
accules ; ) op leur diftribtfe , dis - j e , une efpèce
de fcapulaire ou de -dalmaÉique dont le fond eft
gris. Le portrait du patient; s'y trouve devant &
derrière., pofé fur des .tifons embrafés., avec des
flammes qui s'élèvent 3c des démons à l’entour :
leuts noms & leurs crimes font écrits au'bas du
portrait. On leur met en outre fur h tête dé
grands bonnets de Catton *terminés èn pointe en
forme de pain de fucre, 6c couverts comme l'habillement,
de flammes -8c de démons. Jiifqu'au
moment où la proceflion fe mét en marche vers
le lieu de l'exécution, il dépend de ceux qui n'ont
rien avoué, d'échapper au fupplice': lis ïfoiït qu'à
fe- déclarer coupables, & témoigner du repentir.
Alors on leur ôte leur premiers vêtemens pour
leur eh donner d’autres , où font peintes aufli des
flammes , niais renverfées. Le s;habits de ceux qui
ont ‘commis, ou qui paftertt polir avoir commis
des crimes Contre la fo i, font de toile jaune , &
en iorme de dalmatique : on y voit peintes enrou-
> devant & derrière, des croix de faint André}
c'eft ainfi qu'on habille les juifs, les toahomé-
tans , les forciers & les^hérétiques : ceux dtentre les
forciers qu'on regarde comme les plus coupables,
portent en outre ces grands bonnets dont nous
avons-parlé. On donne àichacun un cierge de cire
jaune , & quelques alimens.
Après cet arrangement, on fait fortir les pri-
fonniers de la galerie Un à un, & on les mène
dans une grande -telle, à la porte de laquelle eft
affis l'inquifiteur ; il a près de lui un fécretaire qui -i
tient une longue li f t e , où font écrits les noms i
d'un grand nombre de 'perfonnes de toutes qualité
s , qui fe trouvent dans la falle. A mefure
que les prifonniers arrivent , le fecretaire leur
nomme un parrein, qui s'approche auflitôt du criminel
pour l'accompagner au fupplice. On donne
de plus à chacun des prifonniers des confeffeurs,
qui ne ceffent de les exhorter & de leur préfen-
jrer le crucifix.
La proceflion ne commence; guères à fe mettre
en marche que fur les fept à huit heures:du matin.
En Efpagne , c'eft un corps de1 cent.charbonniers,
armés de piques & de moufquets ,/qui ouvrent la
marche : ils ont ce privilège, parce qu'ils fourni 1-
fent le bois qui fort au fupplice de ceux qui font
condamnés au feu. En Portugal , on ne voit point
ces charbonniers à la proceflion : elle commence
par la communauté des dominicains qui
ont ce privilègeparce que faint Dominique
leur fondateur, a établi l'inquifition. Ils font-précédés
par la bannière du faint office, dans laquelle
on voit l’image du fondateur richement brodée.
On y voit faint Dominique tenant un.glaive d'une
main, & de l'autre une branche d'olivier avec
cette infcription : Jufiitia & mifericordias Ces- rdi-
gieux font fuivis des prifonniers , qui marchent
l'un après l'autre la tête & les pieds!nuds 3 chacun
d'eux a fon parrein à-Ton côte , & un* cierge à la
main. C eft Tenormité des crimes qui détermine
je rang. Les femmes vont .pèle - mêle avec les
hommes,-; feulement les moins coupables marchent
les premiers.} 3c ceux qui font condamnés
au feu fe trouyenrles derniers Nous Supprimons
ici d autres détails ^également bifarres.
On voit foüvértt au milieu de ceux qui font
Condamnés au feji , des hommes qui portent au
haut d un bâton des figures de carton, revêtues,
comice uieux qui doivent être brûlés-j de ces robes
de toile grife, fur lesquelles on a peint des-dia-
bles,, des flammes & ,des tifons embrafés. Ces
figures reprefentent les coupables qui ont été condamnes
par .contumace,., ou qui fe font fauvés
des priforis. D autres hommes portent fur leurs
épaulés de petits coffres‘peints ^en noir , & aufli
çouverts de diables.-Ces coffres renferment les os
des.criminels qui font morts en prifon ou -en-li-
berte. 'Car 1 inquifition ne borne pas fa jurifdic-
tion aux perfonnes vivantes ou à celles qui font
mortes dans lesprifons, éllefait quelquefois le procès
a des hommes morts plufîeurs années avant d'avoir
été accufés } on les exhumcalors,, & s'ils font
convaincus, on brûle leurs offemens dans l'aéte de
foi, 3c on confifque tous leurs biéns dont on
dépouillé ceux qui ont recueilli leur fucceflion.
..^Pr^s avo*r. parcouru les principales rues de la
ville ou fe fait 1 auro-da-fé, la proceflion arrive
enfin a 1 églife préparée pour la cérémonie. Elle
eft tendue en noir , aufli-bien que l'autel, couvert
pour 1 ordinaire de fix chandeliers d'argent.
Celui qui porte la croix va la dépofer fur l'autel
au milieu des fix chandeliers. Il y a aux côtés de
1 autel deux trônes, l'un à droite pour J'inquifî-
teur & fes confeillers, & l'autre pour le roi 3c
fa_ cour : plus loin , en allant vers les portes de
1 Eglife, on voit plufîeurs rangs de bancs fur lef-
qüels viennent, s’affeoir -les prifonniers & leurs
parreins, à mefure qu'ils entrent dans l'églife,
enforte que les premiers venus font plus proches
de 1 autel. Quand tout le monde eft placé, & que
1 églife eft remplie , un prédicateur monte en
chaire, & fait l'apologie de l'inquifition 3 après
le fermon deux leéteurs montent tour à tour
dans la chaire pour y .lire les procès des coupables.
Celui dont on lit le procès, eft conduit
par l'âlcaïde ou garde des prifonniers, au milieu
de la galerie que laiffent entr'elle les bancs dont
nous avons p a r le . Il y refte debout, tenant un
cierge allumé jufqu'à ce que fôn arrêt foit prononce.
En Efpagne , on le met au pied de l'autel
dans une cage élevée, afin qu'il puiffe être
reconnu de tout le monde. Lorfqu'on a lu le
procès d'un certain nombre, on interrompt
cette lecture pour prononcer à haute voix une
corifeffiôn de foi-: on a foin d'avertir les coupai
blés-de la réciter de coeur & de bouche 3 enfuite
ôri recommencé là-lé&ure des procès.
Lorfque chacun des prifonniers a entendu la
ledure de fon procès, le grand inquifîteur, revêtu
de fes habits pontificaux, defeend de fa place,
& donne l'abfolution à ceux qui ne doivent point
être exécutés, ou à qui l’inquifition a fait grâce. Les
autres font livrés aux-juges féculiers,. qui, fans
autre examen, fe bornent à leur demander- dans-
quelle religion ils veulent mourir. Immédiatement
après leur réponfe , l'exécuteur fe faille d'eux,
les attache à des poteaux fur. le bûcher : il les-
étrangle d'abord s'ils fe repeutent, mais-on-
les brûle vifs s'ils ne reconnoiifent.pas là religion
catholique romaine. Le lendemain, on attache
devant le portail des églifes les portraits de ceux
qu'on a exécutés : on met au bas leur nom, celui
de leur père & de leur pays , le-crime pour lequel
on les a condamnés:, & l'année, le mois 3c
le jour de leur exécution. Ceux des prifonniers à
qui on n'inflige d'autres-peines que le fouet ou lès
galères , & en général tous ceux qui fortent de
l'inquifition , font obligés au fecret le plus inviolable
fur tout ce qui s'eft pafle à leur égard , pendant
leur captivité : la plus légère indiferétion fur
ce fujet feroit un crime impardonnable. Ce qu'on
vient de lire a été raconte autrefois par M. Dil-
lon, médecin françois , qui avoit été condamné
par l'inquifition à cino ans de galère-.
AUTONOME, adj. AUTONOMIE, f. f.
L'autonomie eft le droit ou le privilège de fe
gouverner foi-même, ou par fes propres loix. Ce
mot eft compofé de deux mots grecs *vros foi-
même , & foftos , lo i y réglé. Ainfi autonome ,
fignifie m f e règle ou qui-fe-gouverné fo i-m êm e.
Les grecs & les romainS'açeordèrentY autonomie
à: plufîeurs villes de leur domination , mais ce n'é-
toit qu'une autonomie imparfaite, & plus ou moins
limitée. Les villes qui fe croyoient autonomes y qui
Ï»renoient ce titre fur leurs1 monnoies ou médaii-
es, ne jouifloient pas.à beaucoup près de toute
l'étendue de liberté & d'indépendance qu'il annonce.
Leur privilège n'étoit guères autre chofe
que la permiifion de conferver la forme de leur
ancien gouvernement, & de- fuivre leurs propres
loix. On leur laifloit aflez fouvent le droit d'avoir
des magiftr-ats tirés de leurs propres citoyens, 3c
celui de les choifir eux - mêmes, ce qui, à certains
égards , les rendoit indépendantes des
gouverneurs & autres magiftrats envoyés dans les
provinces-. Elles fe regardoient? comme des efpè-
cés de .républiques, & elles fe qualifioient quelquefois
de villes libres. Nous avons aufli des villes
libres de nom , dontT* liberté eft précaire dans le
fait, au moins à plufîeurs égards.
Les romains donnoient l' autonomie prefque à
toutes les villles dont ils faifoient la conquête 3
mais, comme je viens de le dire, ils y mettoient
dé fi grandes veftri&ions . que ces villes n'avoient
qü’ur^e ombre d'indépendance. Ils les traitoient
d'urie manière pllis ou moins favorable, félon
qu'elles s'écoient foumifes à leur empire avec plus
ou moins de répugnance.
Les villes autonomes jouifïbient d’une forte de
j fouveraineté en ce qui avoit rapport à leur intérêt
| particulier, ou en ce-qui regardoit l'intérêt géné-
i rai de la nation dont elles faifoient partie, ou celui
| des villes avec lefquelles elles étoient aflociées,
: 3c qui jouifloient aufli de Yautonomiéi
Tous les peuples-qui jouifloient de Xautonomie t
relevoienc de la puiitance dont ils tenoient cette
prérogative, ils promettoient de- lui être fidèles 3
& félon le langage de& hiftoriens, ils étoient
I obligés* de reconnoître la majefté de l'état dont
| ils dépendoient.
j C 'eto it une maxime générale chez les grecs 3c
| chez les romains, de n'accorder jamais Yautono-
: mie aux villes foumifes, fans leur donner en mê-
; me-temps le titre d’alliées : ce nouveau titre fai-
| foit une charge onéreufe d’ un privilège déjà illu-
! foire à plufîeurs égards, car elles fe trouvoient
! dès-lors dans la néceflité dé fournir les troupes
; de terre 3c de mer , aufli - bien que les vaifleaux
j qu'on leur demandoir, & de les entretenir à leurs
1 dépens. Les officiers des troupes alliées étoient à
la vérité nommés par les peuples qui les fournit-
j foient, mais elles avoient toujours un comman-
1i'dan-t appellé/?r<ÿk, quechoififloient les confuls ou
: les généraux de^ la puiffance prédominante.
A U T O R IT É , f. f. C e m ot, qui^ vient du latin
; auftoritas3 eft ordinairement regardé comme fyno-
: nyme dé pouvoir 3c de puiffance. Cependant les
mots pouvoir y puiffance 8c autorité 3 n'ont pas
la même force d'expreflion , & ne fîgnifient pas
i exactement la. même chote. La diflemblance de
: leur définition nous fait connoître que s'ils font
deftinés à1 peindre des idées d’un même ob je t,
j c'eft toujours', fous des afpe&s & des attributs différent,
qui les diftinguent l'un de l’autre.
L e mot âlautorité défigne par lui - même l'élévation,
la domination , la protection 3 celui de
puiffance, la faculté, la force 3 celui de pouvoir, le
droit 3c le moyen tout enfcmble, l’un ou l ’autre ,
ou l'un 3c fautre.
Sans empire comment concevoir une autorité-?
Sans force-comment conoe voir une puiffance , &
"fans puiffance que feroit Yautorité ? Sans titre 3c
fans énergie comment concevriez - vous un pouvoir
? Et fans pouvoir y a-t-il une autorité , y a-t-il
une puiffance ?
Yf autorité eft le pouvoir ou le droit de commander
: la puiffance eft le pouvoir ou le moyen de
fe faire obéir : le pouvoir eft d'un côté le titre
de Yautorité qui commande, & de l'autre l'application
de la puiffance, ou la puiffance prochaine
qui fait obéir ou qui exécute. Uautorité fuprême
eft le pouvoir fuprême, armé de la fuprême puiffance
. autorité' fait ou déclare la loi : la puiffance en
affûre la fanétion} le pouvoir en pourfuit l'exécution
après avoir donné le droit de l'établir.
C 'e f t - là la définition 8c la diftin&ion générale
de ces trois mots , autorité, pouvoir 3c puiffance,
K k i