navigation de '1660. Ceux de Bofton & de Philadelphie n’oaç envoyé leurs vaiffeaux' en droiture jufqu«
dans la médiçerranée qu>a temps de guerre.
merce 8c dans la profeflion d'avocats. Gomme il
y a de grandes fortunes à faire dans la marine,
on préfère ce fervice à celui de terre, qui ne
peut avoir, comme; pn voit, qu'un petit nombre
de fujets d'élite. if n'y a, dans l'intérieur des
trois royaumes, ni gouverneurs de province, ni
états-major de place, ni écoles de génie. Il faut
aller chercher loin de fa patrie quelques poftes
lucratifs dans cette carrière.
La cavalerie angloife étant compofée de fils
dp fermiers & de gens aifés ■, auxquels l'état
donne une paie plus coniîdérable qu’ailleurs, doit
avoir une fupériorité fur celle des autres puiffances
j mais cette cavalerie eft en petit nombre.
„ La nation anglojfe compte principalement fur
fa marine pour défendre fon-pays, 8c jouer un
des. premiers rôles parmi les puiffances étrangères
: cette marine eft en effet formidable, &
aucune nation du monde n'en a eu de pareille.
< Le nombre des vaiffeaux de ligne qui la com-
.pofent aujourd’hui ( en 1783 ) eft de 177 5 il y
,en a 19 de garde dans lés différens ports; n en
armement pour diversTervices ; 17 dans f'Inde,
en Amérique & aux ifles, 4 fervant d'églifes,
d'hôpitaux, &c. 90 en ordinaire, 8c 44 fur les
chantiers.
. Le nombre total de fes vaiffeaux de guerre eft
de 627.
Puifque les puiffances ne règlent guères leurs
prétentions que fur leurs forces, on ne doit pas
être furpris que la nation angloife réclame la fou-
.veraineté ou l'empire de la mers elle Tonde fes
droits fur. la prefcription , fur les; loix particulières
j fur les traités 8c rèconnoiffances des
.ptinces : les autres peuples font moins difpofés
que jamais à fôufcrire à cette prétention j 8c en
effet elle eft bien abfurde. Que lignifie ce mot
vague de fouveraineté ou d’empire de la mer ? Les
anglois veulent-ils dire qu'ils font les plus forts
:fur toute l'étendue de l'océan, & qu'ils veulent
exercer ce droit du plus fort? Dans ce cas, ils
ne doivent pas faire de traités dé paix ; ils doivent
au contraire fe déclarer, les. éternels ennemis de
«toutes les puiffances maritimes. Veulent-ils que
les autres peuples rendent hommage au pavillon
de la Grande-Bretagne ? Il eft temps qu'un peuple
fi raifonnable renonce à une prétention auflt folle.
S e c t i o n X V e.
Des impôts & de la dette nationale de l’Angleterre.
Le Dictionnaire des finances parle fort en détail
des. impôts, des revenus 8c de la dette nationale
de Y Angleterre 3 & j'y renvoyé le lesteilr.
Je me contenterai d'ajouter ici un précis
hiftorique de la dette nationale, & quelques ob-
fervations fur les impôts.
La dette nationale, inconnue avant la révolution,
n'a commencé que dans les neuf années qui l'ont
fuivie. Elle étoit de 14000,000 ilerlings à la mort
du roi Guillaume ; à celle de la reine Anne elle
montoit à yo ; en 1722 elle fe trouva de j j,;
quatre ans après, en 1726, elle étoit diminuée
de 3 millions, & réduke a 42; en 1739, après
dix-l'ept ans de paix , on n’étoit parvenu qu’à
unè réduction de 3000,000 de plus ; Y Angleterre
en devoit encore 47; en 1763, elle avoit été accrue
fucceffivement jufqu’à 146,000, oco; &
d.ans le cours des deux années fuivantes, elle n’e'-
prouva qu'une diminution d'environ 11 millions :
depuis cette époque, elle n’a fait qu'augmenter
tous les ans ; & aujourd-’hui, en 1783, à la
fin de la guerre d'Amérique , elle paffe 2yo
090,000 fterl., c‘eft-à-dire, plus de cinq milliards
tournois, d
Aucun peuple du monde n'a payé autant d'impôts
que le peuple anglois. En tenant compte de
l'accroifiement dé riehefles qu'a produit la multiplication
des métaux & l'accroifiement de l'in-
duflrie, les fujets des gouvernemens defpotiques
qui ont été le plus opprimés par la tyrannie fif-
cale, n’ont jamais été fi foulés. On ne peut
'expliquer ce phénomène fingulier que par le bonheur
& la fortune dont on jouit en Angleterre.
De toutes les queftions politiques^ celle qui
régarde les dettes nationales eft peut-être la moins
éclaircie, & nous n'avons point encore de livres
qui la traitent d'une manière fatisfaifante. Ce n’eft
peut-être pas un grand malheur qu'un état doive
à -fes propres fujets ; mais ces dettes de l'état
doivent avoir un terme : quel eft ce terme} 11
eft clair que c'eft celui où l'on ne peut augmenter
les impôts fans accabler le peuple; car fi le
tréfor nt reçoit pas aflez d'argent pour payer
les arrérages, & fournir à fes dépenfes ordinaires,
il faut qu’il fafle banqueroute. Je ne dis pas
que Y Angleterre foit précifément arrivée à ce
point, mais elle en eft bien près; & fa puiffance
au dehors étant fondée fur fon crédit, qui juf-
qu'à préfent n'a point encore reçu d'atteinte ,
elle perdrait cette puifiance, fi elle faifoit banqueroute
une feule fois : & elle doit craindre
qu'une révolte des -conrribuables ne renverfe en
un jour l’édifice de fa grandeur (1).
Elle doit le craindre d’autant plus, que la
perception des impôts eft très-rigoureufe en Angleterre
, & que cette, perception porte, à bien
des égards, atteinte à la liberté accordée par
les loix (2). Le peuple anglois fouffre ces moyens
(1) Voyt{ l’article D e t t e NATIONALE de ce Dictionnaire. J’avertis feulement le le&eur que fi l’article D e t t e n a t
io n a l e eft ligné d’un (G ) , il ne fera pas de l’auteur de celui-ci.
( a ) 11 y a , dit Montefquieu, deux royaumes en Europe ,où l’on a mis des impôçs çrès-fgrts fur les bçiflons ; dafls