
néceffaire, ne vive prefque que de câfuel & d’aumône
? Mais au moins e ft- ce un voeu facrilège
que de defirer qu'une foible partie des revenus
eccléfîaftiques , Toit employée pour «exempter
les peuples de l'impôt du cafuel, rendre au
clergé fa véritable dignité , & fournir 3 en un
mot, à tous les befoins des prêtres qui travaillent
| .
Quoi qu'il en foit de ces idées 3 qui ont peut-
être le défaut de tendre au mieux poflible 3 & qui
font le voeu d'un curé aflez peu éclairé pour fou-
baiter à la religion, aux bonnes moeurs , à la
patrie , le retour de l'ancienne difeipline de l'é-
glife 3 ou au moins l'exécution de fes véritables principes
> que devons-nous faire dans la conjoncture
où nous nous trouvons ?- Eft-ce en s'oppofant à la
réforme d'un ordre qu'on regarde comme abufîf,
à l'établifiement d'un ordre (âge & utile, en con-
tredifant les décilions des gens de l'art , les vues
du gouvernement 3 le voeu de la nation * que les
cures doivent foutenir leurs intérêts & ceux de
leurs çoopérateurs ? N e les confulteroient-ils pas
d'une manière plus fatisfaifante pour eux 3 en fe
rangeant à l'opinion commune 3 & en préfentant
des moyens qui maintiennent ou plutôt rétablifient
la décence des fépultures chrétiennes, confervent
les revenus fi néceflaires aux fabriques , | r ceux
que les curés çonfacrent au foin de l'humanité fouf-
frante ?
Je vais préfenter les difpofitions qui m'ont paru
les plus propres à remplir les vues du gouvernement
, à operer les dédommagemens néceffaires ?
$c à perpétuer la décence des fépultures.
Parmi les raifons qui ont dû faire échouer
l ’arrêt rendu par le parlement de Paris, le 21
mai 176 y , la plus forte, fans contredit , fut
celle des dépôts mortuaires qu'il établifloit. On f>eut voir , dans la requête des curés de Paris ,
es preuves vi&orieufes avec lefquelles ils attaquent
ces afyles intermédiaires. Je ne remettrai point fous
les yeux le tableau de tous les dangers, de tous
les inconvéniens attachés à leur exiftence ; il fuffit
d'expofer qu'ils amènent à leur fuite des maux plus
grands que ceux dent nos cimetières menaçoient
les habitans des villes, que la putréfaérion qui fe
décèlefi-tôt fouvent après le décès, & à laquelle on
ne connoît d'autre remède qu'un prompt enterrement
, défolera ces lieux pendant des temps considérables
; qu'ils multiplient dans les villes l'image
de la mort, qui fans ceffe en parcourra les rues 5
qu?ils y promèneHt le fpedtacle affligeant des convois
ae charité; que le concours des paroiffes
qui apporteront les corps, excitera des embarras,
de trop grandes & de trop fréquentes affluences
de peuple, & expofera ainfi les morts & le clergé
d des fcènespeu édifiantes ; qu'ils doublent, d'une
manière peu honorable & aucunement utile, \t
fatigue des convois, 8c ajoutent ainfi au travail
du clergé, dans un moment où on lui parle dii
facrifice de fes intérêts. L'dée des dépôts eft
donc abfolument impraticable 5 8c, puifque c eft
le ’ bien de l'humanité qui bannit les cimetières ac*>
éluels, il doit à plus forte raifon proferire la fu-
nefte invention des dépôts.
Voyons fi nous ferons plus heureux à définir un
plan qui réunifie la plus grande fomme de bien.
Je vais fuivre , dans les ordonnances qui ont paru
jufqu'ici, les difpofitions qui y font le plus applicables,
& je me permettrai d'y ajouter ce que l'él-
prit de •reflexion, & par conséquent celui de
conciliation, m’ont femblé demander. La réforme
d'un réglement raifonné a été adoptée comme la
plus propre à faire refîbrtir les raifonnemens & les
difficultés.
i°. Aucunes fépultures ne feront faites à l'avenir
, ou accordées dans les églifes paroiflâales ,
fi ce n'eft celles des curés (1).
. La révolution ne fera jamais confiante, fi oti
n'exclut point abfolument toutes les fépultures
de l'enceinte des villes, 8c ce feroit imprimer à
une opération aufli importante un caractère de
foiblene & même de ridicule , que d'éloigner nos
cimetières, & de laifîer en même-temps fubfifter
l'ufage d'enterrer dans les églifes. Je ne foupçonne
pas que quelqu'un fe charge de foutenir ces inhumations
; mais je foupçonne encore moins les raifons
qu'on pourroit alléguer. J'ai pris connoiflance
du Mémoire que les curés de Paris ont fait en
176 y, & il m'a paru très-fage qu'ils n'y aient pas
dit un feul mot en leur faveur. L'objet même de
ce Mémoire tend moins à venger, par de bonnes
raifons, les fépultures dans les villes, qu'à prouver
les difficultés qui naiffent de l'arrêt du parlement
, 8c auxquelles d'ailleurs il eft fi facile de
remédier.
Quoi qu'il en foit, deux genres d’autorité fe
réunifient contre les enterreméns dans les églifes :
une phyfique conftatée par les témoignages traditionnels
des médecins les plus célèbres dans
tous les fiècles, s'élève contre cet abus qui n'a
rien de facré j & il eft trifte pour l'humanité ,
effrayant peut-être pour la pofterité, que la phy-
fîque n'ait été éclairée fur ce point que par une
fuite de malheurs épouvantables.
On a déjà vu que les chrétiens des cinq pre*
miers fiècles regardoient comme autant de facri-
lèges les inhumations dans les temples i il n'eft
aucun concile qui, ayant occafion d'en parler,
n'ait tonné contre cet ufage inconnu aux vrais
difciples de Jefus-Chrift. Quel père, quel doc-
* teur de l’églife n'a pas fait entendre fa voix, afiti
( 0 An. a 8c } 4c l’arsçt de 2 7 ^
de le proferire ? On fent combien il feroit facile
de groffir ce mémoire par des citations multipliées
, que tant d'auteurs fe font donné la peine
de réunir.
Ne feroit-il.pas honteux que de Amples fidèles
puflent oppofer aux curés les véritables principes
du chriftianifme j 8c le comble de l'ignominie ne
feroit-il pas d'ofer foutenir que la religion eft
çomjpromife par l'interdiélion des fépultures dans
s eglifes : fi quelque chofe eft réellement oppofé
A e^Pr*c chriftianifme, c'eft l'ulage qui a lieu
actuellement. L'image facrée de la religion rougit
voir au pied du fan«ftuairq^es dépouilles mortelles
de ceux dèfesenfaps qui l'ont abandonnée,
ou qui l'ont outragée par leurs défordres ; la piété
fouffre de voir placer honorablement dans nos temples
des corps qui peut-être font réfervés au tourment
de^ l’éternité. On fait encore que ces pompes
funèbres y excitent fouvent des bruits fean-
daleux, & fervent moins à la piété qu'à la curio-
fite du peuple, & à la vanité des héritiers. Pourquoi
aufli les perfonnes qui de nos jours fe diftin-
guent le plus par leur fainteté, choififlent-elles
nos cimetières pour le lieu de leur fépulture, &
fe croient-elles indignes de repofer dans les temples
?
Mais nous qui invitons nos peuples à s'y rendre
en foule, ne devons-nous pas être les premiers
a en eloigner ce qui pourroit ou les écarter, ou
Jeur nuire ? Dans les grandes fêtes,’ où nous avons
la confolation de voir les fidèles fondre & fe prefier
dans nos bafiliques, n'eft-il pas déjà aflez fâcheux
que la multitude & la fétidité des vapeurs qui s'y
concentrent avec eux , puiflfent produire & pro-
duifent réellement des effets funeftes ! Hélas !
n'arrive-t-il pas que, dans ces mêmes jours de
folemnité, nous faifons ouvrir des foffes ; que nous
reflerrons ainfi le terrein déjà trop étroit ; que
nous expofons , je ne dis pas feulement cette terre
fainte, mais les refpeétables reftes de l'humanité ,
a être difperfés de côté & d'autre, à être foulés
aux pieds ; que nous remplirons l'enceinte facrée
de l'odeur la plus infeéte , & que peut-être, par
une imprudence barbare, nous venons remettre
lous les yeux des enfans les oflemens de leurs
pères, & fous les yeux d'une mère, le fquelette
dégoûtant d’une fille qu'elle adoroit ! Regarderoit-
©n comme un heureux effet de la . religion les commotions
terribles qu'un pareil fpeélacle peut donner
? Aufli combien de perfonnes redoutent les
églifes où leur famille eft enterrée, 8c où peut-
être elles feront elles - mêmes enterrées ! Si cette
fenfibilité eft une foiblefle , eft-elle fans exeufe ,
©u ne mérite-t-elle de notre part aucun égard?
En vain quelques églifes objecteront l'avantage
qu'elles ont d'avôîr des caveaux fpacieiBc, 8c dans
lefquels on ne fent abfolument aucune odeur.
Lorfqu'on prétend qu'ils ne font point mal fains ,
on ne veut fûrement pas dire qu'ils le font moins
que nos cimetières, qui font en plein air, & qu’il
eft queftion d'éloigner. Quelles que foient les di-
menfions de ces caveaux, quelle que foit la multiplicité
& l a grandeur de leur foupiraux , qui
donnent les vibrations à l'air qui y circule péniblement,
quel que foit leur entretien, il- eft vrai
de dire que la médecine a'a point préfîdé à leur
conftruétion , 8c a toujours tenté de fermer à jamais
ces demeures dangereufes dans leurs effets
intérieurs & extérieurs. L'opération ne peut être
partielle : il eft malheureux que les fabriques aient
fait des dépenfès confidérables pour les établir ;
mais ces depenfes, qui peut-être font déjà rem-
bourfées par les droits funéraires qui ont été
perçus, font - elles un titre fuffifant pour laifler
fubfifter & confacrer un ufage terrible ? On ne
doit point oublier que la capacité dê ces caveaux
ne pourroit pas vraifemblablement renfermer la
multitude des corps que l'innovation des fépultures
dans la ville occafîonneroit d’y dépofer. Si,
•en interdifant llbs cimetières , on laifie fubfifter les
caveaux, il eft certain que les inhumations feront
beaucoup plus frequentes dans ceux-ci, & cette
feule raifon fuffira pour les proferire.
On conferve la fepulture des curés , foit pour
ne pas ôter à l'églife le droit qu'elle a d'enterrer
dans les temples , foit parce que très - ancienne-
ment (1) elle y a reçu les corps des prêtres qui
en etoient chargés fpécialement, foit parce que
ces fépultures fe font très-rarement, & à des intervalles
de temps très-diftans : on les place dans
le choeur, comme dans le lieu le plus convenable
à l'inhumation d'un prêtre qui a été chargé
de préfenter à faute! les voeux du peuple, comme
aufli dans l'églife qui eft le fieu le plus libre
, & où les vapeurs peuvent être moins dangereufes.
2°. Les repréfentans des fondateurs, ceux qui
ont droit de fépulture daus [les églifes ou dans
les chapelles, quelle que foit l'ancienneté & la
légitimité de leurs titres, feront, comme les autres
habitans, enterrés hors la ville , & ne pourront
faire aucune répétition aux fabriques.
Il eft important que les perfonnes les plus dif-
tinguées , par leur naiflance ou par leurs places ,
faflent, dans cette occafion, le facrifice de leur vanité
au bien public. On /ie regarde le droit de
fépulture que comme l'ufufruit d'un terrein dont
les fabriques n’ont pu céder la propriété : cette
pofleflion eft de nature à être abolie par le droit
commun & le droit ancien, parce que, plus que
< i)Nemo in ecclefia fepeliatur, nifi fit perfona flcerdotis. Theodul. Aurelian, cap. p. Nullus mortuus infra ccclefiasn
I n ? 1 Aw; r n,h d,ßm pliesbyt?,n‘ Conc- Mogunr. an. 813. c. ja . Prohiberous ne corpora dtfunäorura in ccdcfu fcpelian-
lu r , nui fit patronu; vel «apellanus ecclefia:, Cqjk'ü, Labb. tit, 11. pari, 1. toi, 752, *